La grossesse de M était à risques. Dès le début elle avait du mal à se projeter et ses craintes étaient fondées. A cause d’une infection vaginale, son bébé n’avait plus de liquide amniotique et elle savait qu’en France, avant 22 SA c’était trop tôt pour sauver son bébé. Les naissances aussi prématurées ne sont pas prises en charge aussi précocement. La jeune maman est donc partie en Allemagne pour tenter de sauver son bébé. Son récit est juste incroyable ! Voici son témoignage :
{Témoignage} Mon accouchement prématuré à 22 SA + 5
Bonjour à toutes
Tout commence le 31 janvier, j’ai fait ce test de grossesse positif. Je n’y crois pas vraiment à cette grossesse. Je le montre à papa, sans aucune émotion, et lui dit « je pars plus tôt, je dois faire vérifier « ça » par une prise de sang« . Je file chez le gynéco, fait ma prise de sang et demande une ordonnance pour la progestérone que je dois absolument prendre.
Le lendemain je reçois un email de la clinique : pas de doute je suis enceinte mais je dois revenir faire une deuxième prise de sang avant 14h pour être sûre.
Nouvel email de la clinique. Tout est normal la grossesse évolue.
Je commence un tout petit petit peu à y croire.
J’ai mon 1er rendez-vous de grossesse le 14 février mais 1 semaine avant j’ai déjà des saignements. On fait l’examen et il s’avère que tout va bien !
Les semaines s’enchaînent entre petits saignements et échographies, la grossesse est très surveillée mais globalement tout va bien.
L’achat de la maison en France est enfin fixé (nous vivons à l’étranger), je prévois le déménagement au 30 mars.
Le déménagement à été épuisant mais le pire à été l’arrivée dans la maison avec la découverte de plein de vices cachés qui m’obligent à faire trop d’efforts, malgé ce qui est préconisé dans mon état.
Je trouve un sage femme pour refaire mon écho du 2eme trimestre en français, tout va bien pourtant j’ai toujours des saignements. Enfin les travaux sont finis je me repose !
Une semaine plus tard, le 9 mai, au réveil je remarque que je perds un peu de liquide amniotique mais je n’y prête pas attention, le soir j’ai un énorme saignement, j’ai très peur alors on va aux urgences.
Les médecins m’examinent et font une écho, « tout va bien vous pouvez rentrer chez vous« . Mais au moment où je me relève de la table, je saigne un énorme caillot ! Finalement ils me gardent pour la nuit. On me dit que je sortirai au bout de 2 jours. Ce qui est fou c’est que pendant ces 2 jours, personne ne vérifie rien et on me dit de repartir chez moi alors que je sais que je perds toujours du liquide, mais personne ne regarde.
Je reste allongée à la maison, à écouter le cœur de mon bébé 3 fois par jour avec mon précieux doppler. Papa est obligé de tout faire pour moi.
Le 20 mai j’ai rendez-vous chez le sage femme. J’espérais qu’il me fasse une échographie de contrôle mais non, il se contente d’un doppler et de mesurer mon utérus : 17 cm ! Il me prescrit quand même un prélèvement dans 1 semaine pour vérifier que je ne fais pas d’infection.
La découverte d’une infection vaginale qui peut causer une fausse-couche
Au bout d’une semaine une infirmière viens faire les prélèvements, 3 longs jours plus tard le résultat tombe : j’ai une infection vaginale qui nécessite un antibiotique spécial et qui cause des ruptures de la poche des eaux !
J’essaie de récupérer mon dossier médical suite à mon passage aux urgences.
Je fais des tonnes de recherches sur internet, je suis en contact avec l’hôpital pour prématurés le plus proche, voilà les infos que j’ai : le seuil de viabilité de l’OMS est fixé à 22 SA. Mais en France ils refusent de faire quoi que ce soit avant 24 + 1SA et ça sera encore à négocier. Par contre en Allemagne ils ont sauvé des prématurés à partir de 21+5 SA.
Le 1er juin c’est l’échographie du 2eme trimestre et le verdict tombe : il n’y a presque plus de liquide amniotique !
C’est évident maintenant : on attend les 22 SA et on prend la route pour Francfort, dans l’espoir qu’en Allemagne ils acceptent de sauver notre bébé.
J’ai enfin récupéré mon dossier de l’hôpital : j’avais déjà une infection, dès le départ, mais ils ne m’en avaient pas informée.
Le 2 et le 3 j’ai rendez-vous avec une assistante sociale à la maison, on ne peut pas partir maintenant mais j’ai un mauvais pressentiment je ne veux pas attendre le 6 mes 22 SA.
Je pars pour accoucher en Allemagne
Dans la nuit du 3 au 4 on prend la route direction l’Allemagne, je suis allongée sur le siège passager, à 1 heure de la frontière on fait une pause pipi, je perds un caillot de sang, je commence à paniquer. J’ai la liste des hôpitaux de niveau 1 allemand, on va a Saarbrücken c’est le plus près !
Dans mon ventre, je sens que mon bébé ne bouge plus et j’ai l’impression qu’elle est déjà à moitié sortie. C’est l’horreur. On passe la frontière, je sors le doppler sans aucun espoir mais ma fille est toujours là, elle s’accroche ! Enfin on est a l’hôpital, on m’examine. Elle va bien, mon col est juste un peu ouvert. Par contre elle n’a plus du tout de liquide. Les médecins sont supers ils nous expliquent tout en détail et proposent de tout faire pour sauver notre bébé si on le veut. Evidemment qu’on le veut, on a fait toute cette route exprès !
Je reçois une injection pour maturer les poumons puis une 2ème le lendemain. Notre état est stable, papa doit dormir dans la voiture tout le temps de l’hospitalisation. Après 4 jours , les médecins décident de me transféerr à Francfort dans un hôpital plus important. Ils me refont tout les examens possibles, pour l’instant ma fille va toujours bien ils ne sont pas pressés de faire une césarienne. Je leur répète sans cesse que j’ai très peur pour toi et qu’il faut te sortir le plus vite possible, on me répond que je pourrais tenir sans eau jusqu’à 30SA.
Le 10 mai au soir tu fais ton méconium, je hurle qu’il faut te sortir immédiatement de mon ventre, que tu as mal, ils me font une écho et ne veulent toujours pas faire la césarienne.
A minuit j’ai des contractions toutes les 4 minutes, je sonne, on me met une perfusion pour stopper les contractions et on me propose un suppositoire pour accélérer le travail. Je regarde les éventuels effets secondaires du suppo sur le fœtus : no way. Je ne prends pas ce truc, et de toute façon si je suis en travail c’est pour une bonne raison.
4 heures : toujours des contractions toutes les 3 minutes, on me repropose un suppo, non.
7 heures : c’est l’équipe du matin, je répète que j’ai des contractions rapprochées depuis minuit, on me pose rapidement un monitotoring qui affiche bien mes contractions, puis rapidement un médecin à décidé que je descende en salle d’accouchement. J’appelle papa il est déjà en route. Ils n’entendent plus le coeur avec le doppler. Avec l’échographie je le vois battre, mais tellement lentement ! Finalement le doppler capte, c’est tellement lent ! Enfin j’entends « We do the C section NOW! ». C’est le signal de départ. On me rase, tout le monde s’agite, puis juste avant de partir au bloc son cœur repart normalement !
Il est 8h24 on roule vers le bloc, je n’espère plus rien, je verrai à mon réveil.
En salle de réveil on vient me dire que tu es VIVANTE tu vas bien !
On me remonte rapidement dans ma chambre, il est 10 heures. Papa m’attend, il me confirme que tu vas bien, tu as même respiré toute seule !
A 13 heures papa peux aller te voir. Je suis encore paralysée par la douleur mais ce n’est pas grave, je lui demande juste de me faire des photos de toi. Je veux te voir. C’est tellement dur de ne pas être près de son bébé quand on vient d’accoucher.
Quand il revient il me confirme que tu vas toujours bien, tu fais 460 g et tu es née à 8h36. Il me montre ta 1ère photo, tu es plus belle que tout les prématurés que j’ai pu voir sur internet !
Vers 18h on peut aller te voir, j’arrive à me hisser dans un fauteuil roulant, tu es magnifique ! Tu as déjà changé depuis ce matin.
Tous les jours notre bébé progresse. Alors que j’écris ce témoignage, notre fille aura bien tôt 5 jours, et je sais qu’un jour elle lira mon témoignage. Chaque jour elle deviendra plus forte.
Et on n’entendit plus jamais parler d’eux parce que les gens heureux n’ont pas d’histoire, tout le monde le sait…
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Agnès dit
Après toutes les frayeurs que vous avez vécus, tout ce que vous avez mis en œuvre pour sauver votre fille, après avoir lu que votre petite fille prend des forces, ça va faire une sacrée histoire à lui raconter. Quelle belle histoire d’y avoir cru, d’avoir forcer le destin, c’est incroyable !
Quel dommage qu’en France, la médecine vous aurait broyé dans votre histoire, limite en disant que c’est pas de chance alors qu’ils ne la permettent pas cette chance, ce miracle…
J’espère de tout cœur qu’on n’entendra plus parler de vous !! 😉 Je vous envoie plein de forces pour les prochaines semaines, pour les allers retours, pour un transfert en France qui vous facilitera la vie, pour un retour à la maison le plus rapide possible. Vous êtes des supers parents qui feront tout pour la protéger.
TIROUET dit
Pleins de forces à cette petite fille et ses parents!!
Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi en France on ne fait pas ce genre de choses mais dans certains pays frontaliers oui, c’est fou!
En tout cas, beau combat que ces parents ont mené et mènent encore aujourd’hui. La route sera longue mais elle en vaudra toujours le coup!