Le second accouchement de M s’est passé à vitesse éclair. Elle n’était qu’à 7 mois et demi grossesse et avait fissuré la poche des eaux. Elle s’attendait à rester plusieurs semaines à la maternité sous médicaments mais finalement sa fille a décidé de pointer le bout de son nez en mode boulet de canon; La jeune maman n’a même pas eu le temps d’avoir la péridurale ! Voici son témoignage.
{Témoignage} Accouchement : je n’ai pas eu le temps d’avoir la péridurale
Bonjour à toutes,
Je m’appelle M. Je suis déjà maman d’un magnifique petit garçon qui a 19 mois.
Tout est arrivé alors que je préparais mon mariage civil qui devait avoir lieu le lendemain. Je suis alors enceinte de 7,5 mois (34+5). La journée se passe à merveille, la maison est décorée afin de recevoir notre famille et fêter notre mariage en mini comité.
A la fin de la journée, on venait de finir la déco de la maison, lorsque je remarque que je perds un peu de liquide. Il est 18h45. Ça n’est pas une rupture franche, je n’ai pas de contractions et je me sens en forme. Donc pas de panique, mon mari prend le temps de faire la routine de la nuit avec notre fils et le couche tranquillement.
Mais je savais que notre mariage était déjà annulé. Il était clair que c’était du liquide amniotique que je perdais et ça n’était pas que quelques gouttes.
Direction la maternité.
J’arrive là bas à 19h45 en grande forme, zéro contractions, bébé encore bien haut.
Mon mari doit rentrer à la maison. AUCUN accompagnant n’est autorisé dans les urgences de la maternité.
1er examen de contrôle. Crack encore plus de liquide. Pas de doute la poche est brisée. Mon col est ouvert à 2. Pas de soucis. On me place sous monito. Pas de contractions et bébé est en pleine forme.
Je passe ensuite une échographie et un 2ème examen avec un gynécologue. Et là tout se réveille. Je commence à sentir que ça tire, mais c’est gérable. Juste un peu désagréable lors des examens.
Ils me parlent d’un transfert vers une autre maternité car ici c’était déjà plein. On m’explique qu’il faudrait me garder hospitalisée le plus longtemps possible (au moins jusque 36 semaines) sous antibiotiques pour éviter une infection.
Malheureusement pour eux, mon col est déjà effacé (c’était limite mais c’était le cas).
Le gynécologue demande l’avis de sa cheffe pour prendre une décision, il ne veut pas que j’accouche dans l’ambulance. Je suis replacée en salle monitoring.
Je suis toujours seule. J’ai du mal à joindre mon mari, le réseau aux urgences est littéralement pourri voir inexistant.
Il est 21h et là je commence à avoir des contactions dans le dos. Je gère encore mais rien n’est normal.
J’ai envie d’aller aux toilettes mais rien ne sort.
Le gynécologue revient vers moi. Je suis devenue blanche et je vomis le peu de chose que j’ai dans le ventre, le travail commence. Je le savais avant même de me faire réexaminer : je vais accoucher. Je n’arrive toujours pas à appeler mon mari.
3ème examen de la sage femme, il est 21h45. J’ai mal, je n’arrive plus à m’allonger sur la table, cette position est insoutenable.
Je suis dilatée à 6, elle sent la tête du bébé.
Je lis la panique dans son regard.
On m’emmène dans la salle d’accouchement.
Le médecin appelle mon mari, il est 22h. Il prend la route immédiatement.
Les contactions sont insoutenables. Je hurle, je jure… beaucoup. Les sages-femmes de la salle d’accouchement font leur maximum pour me soulager.
On rigole pas mal quand même vu que je m’excuse de leur balancer des « putain de bordel de merde » à tout va et de dire « mais qui sont ces connes qui veulent accoucher sans péridurale » (alors que je respecte à fond leur choix, mais sur le coup je leur en voulais à elles aussi).
Les contractions sont là, en continu et à puissance 1000. Je n’ai jamais autant crié de ma vie. Mon mari n’est pas là, j’ai mal, je panique. C’est trop tôt pour que bébé arrive. Elle va être prématurée, je panique encore plus, je me sens seule, j’ai mal.
Impossible pour moi de me mettre sur le dos.
On a du mal à me poser le cathéter, c’est la boucherie. Il s’excuse 20 fois au moins.
Je voulais la péridurale. Pour moi, même si je respecte le choix de chacun, je ne comprend pas qu’on ne veuille pas être soulagée de cette douleur.
La seule position qui me soulage un peu c’est sur le côté. Impossible de m’asseoir. On va devoir me faire la péridurale couchée.
La 1ère sage-femme est devant moi en train d’essayer de me calmer entre 2 crises de hurlement et de pleurs. La 2ème en train de me masser le dos. Ça fait mal mais ça fait du bien. On explose de rire. Enfin moi je ris et je crie.
L’anesthésiste arrive immédiatement, il se prépare pour la pose de la péri.
On me désinfecte le dos et là « bim » ça pousse. Une énorme contactions, je sens bébé entre mes jambes. Je n’ai aucun contrôle de mon corps. Impossible de me remettre sur le dos, la sage femme m’examine. Elle me dit ça commence. Panique. Mon mari n’est toujours pas là.
La sage-femme me demande d’arrêter de pousser si je veux une péridurale rachis.
Je me souviens lui avoir dit oui je veux et de hurler vite ! vite ! vite !
Malheureusement, l’anesthésiste n’est pas prêt à temps. Contraction, poussée incontrôlable, Voilà la tête. Je suis toujours sur le côté, mon mari n’est toujours pas là.
« Madame arrêtez de pousser ! « .
Je pense « hahahaha comme si je pouvais contrôler quoi que ce soit !«
Une autre contaction, une autre poussée incontrôlable, il est 22h25, le 29 avril, ma fille est née. La sage-femme l’a rattrapée au vol.
Bébé prématurée mais qui n’en a pas l’air du tout. Elle pèse 2,840 kg pour 45 cm. Personne n’y croit à la prématurité. Et tant mieux.
22h37 mon mari arrive. Étonné de nous voir. Hé oui elle est là.
A cause de cette règle STUPIDE de renvoyer l’accompagnateur des urgences, il m’a manqué mon pilier pour mon accouchement, et mon mari a loupé l’arrivée de mon petit boulet de canon.
Après différents examens, baby girl réagit très bien. Elle a bu son biberon.
La seule chose qui inquiète la pédiatre c’est ce petit bruit de « soulagement » qu’elle fait quand elle respire.
Comme elle n’est pas née à terme ils sont inquiets pour ses poumons.
Là je déchante. On me dit qu’il faut qu’elle parte en néonat… ma fille passera sa 1ère nuit (3h on a eu du mal à la laisser) sans ses parents.
Heureusement ça n’était que de la prévention et elle est revenue le lendemain avec nous.
Nous nous retrouvons donc en unité kangourou. Ma fille a droit à son petit lit chauffant.
Objectif : prise de poids à fond pour ne pas rester trop longtemps. On nous parle à ce moment là de 15 jours – 3 semaines.
Les équipes de puéricultrices et sage-femme ont été formidables. Elles ont été aux petits soins pour ma fille et moi.
A cette maternité, les visites ne sont toujours pas autorisées. Pour la fratrie, il ne peuvent venir que 1 fois par semaine. Mon fil à 19 mois à ce moment-là. Il était très heureux avec ma maman mais moi je ressens un manque. Il vient me voir 2 fois, il ne reste même pas 1h. Les au revoir sont déchirants. C’est dur.
J’ai eu droit à une autorisation de sortie de 4h pour aller le voir à la maison,mon mari restait avec ma fille à la maternité. Ça a été ma petite bouffée d’oxygène, ne sachant toujours pas quand j’allais rentrer.
Finalement, ma fille a pris du poids et se débrouillait comme une championne. Après 10 jours, nous sommes enfin chez nous.
Merci à toute l’équipe de la maternité Jeanne de Flandre pour mon séjour chez vous, vous avez fait passer le temps plus vite.
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Agnès dit
Sacrée histoire ! Ravie que votre fille était aussi vigoureuse qu’un bébé de 9 mois. J’imagine le poids si elle était resté jusqu’à terme… C’est tout de même triste que votre mari n’ait pas pu être avec vous, règle idiote.