Thita a eu 3 enfants et 3 césariennes. Pour la dernière, elle a eu une complication à laquelle elle ne s’attendait pas : un œdème à la paroi abdominale. Une poche de sang de 10 cm s’était formée juste sous sa cicatrice. Voici son témoignage.
{Témoignage} Suites de césarienne : un œdème à la paroi abdominale
Coucou à toutes les lectrices du blog,
J’ai déjà publié un témoignage sur La Mariée en Colère concernant la césarienne. C’était il y a 4 ans lorsque mon 2ème garçon est né. J’y avais parlé d’un manque d’informations concernant les risques post-op, notamment le claquage de vessie.
Je voulais informer les futures césarisées d’un autre risque.
Au début du mois d’octobre, pour notre plus grand bonheur et après une grossesse horrible (hyperemese gravidique, carences multiples, hospitalisations, contractions dès le 4eme mois…), nous accueillons une petite sirène dans notre famille. Les 2 grands frères sont sous son charme presque autant que nous.
Je pensais vivre ma dernière maternité dans la zenitude… et bien non !
Examens pré opératoires : surprise je suis positive au covid 19. Il nous aura bien cassé les pieds celui là. Bref, je suis asymptotique, mon mari est négatif et mes fils aussi. La césarienne est maintenue car, ayant des contractions depuis le 4ème mois et un utérus multi cicatriciel, il y a trop de risques.
1er problème : on me désonde après un retour de 500ml. J’apprends que c’est une erreur. La jeune sage-femme prévient ses collègues qu’elle m’a enlevé la sonde urinaire à 500ml et elle se demande si elle a bien fait. Une autre sage-femme vient me voir et me dit « vous avez reçu presque 2 L par perfusion. Je ne vous aurais pas désonder avant 800ml« . Ah ! Il ne faut pas désonder avant un retour de 800ml minimum. Ok mais moi, ma vessie ne marche pas encore à cause de l’anesthésie. Du coup, 2 resondages uniques pour vider la vessie. Elle finit par remarcher mais, depuis cela, je fais pipi des lames de rasoirs. Je le dis à la materternité mais personne ne m’écoute. On me dit que j’ai du être abîmée par les sondes, que c’est le temps que ça se remette. Je dis que je connais les infections urinaires et que je sens que c’en est une. Personne ne veut m’écouter. On ne teste rien. Après avoir été mise dehors à J+4 (oui oui mise dehors à cause du covid et du fait que je voulais voir mes fils et mon mari qui ont été interdits de venir me voir), les douleurs sont là. Je sors un samedi et le lundi je vois mon médecin qui pense tout de suite à une infection urinaire et me donne un traitement qui échoue.
Aujourd’hui à j+11, je vais aux urgences pour le problème 2 et là on me confirme que j’ai une infection urinaire et que mon médecin traitant doit me prescrire un autre antibiotique. Les 2 médecins que je vois sont plus préoccupés par le problème 2, plus grave pour gérer l’infection urinaire.
Un œdème à la paroi abdominale
2ème problème : celui qui m’a amené aux urgences. Après une nuit à trembler comme une feuille et à 38.7 de fièvre, je me sens mal. La température baisse au petit matin grâce au doliprane mais je sens une lourdeur dans mon bas ventre. Ma cicatrice tire. Je vais m’installer pour allaiter ma fille et là je vois mon ventre. J’en ai pleuré. Le bas de mon ventre a gonflé au point que ça se voit vraiment. Une balle de handball. Mon mari me dit d’en parler à l’infirmier qui vient me faire mes piqûres. Celui-ci est choqué et me dit de retourner à la maternité.
J’appelle et l’interne me dit de prendre du doliprane d’attendre lundi et de voir avec mon médecin traitant. Je prends le doliprane mais, au bout de 2h, la douleur est trop forte. Je me tiens voûtée et mon bas ventre a durci. Mon mari ne tient plus et m’emmène aux urgences avec les 3 loulous. Ils attendent dans la voiture pendant 3h et moi en salle d’attente. L’interne arrive dans la salle d’attente pleine et dit tout fort « bon c’est qui la dame qui a une césarienne avec un œdème ! » euh… merci pour le secret médical. Elle me dit qu’elle est disponible dans une heure car elle a une chirurgie d’urgence. Je patiente avec ma fille qui va pas tarder à demander le sein.
Elle finit par venir me chercher et m’examine. Elle me dit que ça doit être un œdème mais rien de grave. Elle me fait une écho pour être sûre et là son visage change. Elle mesure une poche de sang 10 cm de long sur toute la cicatrice. Elle me dit « ce n’est pas une complication habituelle mais ça arrive parfois« . Elle me propose 3 solutions : soit on attend avec le risque que ça devienne purulent, soit on fait une petite incision et on vide ce qu’on peut vider, soit on va au bloc pour rouvrir toute la cicatrice et nettoyer.
Je panique. Ma fille est dans sa poussette, elle commence à réclamer le sein, mon mari est dans la voiture avec les 2 grands et on me balance ça.
Dans le doute, elle appelle son supérieur. Il est pour attendre un peu mais l’interne insiste et lui montre mon écho. Le supérieur me dit « ma collègue m’a convaincu. Elle a raison, il faut inciser« . Sans que je comprenne ce qui se passe, on me met de la betadine sur la cicatrice et on sort un plateau de chirurgie (scalpel ect…). Le supérieur m’explique que je vais sentir comme un pincement avant un soulagement sur le bas ventre. Il me pince le bras pour me montrer la douleur que je vais sentir. Je les vois préparer une belle pile de compresses stériles.
L’interne ouvre une partie de ma cicatrice avec le scalpel. Dans mon malheur, j’ai la chance car au-dessus de ma cicatrice je n’ai plus de sensation depuis ma 1ère césarienne donc je ne sens pas le coup de scalpel. Je saigne abondamment. Les compresses se remplissent vite. Le supérieur prend une pince pour écarter un peu l’ouverture faite.
Une fois que c’est fait. Ils me disent qu’ils sont attendus pour une césarienne donc ils me laissent. J’ai 10 jours de soins infirmiers prescrits. Je reste quelques longues minutes à attendre et l’infirmière me fait un pansement et me dit c’est bon « bon week-end ».
Je sors en tenant ma poussette et en marchant à 2 à l’heure. Mon mari me récupère choqué de ne pas avoir été averti pour venir près de moi.
Je rentre chez moi le soir avec certes un soulagement car je n’ai plus le poids sur mon bas ventre mais toujours avec mon infection urinaire et en plus un trou dans ma cicatrice qui ne doit pas se refermer dans les 4 à 5 jours suivants afin d’évacuer le sang stagnant.
Cette complication existe mais ne fait pas parti des avertissements qu’on donne aux futures mamans. J’ai beau être à ma 3ème césarienne, je n’avais jamais entendu parler d’oedeme de la paroi abdominale. Je ne sais pas ce que ça va donner par la suite et j’espère sincèrement que cela suffira sans que je passe par la case bloc opératoire. Je suis fatiguée des nombreuses complications que j’ai eu sur cette grossesse. Le moral a tellement touché le fond qu’il commence à creuser. Je tiens pour mes enfants et mon mari mais c’est difficile.
J’ai fait en plus une ligature des trompes pendant la césarienne
Pour certaines, ça peut paraître stupide et je culpabilisé quand je vois que certaines ont du mal à avoir des enfants et que je fais le choix de verrouiller la machinerie chez moi. Mais après 4 grossesses dont une qui s’est arrêtée à 12 semaines, 3 beaux bébés et un utérus très abîmé, on me déconseillé une nouvelle grossesse car je risque la rupture utérine. Mes enfants ont besoin d’une maman en bonne santé.
La ligature des trompes ne se fait pas sur un coup de tête. On en discute, on a 4 mois de réflexion et on signe les documents. Le jour J on m’a demandé 3 fois confirmation dans le bloc opératoire.
Pour celles et ceux qui se demandent, mon mari était OK pour la vasectomie mais il n’a jamais subi d’opération de sa vie, jamais été anesthésié. Tandis que moi, on me proposait de le faire pendant la césarienne alors que j’étais déjà anesthésiée. J’ai préféré que tout soit fait en une fois sur moi.
Après, j’ai eu du mal psychologiquement à me dire que plus jamais je ne sentirais un petit être grandir en moi mais je le fais pour ma santé et pour que mes enfants aient leur maman vivante et en bonne santé. J’ai 3 enfants : 2 garçons et 1 fille. Je pense que j’ai de quoi être heureuse. Mais je culpabilise encore. Le moral en dent de scie n’aide pas. Si vous avez quelques paroles rassurantes, je suis preneuse.
Voilà une chose à laquelle vous devez penser quand vous avez une césarienne : les médecins ne peuvent pas tout nous énumérer comme risques mais suivez votre instinct avant tout et insistez si on ne vous écoute pas. J’ai essayé de me faire entendre des sage-femmes et infirmières et on ne m’a pas cru sur mon ressenti. On m’a fait une sortie anticipée au lieu de m’écouter, à cause du covid.
Écoutez-vous avant tout et faites vois confiance. Vous êtes seule dans votre corps et vous êtes seule à réellement savoir ce que vous ressentez dans votre corps.
J’espère repartager rapidement de bonnes nouvelles avec vous après mon œdème de la paroi abdominale.
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Jeila dit
Je suis de tout cœur avec toi, à J+8 de ma deuxième naissance par césarienne pour laquelle j’ai également demandé et obtenu une ligature des trompes. Tu n’es pas seule à prendre cette décision, c’est un choix éclairé et complètement raisonnable vu l’histoire médicale que tu racontes – mais au delà de cet aspect, tu n’as pas à te justifier ou à culpabiliser des décisions qui concernent ton corps et ta contraception en fonction du parcours d’autres personnes dans la maternité. C’est ton ressenti qui compte pour que tu vives le reste de ta vie de parent sereinement !
J’espère que les complications que tu vis vont se résoudre rapidement et que tu vas pouvoir profiter de ton post-partum. Courage à toi et félicitations pour cette petite puce !
Esther Benevolo dit
Bonjour Thita,
Bravo de lever le silence sur ces risques de césarienne ! C’est précieux pour les femmes qui pourraient traverser ces heures difficiles que de lire qu’elles ne sont pas seules.
Dans votre témoignage, on sent la détresse de ne pas être entendue par le corps médical et la culpabilité de ce que peuvent penser les autres. Mais on sent aussi également une belle confiance en vous, en vos sensations et aussi en vos choix pour votre famille.
Qui serions-nous si nous remettions en question vos choix personnels ? Ils vous sont propres, ils sont le fruit d’une réflexion et d’une décision en accord avec votre vie. J’espère que vous pourrez vous extraire du regard des autres et voir combien tout ce que vous faites, vous le faites pour ceux que vous aimez. Et je vous souhaite de guérir physiquement et moralement de cette traversée difficile. Je vous souhaite beaucoup de douceur et d’amour auprès de votre jolie famille.