{Témoignage} Quand belle-maman se mêle de la sexualité dans le couple

Cela fait un petit moment que le sujet de la sexualité dans le couple n’a pas été abordé sur le blog, et celui de la pression sexuelle mises sur les femmes pour avoir des rapports, non plus. L. est masseuse et elle voulait partager avec nous une histoire qui lui est arrivée. Heureusement qu’elle était là pour aider ce couple à mieux communiquer. Voici son témoignage.

{Témoignage} Couple et pression sexuelle : quand c’est la belle-mère qui s’en mêle

Bonjour à toutes,

Je voulais vous partager une histoire aux sujets des pressions (harcèlements) vécues par certaines femmes venant de leur mari ou pire. Il y a quelques années, je recevais beaucoup de femmes pour des soins prénatal et post-partum. Un jour, je reçois une cliente enceinte de 7 mois et demi, épuisée physiquement et moralement. Un petit gabarit, un tout petit bidon, si bien que je lui aurais donné pas plus de 4 mois de grossesse.

On échange un peu avant qu’elle ne monte sur la table de massage, on parle que de la prestation et de la raison de sa venue, elle n’est pas très bavarde. Elle me dit qu’elle est en congé pathologique depuis 3 semaines, et que la personne qui lui tient compagnie, c’est sa belle-mère. Je sens qu’elle a besoin d’en parler, mais comme elle est un peu timide, génée, c’est la première fois qu’on se rencontre, je ne force pas la conversation, j’ai l’habitude, je sais qu’il faut laisser venir. Le massage démarre, cela ne fait que 5 minutes que j’ai démarré, elle me demande d’arrêter (sachant que mon massage femme enceinte commence par le dos). J’arrête, et là elle se retourne, me fixe et me demande si j’ai déjà eu des femmes qui rencontraient des problèmes plus psychologiques (quand on sait que 15% de ma clientèle de l’époque était hospitalisées à la clinique psychiatrique collée à l’institut, oui j’avais l’habitude). Je la rassure un peu, en lui disant qu’il ne faut pas forcément confondre le bouleversement hormonale qui nous fait faire et penser à des choses délirantes parfois, aux problèmes psy. Et elle me dit : « je suis enceinte de 7 mois et demi, j’ai ma belle mère tous les jours à la maison, et je crois que si ça continu, mon bébé verra le jour en prison« .

L’échange continu, et elle me confie que sa belle-mère passe sa journée à lui reprocher de trop manger, d’être une femme complètement à côté de la plaque, à la limite de l’obésité, que son fils ne voudra plus jamais la toucher si elle continu comme ça, et qu’elle ne devra pas se plaindre s’il fini par aller voir ailleurs.

Elle la sermonne sur le fait d’accoucher par voie basse, en lui expliquant (théorie assez particulière) que 90% des femmes qui accouchent par voie basses sont des petites nature qui ont trouvé le moyen de se refuser à leur époux. Que de nos jours, les femmes ont la possibilité de satisfaire leur mari dès la sortie de la maternité en ayant recours à la césarienne, et ainsi conserver leur petite fleur fraîche et intacte. Qu’il ne faut surtout pas qu’elle pense à allaiter, sinon le désir de son mari sera à jamais englouti par la vision d’un bébé qui tète le seins de sa mère, en plus d’avoir une poitrine complètement déformée. Et elle continue à me sortir des choses du genre, sa belle-mère allant jusqu’à lui indiquer les positions adaptées à sa condition.

Bref, cette pauvre petite nana s’effondre en larmes (j’en avais déjà eu mais pas comme ça). J’étais en colère, mais je me devais de la tempérer le plus possible. On a longuement discuté sur la nécessité d’échanger avec son mari, quitte à voir un thérapeute de couple si cela pouvait l’aider, mais son mari devait au moins être informé du fait que sa mère mettait sa femme très très très mal à l’aise. En partant, elle m’a remerciée, et comme je m’y attendais elle n’est pas venue au rendez-vous suivant.

Mais son mari lui, il est venu.

Un gentil gars, un peu désemparé, complètement perdu. Il me demande si c’est bien ici que sa femme est venue la semaine passée, et si c’est bien ici qu’elle devait revenir. Je confirme, un peu craintive tout de même. Il me dit que la séance étant déjà payée, il aimerait qu’on échange, parce qu’il s’inquiète pour sa femme, et qu’il aimerait comprendre. On parle, plusieurs minutes, il parle beaucoup, et je ne tiens pas à lui faire part des confidences de sa femme. En revanche il insiste sur un point, sa mère. Voyant que je ne parle pas, il s’en va, et revient avec sa femme. Toute gênée, au bord des larmes. On entre en cabine, et il lui demande d’abord très gentiment de lui dire pourquoi elle ne veut plus manger, il s’impatiente devant son silence, et il finit en larme (je ne vous raconte pas mon désarroi), lui avouant qu’il ne comprend pas pourquoi elle qui tenait tend à avoir un bébé veut maintenant tout faire pour le tuer.

Elle est horrifiée, et finit par lui « vomir » tout ce que sa maman lui fait subir. Bref, ils vident leur sac, lui il change de couleurs en entendant tout ça, et ils s’en vont. 2 mois plus tard, je les vois venir ensemble, avec leur beau petit bébé, ils tenaient à me le présenter. Elle avait repris un peu de poids (ce qui lui allait très bien) et tenait absolument à prendre un rendez-vous pour un soin post-partum, le mari insistant aussi.

Elle m’a appris que la belle-mère était partie vivre ailleurs et qu’elle ne tenait pas à avoir de leur nouvelle depuis que son fils lui avait reproché son comportement et demandé de présenter des excuses à sa femme. Qu’elle avait accouché par voie basse, et que pour l’instant, tout allait plutot bien (autant que possible après la naissance d’un enfant) et que son mari était rassurant et patient, très investi, et que cette histoire leur avait permis de briser beaucoup de tabou et de non dits entre eux.

Bref, tout ça pourquoi ? parce que il y a des hommes qui comprennent et qui sont bons, mais l’entourage peut être vraiment vraiment très nocif. Qu’on pense souvent aux harcèlements venant du conjoints, mais il peut venir d’ailleurs, et qu’est ce qu’on peut faire contre ça ? Porter plainte ? en parler à quelqu’un ? Son mari a bien réagit, mais cela aurait très bien pu très très mal finir.

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