C. a accouché à Madagascar et elle ne se doutait pas du tout qu’il pourrait y avoir autant de soucis. Voici son témoignage.
{Témoignage} Accouchement à Madagascar : des complications dues à la péridurale
Bonjour à toutes,
Nous sommes un couple bi national et habitons à Madagascar. Ensemble depuis 1 an, je tombe enceinte pour une grossesse de rêve : aucun problème de grossesse, énormément de sport, prise de ventre après 7 mois de grossesse… Et ce qui est particulier dans cette situation c’est que tout le suivi à été fait en malgache. Je suis Française et j’ai appris le vocabulaire technique grâce aux sages femmes et mon conjoint. J’ai 26 ans et lui 33.
1 semaine avant ma date prévue d’accouchement, on nous confirme un bébé en siège complet (en tailleur) et donc ce sera césarienne planifiée pour le 12 février (le jour du terme) par précaution.
J’ai conduis ma moto cross jusqu’à la veille de mon accouchement, je nettoie les murs de la maison, je pars en sortie avec des copines…
Et le 8 février… J’ai passe la journée au lit. Je suis fatiguée. Nous sommes allés marcher 300m avec mon conjoint, c’était très difficile… Mais cela ne nous a pas inquiétés. C’est lors d’une envie d’aller uriner et le fait que je n’y arrive pas que mon conjoint m’a dit qu’il fallait aller à la maternité, c’était un signe d’accouchement (moi, je ne sentais pas de contractions ni quoi que ce soit).
Alors on a fait 45 min de trajet en tuktuk (ou bajaj), je criais à chaque bosse (la route n’est pas goudronnée)…
Arrivée à la maternité, on ne trouve pas mon col « madame vous n’avez pas de col« , rentrez chez vous.
Ma gyneco arrive et la elle me dit « vous êtes dilatée à 4″… Il faut préparer le bloc et faire la césarienne d’urgence.
On me fait me déshabiller dans le couloir, mon conjoint part chercher les affaires en catastrophe…
En salle d’opération, il fait un froid glacial (on passe de 35 degrés à 18)… L’anesthésiste me loupe 2 fois, mais d’après eux, la 3eme fois, la péridurale est posée…
Et la, on me presse le ventre et je sens tout, le scalpel dans mes chairs me font sortir un hurlement strident de douleur.
Puis, finalement, on me pose une anesthésie générale…
Qui durera jusqu’au lendemain matin (18:00 à 5:00).
Le lendemain, notre nounou s’occupe du petit car j’avais interdiction de me lever avec la sonde urinaire et la césarienne… Mon conjoint fait les allers-retours à la maison pour préparer, ramener à manger, nourrir les animaux, ramener les médicaments et vêtements manquants.
Heureusement, après l’enlèvement de la sonde et les soins, je peux me lever pour me laver et avoir mon bébé avec moi, qui n’arrive pas à téter car je n’ai pas de lait… Je m’acharne avec le tire-lait et enfin j’y arrive.
On me dit que je pourrai rentrer le lendemain matin car j’ai arrêté de saigner, je mange et bois normalement.
MAIS, dès la nuit, en allant aux WC, j’ai commencé à avoir mal à la tête…
Un calvaire qui allait durer plusieurs jours, méconnu à Madagascar.
Le lendemain matin, impossible de m’asseoir pour manger, ni de me lever pour aller aux WC… J’ai mal à la tête à me cogner contre les murs…
Morphine, opiacés et une 3eme substance shootante plus tard, j’étais tellement droguée aux médicaments que je ne pouvais plus bouger. On me dit d’arrêter l’allaitement à cause de tous ces médicaments.
Au bout de 2 jours de recherches (et moi aussi, j’ai cherché sur internet), il s’est avéré que l’anesthésiste avait percé la dure mère dans la colonne et qu’un écoulement de liquide cephalo rachidien en position assise ou debout provoquait cette douleur… Cela pouvait passer en 3 jours comme en plusieurs mois et il ne fallait surtout pas bouger.
A ce moment, j’ai eu peur que mon bébé rentre à la maison sans moi…
J’étais frustrée de devoir demander pour l’avoir à côté de moi, de ne pas pouvoir m’en occuper et qu’il boive du lait en poudre alors que j’avais prévu d’allaiter…
2 jours après le début des symptômes, on m’a fait un « blood patch »
C’est une greffe de mon propre sang dans la colonne pour « boucher la brèche« .
Un professeur ayant étudié à la Réunion est venu exprès de la capitale pour cette intervention et il a dû aménager le matériel de l’hôpital de la ville pour que cela convienne.
Vous raconter la douleur quand il m’a demandé de me tenir assise bien droite en salle d’opération pour injecter le sang dans la brèche (et de ne surtout pas bouger d’1mm car on n’avait pas de matériel pour recommencer s’il venait à échouer)…
Mon état s’est amélioré et nous sommes rentrés le lendemain midi.
J’ai fini par réussir à allaiter couchée car je ne pouvais pas me lever totalement pendant 10 jours (seulement pour les WC et me doucher). Donc on venait à mon lit pour m’apporter mon bébé et que j’allaite (je trouve cela incroyable d’avoir réussi à allaiter 1 an et demi alors que pendant les 4 premiers jours, je n’ai pas eu de montée de lait). Mon bébé aussi a tout de suite accepté le sein.
Là je suis enceinte du 2ème et j’espère que l’accouchement se passera mieux car c’est beaucoup de stress de se demander si on va pouvoir vous soigner ou si vous resterez à jamais clouée au lit avec des migraines…
Je sais maintenant que je ne suis pas trop pour la péridurale… Car en province, c’est extrêmement rare que des étrangères accouchent et cela perturbe les médecins… Il y a les incompréhension dues à la langue parlée qui n’était pas la mienne également.
Au passage, ma sage femme actuelle ne parle pas français non plus.
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Caro dit
J’ai fait 3 semaines de bénévolat dans un service d’imagerie médicale à Tana en 2019 et au vue des pratiques et du matériel, ça ne doit pas être évident d’accoucher là bas en effet. Bon courage à vous.