M. est déjà maman d’un petit garçon. En couple avec un homme plus agé lui aussi déjà parent, elle rêve d’un autre enfant, mais lui n’en veut plus. Son envie de bébé la ronge tous les jours un peu plus. Voici son témoignage.
{Témoignage} J’ai envie d’un enfant, lui n’en veut plus
Bonjour à toutes
Je m’appelle Mado, j’ai 30 ans, et l’heureuse maman d’un Petit Dinosaure de 6 ans, en garde alternée.
J’ai toujours su que je voulais des enfants. Au plus profond de moi, j’ai toujours ressenti un besoin, un appel de ce désir de maternité. J’ai toujours été très proche de ma mère avec laquelle j’ai 25 ans d’écart, et je me suis toujours dit que c’est cette proximité dans l’âge qui nous permet d’être aussi proches et d’avoir cette relation mère / fille fusionnelle.
A 22 ans, j’ai rencontré le père de Petit Dinosaure
Il avait tout pour me plaire, et très vite nous avons emménagé ensemble. J’ai commencé à parler projet bébé en vue de concevoir un enfant. Lui avait 11 ans de plus que moi et n’avait eu que de mauvaises expériences car son ex avait cumulé les fausses-couches. Moi j’étais jeune, en pleine santé, sans aucun problème de fertilité, et je m’estimais suffisamment mature pour le projet.
Je suis tombée enceinte très rapidement après l’arrêt de ma contraception
Et le calvaire a commencé avec ce père qui était à la fois aux anges, et très anxieux voir très détaché de cette grossesse. J’ai trouvé des excuses à chaque mauvais mot, il m’a rempli de bonheur comme il m’a fait me sentir misérable pendant toute cette grossesse. Cela été très dur, heureusement que d’un point de vue santé, ma grossesse était au top.
Sur la fin de la grossesse il a fini par se calmer (sa mère l’a surpris en train de me dire une vacherie et l’a remis à sa place) et c’était redevenu agréable. Je mettais sa colère, son anxiété et son détachement sur le fait que les 5 grossesses de son ex s’était terminées avant terme.
Lors de mon accouchement, il était établi que ma mère serait là. Je voulais qu’elle, en tant que ma mère, ma confidente, et en tant que femme, soit présente pour m’épauler, car mon ex n’était pas très à l’aise à la vue du sang, et je craignais de me retrouver seulement avec le personnel médical dans un moment où l’on est en position de faiblesse face au corps médical.
Tout s’est bien déroulé, et ma mère a été là tout le long. Mon ex est devenu pâle comme un linge mais a tenu bon, et n’était pas mécontent dès le départ qu’elle soit présente.
Ses mauvaises habitudes de me dire des méchancetés ont repris quelques semaines plus tard, je n’étais jamais assez bien, ou alors j’étais « trop » : trop court : « tu es une maman tu vas pas t’habiller comme ça ! » alors que je tentais de retrouver une silhouette féminine dans le but de lui plaire, trop à mon aise : parce que je parle fort de tout, sans tabou et que je suis rapidement à l’aise avec les gens, trop impliquée : « bon tu t’es occupé du petit toute la journée maintenant moi aussi je veux un peu de ton temps« , trop exigeante : « parce que bon moi je suis pas en congé mat’ donc tu as le temps pour les tâches ménagères, tu vas pas me reprocher de pas les faire en plus du boulot !« .
Bref, tout était ma faute, tout le temps, en toute circonstance.
J’ai fini par devenir l’ombre de moi-même. Et puis un jour, après la dispute de trop il m’avoue que lorsqu’il était avec son ex, des examens avaient indiqué que ses gamètes étaient « fainéants » et qu’il aurait du mal à procréer. Bref, Il me dit « je pensais que ce n’était pas moi qui t’avais mise enceinte mais un autre. » Coup de massue. Je m’éloigne de lui, petit à petit, et puis grâce à mes amies, et à ma mère, j’ai repris confiance, et je l’ai quitté.
Par la suite j’ai rencontré un autre homme, de 3 ans mon cadet cette fois, il savait que je voulais un autre enfant, un mariage aussi. Il était d’accord, il avait même commencé à me donner des prénoms qu’il aimait pour un deuxième qu’on projetait de mettre en route. Et puis, il m’a quitté, violement, un 14 février au soir, après une journée en amoureux, « c’est pas toi c’est moi », il entretenait une relation par téléphone avec une ex qui vient le draguer chaque fois qu’il est en couple. Je me suis effondrée. Mon fils ne comprenait pas, cet homme vivait avec nous, puis du jour au lendemain nous avait abandonné.
Et puis j’ai rencontré Jules, un mystérieux, mon voisin de palier.
On s’est toujours plu, de loin, avec des regards en coin sans vraiment se dire que quelque chose allait arriver, juste on se plaisait. Et là, un jour, j’ai eu peur de passer ma soirée seule à pleurer l’homme qui m’avait abandonnée, alors avec mon courage et une bouteille de vin blanc, j’ai sonné chez lui pour lui proposer un verre.
Il a 15 ans de plus, deux enfants dont une fille avec qui je n’ai que 5 ans d’écart. Il ne souhaite pas se marier, et il ne veut plus d’enfant. Tant pis, pour l’instant on se fait du bien, on réapprend à vivre, et on profite de la vie. On sortait tous les 2 d’une rupture, et on s’est guéri avec notre complémentarité au quotidien.
On fait pleins d’activités ensemble, rando, bivouac, canoë, road trip, jardinage… Et puis un jour, j’ai un retard de règles. Et la boite de Pandore s’ouvre en moi.
J’avais tellement mis de côté cette envie d’enfant qu’elle m’a sautée au visage avec ce retard. J’espérai, et en même temps je me sentais coupable pour lui qui n’en voulait plus.
Et puis mon cycle menstruel a repris normalement, ce n’était rien d’autre qu’une farce de mon corps.
Mais depuis, tapis dans le fond de mon ventre, une envie, un besoin me dévore.
Je souhaite un autre enfant. J’en rêve. J’en pleure. J’enrage de ce ventre vide. Je culpabilise de vouloir cet enfant alors que mon homme n’en veut pas. J’envie mes proches, les inconnues, toutes celles et ceux qui m’annoncent avec joie une grossesse, une naissance.
Et puis mon conjoint me dit qu’il m’aime, qu’il est prêt à vivre avec moi, mon fils, le sien, mes animaux, mais pas pour un autre enfant.
Je l’aime, je l’aime désespérément cet homme, alors je me dis, après tout, vu comment va le monde, est-ce vraiment nécessaire ? Alors on vit ensemble, mais je ne supporte plus la technique du retrait dans notre sexualité, et lui suggère de ma propre initiative une vasectomie. Idée à laquelle il adhère, il y songeait, mais appréhendait la chirurgie. Je me sens plus légère, je me dis qu’on a d’autres projets, que cette relation me fait du bien, je suis plus apaisée, mon fils aussi. Nous formons une famille heureuse.
Et puis l’opération me ramène la réalité. C’est terminé, il n’y a plus de risque même par « accident » qu’un enfant germe de nos deux corps unis.
Et tout me bouleverse à l’intérieur.
Je meurs à petit feu, mon fils réclame un bébé à la maison et je ne peux me résoudre à lui répondre sans que les larmes montent. Je voudrais tellement ce bébé, un bébé désiré, un bébé à deux, pas une grossesse où l’autre a ses doutes. Pas de petite enfance où les parents se disputent sans cesse. Un bébé à 2.
Et tout recommence. Les larmes, l’angoisse de voir mes règles arriver, toutes ces suggestions de contenu bébé qu’internet me jette au visage, toutes les amies enceintes, les mères heureuses, les pères épanouis, la jalousie.
Je réfléchis à des solutions, j’en parle avec mon conjoint, et si je fais un bébé seule ? m’aimeras-tu ? Resterais-tu ? et si on vit séparément mais un peu ensemble quand même ? et si, et si ?
Mais Jules ne veut plus d’enfants. Les nôtres sont suffisants. Garder les bébés de mes amies ne le dérange pas. Mais il n’en veut plus quotidiennement. Il ne veut plus, il n’a plus envie. Et il me le dit avec franchise, et avec douceur. Il me dit, « tu savais que je n’en voulais plus. Si un jour tu me quittes parce que tu en veux vraiment, je comprendrais. Mais je ne pourrais pas rester et t’aider à accomplir ton rêve.«
Alors je meurs.
Je meurs d’amour pour lui, parce qu’il m’apporte tant quotidiennement, parce qu’il est là pour moi, quoi qu’il arrive, et aussi pour mon fils, et pour nos animaux, parce qu’il est là chaque fois que j’ai besoin, qu’il m’aime, me désire et prend soin de nous. Parce qu’il est doux. Parce qu’il n’a jamais une parole dure, seulement des vérités qui sortent de sa bouche. Je ne peux pas me résoudre à le quitter tant je l’aime et tant cet amour est pur est partagé.
Alors je meurs.
Je meurs de ce ventre désespérément vide, de ces règles qui sont les larmes de mon ventre, de mes seins qui continuent bien que mon allaitement soit loin à pleurer du lait, de mon fils qui me demande pourquoi si je veux un bébé je n’en fais pas un ? De ce vide au creux des bras, de mon corps qui pleure cet enfant qui ne viendra pas.
Alors je meurs.
Et j’avance, je trouve des excuses « on est suffisamment nombreux sur cette planète !« , je calcule « c’est un coût un enfant quotidiennement« , je me raisonne « c’est plutôt agréable d’avoir les enfants qu’une semaine sur deux, comme ça on peut se reposer et faire ce qu’on veut les semaines où ils ne sont pas là« , je me culpabilise « il y a déjà tant d’enfants sur terre qui ont besoin d’amour, quel égoïsme d’en faire encore alors qu’ils sont nombreux en attente d’adoption !« , j’angoisse « et puis t’imagine s’il a une maladie ou un handicap lourd ?! » et je souris « oh c’est merveilleux ! tu attends une petite fille ?! c’est super !« , j’encourage « crois en toi, ça va bien se passer, tu es une super maman !« , je félicite « ohhhhh comme il est mignon !! ils sont si petits ! ça passe trop vite !! bravo il est trop mignon« .
Alors je meurs d’une envie qui me ronge.
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J dit
Je comprends, mon conjoint nen voulait pas , je lui avais posé un ultimatum : j’en veut un avant 30 ans . Il a fini par être prêt pour un , en disant un c’est tout , il n’a pas envie d’ un deuxième…
Notre fils va sur ses 3 ans … Je me raisonne en me disant que pour mon fils , pour moi , par amour , je ne veux pas d’un second… Mais au fond le désir d’enfant est toujours présent… J’ai fais les plus et les moins , je sais que je ne veux pas en faire un toute seule et pas sans mon conjoint