J. avait envie de nous raconter son accouchement sans péridurale. Une naissance calme, zen, qui rassurera toutes les mamans qui ont envie de tenter l’expérience. Voici son témoignage.
{Témoignage} Récit de la naissance de ma fille
Bonjour à toutes les futures mamans
Lors de ma grossesse j’ai lu plusieurs témoignages de jeunes mamans racontant leur accouchement en détail. Cela m’a appris tellement de choses qui ne sont ni dans les émissions de télévision, ni dans les livres, ni d’ailleurs dans les témoignages des copines, que j’ai eu envie moi aussi de partager avec vous mon récit d’accouchement. Ainsi je prends le temps d’écrire moi aussi, pour vous raconter comment j’ai donné naissance à ma fille chérie.
2h40 : Chose habituelle je me réveille parce que j’ai mal au ventre. Je vais aux toilettes puis je me recouche. Malheureusement, j’ai toujours mal. Je vais dans le salon prendre un Spasfon puis je me couche sur le canapé pour ne pas déranger mon époux, Gilles. Mais la position allongée est encore plus désagréable. A ce moment, je prends conscience que mes douleurs sont cycliques : ce sont des contractions.
3h : Comme je n’ai jamais eu de contractions auparavant, j’en déduis que l’accouchement est pour bientôt. Je décide d’attendre au moins deux heures de contractions avant de réveiller mon mari. Lorsqu’une contraction arrive je m’accroche au plan de travail de ma cuisine puis je plis les genoux en soufflant pour accompagner la douleur. Et entre deux contractions, je continue de dessiner mon pense bête « mon accouchement physiologique » que j’avais commencé plus tôt dans la journée.
5h : Cela fait deux heures que j’ai des contractions, elles ne sont pas très fortes mais régulière. Je vais réveiller Gilles. Je lui dis : « il est 5h, j’ai des contractions depuis deux heures, tout va bien, tu peux te réveiller tranquillement et prendre ton petit déjeuner, je vais prendre un bain ». L’idée était de le prévenir qu’il n’allait surement pas aller au travail aujourd’hui mais qu’il n’y avait aucune urgence. Ensuite, je vais prendre un bain et cela me soulage énormément.
6h : Gilles est bien actif, il prépare nos affaires. Il vient me voir dans le bain et lit ma douleur sur mon visage lors d’une contraction. Il me dit : « je pense qu’il ne faut pas tarder à partir ». Je sors du bain et me prépare à mon tour. Mes contractions sont très rapprochées, environs toutes les 5 minutes.
7h : Nous arrivons à la maternité. Une sage-femme m’examine, mon col est ouvert à 3,5 cm. Nous faisons part de notre projet de naissance et notre souhait d’être dans la salle physiologique si elle est disponible. Nous avons de la chance, elle l’est ! J’enfile la blouse d’hôpital, la sage-femme me pose le cathéter, me donne le bracelet et nous nous installons dans la salle physiologique. Dans cette salle, il y a en plus : un ballon, une écharpe pour se suspendre, un monitoring ambulatoire et une douche. Gilles allume l’enceinte portative et met la playlist que j’avais créée pour l’occasion. Cette fois, lors d’une contraction, je pose mes mains à plat sur le mur et je souffle en même temps que je plis mes genoux. La sage-femme qui va s’occuper de nous s’appelle Marion, elle est avec une étudiante. Elles nous proposent une bouillotte et une serviette chaude pour soulager la douleur. Gilles applique la bouillotte en bas de mon dos, là où j’ai le plus mal.
9h30 : Les contractions sont toujours aussi proches, je n’ai pas le temps de me reposer. Je demande un examen, mon col est toujours ouvert à 4 cm !
10h : pose du monitoring ambulatoire pour faire un enregistrement du cœur du bébé pendant au moins 15 minutes sans interruption. Comme je change sans arrêt de position (assise, debout) il est très difficile d’obtenir un tel enregistrement.
11h : Marion retire enfin le monitoring, j’avoue que je ne sais même pas si elle a obtenu l’enregistrement. L’étudiante me propose de prendre une douche et « d’y rester autant de temps que je le souhaite ». Comme le bain m’avait fait du bien à la maison, je vais sous la douche. Au bout de 5 minutes sous l’eau chaude, je sens comme un ballon plein d’eau se percer en moi. Je regarde le sol, il n’y a rien de visible à part l’eau de la douche, la poche des eaux s’est peut-être rompue… J’oriente le jet d’eau sur le bas de mon dos, cela me soulage énormément. D’habitude, je suis assez économe et donc mes douches sont rapides mais là je mets de côté la planète et je reste sous la douche sans compter les minutes. Au bout d’un moment, je finis quand même par m’asseoir sur un petit tabouret en plastique et arrêter l’eau entre mes contractions.
Les douleurs sont intenses, je commence à perdre pieds
Je me dis : « mais pourquoi on a voulu un bébé ? », « il n’y aura pas de deuxième enfant », « je vais demander la péridurale, je ne peux pas tenir plus longtemps ». Lors des contractions je m’agrippe à la barre de la douche, j’émet des râles, je ne gère plus du tout mon souffle. Au bout d’un moment, j’ai l’impression que les contractions sont différentes : je rentre mes genoux vers l’intérieur, j’ai envie de pousser. J’essaie de m’ausculter, de mettre un doigt dans mon vagin pour comprendre ou j’en suis mais ça ne m’avance pas à grand-chose.
12h : je demande à Gilles d’appeler Marion pour qu’elle m’examine. Pendant ce temps, j’enfile mon peignoir et je sors de la salle de bain. Bonne nouvelle mon col est ouvert à 9 cm. Je vais peut -être y arriver sans péridurale. Par contre, il faut de nouveau me poser le monitoring pour écouter le cœur du bébé, du coup je ne peux pas retourner sous la douche et les douleurs sont difficile à supporter sans l’eau chaude. Je ne me prive pas de le dire à la sage-femme. Elle me dit : « c’est pour la sécurité de votre bébé ». C’est peut-être égoïste mais à ce moment-là, je pense que mon bébé va bien mais que moi j’ai super mal !
12h10 : Marion me demande si j’ai réfléchi à une position dans laquelle j’aimerais accoucher, je lui réponds que j’avais imaginé accoucher accroupit. Je ressens une envie de pousser, je dis même, que j’ai l’impression que mon anus va se déchirer. Et oui, face à toutes ces nouvelles sensations, j’ai pris le parti d’exprimer ce que je ressentais, sans filtre. Mon col est ouvert à 10 cm. La sage-femme me propose de me mettre à quatre pattes sur la table et de baisser la partie ou il y a mes jambes. Du coup, je peux m’accroupir, c’est plutôt cool comme position.
Ça commence à s’accélérer, en tout il y a cinq personnes avec moi dans la salle : Marion, l’étudiante, une autre sage-femme, l’infirmière puéricultrice et Gilles. Marion surveille le cœur du bébé, l’étudiante me branche à une perfusion au cas où. La sage-femme arrivée en renfort me masse le bas du dos, Gilles est près de ma tête et me répète les conseils des sages-femmes et aussi que je suis la plus forte. Une équipe en or !
Il faut que je pousse et je suis un peu perdue.
Elles me disent de pousser, puis « encore, encore, encore … » mais je suis à bout de souffle. Elles m’expliquent qu’il faut pousser en retenant ma respiration, puis inspirer et pousser de nouveau et ça en même temps qu’une contraction. C’est là que je comprends qu’elles ne savent pas quand j’ai des contractions. Je me reconcentre sur mes sensations et pousse au bon moment. Tout d’un coup l’une d’elle s’exclame : « On voit sa tête, elle a plein de cheveux ! » Je passe ma main entre mes jambes et touche la tête de mon bébé.
12h38 : Elle est née !
L’après accouchement
J’aimerais terminer mon témoignage lorsque mon bébé est sorti de mon ventre mais la naissance n’est pas finie.
Ensuite, je me suis allongée sur le dos pour recevoir mon bébé. Le cordon a été rapidement coupé. L’assistante puéricultrice a voulu récupérer très rapidement le bébé pour lui faire les premiers examens. J’ai demandé à ce que mon bébé reste encore un peu contre moi. Et j‘ai bien fait car le placenta ne sortant pas et trente minutes s’étant écoulé, on allait devoir l’extraire à la main. Pour cela il faut m’anesthésier, la sage-femme m’explique que je vais être déplacée dans une autre salle pour procéder à une rachianesthésie et qu’ils en profiteront pour recoudre les petites éraillures (sorte de griffures ou d’éraflure).
Gilles part avec notre bébé pour les premiers soins et moi sur le lit à roulette je suis transférée dans une salle au même étage. Je rencontre l’anesthésiste à qui j’explique que je garde un mauvais souvenir de ma dernière péridurale (chute de tension, jambe totalement endormie et douleur dorsale pendant 10 jours), il me propose une anesthésie générale, j’accepte.
Je me réveille 10-15 minutes plus tard, Gilles me rejoint avec notre puce. Je suis encore un peu sous l’effet du gaz hilarant et je dis, en regardant mon bras gauche : « oh les fripons, ils m’ont mis un deuxième cathéter ! ». En effet, pendant mon sommeil, l’anesthésiste trouvait plus pratique de faire la perfusion à gauche donc j’ai eu le droit à un deuxième tuyaux. On m’explique que j’ai fait une hémorragie de la délivrance et que j’ai perdu un litre de sang.
En résumé, mon accouchement s’est bien déroulé. Tout le personnel médical a été à mon écoute et a su s’adapter à mes demandes.
Ce que j’ai particulièrement apprécié :
– Ne pas hésiter à exprimer ce que l’on ressent dans son corps pour que la sage-femme puisse nous rassurer sur nos sensations.
– Ne pas hésiter à dire « non » ou tout du moins demander s’il n’y a pas une autre solution
– De l’eau et de la chaleur en bas du dos et en bas du ventre
– Faire une playlist de musique douce qui nous correspond
– Ne pas se précipiter à la maternité
Je vous souhaite à toutes un magnifique accouchement.
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Esther Benevolo Doula dit
Bravo pour cette belle aventure !!!
Un grand merci pour ce témoignage qui nous montre combien les femmes ont les ressources en elles pour mettre au monde leur bébé et de mettre en évidence l’importance de s’écouter, de dire nos besoins et d’être soutenu.
Nous avons souvent l’habitude d’entendre des histoires de naissances qui sont dures, qui ont des complications et qui sont chargées en peur. Merci pour votre témoignage d’accouchement par vous-même, de force et de joie. Je vous souhaite plein de joie pour la suite avec votre bébé.
Agnès dit
Merci pour votre témoignage !