Lysie en est à sa troisième grossesse extra-utérine et le cœur n’y est plus. Car si la jeune femme n’a aucune peine à tomber enceinte, les complications arrivent pour elle après. Voici son témoignage.
{Témoignage} 3 grossesses extra-utérine
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
J’ai besoin d’écrire… J’espère ne pas être jugée pour mon parcours… J’ai 30 ans.
J’ai fait un avortement quand j’avais à peine 17 ans. Ayant été placée en foyer et avec mon dysfonctionnement familial, j’avais assez de jugements pour savoir que j’étais beaucoup trop jeune pour devenir maman, et surtout, je savais que j’étais loin d’être prête mentalement pour une telle responsabilité… De plus, mon petit ami de l’époque n’était pas plus stable ni plus responsable que moi.
Ma première GEU.
3 ans plus tard, je retombe enceinte. Je fais une prise de sang et il n’y a pas de suspens. Un taux de béta HCG qui montait mais ne doublait pas. A l’échographie, ils l’ont tout de suite vu. Injection de methotrexate, une seule a suffit. C’est tout ce dont je me souviens pour cette épreuve-ci. Le déni hein…
Quelques mois plus tard, je retombe enceinte. La grossesse est évolutive ! je suis heureuse comme jamais… mais l’homme avec qui j’étais (le même que pour la première GEU) me quitte. Je suis dévastée mais je décide de le garder. Je vérifie mes taux, tout va bien. Première échographie, j’entends son petit cœur… quelle joie… mais le gynéco me dit voir un léger hématome près de l’utérus. Je dois donc rester alitée. Une semaine à peine après, je ressens quelque chose d’anormal. Je prends rendez-vous pour un contrôle à peine deux semaines après… le cœur de bébé ne bat plus.
A ce moment là, je me dis que je paye l’avortement… que l’univers me punie pour ce que j’ai fait quelques années auparavant.
Prise de cachets, deux fois en intervalle, je perds le fœtus dans ma douche, seule, je suis au bout de ma vie… On fait une échographie de contrôle, tout va bien.
Je retombe enceinte sous pilule
2 ans plus tard, je rencontre quelqu’un. Les mois passent et tout va bien, je suis sous pilule contraceptive. Mais voilà qu’en décembre, un retard de règles. Je fais un test de grossesse, il est positif. Le taux est évolutif et double toutes les 48h pendant au moins deux semaines.
Ce n’était pas prévu, surtout que j’étais sous pilule, mais je prends cela comme un appel du destin. Je le garderai. Suivi par un gynéco qui ne « pratique pas les echo à tout va » (malgré mes antécédents), j’essaie de lui faire confiance. Un vendredi après-midi alors que j’ai mes résultats d’une énième prise de sang, je l’appelle inquiète car je trouve que le taux stagne. Il me dit « ne vous inquiétez pas, ça arrive, s’il n’y a pas de sang, pas de raisons de s’inquiéter ». Je lui explique que j’ai quand même très mal à gauche quand je suis assise ou quand je marche. « Les ligaments ! » sont sa réponse.
Le soir, je partais en week-end chez de la famille.
Trois heures de route en bla-bla car, avec des inconnus, mais j’essaie de garder le cap et de retenir mon mal. Le soir, arrivée chez ma famille, je saute le repas et m’excuse mais « j’ai besoin de m’allonger ».
La nuit je réveille mon oncle et lui demande de m’amener aux urgences car je sens que quelque chose ne va pas.
Je vois un gynéco homme, sans aucunes émotions ni tact. Il me fait une échographie, part sans un mot, revient avec deux ou trois internes et montre ce qu’est « une rupture de la trompe lors d’une GEU »
Je crois rêver.
Je m’écroule en larmes, je demande que ces gens partent.
Je suis ABASOURDIE. Je n’arrive plus à respirer tellement je pleure. Car il me dit qu’il doit m’opérer d’urgence et qu’il va devoir me ligaturer la trompe. Elle a rompu, je fais une une légère hémorragie.
J’ai du mal à reprendre ma respiration et il me crie presque dessus « vous comprenez ce que je dis Mademoiselle ? »
Oui, bien sûr…
Une fois revenue dans le couloir, je demande à mon oncle de partir, je lui explique vaguement. Il me voit en pleurs et la pudeur entre nous suffit pour se comprendre.
Je suis là, seule, dans le couloir des urgences, en robe de chambre, sur un fauteuil roulant, attendant que l’on vienne me chercher pour aller au bloc.
J’ai froid.
Je me réveille, encore sous le choc de l’anesthésie. Je ne sais pas pourquoi, mais je demande si mon bébé va bien et une femme me crie dessus comme si j’étais sourde pour me réexpliquer ce que je savais déjà, mais je ne voulais pas y croire…
Cette histoire a brisé mon couple
Car j’ai refait une fausse-couche précoce 6 mois après, une autre quelques années plus tard… Nous avons fini par définitivement nous séparer. Quand j’écris ce témoignage, je me rends compte que c’est comme si tout cela était une vie passée. C’est difficile à accepter mais je suis une personne forte, en tout cas depuis toute petite j’essaie…
La vie reprend son cours. L’an dernier je me suis mariée à un homme formidable. Nous avons traversés des tempêtes pour être ce que nous sommes devenus ensembles, je suis fière d’évoluer avec lui.
Lui ayant déjà expliqué mon parcours, il savait que le jour où nous commencerions les essais bébé, ce serait difficile. En avril 2023 un peu avant le mariage on a commencé nos démarches PMA. Bien qu’il me reste une trompe droite « viable », je ne suis pas retombée enceinte depuis 2016. Mes fausse-couche ensuite on été extrêmement précoces.
Et voilà qu’un lundi, alors que le parcours PMA a été finalement mis en pause pour d’autres projets, 6 mois pile après notre mariage, un test de grossesse positif apparaît. Je l’ai fait sans conviction mais comme j’avais quelques signes de grossesse : retard de règles + poitrine gonflée… j’ai connu assez de grossesses pour me reconnaître ce qu’il se passe.
Je n’arrive pas à y croire. Ce début d’année, ces changements, tout nous sourie…
Je file aux urgences le soir même.
Au vu de mon parcours je ne veux prendre aucun risque.
Lundi le taux est à 107.
Mercredi le taux est à 192
Vendredi le taux est à 318
Et puis le dimanche, le taux était à 420
J’ai eu une vive douleur du côté droit pendant trois jours, je le sentais mais l’espoir me tenait et me donnait l’envie d’aller à l’hôpital tous les deux jours pour vérifier bien que ce soit a 45km de chez moi.
Je suis allongée sur mon lit, j’ai eu une dose de methotrexate à 11 heures. Mon mari était là, à côté de moi. Je ne suis plus seule mais je n’ai jamais autant désiré bébé que depuis que je connais cet homme. Et voilà qu’après des années sans pouvoir tomber enceinte, sans espoirs, si ce n’est avec la PMA, je revoyais une petite lumière au fond de moi…
J’ai rendez-vous dans quelques jours pour faire une prise de sang et bien sûr une échographie de contrôle.
Je ne me souviens plus exactement de mes symptômes lors de mes précédentes GEU, mais je me souviens de la douleur que j’avais eu, et surtout du mal être intérieur…
Ça recommence, je suis dépitée
J’en suis à ma 7ème grossesse, je suis tata des dizaines de fois. Tous mes frères et sœurs ont des enfants, mes amies… Cette phrase qui me tue a chaque fois « Alors le bébé, c’est pour quand ? ».
Comment expliquer tout cela, comment répondre sans peine avec tout cela.
Et je ne comprends toujours pas le système hospitalier… à chacune de mes épreuves, je me retrouve au milieu de femmes qui tiennent leur nouveau né ou qui arrivent avec leur sac de maternité et viennent pour accoucher…
Le pire a été pour ma première hospitalisation, quand le cœur de bébé ne battait plus et que j’ai du prendre ces cachets pour évacuer le fœtus. J’ai du rester allonger quelques heures dans une chambre, un rideau seulement entre l’autre femme et moi. C’était une jeune fille avec son petit ami, qui avaient l’air d’en rire et elle, qui avortait. Je n’en croyais pas mes oreilles et en même temps je me disais que c’était encore une punition…
Mais pourquoi est ce si difficile de nous séparer. De faire des unités distinctes pour ce genre de situations…
Aujourd’hui a été la première fois que l’on me proposait de voir la psychologue du service.
Je pense qu’avec mon mari nous allons la voir, car je ne veux pas que cette épreuve nous ronge.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire, je me sens honteuse et je culpabilise tellement de tout ce qui m’est arrivé et m’arrive encore aujourd’hui.
Mais je vais rester forte, pour moi-même, pour mon mari et un jour, je l’espère pour ce bébé que nous aimons déjà tant, mon mari et moi…
Courage à toutes dans vos épreuves, vous lire me donne de la force, et en même temps beaucoup de compassion.
Avec toute ma lumière,
Lysie.
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Laure-Line dit
Courage ! J’espère que ça va mieux pour vous aujourd’hui.
C’est possible que l’avortement ait abîmé votre utérus, d’où les GEU, mais c’est très possible aussi qu’il n’y ait aucun rapport. Certaines femmes n’ont pas de chance, c’est tout.
Je vous fais un gros câlin de loin.
Claiwe dit
Bonjour,
Après 2 ans sans reussir a topber enceinte, j’ai commencé la PMA et j’ai perdu 4 enfants (2 fausses couches, 1 perte des eaux à 15sa, un RCIU puis MFIU à 22sa), et mon dernier enfant (grossesse naturelle) a 1 an 1/2 …
Courage
M. dit
Oh non, ne culpabilisez pas de votre avortement, ni de tout ce qui vous arrive! Vous n’etes responsable de rien, la « nature » est d’une injustice et d’une vraie cruaute, elle ne fait aucune difference entre les gens, elle est, tout simplement, et vous ne meritez rien de ce qui vous arrive, absolument rien. Vous avez le droit d’etre en colere et triste, et le personnel hospitalier et medical par contre autour de vous a lui ete d’une absence de consideration et d’empathie revoltante. Ces services IVG dans les maternites, c’est aussi tellement enrageant et dur. Comme s’il fallait nous punir d’avorter en nous montrant les autres.
Prenez soin de vous, autant que possible, vous portez en vous une vraie lumiere pour etre capable d’ecrire des mots aussi doux apres tant de souffrance. Courage et plein de pensees.