Vivre un accouchement est toujours un moment extraordinaire. Que ce soit notre premier ou le petit dernier, donner la vie est un instant magique, suspendu dans le temps. Juliette avait très envie de nous raconter la naissance de son troisième bébé. Voici son témoignage.
{Témoignage} L’accouchement de mon troisième bébé
Bonjour à toutes les mamans et les futures mamans,
Voici mon histoire.
Nous sommes en décembre, et je suis enceinte pour la troisième fois. Lors de ma première grossesse, j’ai perdu ma petite fille à 5 mois de grossesse. Un an après l’interruption médicale de grossesse, j’ai donné naissance à une adorable petite fille et maintenant un petit bébé devrait bientôt montrer le bout de son nez.
4 jours avant la date prévue d’accouchement
Ce soir-là, on ne se couche pas très tôt alors que l’on sait très bien que le terme est dans 4 jours et qu’il faut qu’on se repose avant l’arrivée du nourrisson. Mais ce soir, on a envie d’en profiter pour se faire un câlin. Coïncidence ou non, juste après j’ai une contraction douloureuse. Je décide de l’ignorer et de dormir car si j’accouche cette nuit, il faut que je dorme un minimum.
2h du matin : j’ai trop mal, je me lève. Les contractions sont proches (toutes les 15 minutes environ). Je prends un bain chaud pendant une heure.
3h : Je réveille mon chéri, en lui expliquant que tout va bien, qu’il faut se préparer à partir pour la maternité.
3h10 : J’appelle mes parents : « Coucou maman, il est 3h10, j’ai des contractions, tout va bien, vous avez 40 minutes pour vous préparer et venir, je vous attends donc pour 3h50 »
Mon chéri prend son petit déjeuner, j’essaie de manger un peu mais j’ai peu de répit entre les contractions. On prépare les affaires.
3h50 : mes parents sont là. Mes contractions sont maintenant espacées de cinq minutes.
4h07 : on est dans la voiture, en route pour la maternité.
4h20 : on est accueilli par Sophie, la sage-femme. On va dans la salle d’admission, elle examine mon col. Il est fin et ouvert à 3 cm, le bébé est bas, tout va bien. Elle me pose le cathéter et me fait une prise de sang. Elle me demande un échantillon d’urine mais je n’ai pas envie de faire pipi. Je remets mon pantalon et mes chaussettes, j’ai froid. Mon chéri explique à Sophie, notre projet de naissance.
La salle physiologique n’est pas encore disponible
Elle nous installe dans la salle de pré-travaille, où elle installe le monitoring autour de mon ventre. Ce n’est pas le monitoring déambulatoire, je dois donc rester allongée sur la table. Je me mets sur le côté. Elle m’explique qu’il faut 30 minutes d’enregistrement.
Mon chéri suit les contractions qui s’enchaînent maintenant et m’accompagne en me massant le bas du dos, fort. Il me soutient, éteint les lumières pour mettre une ambiance tamisée.
Après cinq ou six contractions, j’ai envie de pousser. Je pousse deux fois, et je sens comme un ballon se rompre et un liquide se répandre sur mes cuisses. Je dis : « J’ai perdu les eaux ». Mon chéri n’a rien vu, j’ai encore mon pantalon noir. Je lui dis « appelle, appelle, appelle … ». Il me répond « je ne trouve pas le bouton », je continue ma litanie « appelle, appelle, appelle … » et je pousse. Il finit par sortir de la salle et revient avec deux sage-femmes et une puéricultrice. Cette dernière, me prend la main et me dit « Je m’appelle Justine, regardez-moi madame, soufflez lentement ». C’est vrai que j’ai les yeux fermés. Elles me retirent mon pantalon, me recouvrent d’un drap. Sophie, réalise que je suis en train de pousser. « on voit les cheveux » « Madame arrêtez de pousser … Juliette ! arrêtez de pousser ! ». Mais ce n’est pas possible d’arrêter, elle m’aurait demander d’arrêter de respirer, ça aurait été pareil. « Vous n’allez pas accoucher ici. On a préparé la salle d’accouchement », « Non ! madame ! Juliette ! on change de salle. Monsieur aidez-moi à la mettre sur le fauteuil roulant ». Sophie court dans le couloir « rentrez les coudes ! », on passe la porte de la salle d’accouchement.
Me voilà installée sur une nouvelle table, sur le côté, une jambe repliée vers le haut et l’autre à l’horizontale, en ciseaux. Je pousse, je serre la main qui est dans la mienne, je n’ai plus mal, il faut juste que je pousse. J’accompagne les poussées par la respiration que j’ai appris en piscine. J’expire en gonflant le bas du ventre. Sophie et Justine m’encouragent. Les poussées sont efficaces. Mon chéri dit « je vois la tête ». Sophie dit « à la prochaine poussée, il faut qu’il sorte », mais à ce moment-là, je n’ai plus envie de pousser. Je fais une pause, puis je dis « contraction », Sophie « ne poussez plus, je coupe le cordon. Prenez votre bébé ».
Je tiens mon bébé dans mes bras
5h14 : Je prends un bébé tout gris, j’essaie de toucher son entre jambe pour connaitre son sexe mais je suis trop dans les vapes. J’entends mon chéri dire « c’est un garçon ! ». Justine : « vous ne le saviez pas ? ». Mon garçon reste très peu de temps contre moi. Les filles me disent, « il faut qu’on le récupère« . Il n’a pas crié. Quelques secondes passent et mon chéri me dit « je l’entends, il pleure ». A dire vraie, je pense plutôt à moi : j’ai mal, j’ai froid, j’ai soif et faim. Je suis en pull, mon foulard autour du coup et chaussettes aux pieds.
Les filles reviennent avec notre bébé. Elles le posent contre moi et Justine met une lampe chauffante au-dessus du bebe, ça tombe bien j’ai froid. J’ai de nouveau envie de pousser mais Sophie n’a pas fini d’installer son matériel pour la délivrance.
C’est enfin, le bon moment, je pousse. Sophie m’injecte une dose d’ocytocine parce qu’à mon dernier accouchement j’avais fait une hémorragie à la délivrance. J’ai tout d’un coup, des méga-contractions, c’est dur. Je n’ai pas envie d’avoir mal, j’ai mon bébé sur moi. La puéricultrice le récupère pour faire des examens, je propose de l’allaiter parce que j’en ai très envie et parce que ça peut accélérer la délivrance.
Le placenta finit par sortir en entier.
On me pose mon bébé sur le ventre pour que je l’allaite. Sa petite bouche et son tout petit nez viennent se coller à ma peau. Une larme coule sur ma joue. J’attends cet instant unique depuis tellement longtemps. Je suis dans une bulle de bonheur et de tendresse que rien ne peut altérer.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, je ne garde aucun souvenir de douleur pour cette accouchement.
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Agnes dit
Incroyable, très beau 😍