R. est bipolaire, toxicomane et… enceinte. Elle n’a jamais voulu tomber enceinte et était même persuadée qu’elle n’aurait jamais d’enfant. Mais maintenant qu’il est là, elle se pose des questions, elle hésite à avorter. Voici son témoignage.
{Témoignage} Je sais que je dois avorter mais je ne le veux pas
Bonjour à toutes,
J’ai 26 ans, je suis en couple avec mon copain depuis que 6 mois. Ma vie est chaotique, rie n’est stable et par conséquent, je n’ai jamais voulu avoir d’enfant.
J’ai toujours été contre avoir un bébé
Je ne me suis jamais cachée, cela a toujours été une décision assumée et j’étais certaine de moi… jusque hier, quand tout a basculé. J’ai fait un test de grossesse positif.
Je suis enceinte. C’est la panique dans ma tête. je prends rendez-vous au plus vite pour m’en débarrasser. Mais il faut attendre pour le rendez-vous, et plus le temps passe, plus le doute s’installe en moi… et si je faisais le mauvais choix ? et si c’était ma seule chance ? et si ? et si ? et si ?
Je m’arrête je reprends mes esprits. Ce n’est pas possible je le sais. En tout lucidité je suis bipolaire, toxicomane, dépressive… il est impossible d’élever un enfant dans ces conditions. Je ne peux pas garder ce bébé. De tout façon la grossesse sera impossible à gérer avec tous ces problèmes, mon enfant naîtra en mauvaise santé. Et plus tard il aura les mêmes problèmes que moi.
Ce serait égoïste et totalement inconscient de garder cet enfant. Cela n’apporterait que des problèmes.
Mais je me sens tellement mal de ne pas pouvoir le garder. Je sais que c’est la bonne décision, celle de la raison, mais je culpabilise d’avoir tous ces problèmes, d’avoir raté ma vie au point de ne pas pouvoir élever un enfant. Mais m’étais imaginé de belle choses pour l’avenir mais je redescends sur terre, je vois tous ces problèmes et cela me rend triste. Je ne m’en sortirai jamais et il faut que je fasse un croix sur cet enfant.
Mon copain est d’accord avec moi mais il ne sera pas non plus contre le garder. Il me laisse le choix et m’accompagnera.
Mais si je pense au bien du bébé il faut que j’aille chez la sage-femme demain mettre un terme à cette grossesse.
C’est ce qui est juste, c’est pour son bien que j’ai pris la décision. Mais je sais, je sens au fond de moi que je vais le regretter. Je ne peux pas l’assumer financièrement et même si mon conjoint le pourra ce n’est pas la solution et surtout ce n’est pas le seul problème.
Je ne vais pas pouvoir le garder mais et cela me rend extrêmement triste.
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Chloé dit
Tu es courageuse de venir déposer tes doutes ici et tu fais preuve d’une grande sagesse dans ton raisonnement. J’avais entendu un témoignage sur le podcast Bliss stories d’une maman bipolaire : elle était sous traitement pour sa maladie et tout se passait bien.
Cette grossesse, quel que soit le choix que tu feras, peut-elle être l’occasion pour toi d’entamer une cure de désintoxication ?
Je rejoins les commentaires précédents concernant ton âge : tu pourras avoir un enfant plus tard quand ta situation sera stabilisée. Mais peut-être que cet événement peut te permettre d’entamer un parcours de guérison, même si cela est loin d’être facile, j’en suis sûre.
Quelle que soit ta décision, reviens ici nous donner des nouvelles et prendre du soutien si tu en as besoin ❤️🩹
Marie Ange dit
Bonjour,
Si tu nous écris c’est que ton cœur balance réellement.
Ça n’est pas une fatalité, tu peux te faire aider. Le problème c’est que nous sommes une société qui n’est pas assez solidaire.
Je t’encourage à garder cet enfant si tu sens que tu pourras trouver du lien, et l’élever car aucune famille n’est parfaite.
Je t’encourage aussi de la même manière si tu ne veux pas poursuivre cette grossesse.
Personne ne peut prédire ce qu’il va advenir.
Du courage.
Sandra dit
Bonjour, il n’est jamais égoïste d’accueillir un enfant. Oui ça change la vie mais vous pouvez être aidée pour surmonter vos problèmes, rapprochez vous d’associations, de médecins. Si votre conjoint est prêt à vous aider cet enfant peut aussi être un nouveau départ pour le mieux. On est souvent paniquée même quand tout va bien quand.on apprend sa grossesse, d’autant plus lorsqu’ elle est inopinée, c’est plutôt courant d’avoir peur. Mais c’est aussi un sentiment transitoire.
Bon courage à vous.
Marguerite dit
Oh quelle douloureuse situation… Le regret peut faire partie de l’IVG, mais aussi de la naissance.
J’ai avorté pour ma part à 16 ans, car j’étais vraiment trop jeune. J’ai regreté évidemment, et j’ai surtout beaucoup pleuré pour ce petit futur que j’avais stoppé. Mais ces regrets n’ont jamais remis fondamentalement en cause ma décision. C’était des regrets de la vie, de l’injustice de la situation, du chagrin pour « lui ». J’ai pris ce regret avec moi, je l’ai accepté comme faisant partie de ma décision – non pas le prix à payer, mais sa conséquence.
Ensuite j’ai grandi et j’ai maintenant une magnifique petite fille, que je suis très heureuse d’élever. Cela ne m’empêche pas de penser à « lui » parfois. Et si je ne regrette jamais ma petite fille, je sais que d’autres autour de moi ont des regrets d’avoir eu leur enfant, le même genre de regret finalement, celui qui accompagne une décision inéluctable.
Entre le doux et l’amer pour la naissance, entre la tristesse et le soulagement pour l’IVG.
Tout ça pour dire que nos décisions sont parfois ambivalentes, que ce n’est pas grave et que c’est comme ça. Courage à toi pour ce bouleversement que tu traverse. Quel que soit ton choix, il aura des conséquences et il faut réfléchir avec lesquelles tu es le plus prête à vivre.
Claire dit
Bonjour
Je trouve que tu as déjà beaucoup de courage pour écrire ton témoignage et demander des avis. Je rejoints entièrement Laeti : tu es si jeune ! Personnellement j’ai eu ma fille à 32 ans, après avoir mis en place une stabilité dans ma vie de couple, dans ma vie professionnelle et financière. Si tu penses que la situation ne sera pas idéale pour ton enfant alors laisse ton premier choix s’opérer: un enfant ça change tout ! C’est difficile et il faut assumer tous les jours… Prends le temps de te soigner, dis toi que cette grossesse qui prendra fin t’aura fait te rendre compte que PEUT ETRE, tu voudras un enfant. Laisse le temps passer et dis toi que si finalement l’envie d’élever un enfant se fait sentir, alors tu pourras te soigner et cela t’aidera peut être ? La dépression est difficile à gérer mais on s’en soigne. J’ai une mère dépressive et qui, je pense, l’a toujours été et pourtant je suis équilibrée et j’ai une fille de 3 ans maintenant. Simplement, il faut faire les choses au bon moment pour avoir pleinement en mains toutes les cartes. Beaucoup de courage en plus si ton conjoint te soutient c’est vraiment une belle chose. Tu es si jeune laisse toi le temps !
Laeti dit
Coucou. Tu n as que 26ans. Tu a encore de nombreuses années devant toi pour te soigner, aller mieux et un jour tu sera dans de très bonnes conditions pour accueillir un bebe. C est un choix très difficile… Tu n as pas raté ta vie. La bipolarité et la toxicomanie sont des maladies. Ce n est en rien ta faute ne culpabilise pas. Il est vrai cependant qu un enfant a besoin d une famille stable au risque, comme tu dis, de reproduire certains schémas. Ça ne veut en aucun cas dire que tu ne sera pas une mère aimante et bienveillante et si tu te poses toutes ces questions c edy que tu as une grande maturité mais je crois que tu devrais t occuper de toi et te soigner.
Beaucoup de courage et donne nous des nouvelles