La fausse couche est une véritable épreuve tant pour le corps que pour l’esprit. A 11 semaines de grossesse, notre lectrice a été confrontée aux premiers signes de la fausse couche et ensuite, tout est allé très vite… Elle témoigne pour raconter son histoire dans un récit où la temporalité a toute son importance.
De la découverte à l’expulsion : tous les signes de la fausse couche
Hello à toutes,
Enceinte de 11 SA, j’ai mon premier rendez-vous avec la sage femme. Ça tombe bien car depuis la nuit dernière, j’ai quelques pertes très légèrement colorées. En fin de consultation, après avoir récupéré les ordonnances d’analyses sanguines et les documents sur mon futur parcours, je lui signale rapidement ce détail. Elle me conseille d’aller aux urgences dès aujourd’hui pour s’assurer qu’il n’y a pas de problème avec la grossesse, mais je freine des quatre fers. Après tout, c’est vraiment très léger et si jamais c’est les signes de la fausse couche, de toute façon il n’y a plus rien à faire donc à quoi les déranger… Cependant, elle insiste. Mon conjoint m’y traine alors tant bien que mal.
Sur place, je suis surprise d’être reçue par une interne après seulement 45 minutes d’attente. Elle me fait un premier examen visuel de mon vagin et du col, me demande de tousser et m’indique qu’à priori il n’y a rien de grave à signaler et que ce genre de perte n’a rien d’alarmant. Son téléphone sonne, elle sort de la pièce et mon conjoint et moi sommes rassurés. Elle revient et nous dit qu’elle va quand même vérifier avec une échographie. Elle commence puis appuie de plus en plus fort et finit par nous dire qu’elle n’y voit pas grand chose et qu’elle va passer par une échographie vaginale. Je suis tôt dans ma grossesse, donc je ne m’inquiète pas. Elle continue de scruter, imprime des photos et déclare : « je ne vois qu’un sac avec un embryon de 5mm sans activité cardiaque« . Douche froide.
Je comprends que l’embryon n’a pas évolué depuis ma dernière échographie, il y a 4 semaines. Je m’essuie l’entrejambe, je m’habille et la suit pour l’écouter les différentes options. Parmi elles, je décide que le curetage est ce qui me va mais je souhaite également des anti-douleurs au cas où l’évacuation se passe avant la date prévue pour l’opération. Elle répond par l’affirmative et me prescrit du Doliprane et du Spasfon. Avec le recul, je me dis que même pour mes règles mensuelles ce petit cocktail ne suffit pas alors là…
Quelques larmes coulent et l’interne me dit avec compassion « Ce n’est pas de votre faute« . Dans ma tête, je me dis qu’elle est gentille et bienveillante mais en réalité, il ne manquerait plus que ça que ce soit de ma faute après tous les sacrifices que j’ai pu faire pour cette grossesse. On repart donc avec mon conjoint et notre photo de l’échographie.
Fausse couche : le ventre plein et vide à la fois
Dans la voiture, mon conjoint me demande ce qu’on peut bien faire de cette échographie. Il n’ose pas la jeter mais se demande à quoi bon la garder. Il a raison, c’est gentil mais à quoi bon, et en plus, on ne peut pas dire qu’il y a quelque chose à voir… Alors on rentre chez nous et la vie reprend son cours.
Toutefois, les saignements continuent. Légèrement tout d’abord le vendredi puis le samedi, l’hôpital me rappelle pour me dire que le curetage est programmé pour le jeudi suivant. Le dimanche après-midi, les saignements s’intensifient et je me rends compte que ma cup et mes 3 culottes menstruelles ne suffiront pas face à ce flux. Je me mets donc en quête d’une épicerie ouverte en cette journée dominicale pour acheter des protections hygiéniques.
A la base, le plan parait simple : je m’équipe de ma dernière serviette en stock, je me mets en route vers l’épicerie signalée comme ouverte et même qu’après je vais en profiter pour aller faire mon devoir de citoyenne et aller voter pour ce premier tour des législatives ! En chemin, les crampes sont de plus en plus fortes. J’ai pris un Doliprane mais clairement, je douille !
Une fois sur le parking, je fonce dans l’épicerie et là, c’est le drame. Le passage de la position assise dans la voiture et la position debout fait se déverser une énorme quantité de sang. J’entre dans le magasin et je sens le liquide couler le long de mes jambes. Je baisse les yeux, et blême, je découvre le sang couler sur mon mollet apparent (j’ai un pantacourt). J’ai les fesses et les cuisses collées au tissu et je sens des grumeaux dans me culotte. La poisse.
Je suis pétrie de honte et en plus j’ai mal.
J’attends que le vendeur termine avec le client précédant pour lui demander où se trouvent les protections hygiéniques. D’ailleurs, ce produit de première nécessité devrait être en tête de gondole ! Plus en tout cas que les gâteaux et les chips. Je me dis même que Leroy Merlin devrait également profiter de son ouverture le dimanche pour en vendre !
Bref, c’est loupé pour aller voter dans la foulée je dois vraiment repasser chez moi me laver et me changer. Arrivée à la maison je fonce à la douche et le sang coule sans arrêt, j’ai beau rincer, il y en a toujours. Il est 17h30, le bureau de vote ferme dans 30 minutes, il va falloir y aller. J’arrive, j’ai chaud, je suis en débardeur alors qu’il fait 15 degrés et qu’il pleut, mais je transpire. Je me gare et fonce au bureau de vote. La personne juste avant moi vote et signale qu’elle a une procuration. Je suis au bout de ma vie. Les assesseurs constatent une erreur, le responsable du bureau de vote est appelé et moi, je n’en peux plus ! C’est mon tour, je vote et je fonce chez moi en beuglant de douleur. En arrivant, je saute sur les toilettes et soupire, recroquevillée sur le siège. Et là, plouf… J’ai encore mal, j’ai la tête qui tourne, j’ai soif mais je n’ai pas la force d’aller me chercher de l’eau, j’ai envie de vomir… Dans un élan de survie, je fonce sur mon canapé. Je ne suis pas tombée dans les pommes mais c’est passé tout près. Je gémis, tremblotante. Mon conjoint s’inquiète, j’ai les lèvres bleues, puis, 1h plus tard, ça s’arrête. Le plus gros est passé…
Voilà comment j’ai vécu ma fausse couche ainsi que tous les signes de la fausse couche. Je voulais vraiment témoigner de ma réalité car je suis plutôt étonnée des ellipses temporelles dans la plupart des récits que j’ai pu trouver… Je comprends que l’on ne veuille pas faire peur, mais d’un autre côté, il faut avouer que ça surprend lorsqu’on ne sait pas…
Aujourd’hui (le lendemain) j’ai encore quelques contractions pénibles mais rien de comparable. On verra pour combien de temps j’en ai mais en tout cas, j’ai annulé le curetage !
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Boucle rouge dit
Merci pour votre témoignage courageux, et vraiment désolée pour vous. Je me permets de réagir sur un point du témoignage qui m’a vraiment choquée, et j’espère ne pas vous heurter mais je ne comprends vraiment pas pourquoi vous avez dû aller acheter des protections hygiéniques un dimanche ?? Peut-être que votre conjoint travaille ce jour là et ne pouvait vraiment pas s’arranger autrement mais ça m’a vraiment fait mal au ventre pour vous tout ce passage atroce plus le vote (d’ailleurs félicitations d’avoir quand même été voté dans une situation pareille c’était vraiment courageux). Quand j’ai lu que votre conjoint s’était inquiété seulement quand vous étiez en train de vous tordre de douleur sur le canapé les bras m’en sont tombés : c’était avant qu’il fallait s’inquiéter et ne pas laisser sa compagne vivre seule tout ce calvaire ! Quoiqu’il en soit j’espère que vous vous remettez bien et je vous souhaite le meilleur pour la suite et aussi j’espère que vous serez mieux épaulée.
audrey dit
j’avais réagi comme vous par rapport au conjoint, j’ai l’impression que la témoignante à vécu cette terrible épreuve seule, sans vouloir juger hativement, mais c’est la lecture du témoignage qui m’a fait penser ca !!!