L. s’est sentie complètement démunie après son accouchement, et il faut dire qu’il y a de quoi car elle n’a été entourée que de personnes vraiment pas bienveillantes ni dans l’écoute et encore moins dans l’accueil de ce qu’elle vivait et ressentait. Elle partage sur le blog toutes les injonctions autour de la maternité qui lui ont presque fait croire que c’était elle qui faisait mal les choses pour son bébé…
{Témoignage} Ces injonctions autour de la maternité qui m’ont fait douter de ma capacité à être une bonne maman
Je veux parler aujourd’hui à travers mon histoire des injonctions autour de la maternité et des personnes absolument pas bienveillantes qui les véhiculent. Mon histoire est sûrement loin d’être unique, mais je crois que vous la raconter ici publiquement (même anonymement), c’est reconnaitre et donner le droit à d’autres mamans de reconnaitre que c’est difficile, c’est blessant, c’est non avenu et surtout, c’est absolument pas constructif.
Je vais commencer par vous parler de mon « amie ». Cette amie qui veut absolument devenir maman mais qui n’a pas de compagnon dans la vie…
Durant le dernier trimestre de ma grossesse, cette « amie » s’est mise à me donner des conseils sur mes relations familiales, comme par exemple, qui selon elle pourrait avoir accès et voir mon enfant. C’était un sujet délicat car je souhaitais garder une certaine distance avec des personnes toxiques et réussir à mettre des limites, ce qui était très dur pour moi. Toutefois, j’ai laissé passer sans rien dire cette première « intrusion ».
Puis quand j’ai accouché elle a très vite voulu être présente. Trop présente.
Elle a voulu me rendre visite dès la première semaine mais moi je ne voulais voir personne durant le premier mois pour créer un cocon avec mon bébé. Puis elle a insisté. Ensuite elle voulait absolument prendre mon bébé dans ses bras mais je ne voulais pas le lui donner, en fait je voulais surtout avoir un peu d’espace, qu’on me foute la paix ! Néanmoins, pour calmer ce désir de tout le monde de prendre notre bébé dans leurs bras, on a dit à nos proches qu’on attendait les premiers vaccins. Très rapidement elle s’est mise à critiquer cette décision et à devenir très jugeante sur nos choix.
Elle a aussi souvent eu des gestes protecteurs envers mon bébé comme par exemple mettre ses mains en-dessous comme si j’allais le faire tomber, en disant que c’était son « instinct maternel » alors que ce n’était pas sa place. J’étais en train de devenir maman et ce statut était encore très fragile malgré un don total de moi-même.
Au 3e mois nous nous sommes vues à l’extérieur. Mon bébé était agité. Je l’allaitais régulièrement pour essayer de le calmer, je ne lui ai donc pas proposé de le prendre.
Lors de notre conversation, je lui ai confié que je craignais de mettre mon bébé à la crèche (l’adaptation commençait à 3,5 mois et mon bébé était encore très fragile du point de vue de son système nerveux, ce qui se traduisait par des hurlements très impressionnants et choquants). Et là elle a utilisé une expression qui m’a déchirée, elle m’a dit « oui enfin ça revient au fait que nos enfants ne nous appartiennent pas, c’est comme quand elle sera ado et viendra avec un petit ami, c’est comme ça c’est la vie ».
Comment anéantir une mère en post-partum avec des injonctions ?
Elle venait de suggérer que je voulais posséder mon bébé. Qu’il était temps de couper le cordon.
Elle a aussi suggéré que je ne laissais pas assez de place à mon compagnon quand j’ai critiqué le fait qu’il utilisait des écouteurs pour ne pas entendre notre bébé pleurer en le berçant.
J’ai vu qu’elle me regardait comme si j’étais un danger pour mon enfant, comme si, s’il était agité, c’était parce que je l’oppressais, alors que mon bébé avait juste 3 mois et était en plein pleurs de décharge. C’était un bébé scratch qui pleurait dès qu’on le posait et c’est à force d’une patience infinie qu’on a réussi à lui donner confiance graduellement).
Je connais les limites de mon bébé. C’est moi qui ai réceptionné toute sa souffrance déchirante et sa terreur pendant 3 mois. De quel droit dit-on des choses pareilles ? Ça m’a franchement traumatisée et ça m’a provoqué de nombreuses angoisses.
Une autre amie, elle, n’a fait que me pousser à sortir de chez moi. J’ai eu l’impression que ça venait d’un féminisme mal placé qui considérait que je perdais mon statut de femme indépendante ou que j’étais peut-être en train d’aller mal car je ne voulais plus sortir le soir.
Au troisième mois de bébé, elle m’a contactée dix fois alors que je n’étais pas disponible. Je me suis sentie harcelée. Elle n’a pas du tout compris ce que je traversais et mon besoin. Je n’avais pas envie de sortir, j’avais envie de soutien dans ma bulle.
Globalement cette tendance à vouloir « couper le cordon » m’a fortement affectée. Y compris avec ma belle-mère qui en a ajouté une couche !
Des commentaires du type « Les bébés pleurent. Si on les contrôle trop (protège?) ils deviennent peureux et ce n’est pas bon pour eux. La crèche vous fera du bien à tous les deux. D’ailleurs il y a des femmes qui, en s’occupant trop longtemps de leur bébé développent des maladies mentales ». Mon bébé avait trois mois. Est-ce que les grands-mères oublient ce que ça veut dire quand arrive le moment de couper le cordon pour redonner la place à leur fils ?
Je me suis sentie étouffée par ces personnes. Incomprise. Envahie. Pressée.
J’aurais voulu prendre mon petit et l’amener dans un autre endroit. Lui laisser le temps de téter à sa guise. S’endormir sur mon sein. Dormir blotti contre moi et laisser la société continuer à aller vite et les gens à se jalouser entre eux, mais sans moi, sans nous.
D’ailleurs, c’est ce que j’ai fait. Je me suis encore pris 2-3 griffes sur le chemin et c’est ce qui m’a décidé, mais, il en reste que c’est ça le plus dur selon moi. Pas l’accouchement. Juste ça. Ces mots, ces injonctions sur la maternité.
J’aurais aimé savoir que j’aurais besoin d’un cocon à nous lors des premiers mois, et, quand j’en ai ressenti le besoin j’ai mis énormément de temps à passer à l’action par peur de blesser alors qu’au final, c’est moi qui allait mal…
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Oh que je vous comprends…
J’essaie d’avoir un bébé depuis 7 longues années, et le plus difficile dans cette attente… ça a été les autres femmes de ma génération.
Et quand on veut prendre de la distance, peu importe la situation, avec des environnements sociaux proches, ça peut être extrêmement difficile.
Je fais ma PMA seule maintenant sans beaucoup de mes anciennes amies (mamans et non mamans) et c’est un soulagement total.
Elles avaient même prédit que je ne m’en sortirais jamais sans leur soutien, alors que c’est sans elles que je me sens plus apaisée, équilibrée et forte.
Merci pour votre témoignage.