Voilà une histoire comme on les aime : quand deux amoureux décident de s’unir pour se rapprocher malgré les difficultés administratives. Lili et son chéri avaient prévu de se marier à Las Vegas, mais la conjoncture a fait qu’ils ont eu deux jours pour se marier et au Japon. Voici son témoignage :
{Témoignage} Il est Japonais, je suis belge ou comment je me suis mariée à l’arrache au Japon un 31 décembre
J’ai eu la chance de rencontrer un amoureux parfait, tardivement (j’avais 32 ans), lors d’un concert (il est musicien), dans un bar rock très cool, à l’étranger, chouette rencontre, sauf qu’on vivait à… 9500 kilomètres l’un de l’autre. Mon mari est japonais. Je suis belge. Nos situations professionnelles respectives nous permettant de voyager un peu et de passer du temps l’un avec l’autre, nous avons passé une première année entre les deux pays et dans les avions, le reste du temps au téléphone (merci les applications qui permettent de téléphoner gratuitement !!). Exactement un an après notre rencontre, nous décidons de mettre un terme à cette situation, en nous mariant. Fiançailles à la plage et jolie bague, tout roule et c’est magique. Notre choix : nous marier à Las Vegas, car comme nos familles n’auront pas les moyens de se réunir, autant faire ça à deux, dans un cadre nouveau, et funky. Je planifie ça grâce à une agence française dont c’est la spécialité. On m’affirme que, non, pas de souci, tout sera légal dans nos pays, grâce à l’apostille que l’on recevra de l’ambassade à Las Vegas, etc. On aura même un livret de mariage comme tout le monde. Par sécurité je contacte l’ambassade belge aux USA, qui me confirme la chose.
Toujours par sécurité je contacte l’ambassade belge au Japon. J’explique. Le but étant, à terme, de vivre en Belgique avec un ressortissant japonais… Là on me dit « houla ! ». « Houla c’est compliqué votre histoire ». Il faut savoir que si tout le monde a le droit d’épouser qui il veut, il n’en va pas de même pour le séjour. Epouser une Belge (ça vaut pour une Française), oui, mais VIVRE en Europe, ça ne coule pas de source (les « faux mariages », ça existe). Je prends donc rendez-vous avec l’ambassade au Japon, pour décembre 2014. Le 29, exactement. J’avais un dossier BETON. TOUS nos billets d’avion, nos photos de vacances, des preuves de nos rencontres, et notre amour immense pour attester du fait que non, je n’avais pas fait 12h d’avion pour tenter d’amener un Japonais en Belgique pour un mariage blanc. La dame est très gentille. Elle comprend très bien, elle veut nous aider. Nous avons une interview, nous la passons haut la main. Je demande si l’on peut donc commencer les démarches pour que mon amoureux s’installe en Belgique, la réponse est cash (et évidente): « Oui, mais après votre mariage, pas maintenant. Il faudra revenir vous présenter ici. ». Ca voulait dire : Las Vegas 6 mois plus tard + le temps de faire valider notre mariage dans nos deux pays, de faire tout traduire/transcrire, bref plus d’un an (et je suis gentille) avant de pouvoir être ensemble. Je craque un peu. Je suis allée à l’ambassade pour rien car j’aurais très bien pu envoyer mes documents par la poste… Je devrai tout de même y retourner plus tard… Mais la dame a un plan. « Je ne veux pas vous mettre de pression mais… Nous sommes le 29 décembre. L’administration japonaise est en congé à partir du 1er janvier. Vous avez deux jours. Mariez-vous ici et amenez moi la preuve le 31 décembre. »
Voilà. L’amoureux dit « ok ». Au Japon c’est possible, car les bans n’existent pas. Pas de robe, pas de bagues, pas d’amis ni de famille. Il nous manque un document (mon extrait de naissance) ; je fais pression au téléphone pour l’avoir dans l’heure par mail : je l’obtiens le lendemain. L’ambassade m’imprime vite fait le tout + un certificat de non-empêchement à un mariage (obligatoire). Rien n’est traduit, pas le temps. On se pointe en jeans et en UGG à l’administration locale, on récupère un certificat de mariage à remplir, le « Konin Todoke ». On le remplit chez mon amoureux, dans la foulée je perds mon nom de famille, je signe un document que je ne sais pas lire, deux témoins signent à l’arrière et zou, retour au guichet de la « mairie », on file le document à un monsieur chauve qui check mon passeport, qui dit « il faudra amener les traductions hein », qui tamponne le truc et hop, il est écrit : « mariés le 31 décembre ». C’est fini, je n’ai rien vu. La dame de l’ambassade est ravie, la procédure peut commencer. Et moi j’appelle mes potes « je me suis mariée au Japon, les gars, Las Vegas ? Oui bah tant pis ».
Je rentre en Europe 4 jours plus tard. Seule évidemment. La lune de miel n’était pas prévue, je retourne au boulot. Les boules. Je contacte mon administration locale, qui me dit qu’on peut retranscrire le mariage en Belgique. C’est très bien, tant qu’on est dans les traductions, autant le faire en français, en japonais, tout va bien. On passe des semaines à traduire dans tous les sens. Mais quand même, ce n’était pas ce qu’on voulait. Je décide donc de conserver la cérémonie à Las Vegas. Une vraie cérémonie dans une chapelle. Et finalement, je décide qu’on fera une réception pour nos familles. Il le fallait. Car ce mariage au Japon, il avait été fait tellement vite, que personne ne l’avait vu, ni venir, ni passer. Je sentais que ce n’était pas « officiel » dans la tête des gens. Cet été, j’ai donc dit « I do » comme dans les films, avec une robe et des alliances, et j’ai organisé une petite réception, avec 70 personnes, avec nos deux familles proches et nos amis, dans une salle des fêtes sans prétention mais avec beaucoup de belles personnes et de bons vins. Et ce matin, j’ai reçu une lettre : mon amoureux est convoqué pour recevoir sa carte de séjour. Les frontières nous amènent à faire des choses très inattendues, mais au final tout est possible. Je souhaite plein de courage aux gens qui sont dans mon cas.
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MsHiiina dit
Waouh ! Super histoire ! Super touchant car l’amour est plus fort que l’administration 🙂 Tous mes voeux de bonheur <3
Moins rapide mais quand même ébouriffant : ma meilleure amie fraîchement installée à Londres a rencontré un anglais qui s'apprêtait à s'installer au Canada. Ils commencent à Londres une relation sans se faire de promesses. Au bout de 5 mois, il part effectivement s'installer à Calgary (= non seulement au Canada mais en plus vraiment loin, paumé et pas pratique). Ils se manquent, se voient 2 fois en un an, se rendent à l'évidence, se fiancent au cours d'un road trip de retrouvailles en Californie, et se marient en France en 2 mois ! Et 6 mois après elle s'installait avec lui là-bas 🙂
Maintenant elle y a une vie, un boulot, un super mari à la hauteur de la précipitation, et elle organise une big fête pour (re) fêter ça l'été prochain en France avec robe blanche et super cérémonie laïque bilingue ! On a tous hâte !
Audrey dit
Le coup du « se voir deux fois en un an », j’ai connu. Parfois, l’amour est plus fort que tout. C’est beau :’)
Audrey dit
Très belle histoire, pas commune. Déjà que je trouve que ce n’est pas toujours facile les relations longue distance (à notre rencontre, je vivais dans le Nord de la France et lui dans le Sud) mais là on est à un tout autre niveau !
En tout cas félicitations !
Stellar dit
Waouh c’est beau comme histoire. J’avais déjà entendu qu’au Japon pour se marier, c’est pas trop compliqué à la mairie car ce qui importe c’est le mariage religieux là-bas (j’en ai vu un lors de mon séjour au Japon et j’ai adorée). Tant mieux que ça ce soit bien fini pour Lili et son époux. Tous mes voeux de bonheur ^^