Suite à un article du magazine Slate publié sur la page Facebook du blog, vous avez été nombreuses à réagir sur le sujet « peut-on regretter d’avoir des enfants ». Voici le témoignage de Sophie, maman de 5 enfants, une vie pas toujours facile malgré tout l’amour dont elle est entourée et qui l’amène parfois à avoir des regrets.
{Témoignage} Peut-on regretter d’avoir des enfants ?
J’aimerais apporter mon témoignage, sur le fait de « regretter d’avoir des enfants ». Vu les passions que ça soulève, le sujet est sensible… Je ne sais même pas comment l’aborder sans passer pour une mère indigne. Je suis maman de cinq merveilleux enfants. Oui, cinq ! Je les aime, je les adore même, je me consacre énormément à eux. J’ai enchaîné 12 ans de congé parental, et à ceux qui pensent que l’on vit généreusement des allocs, je répondrai que ce n’est pas le cas. Mon mari gagnant bien sa vie, je n’ai pas le droit à grand chose, sauf d’être cataloguée de cassos ! Bref, le sujet n’est pas là.
La société nous renvoie une telle image parfaite de la maternité, que je me demande souvent ce qui ne va pas chez moi. J’ai materné, allaité, câliné, je me suis levée les nuit, j’ai porté en écharpe… Je crois que je ne me suis pas trop mal débrouillée. J’ai l’impression que tout ce qu’on fait en tant que mère est soumis à jugement. Tu allaites, horreur, ton bébé à passé l’âge depuis longtemps. Tu n’allaites pas, tu es une mère limite indigne. Tu fais tes petits pots toi même, tu en fais trop. Tu ne les fais pas, tu es négligente… Les années passants, j’ai aussi quand même dû admettre que j’avais sacrifié ma jeunesse à l’éducation des merveilleuses petites choses qui vivent avec nous. Le mot sacrifice me revient souvent en tête d’ailleurs, et pour beaucoup de choses. J’ai aussi réalisé que je n’aurais jamais plus la carrière dont j’avais rêvé. On remet à plus tard, quand nos enfants seront plus autonomes… Et quand ce temps est venu, on est confrontés à des cantines bondées, des nourrices saturées… J’étais maman au foyer, me voilà un espèce de rebut de la société qui n’a ni travail, ni… rien en fait. Je me sens coincée de partout. Faire une formation ? Oui, quand j’aurai un mode de garde. Idem pour trouver un autre emploi. Tout dépend des enfants. Mes jours, mes nuits, mes moindres projets. Mon mari, bien que ce soit vraiment un super papa investit, ne se pose aucune question. Il part bosser le matin, tout naturellement. Pendant ce temps là, je m’angoisse… Que vais-je devenir ? Je ne peux pas me consacrer à mes enfants éternellement ? Pour lui, tout coule de source. Il sait que les enfants sont gérés par bobonne (désolée, c’est sorti tout seul). Il est libre de vaquer comme il l’entend. Apres tout, la maternité est bien une histoire de femme, non ? Je me sens très seule, face à ces soucis du quotidien. Je vis vraiment cette situation comme une injustice profonde. J’avais des rêves, des projets, des désirs, et maintenant, tout se résume à mes enfants. Je les aime du plus profond de mon cœur, mais j’ai envie d’être une femme à part entière, une vraie personne. Pas seulement la mère de… Alors oui, parfois je regrette le temps où je n’avais aucune contrainte, aucun soucis. Où je pouvais rêver, faire des projets loufoques, où toutes les portes m’étaient ouvertes. Parfois, je regrette de ne jamais avoir une minute à moi, d’être trop stressée pour des raisons diverses et variées toujours en rapport avec l’organisation de la maison, d’être constamment dans le bruit, les chamailleries, les nuits entrecoupées… Parfois je regrette de ne pas être un homme, et je regrette de me sentir comme une domestique dans ma propre maison. Je regrette de ne jamais pourvoir penser à moi, de ne jamais avoir l’esprit libre.
Je ne vais quand même pas rendre un témoignage uniquement négatif, j’aime mes enfants. Ils sont tout pour moi, ils m’apportent énormément d’amour et de bonheur. Je ferais n’importe quoi pour eux. Ça me culpabilise beaucoup d’être parfois ambivalente au sujet de ma « condition » de maman. Mes enfants sont beaux, intelligents, gentils, en bonne santé, et c’est un trésor inestimable. Maman, c’est sans doute le plus beau métier du monde mais aussi le plus prenant et le plus difficile.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Milène dit
Bonjour et merci pour ce courageux témoignage. En le lisant, je me sens en colère. Il me semble que ce que tu regrettes, ce n’est peut-être pas d’être Maman, mais que les rôles ne soient pas mieux repartis au sein de ton foyer ! En effet, c’est bien le contexte familial / social qui t’entoure qui te réduit à ton rôle de mère et ne te permet pas de nourrir tes autres besoins. Et si les tâches étaient reparties équitablement entre toi et ton conjoint ? Et si tu pouvais travailler à mi-temps, et ton conjoint également ? Et s’il était beaucoup plus facile d’obtenir des places à la cantine, en crèche, etc ? C’est à la société et aux papas de s’adapter pour rendre la maternité plus facile, pas aux mères de se sacrifier !!! Comme quoi, le féminisme est toujours d’actualité, il reste du boulot…. En te souhaitant tout le meilleur,
Lolita Rivé dit
Bonjour à toutes,
Et merci pour tous ces témoignages courageux.
J’ai 31 ans et je suis en couple depuis 3 ans. J’allais tenter d’avoir un enfant avant de réaliser que ce n’était pas pour moi. J’ai failli faire un enfant par mimétisme social plus que par réel désir. C’est grâce à des témoignages de femmes qui parlaient de leur regret et de leurs grandes difficultés que j’ai pu me poser réellement la question et comprendre que je ne voulais pas vraiment faire d’enfant.
Je suis aussi documentariste, et j’aimerais faire un documentaire sur ce sujet. Pour que tous ces témoignages de femmes servent aux autres, à celles qui s’apprêtent à devenir maman, comme à celles qui hésitent, ou à celles qui n’en veulent pas.
Je serais ravie que vous me racontiez votre histoire, entre nous d’abord, avant de décider de témoigner anonymement pour un documentaire.
N’hésitez pas à m’écrire à cette adresse : lolitarivedlr@gmail.com
Hâte de vous lire,
Lolita Rivé
Camille dit
Bonjour,
Je n’ai pas d’enfants et je ne suis pas sure d’en vouloir un jour. En fait je sais pas trop je suis dans le doute, ce désir d’enfants est-il vraiment le mien, ou pas plutôt celui que le norme essaye de m’imposer.
Voilà je me pose pas mal de questions, j’ai 26 ans, un bon travail très prenant, un chéri avec moi depuis 6 ans, on va bientôt se marier et nous sommes propriétaires depuis 2 ans. Tout ce qu’il faut pour bien faire quoi, ne vous inquiétés pas, j’en suis bien consciente, mon entourage proche comme éloigner me le répète assez souvent.
Ce témoignage m’atteint vraiment, j’ai moi aussi eus des parents comme tout le monde, j’ai pas mal d’amies qui sont devenues maman, mes collègues au travail aussi et tout ce que vois ce sont les sacrifices que ces femmes ont fait. Les papas sont présents bien entendus, mais en attendant qui est-ce qui prend un congé parental ? Qui est-ce qui se débrouille pour trouver une nounou ?Qui est-ce qui fini prend un congé car bébé est malade ? Qui est-ce qui se préoccupe de pas rentrer trop tard le soir pour aller chercher le petit ? Qui est-ce qui n’a plus d’augmentation ou de responsabilités au travail ?
Bref, avec chéri nous ne sommes pas encore décidés, avec en plus la peur de trop attendre, et de peut-être ne plus avoir le choix du tout.
Et sans oublier l’entourage qui en rajoute une couche, alors c’est pour quand ? Tu es sure de vouloir du vin ? Rappelles-toi cousine machin, à ton âge c’était déjà fini pour elle …
Elizaline dit
Bravo d’avoir raconté cette histoire! En effet, un tel tabou entoure la maternité qu’il faut avoir du courage pour le briser et oser dire tout haut qu’avoir des enfants, c’est aussi des sacrifices, c’est aussi se faire passer après eux. On voit souvent notre vie comme la somme des choses que nous avons décidé de faire; en réalité, notre vie, c’est plus encore la somme des toutes les choses que nous avons décidé de ne pas faire. C’est normal, beaucoup de choix s’imposent à nous tous les jours, d’autant plus pour les personnes qui ont des enfants.
La transition maman-femme n’est pas évidente, et c’est peut-être là la plus grande difficulté. Je pense, comme d’autres commentaires, que tout est toujours possible et que trouver une activité, professionnelle et/ou passionnelle, est possible à tout instant. ça demande de l’organisation, la mise en place de beaucoup de choses, c’est sûr… Mais ça demande aussi d’être prête à repenser à soi en premier, quand on a passé tant d’année à penser à ses enfants avant tout. ça demande d’être prête à les laisser grandir un peu plus sans soi, les laisser un peu partir. ça demande de vivre à nouveau un peu comme « avant », mais avec des enfants. Courage, je suis sûre que vous trouverez une solution qui vous convient et vous rend heureuse. Vous le méritez, vos enfants méritent une maman épanouie qui passe du temps sans eux, pour elle.
Tahueg dit
Je pourrais avoir ecrit cet article même si je n ai que 2 enfants de 3 ans et 9 mois. Ca va faire 4 ans que je suis en « congé parental ». Pas vraiment le choix en car avec mon mari nous faisons le même boulot impliquant énormément de nuité es de deplacement à l hôtel. Notre vie d avant etait incompatible avec « l elevage » d enfant donc j ai fais le choix de m arrêter. Et alors que j avais le même niveau d étude et de qualification que mon mari je me retrouve bobonne à la maison. A lui les soirées à moi les réveils nocturnes qui ne terminent jamais. A la naissance du second j ai eu une bonne déprime de 6 mois. Je lui reprochais de ne jamais etre là. Il me disait que sans son boulot on ne pouvait pas vivre…comment se sentir plus misérable.
Bref je voulais un 3eme enfant mais mes 2 petits mecs tres (trop) toniques (le 2eme commence à marcher a 9 mois !!! ) et le comportement de mon mari (qui ne peut pas faire autrement) m ont dégoûté.
Je reprends le travail à temps plein dans 15 jours mais apres quasi 4 ans d arrêt j ai peur de ne plus etre au niveau et j ai peur de la gestion du quotidien et de la maison seule.
Je regrette mon insouciance avant enfants.le fait de pouvoir voyager facilement aussi. Je ne pourrai pas vivre sans eux mais quelques weeks ends et vacances sans eux me feraient le plus grand bien
Tahueg dit
Je pourrais avoir ecrit cet article même si je n ai que 2 enfants de 3 ans et 9 mois. Ca va faire 4 ans que je suis en « congé parental ». Pas vraiment le choix en fait car avec mon mari nous faisons le même boulot impliquant énormément de nuité es de deplacement à l hôtel. Notre vie d avant etait incompatible avec « l elevage » d enfant donc j ai fais le choix de m arrêter. Et alors que j avais le même niveau d étude et de qualification que mon mari je me retrouve bobonne à la maison. A lui les soirées à moi les réveils nocturnes qui ne terminent jamais. A la naissance du second j ai eu une bonne déprime de 6 mois. Je lui reprochais de ne jamais etre là. Il me disait que sans son boulot on ne pouvait pas vivre…comment se sentir plus misérable.
Bref je voulais un 3eme enfant mais mes 2 petits mecs tres (trop) toniques (le 2eme commence à marcher a 9 mois !!! ) et le comportement de mon mari (qui ne peut pas faire autrement) m ont dégoûté.
Je reprends le travail à temps plein dans 15 jours mais apres quasi 4 ans d arrêt j ai peur de ne plus etre au niveau et j ai peur de la gestion du quotidien et de la maison seule.
Je regrette mon insouciance avant enfants.le fait de pouvoir voyager facilement aussi. Je ne pourrai pas vivre sans eux mais quelques weeks ends et vacances sans eux me feraient le plus grand bien
Emily dit
Je suis maman de 3 enfants (7 ans, 2 ans et demi et 1 an et demi) et j’ai mis mon travail de côté pour pouvoir les élever. C’est vrai que par moment je rêve de pouvoir me retrouver seule, sans eux mais quand je les vois s’amuser, rire dormir, courir, faire des bêtises se faire des câlins, des bisous et les entendre dire « je t’aime » et bien je me dis que le jeu en vaut vraiment la chandelle et que personne ne pourrais faire aussi bien que moi, c’est heures de sommeil dont je suis dépourvues aujourd’hui sont la preuves d’une attention particulière et d’une bonne éducation que je donne à mes enfants. Il m’arrive de péter un câble et de me dire que sans eux la vie serai tellement mieux que je pourrais sortir avec mes copines, aller au ciné avec mon chéri, voyager en amoureux, etc… mais tous ça n’est que mensonge je ne le pense pas puisque mes enfants me font voyager, les repas sont des crises de fou rire et les aprem dessins animés mieux qu’une heure et demi au ciné. Donc certes on regrette toutes (plus ou moins) d’avoir des enfants mais on regretterai encore plus de ne pas en avoir ou en avoir eu!
Bon courage à toutes ces mamans!!!
marine dit
Qu’on en ai un ou cinq, le jugement reste le même et le pire c’est que ce sont les mamans elles mêmes qui jugent le plus les autres. Je te trouve courageuse d’être allée jusqu’à 5 car moi je n’en ai qu’un et je me sens déjà « noyée » « oubliée » dans ce flot de vie.
Je te comprend, bon courage, malheureusement là tel quel il n’y a pas d’autres solutions que d’attendre, peut être que tu pourras reprendre tes études plus tard, de nos jours on peut faire des choses extraordinaires même tard.Courage.
Inno dit
Rassure toi sur l’ambivalence. Elle est tout à fait normale. Les enfants ça a des bons et des mauvais côtés 🙂
Quand à ton histoire, elle montre que le côté « maman » a pris beaucoup (trop ?) de place et c’est apparemment ça qui te fais avoir des regrets plus que le fait d’avoir eu des enfants. Il n’est jamais trop tard pour faire ressortir le côté « femme ». Même sans emploi.
Bon courage en tout cas.
POZZO DI BORGO JULIETTE dit
Quel beau et juste témoignage. Et effectivement on est toute des championnes de la culpabilité. J’ai 2 enfants que j’ai eu à 30 ans, j’ai un job que j’ai choisi, un mari qui s’occupent de ses enfants. Et pourtant moi aussi des fois je « souffre » de me sentir qu’une maman, et une travailleuse, et l’épouse de …. bref je crois que la condition de femme et de maman est bien difficile à mener encore de nos jours. Mais n’est ce pas aussi parce que nous voulons tout et qu’on a du mal à accepter les « sacrifices ». par exemple je braille quotidiennement de passer à côté de mes enfants alors que je sais que je ne pourrais pas me passer d’un boulot! Bref essayons de profiter un peu plus de nos petits bonheurs.
Madeleine dit
Merci pour ce témoignage. Ce n est pas évident. Il me semble que tu sépares bien tes enfants (que tu as l air de bcp aimer) et ta condition de mère au foyer. L autre jour, ma mère qui était mère au foyer, nous a dit, en regardant mes neveux et nièces: « ils ont l air si épanouis et pourtant leur mère travaille… J ai peut être fait une erreur en ne travaillant pas. » Je crois qu elle nous a élevé en étant persuadée qu on serait malheureux si elle travaillait!
Pour ma part, j ai aussi parfois des regrets.j ai un super poste, j ai fait de très longues études. Je n ai pas mis ma vie sentimentale en premier. Et J ai fait des voyages fabuleux dans le monde entier. Et quand je me suis laissée la possibilité d avoir des enfants (et qd mon boulot m en a laissé la possibilité ), bah, il semble que ce soit trop tard. (J ai 35 ans, on essaie les FIV…)
Je m en veux parfois de ne pas avoir fait ça plus tôt.
Bref, on est toutes championnes de la culpabilité! Même si la plupart du temps, j arrive à me dire que ce que j ai vécu était très beau et que tout est bien comme cela.
Il n y a sans doute pas de « bons » ou » mauvais choix » en matière d enfants. En avoir est difficile, demande des sacrifices. Ne pas en avoir est une autre difficulté, pas forcément plus grande d ailleurs.
Bisous a toutes: Mamans, en attente d être mamans, ou femmes ne désirant pas être mamans.
Treguesser dit
Très juste…
Bon courage à vous et de belles choses pour l’avenir