Mélissa est en colère. Atteinte du syndrome OPK, elle n’arrivait pas à tomber enceinte et quand ça a été enfin le cas, elle a perdu le bébé. Une série d’épreuves encore plus dures à vivre alors que toutes les femmes de son entourage ont des enfants. Voici son témoignage.
{Témoignage} Intolérable colère !
Oui je sais, encore un témoignage de femme qui n’en peut plus d’attendre son tour pour tomber enfin enceinte !
Alors je vous décrit rapidement la situation, cela fait plus de 2 ans que nous essayons d’avoir un enfant, durant ces deux années nous avons vécu bon nombre de déceptions, questionnements et stress. Les moments les plus compliqués ont été d’apprendre que je souffre du syndrome des ovaires polykystique (sopk), bien que je commençais après tout ces échecs a me douter qu’il y avait un souci, ce fut un choc. C’en sont suivi nos débuts en PMA, je n’ai pas vraiment eu le temps de me faire à l’idée que je ne pouvais pas concevoir un enfant naturellement que déjà j’avalais des comprimés pour stimuler mes ovaires. Tout se passe sur fond de préparation de mariage, car oui, j’ai débuté le traitement un mois jour pour jour avant notre grande journée. Je me demande encore comment j’ai pu tenir sous tout ce stress !
Le grand jour arrive et tout se déroule à merveille. Nous partons en voyage de noces 3 jours après. C’est la bas que mon chéri et moi commençons à avoir des doutes, je fatigue vite dans les escaliers, j’ai de fortes migraines et d’autres symptômes. Mais après tant de déceptions, nous faisons lui et moi mine de rien. J’aurais du avoir mes règles à la fin du voyage et rien. Je fais le test en rentrant, je suis enceinte. Nous avons du mal à y croire, nous mettons du temps a réaliser. Il nous a fallut quelques jours pour réussir à nous réjouir. On l’annonce a quelques proches nous ne souhaitons pas que tous le sachent, on ne sait jamais au cas ou…! On se projette doucement, tout en essayant de rester modérés, le temps passe, les fêtes approchent et l’écho de datation arrive ! Chouette, je me dit qu’ensuite j’aurai moins peur, il y aura moins de risques ! L’écho est prévue pour lundi, nous sommes le jeudi précédent et j’ai très mal au ventre, je choisis de rester au calme à la maison, repos. Après une nuit difficile car j’ai des douleurs aigues, j’entame la journée de vendredi maussade. Puis je vois que je perds un peu de sang. Je m’oblige à ne pas paniquer, on voit toujours sur le net que ça arrive à plein de femme ! Je me contiens puis au bout d’un moment je craque et panique, j’alerte mon chéri qui est au travail, on n’arrive pas à relativiser, on fonce aux urgences. Je pleure, je suis terrorisée à l’idée de perdre notre bébé. Aux urgences (comme dans de nombreux services comme celui-ci) nous y avons vécu l’après-midi la plus longue et la plus terrible de notre vie, pour une prise de sang et une écho. Il aura suffit de quelques mots pour transformer nos vies…. « Je ne trouve pas de rythme cardiaque madame » …
Nous sommes à la fin de l’année, les fêtes approchent mais nous n’avons aucunement l’envie de faire la fête ni de voir tous les beaux bébés de nos familles. Mais nous y allons. Mes neveux et nièces sont tous là, je suis partagé entre tout l’amour que j’éprouve pour eux et toute la colère qui m’envahie à l’idée que mon tour à moi n’ait pas duré. Que mon bébé je ne le rencontrerais jamais. Ne le verrais jamais sourire et ne pourrais jamais le serrer dans mes bras. Ce gouffres en moi est si grand et si profond. Et pourtant, je m’en veux, pas de l’avoir perdu, mais de ressentir de la colère envers ma propre famille, parce qu’ils sont heureux avec leurs beaux bébés (les deux derniers n’ont que quelques mois). En fait je suis en rage car mes sœurs ont de très beaux enfants, mais aussi mes amies. Bah oui on dirait qu’il y a des périodes vous savez, où tous le monde fait des enfants, ou se marie. On aurait dit qu’ils s’étaient fait passer le mot, même les « amies » sur le net semblent être toute enceintes ! Dingue ! … Bien sûr que non vous me direz, la terre entière n’est pas enceinte… Mais la colère et la tristesse ne me quittent pas, pas moyen de voir les choses autrement.
Alors je consulte, thérapie, sophrologie, je ne peux pas rester comme ça. Cela m’aide beaucoup, mais cela ne fait pas passer le deuil. Je ressens toujours ce sentiment de culpabilité quand j’éprouve de la colère en regardant les beaux enfants de tous nos proches. Je les aimes, mais parfois je les déteste. J’espère que bientôt, mes sentiments seront plus calmes et sereins. Le temps, parait-il, fait parfois bien les choses. Même s’il ne fait pas tout.
Voilà, mon témoignage n’est pas très joyeux ou heureux, mais je crois que c’est la vie qui fonctionne ainsi. De sorte qu’aujourd’hui, nous avons repris les essais bébé. Le temps ne fait pas toujours tout, mais ca n’enlève ni l’espoir, ni ce souhait profond et intense de devenir parents.
Courage à toutes celles et ceux qui traversent des épreuves similaires.
Mélissa
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Galon dit
Bonjour Mélissa,
Je me reconnais complètement dans ton article. Nous avons décidé en mars 2015 de commencer les essais bébés. Rien ne fonctionne jusqu’en décembre où l’on se décide à consulter un spécialiste de la PMA. On passe par tous les tests nécessaires pour effectuer le diagnostic. Comme toi, on me découvre des ovaires polykystiques. Bon d’après le médecin, rien de bien méchant, un peu de stimulation par cachet et hop le tour sera joué. 1 mois passé, 2 mois, 3 mois 4 mois sans aucun résultat. Toutes les échographies de contrôle de la maturation des ovaires ne présagent rien de bon. On passe alors à la stimulation par injection. C’est mon conjoint qui me les faisait. C’est drôle mais ça lui a permis de s’investir dans le traitement. 1er mois, bingo, les follicules sont mûrs, on peut y croire. Je découvre le mois d’après que je suis réellement enceinte.. ça y est! J’avoue j’étais tjs très négative sur cette grossesse, je n’y croyais pas du tout et évitais de me mettre des étoiles dans les yeux. À l’échographie de datation en juin, le médecin très froid nous annonce que ce n’est pas ce qu’il espérait. L’embryon est trop petit pour le terme auquel je suis. Et malgré un rythme cardiaque, il m’annonce que je vais faire une fausse couche dans les prochains jours. Je te laisse imaginer ce qu’on a ressenti à ce moment là.. pourquoi nous? Qu’est-ce qu’on a fait pour en arriver là? Grosse tristesse on en parle beaucoup entre nous mais pas à nos familles. Je me sens coupable de tout. Aucune fausse couche n’est arrivée, j’ai dû subir un curetage fin juin. À ce moment là on se dit que c’est derrière nous et qu’il faut vraiment pas rester sur cette expérience. Les médecins tentent de nous rassurer, de nous déculpabiliser. On entend mais c’est dure.. très dure. On décide finalement d’en parler à ma famille. Et c’est grâce à eux que j’ai réussi à prendre le recul nécessaire sur cette expérience. J’en voulais aussi à ma sœur qui a deux beaux enfants, mais qui a aussi avorté deux fois avant, car pour elle ce n’était pas le bon moment. Je n’ai aucunement le droit de la juger la dessus, mais j’avoue que j’en étais malade à l’idée de m’imaginer sans enfants alors que j’en veux depuis toujours et que d’autres se vantent qu’en claquant des doigts hop une grossesse est en route. Bref, j’en voulais à tout le monde et faisais tout pour éviter les repas de famille ou des petits étaient présents. On est parti en vacances en août, se décidant de ne pas reprendre la stimulation avant septembre et de prendre du temps rien que pour nous. Bon, j’avoue moi j’y pensais tous les jours mais avec du recul, maintenant je pense que c’était la meilleure solution pour souffler un peu. On a repris les injections en septembre. Elles ont aussitôt fonctionné, et là sans fausse couche malgré des semaines d’angoisse avant l’échographie de datation. Et figure toi que la vie nous a fait le plus beau des cadeaux. Nous attendons deux petits bouts de chou pour fin mai. Alors oui c’est dure, je te comprends du fond du cœur, mais garde vraiment espoir. Si tu as fait une fausse couche c’est que tout fonctionnera pour la suite. Je te souhaite bon courage et bcp d’espoir pour la suite.
Mary Zou dit
Je suis dans la galère des fausses couches et je comprends que cela soit difficile même si ça ne me parait pas aussi dur que pour toi.
Si je peux me permettre un conseil: accepte. Accepte ta colère, accepte ta jalousie, accepte ta tristesse… Ce sont des sentiments tellement naturels. Tu as le droit de ressentir tout ça!!!
Et si tu peux, accepte « ton sort ». C’est extrêmement dur mais tu ne peux pas changer ce qui est et ce qui a été, par contre c’est la manière dont tu choisis de le vivre qui fait toute la différence. Laisser sortir tes émotions pour t’en libérer peut t’apporter de la sérénité pour l’avenir.
Bon courage à toi, je te souhaite le meilleur.
Laura dit
Bonjour Mélissa,
Comme je te comprends. Mon compagnon et moi essayons d’avoir un enfant depuis bientôt un an. Au début des essais, même si je savais que cela pouvait prendre du temps, je me plaisais à imaginer le Noël suivant où nous pourrions l’annoncer à nos familles. Grossière erreur, non seulement, au bout de plus de 8 mois d’essai, toujours rien à l’horizon, mais en plus, lors des différents repas de Noël nous avons appris coup sur coup la grossesse de la femme du frère de mon conjoint (premier petit enfant et arrière petit enfant), et celle de ma cousine (premier petit enfant, alors que nous sommes les aînés des deux côtés). Et chacun des deux couples a commencé les essais bieeeen après nous. Heureusement ma première réaction a tout de même été la joie, mais elle a rapidement laissé place aux larmes. Je me suis un peu isolée pour laisser passer l’émotion, mais c’était sans compter les immanquables « et vous c’est pour quand? » ou pire, ma grand-mère : « je suis un peu déçue je pensais que ce serait vous qui auriez une naissance à annoncer ». Et depuis c’est dur, heureusement, nous vivons loin de la famille, mais à chaque fois que je vois ma belle-soeur enceinte, je passe exactement par les mêmes sentiments que toi. ça me fait aussi beaucoup culpabiliser, mais je n’hésite pas à en parler à quelques très rares personnes (ma mère et une très bonne amie) qui me comprennent et me soutiennent comme elles peuvent. Chéri n’en parle pas trop mais il souffre de me voir dans cet état. Il est allé jusqu’à dire à ses parents qu’il ne préférait pas partir en vacances avec toute la famille cet été, sans leur expliquer pourquoi, mais je sais que c’était entre autres pour ne pas nous imposer la vue d’une femme prêt à accoucher alors que nous serons peut-être à plus de 18 mois d’échec. Ce témoignage pour te dire que tu n’es pas seule, que c’est normal, mais que surtout il ne faut pas tout garder pour toi. Cette colère, ce sentiment d’injustice profonde, est normal et il faut vivre avec, c’est-à-dire l’exprimer (par la parole, des moments où tu pleures pour évacuer, du sport, un autre sujet d’intérêt etc.) et l’accepter (le fameux lâcher prise). Cela ne t’aidera malheureusement pas à tomber enceinte plus vite mais au moins à mieux vivre cette période difficile.
Je te souhaite tout le bonheur possible!