Natilla veut être un exemple pour son fils. Un modèle de femme qu’on ne juge pas et dont on ne jalouse pas la réussite. Voici son témoignage (/coup de gueule que je plussoie très largement).
{Témoignage} A 30 ans, je veux être une mère qui s’assume !
A 30 ans, j’ai envie d’être moi-même … et de montrer ce chemin à mon fils.
Cet article fait suite à une conversation de pilier de comptoir, entre 2 et 4 heures du matin, le verre à la main, jamais vide évidemment, avec une de mes amies. Pour faire court, son presque ex-mari et moi on ne s’apprécie pas. Lui me reproche d’être trop sûre de moi, arrogante voire donneuse de leçons, et aussi d’être trop à cheval sur les règles, dirigiste, voire castratrice. Sur le moment, anesthésiée par l’alcool peut-être, je ne le prends pas mal du tout. Je le savais, et puis j’ai l’habitude qu’on me trouve « trop sûre de moi » « arrogante » … bon, il est vrai que « castratrice », c’est nouveau.
Mais le lendemain, les échos de cet échange ont un goût de gueule de bois qui ne passe pas. En y repensant, une évidence me vient à l’esprit : si j’étais un homme, il ne m’aurait jamais trouvé arrogant sous prétexte d’être sûre de moi. Si j’étais un homme, il aurait trouvé logique que je pose des limites à mes enfants et à mes élèves. Et si mon fils était une fille ? Aurait-il trouvé cela anormal que sa mère lui pose des limites ? J’en doute … Bref, une réaction très misogyne …. Venant d’un homme comme lui, rien d’étonnant finalement. Mais en réfléchissant encore, je me rends compte que ce genre de jugement me suit depuis des années, et que je refuse que mon fils partage cette idée que la femme sûre d’elle est arrogante et tout ce qui va avec.
Or, depuis 5 ans environs, j’ai décidé de mûrir et de mettre de l’eau dans mon vin afin de sembler moins arrogante, moins dirigiste… J’ai renoncé à exprimer mon opinion à de multiples occasions, préférant me taire plutôt que de sembler vouloir donner des leçons. J’ai arrêté de multiplier les projets au boulot pour ne pas donner l’impression de vouloir en récolter les lauriers. J’ai évité de parler de mes projets professionnels, de mon envie d’avancer, de changer, je n’ai pas annoncé mes résultats d’examens lorsque j’ai repris mes études. A vrai dire, depuis quelque temps, j’ai presque honte lorsque je réussis quelque chose. Alors évidemment, j’en parle à mes parents, à ma sœur, à mon mari, à deux ou trois amis extrêmement proches, mais c’est tout.
Et ce que je me demande aujourd’hui c’est POURQUOI ? Pourquoi je devrais avoir peur de dire ce que je pense, de contredire les autres quand je ne suis pas de leur avis, d’oser être moi ? Pourquoi je devrais baisser la tête lorsque je réussis ? Etre sûre de soi, ce n’est pas être arrogante, tant qu’on accepte de se remettre en question, ce qui est mon cas. En tant de femme, que mère, que collègue, qu’enseignante, je passe littéralement mon temps à m’interroger sur ce que j’ai fait et à me demander si c’était le bon choix. Poser des limites et des règles, dans mon métier c’est essentiel, et en matière d’éducation cela me paraît être une base saine. Et pourtant, j’ai mal au ventre à chaque fois que j’envoie mon fils au coin ou qu’il pleure parce que je lui refuse quelque chose. Donner son avis, ce n’est pas se faire remarquer, c’est faire avancer le débat, et c’est souvent ouvrir la voie à d’autres qui n’osaient pas dire qu’ils n’étaient pas d’accord. Bref, rien n’est tout blanc ou tout noir.
Alors, à 30 ans, j’ai envie d’assumer cela, comme un homme le ferait. Oui je suis sûre de moi, oui j’ai des principes, oui j’aime défendre mes idées, et oui, à mon niveau, je réussis. Je ne devrais pas avoir à en rougir, tout simplement. J’ai juste envie de dire zut à tous ces gens qui me regardent de travers parce qu’ils ont l’impression que je fonce dans le tas sans réfléchir, et qui me jugent sans réellement me connaître, en grande partie parce que je suis une femme.
Mais surtout, je veux être moi-même pour que mon fils ait une mère solide, sûre d’elle, et qui s’assume en tant que telle. J’espère qu’ainsi il ne regardera jamais une femme comme l’ex mari de ma copine me regardait, et que lui aussi s’acceptera tel qu’il est.
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Laulau dit
Tellement un beau texte ! Tant par le fond que par la forme !
M**** à toutes ces personnes mal dans leur peau qui surinterprète nos comportements et pose leur clichés sur nous pour se sentir mieux vis à vis d’eux même !
Popie dit
Je n’ai rien à ajouter tellement ça me semble limpide et tellement c’est agaçant d’entendre encore ce genre de jugement en 2017. On a tous le droit d’être nous même. D’être sûre de nous en étant une femme ou d’être sensible en entant un homme ! On va pas devenir quelqu’un d’autre juste pour plaire à des gens étriqués d’esprit qui ne remettent pas en question les clichés !