En mai dernier, Clémence a donné naissance à sa seconde fille. Mais lors de sa césarienne d’urgence, l’équipe médicale l’a traité comme un corps pas comme une patiente. Un récit de maltraitance médicale avéré. Voici son témoignage.
{Témoignage} Césarienne : je n’étais qu’un corps pour les médecins
J’ai donné naissance à ma deuxième fille le 20 mai dernier. La naissance de ma première datant d’il y a à peine 2 ans et demi, son souvenir était encore relativement frais dans ma mémoire, et même si chaque accouchement est unique, j’ai retrouvé beaucoup de similitudes entre les deux expériences… du moins jusqu’à la césarienne.
Mes deux filles se sont faites attendre et leurs naissances ont dues être déclenchées (choix de la polyclinique, mais vus leurs poids de naissances de 3,8 kg pour la première et 4,2 kg pour la deuxième, je suis plutôt contente de ne pas avoir attendu qu’elles grossissent davantage dans mon ventre !), elles étaient placées haut dans mon ventre et de ce fait n’appuyaient pas sur le col de l’utérus qui ne s’effaçait pas et s’ouvrait très lentement. Pour la première, les choses se sont débloquées grâce à Christophe, un super sage femme qui m’a fait bouger dans tous les sens avec la péridurale et en s’inquiétant toujours de si j’avais mal et en adaptant le contenu de la péri en fonction (la perle des perles !!!). Je n’ai pas eu cette chance au mois de mai dernier…
Pour ma deuxième, le col ne s’est ouvert que jusqu’à 8 cm puis s’est bloqué, le bébé restait encore trop haut et son rythme cardiaque diminuait à moins de 70 battements/minute à chaque contraction (au lieu de 120-140), indiquant que le cordon était enroulé autour du cou (dixit la sage femme qui me suivait). Le travail avait été déclenché à 9h du matin, à 15h il a été décidé que si la situation restait bloquée pendant 2 heures, ce serait la césarienne. Pendant 2 heures, on a tenté différentes positions mais rien n’y a fait, il n’y a pas eu d’évolution. Pendant ces 2 heures, ce qu’on n’a pas fait c’est m’expliquer ce qui se passerait en cas de césarienne… Pourtant il y avait le temps ! Mais non, la menace de la césarienne planait, et à part le fait que ça consistait à m’ouvrir le ventre pour récupérer le bébé, je ne savais pas pas ce qui allait se passer… Certains diront peut-être que j’aurais pu poser des questions si j’avais voulu savoir, mais j’ose croire que ces personnes-là n’ont jamais subi le stress d’un accouchement avec complications !
Donc à 17h, la procédure d’urgence a commencé : sur les 6 personnes qui sont entrées dans ma salle d’accouchement, je n’en connaissais que 2 (la sage-femme qui m’accompagnait depuis le matin et l’anesthésiste), ces personnes se sont occupées de transférer les différentes perf et autres matériels sur des versions roulantes pendant j’enlevais mes bijoux à toute allure (on aurait pas pu me le dire avant, non ? Parce qu’avec mes doigts pleins de rétention d’eau, mon alliance a du mal à passer !) et qu’on me mettait une sonde urinaire. Ensuite c’est moi qui suis passée sur le lit roulant (avec la grâce d’une baleine échouée qui a des contractions et des tubes qui lui sortent de partout), pendant qu’on me mettait un charlotte sur la tête (parce qu’il ne fallait pas perdre de temps !) Pendant qu’on me roulait vers le bloc opératoire, on a jeté une blouse stérile à mon mari qui, en l’absence de consigne, l’a enfilée sur ses vêtements (comme la précédente) : l’entrée du bloc lui a donc été refusée jusqu’à ce qu’il se déshabille dans le couloir et remette la blouse, il a failli raté la naissance de notre fille avec ça…
J’ai donc été amenée dans le bloc opératoire, où il y avait une dizaine de personnes. On m’a de nouveau fait bouger pour m’allonger sur la table d’opération, les bras en croix. On m’a demandé si j’avais froid et on m’a installé un souffle d’air chaud vers le haut du corps. A partir de cet instant, je n’ai plus été considérée comme un être humain doué de raison, conscient et sensible. On a continué à me préparer sans rien me dire, on m’a injecté des produits (dont un très douloureux) sans me prévenir, on m’a caché mon corps nu à la merci de ces gens que je connaissais pas, sans que je sache ce qui allait m’arriver… La seule interaction sociale que j’ai eu a été au moment où les larmes ont commencé à couler sur mes joues : la sage-femme qui s’occupait de moi depuis le matin m’a vue et m’a dit qu’il ne fallait pas que je me mette dans cet état, que ce n’était pas un échec… J’étais seule et terrorisée à l’idée de subir ma première intervention chirurgicale à laquelle je n’étais pas du tout préparée, et elle me parle d’échec ! Bravo pour la psychologie !
Le chirurgien est arrivé (sans m’adresser la parole bien sûr) et l’opération a commencé (sans me prévenir bien évidemment), et mon mari est finalement arrivé en cours de route. Mon bébé (mon magnifique petit bébé d’amour) est né à 17h14. Parmi les choses (nombreuses) que je ne savais pas, c’est ce qu’on ressent quand on sort un bébé de 4,2 kg d’un utérus sous rachianesthésie : sans aucune douleur (heureusement !) j’ai eu l’impression qu’on m’enlevait les tripes tout en m’écrasant les poumons ! Une sensation à la fois très désagréable et terrifiante, vous pouvez me croire… tellement terrifiante que j’ai fait une crise de tétanie sur la table d’opération, n’arrivant plus à respirer. Quand l’anesthésiste a fini par se détourner de l’opération pour voir ce qui m’arrivait, elle m’a dit que je paniquais parce qu’on ne m’avait pas encore montré ma fille… Tiens je n’y avais pas encore pensé, une raison de plus d’angoisser ! Bravo pour la psychologie (bis) !
Petite précision : dans mon historique familial, mon père a eu un affaissement des poumons lors d’une opération (suivie de 3 semaines de coma artificiel pour s’en remettre), de quoi me faire paniquer par rapport au fait d’avoir des difficultés à respirer lors d’une opération (et c’était dans le dossier de l’anesthésiste…)
Finalement, j’ai eu droit à un masque à oxygène, on m’a amené ma fille, et la crise est passée. Elle était magnifique ! Peu de temps après, mon mari est parti avec elle et les puéricultrices pour s’en occuper, pendant qu’on me recousait. J’ai entendu que je faisais plusieurs départs d’hémorragie. A un moment, je me suis sentie partir dans les vapes, et l’anesthésiste m’a installé en urgence une autre perfusion pour remonter ma tension. Enfin ça s’est terminé, mon mari et ma fille sont revenus avec moi et on m’a transférée dans une salle de réveil pour m’observer pendant 2 heures. Le chirurgien est parti (sans me dire au revoir, normal) de même que toutes les autres personnes sauf deux : une qui m’a nettoyée puis surveillé mes constantes et l’autre qui s’est occupée de ma petite fille. Ni l’une ni l’autre ne m’ont parlé de l’opération, aucun débriefing. A un quart d’heure de la fin, deux autres personnes qui ont participé à ma césarienne sont revenues pour m’emmener dans ma chambre. J’ai bien compris que le changement de garde était en cours : ils étaient particulièrement pressés de se débarrasser de moi ! Certains sont quand même venus me dire au revoir.
Le lendemain, le chirurgien est venu me voir (sans avoir un seul regard pour mon bébé qu’il avait fait naître), m’a tâté le ventre (douloureux) et m’a demandé si j’avais des gaz (signe de la reprise du bon fonctionnement de l’activité de mes intestins), puis il est parti. Rien sur l’opération ! Il a fallu que ce soit une amie à qui j’ai téléphoné 2 jours plus tard pour avoir des conseils pratiques (elle a eu deux césariennes) pour savoir qu’on ne m’avait pas coupé les muscles abdominaux (on les avait écartés, c’est tout) et que je pouvais éternuer sans risque, même si ça faisait un mal de chien. Il y a eu aussi une aide-soignante qui m’a dit que le chirurgien avait informé l’équipe soignante qu’il y avait eu une complication lors de l’intervention et qu’il avait dû faire une manœuvre qu’il n’avait jamais faite en plus de 30 ans de carrière pour sortir ma fille de mon ventre. A moi, rien ! Juste de quoi nous laisser cogiter, mon mari et moi.
J’ai été très en colère suite à cet accouchement. Sur le plan strictement scientifique, rien à redire, les choses avaient été bien faites, ma fille et moi étions en bonne santé, aucune complication à l’horizon (même si ma cicatrice a mis 7 semaines à se refermer au lieu de 2). Non, c’est vraiment l’absence totale de communication qui m’a profondément blessée. A partir de 17h le 20 mai dernier, je n’ai été qu’un corps qu’on a ouvert puis refermé. Il y a eu 2 heures pour m’expliquer ce qui allait se passer avant l’opération et 2 heures de suivi post-opératoire où on aurait pu m’informer de ce qu’on m’avait fait. Mais rien ! La notion de consentement éclairé ne semble pas être de mise dans une salle d’accouchement…
J’ai fini par avoir le récit de l’opération le 11 juillet, lors de ma visite post-natale. La gynécologue qui m’avait été attribuée pour le suivi à la clinique me l’a raconté, d’après ce que son collègue lui a rapporté : il y a eu effectivement un blocage au niveau des épaules au moment de la sortie et le chirurgien a dû aller chercher la main de ma fille dans l’utérus pour la tirer au dehors, une manœuvre qui peut se pratiquer en accouchement par voie basse mais qu’il n’avait jamais faite lors d’une césarienne. Comme cela n’avait aucune conséquence sur la santé du bébé ni sur la mienne, il n’avait pas jugé pertinent de m’en parler. J’ai quand même signalé que si les césariennes étaient monnaie courante pour eux, ce n’était pas le cas pour moi, et que la moindre des choses aurait été de me prendre en compte dans l’équation en tant qu’être humain sensible et conscient. Je ne suis pas sûre d’avoir été entendue…
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Paulina dit
Je vous conseille le blog de Martin Winkler, gynécologue qui conseille les femmes sur ce genre de cas de maltraitance médicale (et qui conseille sur beaucoup d’autres choses concernant le corps féminin, la gynécologie et l’obstétrique). Il y a beaucoup de témoignages de personnes qui rejoignent le vôtre, cela pourra peut être vous aider..
Un bon courrier à l’ordre des médecins pour signaler le comportement abusif de la personne qui vous a opérée (absence d’informations, manoeuvre effectuée sans le consentement de la patience, etc) pourrait lui rappeler ses devoirs et vous permettre de signaler ce genre de conduite inadmissible! C’est vraiment difficile et cela me met en colère de lire des témoignages pareils en 2017… Je vous souhaite maintenant le meilleur avec votre bébé, et que ces comportements soient bientôt un mauvais souvenir… Bon courage!!
Clémence dit
Merci de vos commentaires et partages d’expériences !
C’est bizarre, mais je ne sais pas si je dois me sentir soulagée de ne pas être la seule dans mon cas ou catastrophée que ce genre de situation ne soit finalement pas une exception…
Je tiens juste à préciser que le côté urgent de ma césarienne était quand même assez relatif : le délai de 2 heures d’attente était bien arbitraire, cela aurait pu être 1h45 ou 2h15 sans changer grand-chose à la situation. Mais le mode opératoire disait 2h alors c’était 2h, et là il était hors de question de perdre 1 seconde avec des considérations humaines finalement assez accessoires…
Aujourd’hui, je suis passée globalement à autre chose (eh un petit bout de chou ça vous occupe bien 😉 ) mais je continue à trouver inadmissible de n’avoir eu aucun briefing ni débriefing de l’opération, sachant qu’il y avait le temps pour les deux. Toutes les personnes de mon entourage qui ont eu une opération (genoux, appendicite, cerveau…) ont eu un retour sur leurs opérations. Pourquoi pas moi ??? Si j’arrive à trouver le temps (avec 2 petites filles c’est pas garanti), j’irai voir des associations pour essayer de faire bouger les choses.
La galinette dit
J’ai de suite vu qu’en prépa à l’accouchement ils n’allaient rien nous dire (on a juste eu « ça peut arriver »).
Donc j’ai « obligé » mon mari à regarder un épisode de baby boom où ça a fini en césarienne catastrophe (qui a bien fini).
Parce que je lui disais « ça peut arriver, il faut y être préparer ».
Et puis j’ai tellement eu d’expériences autour de moi sur le même modèle que vous…
Une seule amie m’avait dit qu’elle l’avait bien géré : celle pour qui la césa était programmée.
La sage-femme de l’haptonomie lui avait donné pleins de conseils que j’ai retenu aussi : prendre conscience du moment, combien de personnes, qui sont-elles, etc
Et une autre amie infirmière en bloc opératoire m’avait expliqué qu’ils ont plusieurs codes pour les césa d’urgence : code eouge5c’est qu’ils ont 1/4h pour sortir le bébé sinon danger pour les 2. Et effectivement dans ces cas-là, le patient est oublié.
Amadahy dit
Bonjour !!
Moi j’ai accouché par césarienne il y a bientôt 20 mois, et il est vrai que le consentement éclairé … on le cherche !! Il se trouve que je suis diabétique, donc on m’a déclenché l’accouchement 15 jours avant alors que j’aurais aimé aller au terme. Bon il y a le risque d’un gros bébé … 3.050kg je pense qu’on était large ^^ , bébé allait bien , moi aussi le liquide était ok tout roulait sur des roulettes mais le protocole a dit que donc on fait ce que dit le protocole.
Je suis rentrée le lundi à 8h, on me pose les prostaglandines et là on attend, bon en même temps l’équipe ne peut rien faire d’autre ^^. à23h30 la sage femme de nuit entre sans frapper (ou alors je ne l’ai pas entendu) en quasi hurlant » BONSOIR , je viens vous faire un monito ». Un peu plus de douceur et prévenir que vous alliez allumer la lumière ça n’aurait pas fait de mal ^^.
Elle me pose le monito , et repart , bébé commence à faire hélicoptère … et moi 15 min après je commence à me sentir dans le coton ==> hypoglycémie… Je rappel la sage femme pour lui expliquer et ça à été ma première découverte avec l’interphone . Une voix qui sort de ce petit truc où on entend un mot sur 2 et où il faut hurler pour se faire entendre … au final autant hurler direct de ma chambre sans appeler puisque je dois réveiller tout le monde … Au moment où je lui ai expliquer que bébé avait bougé, déplacé le monito et qu’en plus j’étais en hypo si elle pouvait me ramener un truc à manger avant que je sois à jeun , je crois que je suis tombée d’assez haut quand la réponse à été » ha et qu’est ce qu’on fait pour une hypo ??? » 😮
La fin de nuit se passe et le lendemain c’est grand jour ! dans tous les cas bébé sera là d’ici ce soir ! =D
Réveillée à 5h30 , prête pour 6h et emmené à 9h en salle de travail . On met en route les perfusions et tout le reste et on attend. Vers 12h la sage femme vient m’examiner manque de bol au moment où elle m’examine, j’ai une contraction et je lui coince sans le vouloir les doigts …. je me suis faite pourrir et elle m’a ordonner de lui lâcher les doigts … heu alors comment dire si je pouvais je le ferais ^^ du coup en réponse c’est bon on stop tout je vais chercher l’anesth on vous pose la péridurale …
heu mais et moi ? si je veux le faire sans péri ? Bah on s’en fou on me la pose …
Je m’installe, sauf qu’au moment de me mettre de la position allongée à assise , un petit malaise c’est invité , heureusement que mon homme gardait un œil sur moi pour dire que j’allais vomir et que j’allais pas bien … Je vomis en entendant la super sage « beurk c’est dégeulasse » … (et si tu changeais de métier??? )
Après la péri elle peut m’ausculter j’étais à un doigt youhou !
A 16h le gyneco de garde vient me voir m’examine … « bon on se laisse une heure et on voit pour la césarienne »
ça y est bébé sera bientôt avec nous !! ou pas …
17h « on se laisse une heure et on voit pour la césarienne »
18h « on se laisse une heure et on voit pour la césarienne »
19h …
20h…
21h …
et à 22h (heure de nuit) cette même gyneco bon on fait la césarienne maintenant monsieur vous restez ici …
Depuis 16h personne ne m’a demander quoi que ce soit pour avoir mon accord pour la césarienne , et une fois que c’est partit mon chéri ne pourra pas voir naitre son fils … grrrr
on m’installe au bloc, je discute avec l’anesth (oui je suis une pipelette^^)
et là la gynéco arrive. A savoir qu’avant la césarienne j’avais demandé si ma pompe à insuline générait on m’ adit que non , la gynéco me hurle dessus en me disant que j’avais eu le temps de l’enlever … ce à quoi je lui ai répondu et qui prend le relais de l’insuline ?????? Elle ne réplique pas là dessus et me dit de toute façon dès que l’opération est terminée vous nous direz où est votre matériel on vous la replace. Sauf que j’ai spécifié que du moment où j’vais accouché je n’en voulais plus et que je voulais repasser aux stylos à insuline … allez et une deuxième gueulante … Enfin soit à 22h50 mon petit bout d’amour est né en parfaite santé!
à 2h du matin on nous ramène en chambre tous les 3 crevés et notre copine la sage femme qui rentre sans frapper revient ( et cette fois ci elle n’a pas frappé) alors les conseils pour l’allaitement … heu pardon mais on arrive presque à 48h sans dormir je veux bien voir les conseils demain là je veux juste que bébé tête et qu’on puisse dormir. Chose qu’elle fait et s’en va. OUF !
à la visite du matin la sage femme arrive à 7h30 , je vois sur votre dossier que vous voulez repasser aux stylos d’insuline c’est bon vous avez appelé votre diabéto ?
Je pense pourtant être calme mais là je crois que la goutte à fait déborder le vase … être dans le même hôpital que mon diabéto et me demander de l’appeler moi à 7h30 …
enfin mon fils va bien c’est le principal =)
mais il est sur que les équipes médicales ne sont pas toutes au top, après je comprends le travail machin bidule et truc mais il y a des limites … Je suis infirmière et même quand il y a des jours sans ou des jours où il y a trop de boulot, un sourire rassurant une parole gentille ça ne fait pas de mal et ça ne prend pas plus de temps que de prendre les gens pour de la merde ^^
Merci pour celles et ceux qui m’auront lu jusqu’au bout ^^ ( je vous avait dis que j’étais une pipelette )
Dabadie dit
J’ai accouché il y a 2 ans et je pense toujours à cette césarienne…
Comme toi, pas d’explications, une attente de pluisieurs heures puis un débarquement en urgence dans la chambre… (pour une césarienne programmée avec un bébé qui arrive un peu en avance.). Lorsque j’ai demandé des explications, on m’a répondue que les cours de préparation étaient là pour ça (!).
Dans le bloc, pas d’explications et pas même un bonjour! Je veux bien que l’équipe soit concentrée, mais personnellement je dis toujours bonjour lorsque je rencontre quelqu’un… et connaître leur prénom ou leur nom par exemple pourrait rompre cette distance et cette inquiétude… un petit effort pour eux!
J’ai eu beaucoup de mal à oublier mes rêves d’accouchement en douceur et sécurité. Maintenant je relativise mais je sais déjà que plus jamais je ne reviendrai accoucher dans cet hôpital.
Sophia dit
C’est toujours difficile de démêler ces événements, si ordinaire pour l’équipe médicale, et si extra-ordinaire pour nous patients, totalement étrangers du monde de l’hôpital.
J’ai eu aussi une césarienne, décidée en début de travail car ma fille était en siège, et mes mesures de bassin étaient trop justes pour que l’obstétricien soit sûr qu’elle passe correctement. L’intervention a été décidée assez vite entre mon mari, moi et l’obstétricien, mais il n’y avait pas d’urgence. La seule urgence était que le bloc était libre à ce moment là et qu’il n’y avait pas de temps à perdre une fois que c’était décidé. Nous avons apprécié le fait que l’anesthésiste propose directement à mon mari de venir.
On ne m’a pas expliqué grand chose, j’essayais de deviner qui était qui entre chirurgien, anesthésiste, interne, infirmiers, sage femme … personne ne s’est présenté et on ne m’adressait pas bcp la parole, mais tout ce monde se parlait plutôt joyeusement, comme un matin où tout le monde arrive au boulot quoi.
Cela ne m’a pas dérangée, leur confiance m’a donné confiance et je me suis totalement laissée faire, j’ai accepté de perdre tout contrôle, et je me suis dit qu’ils avaient aussi besoin de se concentrer avant une opération, même pour une opération courante. Effectivement, au moment où j’ai perdu le contrôle de mes jambes et où on m’a barbouillée de bétadine et rasé le pubis, je ne me suis sentie que corps, et l’ego de femme en prend un coup. Mais tout au long de la préparation de l’opération, je me suis enfermée dans ma bulle, en répétant les exercices de respiration appris en cours de préparation à la naissance. L’infirmier a remarqué et est venu me prendre la main pour m’aider à gérer les contractions avant la pose de l’anesthésie. J’ai énormément apprécié ! Ce même infirmier qui m’a informé qu’ils avaient emmené ma fille pour lui dégager les voies respiratoires avant de me la montrer. Lui encore qui m’a dit qu’elle était magnifique. Tous les autres faisaient leur boulot sans un mot. La partie « couture » et réveil a été assez pénible pour moi, c’était long, j’avais bcp de mal à respirer, et ça me faisait un peu peur, jusqu’à ce qu’une infirmière me dire que c’était normal avec l’anesthésie. Là encore, j’ai patienté dans ma bulle en attendant l’amélioration. Au bout de 2h en salle de réveil je me sentais vraiment mieux. Le moment où les infirmiers vérifient les pertes de sang en appuyant sur le ventre est très très désagréable, mais je me suis détachée de ça en me disant que c’était nécessaire. En fait, j’ai essayé de lâcher prise sur ce qui se passait en bas de mon corps en me disant « là, c’est sûrement le gros bordel en bas, mais ça ira vite mieux, le corps sait faire! »
Je comprends ton ressenti, d’autant qu’il s’est passé plein de choses particulières pour toi, mais il est aussi difficile pour le personnel médical de jongler entre plusieurs patients, d’être concentré sur ce qu’ils ont à faire, d’arriver aussi à se détacher émotionnellement de ce qu’ils font pour être le plus efficace possible. Finalement, dans mon cas tout le monde a fait son job : ceux qui devaient s’occuper de mon corps l’ont fait, et l’infirmier parmi toutes les autres tâches qu’il avait m’a accordé un peu d’attention, c’était son job à lui.
J’ai ensuite reparlé de l’intervention avec la sage femme qui me suivait, et j’ai été consulter ma généraliste pour le suivi de la cicatrice qui se refermait mal. C’est vrai que personne à la maternité ne m’a parlé des complications possibles avec la cicatrice, ni de ce qui avait été fait. Je suis donc allé voir à l’extérieur de la maternité pour avoir des réponses à mes questions, en me disant qu’à la maternité le temps manquait aux professionnels et qu’il fallait que je consulte à l’extérieur. Et ces personnes ont été bien plus dispos.
Peut-être que pour mieux accepter ce qu’il s’est passé tu pourrais essayer de démêler ce qui est acceptable et ce qui l’est moins ? Par exemple, le chirurgien qui part sans dire aurevoir, bon, c’est malpoli, mais est-ce si grave ? C’est vexant parce qu’on n’a pas l’impression d’être important, mais le mec doit gérer un nombre de trucs hallucinants dans sa sûrement longue journée !
Par contre, des injections douloureuses sans prévenir, oui tu as le droit d’être en colère…
Dans ton récit, on sent beaucoup d’incompréhension, et tout se mélange. Peut-être que le tri avec du recul serait bénéfique ? Et peut-être peux tu en reparler avec une sage femme qui pourrait te parler des réalités de l’hôpital ?
Clémence dit
Bonjour Sophia,
Merci beaucoup de ta réponse et du partage de ton expérience. Je suis heureuse de voir que tu as mieux vécu cette expérience que moi. Je pense que je l’aurais mieux vécue aussi si j’avais eu une personne comme ton infirmier qui m’aurait rassurée au bon moment au lieu d’augmenter mon stress.
Je suis d’accord que dans mon récit je mets au même plan de vrais manquements au respect et à l’éthique et de simples impolitesses. Mais ces dernières ont participé à la déshumanisation de l’opération. Tu as réussi à t’enfermer dans une bulle, je n’ai pas réussi à le faire, et cette accumulation de petites et grosses fautes ont fait débordé le vase. Je n’avais jamais eu de crise de panique avant ce jour-là.
Aujourd’hui, cela fait plus de 3 mois, ma colère s’est beaucoup atténuée, et je suis globalement passée à autre chose. Mais je continue à trouver inadmissible de n’avoir eu aucune explication préalable ni aucun retour de mon opération lors de mon séjour à la clinique, et je vois qu’il en a été de même pour toi. J’ai demandé dans mon entourage aux personnes qui ont eu des opérations (genoux, oeil, appendicite, cerveau…) : toutes ont eu un retour sur le déroulement de l’opération ! TOUTES ! Pas forcément très détaillé, mais au moins quelqu’un qui connaissait le dossier était venu pour leur parler de leur opération, leur dire que ça s’était bien passé, discuter des conditions de convalescence, et répondre à leurs questions. Ni toi ni moi n’avons eu cela, et je ne pense pas que les hôpitaux soient moins surchargés que les maternités. Je trouve ce manque de considération scandaleux.