On nous rabâche tout le temps que pour tomber enceinte « faut pas y penser ». Laurence l’a entendu, comme beaucoup d’entre nous. Voici son témoignage, très touchant (je vous souhaite plein de bonheur ! ).
{Témoignage} Essais bébé : Oui, cela marche aussi quand on y pense… !
Lectrice assidue de La Mariée en Colère depuis mes préparatifs de mariage en 2014, puis surtout depuis nos essais pour devenir parents dès 2015, je tenais à envoyer ce message, des petites graines d’espoir pour les cœurs meurtris, en guise de remerciement pour ces nombreux articles qui m’ont aidé à vivre cette longue attente de presque 3 ans.
Retour en arrière
Mars 2015, mon amoureux et moi nous marions, tout heureux que nous sommes d’avoir trouvé l’équilibre qu’il nous fallait dans notre vie. Nous sommes très amoureux, cette complicité sera d’ailleurs notre plus grand pilier dans les épreuves à venir. Nous commençons les essais pour faire un enfant dans la foulée, conscients qu’à nos âges (31 ans pour moi, 34 ans pour lui), cela marche encore, mais moins vite qu’à 20 ans. Je n’ai pas de problème de cycles, je suis sous stérilet au cuivre depuis plusieurs années et donc sans imprégnation hormonale. Au fond de nous, on espère un peu que cela ne prendra pas trop longtemps.
Et nous avons raison : 5 mois plus tard, en Août 2015, je fais un test de grossesse après quelques jours de retard dans mon cycle et une sorte de règle anniversaire. Cela tombe l’avant-veille de notre départ en voyages de noces, dans un pays d’Asie centrale où nous prévoyons de faire du trek, de boire du lait de yack cru, et de monter à cheval pendant des heures. Ma gynécologue m’invite à repousser notre voyage, d’autant que, dès le lendemain, je perds quelques gouttes de sang. Prudents, nous annulons donc à contrecœur, et nous apprenons quelques jours plus tard, après un suivi par prises de sang, que la grossesse s’est arrêtée. Je ne connais donc que quelques jours le bonheur d’être enceinte, mais nous restons confiants. Pour remplacer ce voyage lointain, nous allons finalement sur la côte Atlantique pendant 2 semaines, pendant lesquels je vis ma fausse couche naturellement, plutôt sereinement avec le recul, même si la tristesse et la douleur sont là. Après tout, cela a marché au bout de 5 mois, le bonheur est pour bientôt ! Et puis mon mari est d’un grand soutien, et me fait avancer et digérer les choses assez vite.
La fin de l’été arrive, mon retour de couches également, et nous repartons avec joie dans les essais ; A aucun moment nous n’avons l’impression de nous mettre la pression, je suis mes cycles, j’y pense, bien sûr, mais sans que cela ne soit une obsession. Et puis les mois passent, les tests de grossesse négatifs aussi, sans que de nouvelles bonnes nouvelles n’arrivent. Je finis par consulter ma gynécologue un peu avant l’été 2016, qui nous propose de lancer les analyses classiques, dans la mesure où nous sommes en essai bébé depuis plus d’un an. Prises de sang, échographie des ovaires, spermogramme, hystérosalpingographie, etc. : tous les comptes rendus sont bons. Rien dans nos dossiers n’explique la « lenteur » de notre parcours. Elle nous propose d’attendre septembre pour se lancer dans un accompagnement par stimulation ovarienne. L’idée nous va, même si, au fond de moi, je ne comprends pas vraiment l’intérêt, puisque mes cycles et mon corps fonctionnent bien. C’est pendant toute cette période où rien ne marche que les messages de soutien des articles de La Mariée en Colère sont précieux. Ce témoignage de Magali notamment sera inspirateur et libérateur pour moi : Oui, nous ne sommes pas seuls à passer à travers tout un tas d’émotions ; Oui, c’est très dur de voir que même la famille ou les amis se résignent à ce que nous n’arrivions pas à faire un enfant ; Et que oui, pour tenir le coup, il ne faut pas « essayer pas de connaître votre futur. Votre seul futur, c’est la prochaine piqûre, la prochaine écho, etc.». Et qu’il faut « accepter : il vous faudra du temps. Le temps ne m’a pas guéri, il a pansé mes plaies. Ce sera notre Histoire. » (c’est tellement ça que je la cite J)
Arrive la rentrée, et nous commençons le protocole : Des piqûres tous les soirs à heures fixes, de J4 à J10, une ou plusieurs échos entre J11 et J13, puis un déclenchement de l’ovulation par une autre piqûre quand le/les follicules sont matures. Et ensuite, câlins fortement recommandés pendant 3 jours, matins et soirs, puis des ovules de progestérone tous les soirs sur la 2ème partie du cycle. La partie piqûres n’est pas particulièrement agréable, la partie câlins l’est bien plus 🙂 Mon mari me pique tous les soirs ou presque, sa façon à lui de s’investir dans ce que je vis, et de compatir (c’est une crème, je vous dis !)
Les deux premiers cycles se soldent par des échecs. Pour le troisième, nous nous rendons compte à l’écho de J11 que j’ai ovulé naturellement, avant même le déclenchement. Cela arrive mais, coïncidence, cela tombe après un WE en amoureux en bord de mer, où évidemment, nous n’avions pas fait que regarder la vue… Et si c’était cette fois ci la bonne ?
Et en effet, après presque 2 ans d’attente, 1 fausse couche, 3 cycles de stimulation, à quelques semaines de Noel, le test de grossesse est positif ! Enfin, c’est notre tour. Nous sommes sur un nuage très moelleux, nous annonçons la bonne nouvelle à nos familles pendant les fêtes. Même si un malheur arrivait avant la fin du premier trimestre, nous sommes tellement heureux que cela ait marché à nouveau, après tant d’attente ! Puis arrive l’écho de datation à 6,5 SA début janvier, qui montre une petite crevette avec un petit cœur qui bat… Quel bonheur. Pourtant, 1 semaine après, un pressentiment m’assaille à la vue de quelques têches brunes quand je m’essuie. Ce n’est peut-être rien, je le sais, mais, bizarrement, je n’y crois pas. Ma gynécologue me reçoit gentiment entre 2 patientes le lendemain. Et elle m’annonce que la grossesse s’est arrêtée, probablement un peu après l’échographie de la semaine précédente. Mon mari et moi sommes abattus. La vie est tellement injuste ! Pourquoi nous, pourquoi maintenant, pourquoi encore ? Nous n’arrivons pas à comprendre ce qui nous arrive.
Evidemment, la fausse couche est terrible à vivre. Je dois prendre des médicaments à 2 reprises, car l’embryon est trop accroché pour partir de lui-même. Les douleurs sont atroces, et mon cœur souffre terriblement. Mon mari vit très mal cette nouvelle, et met lui-même quelques jours avant de retrouver ses esprits, et de, à nouveau, m’accompagner avec tout son courage et son envie de me faire avancer au plus vite. Son soutien aura été un roc pour moi ; Toutes ces épreuves n’auront cessé de me faire l’aimer toujours plus.
Mon retour de couches arrive 1 mois après, comme un pied de nez à tous ces examens qui cherchent à faire dire que mon corps est en défaut. Je suis une horloge avec des cycles de 31 jours, et ce n’est pas une fausse couche qui va le faire dévier. Nous décidons d’un commun accord avec la gynécologue d’attendre un cycle, puis de reprendre les stimulations ovariennes. Repart tout ce processus, qui cette fois-ci est beaucoup plus dur à vivre. Étrangement, ce ne sont pas les piqûres qui nous gênent le plus, mais plutôt la nécessité des câlins à moments définis ; Ce qui nous plaisait tant les premières années d’essais (faire l’amour pour faire un enfant, c’est tellement romantique !) devient maintenant un moment éprouvant. Mettre le réveil à 5h du matin, pour faire l’amour avant d’aller travailler, ou nous forcer le soir après des journées fatigantes… c’est presque devenu un passage forcé, sans plaisir. J’ai même peur que cela nuise à notre équilibre de couple : Et si mon corps se souvenait de ce que je vis en ce moment, et que je devienne insensible, voire intolérante au plaisir ? Ces 4 nouveaux mois d’essais sous stimulation après la fausse couche sont une vraie épreuve, sans compter l’impact de ces hormones qui jouent sur le moral, la fatigue, l’humeur.
Nous sommes en juin 2017, nous avons maintenant plus de 2 ans ½ d’essais derrière nous, 2 fausses couches, 7 cycles sous stimulation ovarienne. Nous finissons par consulter un gynécologue spécialisé en PMA, qui nous parle d’ « infertilité inexpliquée ». Il nous fait comprendre que tout ce que nous avons vécu n’est pas anodin, que forcer des rapports est difficile, que d’avoir des pertes épaisses 15 jours par mois à cause des ovules de progestérone pèse sur le moral, que le processus est loin d’être une partie de plaisir, et qu’on a tendance à minimiser tout cela ; L’entendre dire tout cela fait un bien fou ! Il nous propose de passer en PMA dès septembre, en commençant par 4 cycles d’insémination artificielle, et conclut en nous disant : « Vous êtes jeunes, et votre dossier est très bon. Vous allez avoir un enfant à vous, je peux vous le garantir. Par contre, je ne peux pas vous dire quand, ni combien de fausses couches vous ferez avant d’y arriver ». C’est évidemment dur à entendre, tout autant que cela rassure. Oui, nous allons être parents d’un enfant qui portera nos gènes, je le crois sur parole !
Le rendez-vous est pris pour début septembre, afin de lancer le protocole avec lui. En attendant, nous avons 2 mois devant nous, sans rien : Pas d’examen, pas de piqûres, rien d’imposé, juste mon corps, mon mari et moi. Au fond de nous, évidemment, on continue à se dire que si ça se trouve, ça peut marcher maintenant… Juillet passe, et nous partons en vacances au mois d’Août. Je sais à quel moment je dois ovuler, évidemment on fait en sorte que ça se coordonne bien avec nos envies. A notre retour, je fais un test de grossesse avant tout retard de règles (pour vous dire, à nouveau, que j’y pensais, hein 🙂 ), et il est positif ! La suite est une succession de bonnes nouvelles : L’écho des 7sa est très bonne, aucunes pertes, des symptômes de grossesse que je suis ravie de vivre (des nausées, énormément de fatigue, des seins tellement sensibles, le ventre qui tire), je prends tout avec bonheur ! Je vis tout ce premier trimestre avec l’angoisse de la fausse couche, je ne peux m’empêcher de regarder le papier à chaque fois que je passe aux toilettes. Je n’arrive pas à réaliser, et en même temps j’essaie de profiter de toutes ces nouvelles émotions. Ma gynécologue accepte de refaire une écho non officielle à 9,5sa pour me rassurer, là encore, tout va bien.
Et me voilà à ce lundi matin de fin octobre 2017 : Nous allons à l’échographie de la fin du premier trimestre avec angoisse, la peur de ce qu’on va nous dire : Le cœur s’est-il arrêté ? Y a-t-il des malformations visibles ? Des problèmes cardiaques ? Des risques de trisomie ? Rien de tout cela, nous voyons juste une petite gambas en pleine forme, qui gigote partout, avec des mensurations de rêve. Et surtout, nous apprenons que ça y est, nous pouvons nous réjouir. Les risques de fausses couches après le premier trimestre deviennent vraiment exceptionnels. On nous dit même qu’il va falloir reprogrammer notre cerveau et oublier toutes ces fausses couches. Voilà où nous en sommes, à maintenant un peu moins de 6 mois de la rencontre de notre enfant ; Plein d’autres moments de doute et d’appréhensions sont à venir, sans doute, mais nous commençons à souffler.
Voilà pour cette longue histoire. De cela, je t’invite à retenir que tu as le droit de ne plus y croire par moment, tout comme tu as le droit d’y croire et d’y penser tout le temps. Que des fois, même si tu y penses, ça marche. Et mon avis, c’est que ce n’est pas parce que tu pars en vacances/que tu fais des projets/que tu changes de boulot/que tu déménages/que tu t’imagines que tout est fini/que tu lâches prise/… que ça va mieux ou moins bien marcher. Nous on a fait tout ça, même plusieurs fois de suite… Et pourtant ça a marché quand j’y pensais, à un moment plutôt neutre dans nos vies.
Personne ne décide. La vie, c’est un miracle. Et qui décide d’un miracle ?
Toute cette histoire nous aura en tout cas rendus super humbles, amoureux de la vie, follement complices dans notre couple. La douleur ne s’efface pas, elle fait partie de notre histoire à nous 2, mais j’aime à croire que grâce à toute cette attente et toutes ces épreuves, on sait maintenant pourquoi on fait un enfant. J’ai conscience que dans un monde où tout s’achète et tout se consomme, faire un petit bout de nous avec juste de l’amour de mon mari et de moi, c’est un cadeau rare, et une des plus belles choses qui existe. Peu importe qu’il soit fille ou garçon, petit ou grand, aux cheveux violets ou avec des grandes oreilles, tant qu’il est vivant et en bonne santé… on aura tout gagné.
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Maud C dit
Merci beaucoup pour ce témoignage fort et bravo pour votre courage !
Belle vie à vous 3
Hailey dit
Merci beaucoup pour ce témoignage…. Je suis EXACTEMENT dans tous ces questionnements en ce moment (une FC précoce il y a 8 mois et depuis rien alors que tout va bien) : ne pas être stresser, ne pas y penser et blablablabla…. et ça me désespère…
Plein de bonheur 🙂
Jolie fleur dit
Merci pour ton témoignage qui me donne force et espoir apres 1 année d’essai… rien n’est impossible, tout est possible ! Tu as su trouver les mots que je n’arrive pas forcément à écrire alors merci.
Elow dit
Merci pour ton récit, merci pour tes mots, merci pour ta bienveillance…
Après 20 mois d’essai et à quelques jours des premiers examens de contrôle, je trouve du réconfort dans tes lignes.
Alors merci, du fond de mon petit cœur meurtris.
Sabri dit
Superbe témoignage!
Merci…
Elo dit
Merci pour ton témoignage qui m’a ému aux larmes 🙂 Ton histoire est très touchante.
Et elle se finit par un happy end ce qui me donne espoir et me fait beaucoup de bien.
Nous ça fait (seulement) 1 an qu’on attend en croisant les doigts tous les mois.
Je vous souhaite plein de bonheur à 3.