A la naissance de son troisième enfant, Pocah s’est renseignée sur le don de lait maternel, qui sert à nourrir les bébés prématurés. Un beau geste qu’elle réalise maintenant plusieurs fois par semaine. Voici son témoignage.
{Témoignage} Don de lait maternel, l’or blanc
Bonjour à toutes,
Alors que mon troisième petit bout a vu le jour il y a maintenant deux mois, je viens vous faire part d’une expérience jusqu’alors inédite pour moi, que j’ai faite avec sa naissance : le don de lait maternel. N’y voyez aucune propagande, seulement l’envie de faire connaître un autre don que le don du sang, de plaquettes, d’organes, don du sang du cordon, etc., qui eux aussi, ont toujours besoin de donneurs !
Comme beaucoup, j’avais entendu parler de la nécessité pour les lactariums de recueillir du lait maternel auprès de mères allaitantes, afin de l’adresser ensuite à des nouveau-nés prématurés.
L’idée de donner mon lait à un lactarium m’avait effleurée pour mes précédentes maternités, mais la crainte de ne pas être en mesure de répondre substantiellement aux besoins de mon bébé avait finalement freiné mes velléités.
Mais je suis moi-même un ancien bébé préma, certes, pas un « grand préma », donc, nourri à l’époque et sans trop de dommages, au lait de sa maman, mais je reste sensible à la cause de ces petits bébés à l’extrême fragilité.
Et puis j’ai eu mon troisième enfant.
Forte des deux expériences d’allaitement précédentes (15 et 16 mois quand même… !!! Je n’y aurais pas cru moi-même !), j’ai pris la documentation concernant le lactarium de mon secteur (la CUB, proche Bordeaux), et, peu après la naissance de Bébé 3, et avec l’arrivée caractéristique de la montée de lait et de ses engorgements, inévitables dans mon cas, j’ai commencé à tirer du lait, pour me soulager, chose que je n’avais jamais faite auparavant, puisque pour mes précédents allaitements, je n’ai tiré du lait que bien plus tard, en vue de la reprise du travail. Et là, m’est apparue l’évidence : quel dommage de jeter ce surplus dont d’autres petits bouts pourraient profiter avantageusement !!!
Un coup de fil plus tard et le processus était lancé. Ca y est, j’avais fait la connaissance de ma gentille interlocutrice, Mme Lactarium…
Aujourd’hui, Mme Lactarium vient toutes les deux ou trois semaines à mon domicile, à un rendez-vous convenu ensemble. Elle récupère dans sa glacière le lait que j’ai congelé et mis dans des biberons stériles.
Pour le recueil, j’utilise le tire-lait que j’ai toujours eu l’habitude d’utiliser, celui avec lequel je me sens à l’aise.
Les contraintes sont mineures (à mes yeux) :
-une prise de sang en amont pour contrôler mon état de santé et s’assurer que je ne transmets pas dans mon lait de maladie dommageable aux bébés destinataires. Mais bon, après la grossesse et l’accouchement, qu’est-ce qu’une prise de sang ???
-un formulaire à remplir et à faire signer par un médecin ou une sage-femme
-un lavage des mains digne d’un chirurgien préparant son entrée au bloc opératoire, juste avant chaque recueil
-un processus de décontamination du matériel utilisé (stérilisation et/ou bain du matériel dans une solution de décontamination), entre les recueils.
Les avantages ? Oui, il y en a aussi de mon point de vue:
-Mme Lactarium est spécialisée dans l’allaitement et le conseil dans ce domaine, et il faut savoir que les lactariums en général ont une vocation d’accompagnement des femmes allaitantes dans cette entreprise (qui, selon les cas, n’est pas toujours si évidente que ça…), et n’ont pas pour unique objectif la collecte du lait. Je ne suis donc pas seule avec mon allaitement, même si j’ai une certaine expérience dans ce domaine de toute façon, un mari formidable et qui m’épaule, et des contacts associatifs en cas de question…
-je me suis organisée de telle sorte que je tire du lait uniquement lorsque je ressens un engorgement. Cela m’évite un inconfort certain, et je diminue l’intensité du réflexe d’éjection du lait à la tétée suivante, ainsi mon bébé s’étrangle moins.
-mon bébé aura plein de frères et sœurs de lait !!!! Et moi, l’impression d’apporter un peu de lumière à des familles plongées dans le noir… C’est revalorisant pour moi aussi, je le reconnais !!!
En pratique, je recueille le lait environ 3 ou 4 fois par semaine, mais certaines mamans font plus et d’autres, moins, il n’y a pas de trophée à la clé ! Ça me prend un quart d’heure à chaque fois. Les biberons stériles, les comprimés décontaminants et les étiquettes à compléter avec mon nom, la date du recueil et la quantité, sont fournis par Mme Lactarium.
Le biberon doit contenir un minimum de 50ml pour amortir le déplacement de Mme Lactarium et le traitement du produit par le lactarium ensuite.
Si je n’ai pas pu tirer autant que d’habitude ou si j’ai besoin de matériel, je préviens Mme Lactarium par téléphone.
Il faut savoir que ce lait sera ensuite éventuellement traité : selon le cas, il pourra être pasteurisé, lyophilisé, avant de rejoindre les services de néonatalogie qui passent commande (et ce, partout en France selon les sectorisations, y compris dans les DOM-TOM) où il est traité avec beaucoup d’égards, car précieux et en quantité insuffisante. Cet or blanc profitera aux nouveau-nés à l’extrême petitesse dont le système digestif immature ne saurait tolérer une préparation lactée commerciale, et dont la maman – pour diverses raisons, y compris complications dans le cadre de la naissance prématurée, blocage psychologique – ne peut assurer la lactation suffisante, du moins, dans l’immédiat, car elle sera encadrée et encouragée dans son allaitement autant que possible.
Il constitue une aide essentielle pour ces bébés qui, parfois ne dépassent même pas les 500g… (deux plaquettes de beurre… !!!!).
En France, ce lait, traité comme un médicament et, d’ailleurs, reconnu comme tel pour ces bébés (adapté à leur système digestif, leur assurant une meilleure immunité) est pris en charge par la Sécu puisqu’il est vendu par les lactariums (comme le sang l’est dans le cadre du don du sang), ce qui permet aux lactariums de se moderniser, d’entretenir les équipements, de payer les employés et d’assurer leurs déplacements aux domiciles des donneuses.
Le système est bien rôdé et manque seulement de matière première…
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Alex dit
Je donne mon lait depuis le premier mois de mon fils, et c’est mon premier enfant.
J’ai eu du mal avec l’allaitement au début, et parmi les nombreux problèmes, celui de l’engorgement s’est présenté dès la première montée de lait (qui a duré 3 jours, et je n’avais pas de tire-lait ! Vive le choux vert !). Je me suis vite aperçue que j’avais suffisamment de lait pour bien nourrir mon petit glouton, et j’ai rapidement pris contact avec le lactarium de l’Île-de-France.
Franchement, ils sont TOPS ! Tout est fait pour simplifier la vie de la maman : le matériel (biberons de recueil, étiquettes, pastilles de stérilisation…) m’a été envoyé rapidement à mon domicile. Entre-temps j’ai loué un tire-lait électrique. J’ai commencé à tirer un biberon / jour pour le lactarium dès que j’étais chez moi : pendant la tétée du matin, au lieu de laisser le 2ème sein dégorger partout, je recueillais le lait. Très facile et quel soulagement pour ma poitrine !!! Le lactarium vient rechercher le lait directement chez moi, lors d’un rendez-vous à ma convenance. Franchement c’est tellement simple, et tellement UTILE que je ne saurais trop recommander aux mamans n’ayant pas de souci avec l’allaitement de le faire ! Et quelle joie de recevoir, après votre premier don, la plaquette vous remerciant et vous expliquant à quoi sert votre lait : nourrir des petits prématurés de 1,5 kg… vous imaginez !!! Si fragiles et si dépendants. J’en ai vraiment pleuré (bon l’ocytocine a pas aidé à la gestion des émotions ;-P).
Franchement, faites-le. C’est important. A part la prise de sang, tout est fait pour vous faciliter la vie. Et c’est tellement gratifiant !
Stéph dit
Bonjour,
J’aurais aimé donner mon lait, mais impossible de le tirer, je n’ai jamais réussi à obtenir du lait avec un tire-lait… pourtant aucun problème d’allaitement (j’allaite depuis 16 mois). Auriez vous des conseils, pour plus tard, si on a un deuxième enfant ? Merci et bonne journée à toutes !
Pocah dit
Bonjour,
Comme cela figure dans mon témoignage, je n’ai pas pu me lancer dans une telle aventure dès mon 1er enfant, concentrée que j’étais d’assurer le nécessaire pour lui avant tout. Et certainement n’étais-je pas assez sûre de ma capacité à répondre à tous ses besoins à lui, en premier lieu…
Néanmoins, il y a d’autres facteurs comme la gestion de la lactation et l’usage du tire-lait en lui-même, qui ne sont pas si faciles à maîtriser, ce qui peut limiter l’extraction du lait, en vue d’un don.
Côté lactation:
avec la montée de lait et dans les deux-trois semaines qui suivent, l’engorgement était pour moi à son maximum, et la production, surabondante: expérience faite pour Bébé 3, je pouvais tirer 150ml d’un seul côté, juste pour me soulager…
Mais au bout de 6 semaines environ, cette production intense et, somme toute, anarchique, se calme: la production de lait journalière se cale sur la quantité de lait nécessaire les jours précédents, le bébé mangeant à sa fin et adaptant les quantités tétées à ses besoins. Les pics de croissance venant assurer une surstimulation pour que Bébé puisse avoir une plus grosse quantité de lait dorénavant.
Donc à 16 mois, ton corps produit sur le moment ce qu’il faut à ton bébé, je pense, et il t’est difficile d’obtenir un surplus…
Pour un prochain bébé, tu peux, peut-être tirer un peu, comme moi, dès la montée de lait, ne serait-ce que pour te soulager dans l’immédiat… ton corps intègrera cette « tétée supplémentaire » dans les besoins quotidiens… Mais il faut savoir que ça stimulera ta lactation…
Sinon, si ta lactation est déjà installée, rien n’est perdu, c’est juste plus fastidieux: il faut stimuler la lactation un peu plus (extraction manuelle ou au tire-lait plusieurs fois par jour, mettre un peu plus le bébé au sein…)
Côté tire-lait
Allaiter son bébé est une chose, tirer son lait en est une autre!!!!
Pour en avoir essayé plusieurs, le choix du tire-lait, c’est un peu comme celui du mari ou de la robe de mariée, il faut trouver le bon!!!!
Moi j’ai opté pour un tire-lait manuel A***t des plus basiques, d’occase qui plus est…
D’autres préfèreront des tire-lait électriques. Il en existe à double pompage. Tu peux les louer en pharmacie sur prescription médicale (je crois) ou te rapprocher d’une association de promotion de l’allaitement maternel qui en aura peut-être à prêter. Moi, je n’étais pas à l’aise avec: peut-être une impression d’être face à une trayeuse… Mais des copines les trouvent bien plus efficaces… Question de ressenti…
Cela peut prendre 5 à 10 min selon les femmes, avant que ne s’amorce le réflexe d’éjection au tire-lait (savez-vous le reconnaître, au cours de la tétée?). Avant sa survenue, le recueil peut sembler maigrichon. S’il tarde à venir, un conseil donné par une sage-femme: pincer (doucement hein) le téton (ça imite un peu la succion du bébé), le réflexe d’éjection devrait suivre peu de temps après…
Et puis mangez et buvez (de l’eau) à votre guise (bon, pas en faisant des orgies pour autant) pour avoir des réserves dans lesquelles le corps pourra puiser.
Enfin, je dirais: essayer de tirer votre lait à des moments différents de la journée pour trouver les horaires où c’est plus simple pour vous de tirer le lait (moi, je produis plus le matin, par exemple), et surtout, ménagez-vous une petite bulle au calme pour le faire… oui, oui, j’essaie de le faire avec trois enfants…
Si je peux vous aider, vous pouvez me contacter en mp (la Mariée en colère peut vous communiquer mon adresse mail). Bonne journée bravo pour votre long allaitement!!!!!
Stéph dit
Merci pour ta réponse !!
Lily dit
Quel super témoignage !
Et c’est tellement important…
J’ai accouché la semaine dernière à 33 semaines et mon bébé est en néonat. Le temps que ma montée de lait se fasse, il a reçu du lait spécial prématuré mais rien ne vaut le lait maternel…
Merci à toutes les mamans qui font don de leur lait pour nos petits bouts. C’est vraiment très généreux. J’espère pouvoir moi aussi le faire si j’ai assez de lait. 😊
Pocah dit
J’imagine que c’est plus compliqué encore avec un petit bébé préma qui nécessite plus de soins encore que les bébés nés à terme, donc votre généreux espoir est d’autant plus méritoire!!!!
Elisabeth dit
En 1991 ( mon Dieu, il y a si longtemps !!!) à la naissance de mon deuxième, j’ai pu moi aussi offrir du lait pour les prémas. J’en ai été très heureuse, et le bénéfice est tellement plus important que les contraintes ! Si vous le pouvez, foncez !!!
Pocah dit
Aujourd’hui, peut-être certains des bébés que votre lait a aidés sont maintenant mamans à leur tour et assurent le relais… Bravo…!
Pocah dit
Merci Lucie!!!
C’est déjà remarquable de vous projeter dans l’allaitement et dans le don de lait maternel avant même la naissance de votre premier enfant! J’espère que vous pourrez vivre pleinement toutes ces étapes et que votre coquillette pourra rester au chaud aussi longtemps que possible…
Vous êtes certainement très bien entourée dans votre grossesse sous surveillance, je vous souhaite d’être tout aussi entourée pour votre allaitement et pour l’arrivée de Bébé en général, car les débuts peuvent être difficiles, autant qu’ils sont source de bonheur…
Comme je l’ai écrit dans mon témoignage, le don de lait maternel est un beau geste qui me rend heureuse moi aussi. Il est vrai que notre quotidien se retrouve en ballotage à l’arrivée d’un enfant, qu’on se pose plein de questions notamment « suis-je à la hauteur??? » et que le la joie
d’aider d’autres bébés/d’autres familles, m’a ainsi mis du baume au cœur, a eu un effet lénifiant sur moi.
Lucie dit
Merci beaucoup 😊
Je dois avouer que la grossesse a complètement changé ma façon de penser concernant l’allaitement, c’est fou. Il y a quelques mois je disais encore à mon mari que je ne me voyais absolument pas allaiter, je trouvais ça dégoûtant 😅 J’etais persuadée que c’était forcément douloureux, qu’au bout de quelques mois le corps ne produisait plus de lait etc 😅 Il rigole bien quand il me voit aujourd’hui, passer des heures à lire sur le sujet pour être au point sur la théorie pour la naissance. Bon après la pratique ce sera autre chose haha, les débuts et même les suites ne sont pas toujours simples mais on ose croire que si on rencontre des soucis, entre notre généraliste pro-allaitement, les groupes de soutien et les consultantes IBCLC, LLL etc on pourra les résoudre 😊
C’est aussi grâce à des témoignages comme les vôtres qu’on se rend compte à quel point allaiter peut-être merveilleux. Ça donne confiance en sa capacité à le faire, parce que c’est vrai qu’on ne voit pas forcément beaucoup de femmes allaiter dans notre entourage donc pour ma part j’avais vraiment l’impression que c’était un truc complètement hors de portée. J’espere vraiment pouvoir être un jour aussi utile que vous pour tous ces petits prémas et leurs familles 😊
Pocah dit
Je comprends complètement que vous ayez pu avoir des impressions faussées à propos de l’allaitement!!! J’ai fait le même cheminement que vous… Il faut dire que notre société met une pression énorme sur les mamans allaitantes, tout en culpabilisant les mamans qui font le choix du biberon… Et, parallèlement, les seins sont sexualisés à outrance, occultant leur fonction naturelle…!!!
Bref, si à la naissance de votre princesse, vous avez des questions ou du découragement, tournez-vous vers les aides que vous avez déjà identifiées… et vous pouvez toujours m’envoyer un mp, peut-être que je pourrai aussi vous aider????
Lucie dit
Quel magnifique témoignage ! J’en ai la larmichette à l’oeil…
Je suis actuellement en menace d’accouchement prématuré, je débute le 7eme mois de grossesse. Notre petite coquillette peut arriver aussi bien demain que fin août comme initialement prévu. Elle sera allaitée et j’espère bien l’allaiter aussi longtemps que vous, voir pourquoi pas encore davantage 😊 J’ai commencé à me renseigner sur le don de lait maternel, je verrai en fonction de comment se déroule l’allaitement si je peux mettre en place le processus pour ce premier bébé 😊 Sinon pour un futur deuxième bébé, en tout cas c’est vraiment quelque chose que j’aimerai faire.
Merci pour ce joli témoignage, tout est très clair et très bien expliqué, ça donne vraiment confiance pour se lancer !!! Félicitations à vous, c’est vraiment génial ce que vous faites <3