Depuis ce jour où j’ai accouché et où je suis devenue maman, ma vie a changé. Ce n’est pas une grande nouvelle, jusqu’ici on se doutait bien qu’avec un bébé tout était un peu chamboulé. Mais aujourd’hui j’ai envie de vous parler d’une claque que je me suis prise, de quelque chose en moi que je ne soupçonnais pas d’exister et qui est arrivé avec la maternité : l’instinct maternel.
Quand j’avais fait l’article « tu comprendras quand tu seras maman« , certaines n’avaient pas saisi ce que je voulais dire, et pour moi, l’instinct maternel fait partie de ce package plus ou moins déstabilisant (selon les femmes, on est toutes différentes) et que l’on reçoit à la naissance de notre enfant. Je vais vous le dire, si pour certaines cet instinct est quelque chose de bon et de porteur, cela peut-être aussi une énorme source d’angoisse pour d’autres, et je pense que c’est ce qui m’est arrivé est m’a entraîné pendant de longues semaines dans l’enfer de la dépression post-partum.
Non, avant de de tomber enceinte et surtout d’accoucher, je ne m’attendais pas à ressentir un tel niveau de responsabilité et d’implication vis à vis de quelqu’un d’autre. Mademoiselle Loulou, je l’avais désirée, pendant 3 ans, mais maintenant qu’elle était là, dans mes bras à pleurer sans que je puisse l’apaiser, je me suis sentie totalement abasourdie par ce qui était en train d’arriver. Pour toutes les autres choses de la vie j’aurais été capable de prendre du recul, de me poser, de réfléchir, de reprendre mon souffle, mais là, c’était juste impossible.
Je me sentais tellement connectée à mon bébé que chacune de ses souffrances était aussi la mienne. Ses pleurs me déchiraient le coeur (note pour celles qui prennent l’histoire en cours de route, Mademoiselle Loulou était un bébé RGO diagnostiqué très tard car c’était un reflux interne qu’aucun pédiatre n’avait vu avant que son reflux ne lui brûle l’œsophage et qu’on ne termine aux urgences), je me sentais totalement impuissante et désemparée… et surtout je l’aimais tellement qu’il m’était impossible de la laisser pleurer sans être à ses côtés. C’était comme si mon instinct me dictait que j’étais la seule à pouvoir y faire quelque chose. Je le sentais dans mes tripes, dans toute mon âme. C’est mon bébé, on était connectées.
Alors bien sûr, avec le temps les choses se sont calmées, elle n’a plus aucun soucis de santé, mais ce qui est certain c’est que cette connexion est, même deux ans plus tard toujours aussi intense. Lorsque j’ai mes règles et que je suis énervée, elle l’est aussi, quand je suis zen et cool, elle aussi. On perçoit chacune de noter côté les énergies de l’autres et pour moi ça va même plus loin.
Je vais vous raconter ce qu’il nous est arrivé il y a à peu près un an.
J’étais en pleine séance de Reïki quand j’ai du tout stopper. La personne qui me prodiguait les soins me demande ce qui se passe, je n’arrive pas à lui donner d’explication précise bien évidemment. Je sens un danger, je me mets à pleurer à gros sanglots, limite à paniquer. C’est incontrôlable, inexplicable, impossible de me raisonner, je le sens dans tout mon corps : il y a un danger, une alarme s’est déclenchée dans ma tête, il faut que je regarde mon portable pour être certaine que je n’ai pas un appel de la nounou (mon portable était sur silencieux). Je prends mon portable mais rien, pas d’appel, j’hésite à lui envoyer un message mais je me dis que je vais passer pour une folle, alors je me ravise.
Pas de nouvelle, bonne nouvelle.
La journée se passe, j’arrive à me calmer. le soir, c’est mon mari qui va chercher Mademoiselle Loulou. Il ne sait bien évidemment pas ce qui s’est passé pour moi aujourd’hui et en revenant, alors que je sers ma Mademoiselle Loulou dans les bras il me dit : « c’était dingue, en arrivant dans la rue chez la nounou il y avait plein de fumée, on y voyait à peine ! Il y a un immeuble au bout de sa rue qui était en train de brûler, ils ont même évacué certaines maisons« .
Vous imaginez, je me suis effondrée en sanglots. Mon instinct maternel avait donc été encore plus fort que la simple connexion avec ma Loulou puisqu’elle n’avait bien entendu pas conscience de ce danger qui rôdait. Moi par contre, à plusieurs kilomètres je l’avais senti.
Oui, une histoire incroyable qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Personnellement, je pense que la naissance d’un enfant peut développer chez certaines mamans un instinct plus qu’aiguisé par rapport à tout ce qui peut le toucher. Et si cela peut aller dans le bon sens, cela peut être aussi source de beaucoup d’angoisses car des fois il est compliqué de faire la différence entre ce que l’on ressent et la peur que l’on a pour son bébé. Pour ma part j’ai encore beaucoup de mal à faire la différence des fois. Je me prends des coups de stress en me disant « et si, et si, et si…« , tout en essayant de me raisonner, en me disant qu’il ne faut pas que je pense toujours au pire, que c’est une enfant en bonne santé et que c’est le plus important.
Mais cet instinct maternel me pousse aussi des fois à faire plus attention à moi. Comme si j’étais la seule à pouvoir m »occuper de mon enfant, alors que bien sûr mon chéri est un super papa qui fait ça très bien, mais s’il m’arrivait quelque chose : comment ça se passerai pour mon bébé ?
Tous les soirs depuis que Mademoiselle Loulou est née (deux ans et demi maintenant), je me glisse dans sa chambre avant de me coucher. Pendant qu’elle dort, je lui dis combien je l’aime et combien je suis heureuse d’être là pour elle. Je prends sa petite main, je renifle son odeur. Cet enfant a fait partie de moi physiquement pendant 9 mois, de manière totalement fusionnelle, et mon instinct de maman me dit que c’est encore loin d’être terminé…
Et vous, avez vous aussi cette impression avec votre bébé ? Avez-vous vécu des choses incroyables ?
Celine Behal dit
Je ressens exactement la même chose !! Notamment l’instinct de protection au point de me dire que je dois prendre soin de moi pour pas que mes enfants aient à surmonter mon absence !
Quand ils ont mal j’ai mal aussi.
La seule personne à qui je fais confiance comme à moi c’est ma mère parce qu’elle a le même instinct de protection.
Mes enfants sont bien sur très bien avec leur père ou à la crèche mais avec ma mère je sais qu’elle pense aux mêmes choses que moi.
Avec l’arrivée du 2e enfant l’anxiété s’apaise en tout cas pour moi. Mais je me reconnais dans tous vos propos !!
Brevet dit
C’est beau comme témoignage. Je ne ressens pas ce lien si fort comme vous le décrivez, mais l’instinct maternel est quand même réel et pas juste des mots. 2 ans que jai attendu ma fille, aujourd’hui elle a 11 mois, je suis incapable ou presque de faire confiance 100% au personne qui peuvent la garder ( sans compter à son papa qui est génial) meme quelques heures ( sauf la nounou et ma maman) je suis protectrice et je ne changerai pas tant que je n’ai pas le besoin et l’envie … c’est peut être égoïste mais il y a ce truc, le lien elle et moi qui est indescriptible…
Aude L dit
Bonjour
Je n’ai pas d’histoire incroyable à raconter mais je comprends très bien la notion d’angoisse. Les inquiétudes face à tous les dangers potentiels, et même les moins probables, sont la pire facette de la maternité. Il m’arrive d’avoir des bouffées d’angoisse en imaginant ma fille tomber d’un pont ou se faire enlever sous mes yeux alors même que nous sommes tranquillou dans le salon ! Cela n’a pas de sens et est difficile à contrôler. Et cela, non je ne m’y attendais pas avant d’être mère !
Bonne journée
Aude L
Chloé dit
Aller veiller mon bébé quelques instants tous les soirs, c’est mon rituel « nuit tranquille » 🙂 ce soir je me suis attardée à regarder son petit bras qui serrait fort son doudou… Qu’il est fort ce lien qui unit les parents à leur enfant…
oscarette dit
Un jour on avait rdv avec ma mère et j’étais en train de la rejoindre, j’ai traversé la rue au moment où une ambulance a foncé sur moi et m’a frolé! J’ai eu très peur! Je retrouve ma mère après 5 mn de marche qui me dit paniquée (ce qui n’arrive jamais), « j’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose de très grave, j’ai eu très très peur il y a quelques minutes » et je lui raconte. On était choquées toutes les 2!
Nathalie dit
A la maternité (naissance par césarienne en urgence), l’infirmière et l’aide-soignante viennent pour mes soins. Mon fils dort tranquillement dans son berceau, éloigné de mon lit. Elles appuient fortement sur mon ventre (mesure normale pour contrôler que le sang s’évacue bien). Cette manipulation est extrêmement douloureuse et je retiens ma douleur. Pas mon fils. Lui qui dormait paisiblement, il se met à hurler exactement au même moment ! Elles ont arrêtées d’appuyer, lui a arrêté d’hurler. On était toutes scotchées !