Isabelle Doumenc est journaliste mais aussi naturopathe. Suite au témoignage de Moonmum sur les soins anti-vergetures bourrés de perturbateurs endocriniens, elle m’a envoyé son livre sur le sujet. Un cahier très pratique qui permet d’identifier et d’éviter les perturbateurs endocriniens, que l’on soit jeune maman (pour vous et bébé), que l’on soit enceinte, que l’on programme de l’être… ou pas ! ce livre est adapté à tous car il concerne la vie de tous les jours.
J’ai donc proposé à Isabelle de nous faire un petit topo sur le sujet.
10 astuces pour protéger bébé des perturbateurs endocriniens
Omniprésents dans notre quotidien, ces polluants ont un impact sur la santé de nos enfants. Bisphénol A, phtalate, pesticide, parabène, brome, mercure, PCB, derrière ces noms dont vous avez surement entendus parler, se cachent des molécules qui nous polluent de façon invisible à travers l’alimentation, les produits cosmétiques, les vêtements, la literie pour enfants, ou encore les jouets.
Pour limiter au maximum leurs impacts sur la santé de vos enfants, il faut s’en protéger pendant la grossesse et pendant les jeunes années du bébé. Voici quelques astuces pour y parvenir.
Des biberons en verre
Désolée pour les jolis marketing des biberons en plastiques, mais mieux vaut les éviter, y compris ceux qui comportent l’étiquette à première vue rassurante, « sans bisphénol A ». Cette molécule, interdite depuis 2011 pour ses effets de perturbation endocrinienne, a été remplacée dans la fabrication du plastique des biberons, par d’autres bisphénols, S ou F. Ces bisphénols sont autorisés, certes, mais au vu des premières études scientifiques, ils s’avèrent tout aussi nocifs pour la santé hormonale. N’attendez pas qu’ils soient à leur tour interdits – cela pourrait prendre plusieurs années – et utilisez des biberons en verre, un matériau inerte qui préserve des risques de migration de molécules polluantes dans le lait.
De l’eau en bouteille
Prenez de l’eau en bouteille, de source ou minérale, pour faire les biberons et pour boire, durant tout le projet de conception puis pendant la grossesse. Certes c’est peu écolo, peu pratique quand on fait les courses (pensez à la livraison) et cela alourdit la facture. Mais c’est aujourd’hui la solution la plus sûre. La pollution des perturbateurs endocriniens est récente et n’est pas encore prise en compte dans l’assainissement de l’eau du réseau. Les associations de santé environnementale, comme RES et générations futures militent en ce sens. On espère que cela évolue positivement dans les années à venir mais d’ici là, la consommation d’eau en bouteille reste la meilleure solution pendant ces périodes à risque.
Évitez les pesticides
L’agriculture conventionnelle utilise des pesticides et des engrais dont certains ont une action de perturbation sur nos hormones. Pour s’en préserver, mieux vaut consommer des produits de l’agriculture biologique. Les labels officiels français ou européen (celui avec les étoiles en forme de feuille) vous assurent du bio à 100% sur les matières brutes, mais pas sur les produits transformés (type plats préparés, sauces, ou soupes) ou 5% peut être non bio. En revanche d’autres labels sont encore plus protecteurs comme « Nature et Découverte », « Demeter » ou « Bio Cohérence ».
Du poisson une fois par semaine
Dès le projet de bébé, et surtout si vous êtes déjà enceinte, consommez du poisson une fois par semaine, pas plus, et variez les espèces. Vous éviterez ainsi d’accumuler trop de métaux lourds et de PCB, polluants stockés dans la chair des poissons et qui entravent le bon fonctionnement de la thyroïde. Cette glande hormonale, située à la base du cou, est garante du bon développement cérébral du bébé dès les premiers jours de la grossesse. Pour compenser la diminution de consommation des poissons et conserver un apport de protéines suffisant, pensez aux légumineuses, lentilles, fèves, pois chiche, haricots rouges ou blanc, par exemple.
Prenez des omégas 3
Vous allez consommer moins de poissons, mais bébé a aussi besoin des omégas 3 contenus dans les poissons gras, pour un bon développement neurologique. Comment faire ? Prenez quotidiennement 1 cuillère à soupe d’une des huiles végétales biologiques qui en contiennent aussi : huile de colza, noix, noisette, cameline, lin. Et complétez avec une supplémentation en omégas 3, extraits des poissons, mais dépollués. Le label EPAX® s’engage à vous assurer cette qualité. Vérifiez que le complément que vous choisirez possède ce label. N’hésitez pas à vous adresser au labo qui le fabrique, les services consommateurs sont habilités à répondre à ce genre de questions.
L’occasion a du bon
Les vêtements contiennent des molécules appelées retardateurs de flamme, dont l’objectif est de limiter les risques d’incendie. Ces retardateurs de flamme contiennent souvent du brome, élément qui entrave lui aussi le bon fonctionnement de la thyroïde. Ces molécules ne restent pas fixées sur leur support. Elle se diffusent dans l’air ou partent progressivement au lavage. En choisissant des vêtements d’occasion pour votre bébé, vous lui évitez de respirer ces polluants. Les bébés mâchouillent aussi beaucoup les tissus ou les doudous. C’est une autre source de pollution pour eux. Lavez les vêtements propres ou les peluches que l’on pourrait vous offrir. Au moins 3 lavages avant de le donner à votre enfant.
A-É-R-E-Z vos intérieurs
Le conseil peut vous paraître ridicule, mais il est le seul qui nous protège de l’émanation des particules qui s’accumulent dans l’air intérieur. Certaines ont une action de perturbation endocrinienne : les retardateurs de flamme qui sont incorporés dans les tissus comme les canapés, les rideaux, mais aussi dans les ordinateurs et les télévisions par exemple ; le triclosan, un anti bactérien présent dans des produits ménagers ; les phtalates qui émanent des rideaux de douche ou des nappes en toile cirée, ou encore les bougies même bio dont les émanations vont alimenter ces particules fines qui polluent nos organismes par le biais de la respiration. Les plantes dépolluantes ne sont pas une solution, certaines ont montré une efficacité en labo, mais chez nous il en faudrait tellement, qu’à moins de vivre dans une serre, elles ne pourraient pas dépolluer l’air intérieur. On en revient donc au conseil de bon sens, aérez 2 fois par jour, même en plein hiver, 10 à 15 minutes à chaque fois. Et si vous habitez en zone rurale, déchaussez-vous à l’entrée, afin de ne pas apporter de résidus de pesticides dans vos intérieurs.
Les cosmétiques avec parcimonie
Faites le tri dans vos produits de beauté et dans ceux que vous utilisez pour bébé. Ce que nous mettons sur la peau ou inhalons (parfum, spray) a un impact sur notre organisme. Les labels bio sont dépourvus de perturbateurs endocriniens, mais d’autres marques ont commencé à modifier leurs compositions. L’application « quelcosmetic », crée par l’UFC Que choisir, organisme de défense du consommateur, vous permet de scanner le code barre et de vérifier ainsi vos produits et de vous aider à en choisir d’autres en toute sécurité.
La force du collectif
Vous avez fait beaucoup d’efforts pour modifier vos habitudes chez vous, mais votre bébé va en crèche. Cela peut être démoralisant de se dire que tous vos efforts sont vains. Pas du tout, en tant que parent vous pouvez aussi avoir un impact sur les pratiques en collectivité. Les crèches dépendent pour la plupart des municipalités, ou parfois d’employeurs. Créez un collectif de parents pour faire bouger les lignes. Inspirez-vous de la crèche zéro perturbateurs endocriniens de la ville de Limoges. En 2 ans, ils sont parvenus à modifier tous les usages, des produits d’entretien au choix des jouets, en passant par la formation du personnel et des parents. Une initiative qui a été inspirée par la municipalité elle-même, dont nombre de collectivités pourraient s’inspirer.
Chouchoutez votre foie
Le foie est un organe anti-pollution exceptionnel. Il filtre tout notre sang circulant et neutralise certains polluants. Si vous avez un projet de conception, faites une cure de nettoyage quelques mois avant de tomber enceinte. Selon votre terrain, vous pourrez utiliser des plantes comme le curcuma, le chardon marie, le pissenlit, l’aubier du tilleul ou encore l’artichaut. Allez voir un naturopathe pour le faire en toute sécurité, ce sera aussi l’occasion de réorganiser votre alimentation et de vérifier les apports de micro nutriments en vue du projet de bébé. En revanche si vous êtes déjà enceinte, vous ne devez surtout pas vous détoxifier en prenant des plantes de façon trop importantes. Car c’est le fœtus qui récupèrerait ces polluants. Enceinte, le soutien du foie passe par une alimentation adaptée (limitez le sucre, attention aux yaourts aromatisés ou aux fruits, véritables bombes de sucre) et par des apports de tisanes de romarin, pissenlit, fenouil ou mélisse que vous pouvez alterner et qui soutiendront votre système digestif, tout en douceur.
Référence du livre
« J’évacue les perturbateurs endocriniens, c’est parti ! » ed Jouvence, oct 2018, 6,90€
Loi dit
Article intéressant. Toutefois, je trouve étonnant qu’on conseille de boire de l’eau en bouteille plastique (!!) alors que le plastique de ces mêmes bouteilles est connu pour contenir et diffuser dans l’eau des perturbateurs endocriniens. Sans parler de l’impact écologique de cette consommation de bouteilles !
Irma dit
Il me semble que le label en question est nature et progrès et non pas nature et découverte !
Merci pour cet article
Stéphanie dit
Merci pour cet article, mais j’avoue aussi ne pas comprendre le point sur l’eau en bouteille plutôt que du robinet ? Un filtre n’est il pas plus adapté pour lutter contre les perturbateurs endocriniens ?
Vidil dit
Je travaille dans le secteur et ce conseil me laisse vraiment perplexe.
Si les perturbateurs ne sont pas évalués sur l’eau du réseau, ils ne le seront pas sur l’eau embouteillée qui en plus contient des résidus de plastique. Surtout que les plastiques de bouteilles contiennent des perturbateurs. Les bpa ont été remplacé par quoi dans les plastiques à votre avis ?
C’est un non sens, on se plaind des perturbateurs dans tous nos produits de consommations et on incite les gens à consommer toujours plus de plastique !
Cette auteur aurait dû réfléchir et prendre du recul avant d’écrire cela !
Élise dit
Ca part d’une bonne intention, mais ça n’a aucun sens de privilégier les biberons en verre si on ne boit que de l’eau en bouteille… À moins bien sûr d’acheter uniquement de l’eau dans des bouteilles en verre. Aux États Unis, on conseille justement de ne pas boire trop d’eau ou de boissons contenues en bouteille plastique étant enceinte, afin d’éviter les résidus qui passent du plastique à l’eau. Un filtre brita ou à osmose inverse est plus indiqué pour éviter les perturbateurs endocriniens.
Vidil dit
Totalement d’accord.
Ce livre va influencer pleins de gens remplis de bonnes intentions mais en fait ça sera pire !
Les personnels de santé vous ont donné de bons conseils.
Si les pédiatres ont tant de temps conseillé l’eau en bouteille c’est parce que Evian faisait du lobbying auprès de ces spécialistes. Qui ne l’était pas pour la question de l’eau donc on fait confiance…
C’est un très mauvais conseil pour l’humain et la planète
Passa dit
Oh merci pour cette article car je suis stressée par tout ça merci pour vos conseils et je vais sûrement acheter le livre