Il est vrai que pour tout ce qui est récits d’accouchements, c’est souvent tout l’un ou tout l’autre : soit tout s’est hyper bien passé (« comme une lettre à la poste »), soit la jeune maman nous explique en détails le nombre de fois où elle a failli mourir pendant la mise au monde de son enfant. S. souhaite nous parler de son accouchement « normal ». Voici son témoignage.
{Témoignage} Un accouchement « normal »
Bonjour à toutes et à tous,
Je m’appelle S. je suis maman depuis 3 mois d’une petite merveille et si je viens témoigner aujourd’hui, c’est parce qu’on trouve beaucoup de récits d’accouchement complètement catastrophiques, quelques uns totalement idylliques, mais rarement entre les deux…
Ma grossesse n’a pas été cauchemardesque, mais elle a été loin d’être parfaite : des douleurs ligamentaires pendant 5 mois (je ne pouvais presque plus marcher sur la fin), de la rétention d’eau à gogo (j’ai perdu toute sensation dans plusieurs doigts) et pompom sur la Garonne, un urticaire sur tout le corps qui m’a pourri mon dernier mois de grossesse.
Autant vous dire que j’attendais l’accouchement avec impatience !
Le jour du terme, je me réveille à 6h avec des contractions, mais je ne m’emballe pas, des contractions j’en ai depuis longtemps et je me suis fait plus d’une fausse joie.
Je me lève, fais ma vie, mais vers 9h je commence à fatiguer… Je vais m’allonger. Mes contractions sont espacées de 7 minutes et bien douloureuses, pourtant j’arrive à somnoler entre chacune d’elles.
Vers 10h je ne tiens plus, je préviens le papa, je prends du spasfon et une bonne douche chaude, mais rien n’y fait, je crois que c’est bien le jour J !
Le papa rentre du travail vers midi et heureusement car les contractions augmentent en intensité. Je suis sur le ballon, lui derrière moi, nous regardons une série sur Netflix. A chaque contraction, je prends appui sur lui et pousse avec mes bras de toutes mes forces. Aucune idée du pourquoi, mais c’est ma seule façon de gérer la douleur.
Vers 15h30 les contractions sont espacées de 3 min et extrêmement douloureuses : je demande au papa d’appeler la maternité pour savoir si on a leur feu vert pour venir. Ils lui posent quelques questions et demandent à me parler : « Vue votre respiration, vous pouvez venir. » YES !
Arrivée à la maternité vers 16h30, contrôle du col et la énorme coup de massue, je ne suis ouverte qu’à 1cm comme depuis 1 mois et demi…
10 heures de contractions et de douleur pour RIEN !
La sage-femme nous dit d’aller marcher pour faire bouger les choses et de revenir dans 2h. Si le col a bougé, elle nous garde, sinon on rentre à la maison. Hors de question, alors de 17h à 19h je marche tout autour de l’hôpital et de la maternité. Je ne m’arrête que pour gérer les contractions, toujours en poussant de toutes mes forces sur le papa.
19h, deuxième contrôle : je suis ouverte à 2 petits doigts ! On nous garde ! Nous pleurons de joie, nous allons enfin rencontrer notre bébé, notre petite princesse !
C’est reparti pour plusieurs heures de marche et de ballon, je suis déterminée, je veux faire avancer le travail et je veux faire descendre mon bébé.
On me demande de faire un monito qui s’éternise car ils n’arrivent pas à capter le cœur de bébé. Allongée, je suis incapable de gérer la douleur, je me laisse submerger et au bout de 45 minutes je leur demande d’arrêter. Mon choix est respecté.
Nouvel examen du col : toujours ouverte à 2… La sage-femme me propose de prendre un bain, mais commence à me parler de la péridurale car le travail ne commence pas et qu’il va falloir faire accélérer les choses.
Je me dis que je peux encore tenir, que je veux me débrouiller seule pour faire naître mon bébé alors j’accepte le bain.
Ça n’aide pas, l’eau est tiède, à peine chaude. De nouveau je n’arrive plus à gérer alors je sors. Il est 00h30 et la douleur est proche de l’insupportable, je n’en peux plus, je suis épuisée, j’ai de plus en plus de mal à rester dans ma bulle et à gérer. Je demande la péridurale.
Vers 1h l’anesthésiste arrive, il est adorable et les sages-femmes qui l’assistent aussi. Elles me coachent, me rassurent, m’encouragent, me félicitent. J’appréhende, mais tout se passe très bien. Très vite je sens déjà un mieux et finalement je n’ai plus mal du tout !
La péridurale c’est magique !
Il est 1h25 à l’horloge en face de moi, ça fait plus de 19 heures
que le travail a commencé. Après ça j’ai perdu toute notion du temps…
Après la pose de la péri, la sage femme décide de me percer la poche des eaux puis, plus tard, de me faire passer des hormones par la perfusion pour accélérer le travail. Mais rien n’y fait. A chaque contrôle mon col n’a quasiment pas bougé.
Plus le temps passe, plus la fatigue s’installe et plus j’ai l’impression de ne plus être là, à chaque fois je les entends de loin sans vraiment écouter.
Vers 6-7h du matin la sage-femme demande l’avis de la gynécologue qui vient m’examiner. Soudain le mot est lâché : on me parle d’une césarienne car je ne suis ouverte qu’à 3 petits centimètres après 24h de travail et surtout le cœur de notre petite fille ne supporte plus très bien ces contractions, il va falloir prendre une décision. Je dis à la gynécologue qu’il n’y a pas de soucis et que la seule chose que je veux absolument c’est que papa soit présent, peu importe les circonstances.
Elle va se renseigner et revient me dire que c’est d’accord, papa pourra être présent, peu importe l’urgence. Je suis soulagée.
Finalement vers, 8h – 8h30 la décision est prise, notre chouquette naîtra par césarienne. Son état n’empire pas, mais on ne peut plus attendre et de toute façon mon col ne s’ouvre toujours pas. Je vois que papa s’inquiète, mais moi je suis sereine, notre petite fille va enfin arriver et je vais être délivrée ! Pendant ma grossesse, je m’étais forcée à ne surtout pas me faire de film sur l’accouchement parfait. Je me suis préparée à toutes les éventualités pour ne pas être déçue ou paniquée. Peut-être un pressentiment… Je le rassure et il se détend vite en voyant que j’accueille aussi bien la nouvelle.
On nous demande le prénom de notre puce pour préparer le bracelet de naissance et les papiers. Nous répondons en cœur » G. « , son petit prénom est officialisé pour la première fois.
Tout se passe très vite ensuite, on fait sortir papa, on m’emmène au bloc, on me prépare sur la table.
La, je fais moins la maligne et je tremble comme une feuille, j’ai autant froid que peur. L’équipe est tout simplement formidable, ils font tout pour me réchauffer et pour me rassurer. Ils plaisantent sur mon vernis à ongle sur les doigts de pieds pour me détendre. L’anesthésiste m’explique tout et m’encourage, il reste près de moi. Il est juste génial.
Enfin papa revient, avec sa charlotte et son masque, je ne vois que ses yeux remplis de larmes quand il se penche au dessus de moi et je sens l’émotion me submerger. Il pose ses mains sur mes joues, me rassure et je me blottie contre sa peau.
On y est presque, notre bébé arrive !
Je sens qu’on me secoue derrière le champs stérile, mais je n’ai pas mal. Au bout de quelques secondes je sens comme un vide immense dans mon ventre et on entend enfin son premier cris ! J’entends aussi « c’est bien une petite fille ! » (me voilà rassurée car pendant une écho de contrôle, ma sage-femme a eu un doute qui s’est insinué dans mon esprit jusqu’au dernier moment de ma grossesse). On ne retient plus nos larmes, papa me serre contre lui, je sens ses sanglots me secouer. On nous l’amène, elle est magnifique, le visage tout propre, tout doux, elle ne pleure déjà plus et nous fixe avec ses grands yeux noirs. On la pose contre ma joue et je l’embrasse autant que je peux.
Elle est vraiment parfaite. On me dit qu’ils doivent l’emmener avec le papa et les larmes continuent de couler, c’est tellement dur de les voir partir. Je lui dis mille fois que je l’aime, je lui demande de prendre soin de notre fille et de lui dire que sa maman l’aime fort elle aussi.
Je suis recousue et emmenée en salle de réveil. Pendant 2 heures je reste sous surveillance et là encore le personnel est adorable malgré les manipulations très douloureuses qu’engendre une césarienne.
Une sage femme vient me donner des nouvelles, G. va très bien, elle pèse 3kg995 et elle mesure 52cm. Normal qu’elle ne soit pas passé dans mon bassin ! Elle me dit qu’elle est en peau à peau avec son papa, je lui demande de prendre des photos.
Malheureusement il n’y a pas de chambre disponible pour l’instant, je dois attendre 1 heure de plus. Mais surprise, le personnel est disponible et on m’emmène ma fille en salle de réveil ! Quelques instants inoubliables de peau à peau s’offrent à nous…
Pendant tout le reste du séjour, le personnel, sans exception, a été d’une gentillesse hors du commun. Nous avons été aidés, rassurés, suivis de près… Le rêve pour un séjour à la maternité. A tel point que j’ai eu une pointe d’angoisse au moment de quitter ce petit cocon où nous étions si bien entourés, en sécurité…
Voilà j’espère que ce récit rassurera certaines futures maman : pour votre accouchement, même si les choses ne se passent pas comme vous l’avez imaginé, cela peut rester un merveilleux moment…
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
melizz24 dit
Trés beau témoignagne, idem que plus haut, j’ai l’impression de revivre mon accouchement. Pas l’accouchement rêvé, et pourtant le meilleur accouchement du monde.
S. dit
Avec plaisir, merci de m’avoir lue !
Morgane dit
Wow j’ai l’impression de lire mon accouchement a quelques détails près. Il a été déclenché 3 semaines avant parce que bébé est costaud. Même poids et taille que le votre. Après 3 jours de contractions, on m’annonce que le col n’est toujours pas dilaté mais surtout que bébé est remonté donc césarienne. Le papa vient avec moi, ça rassure.
1er cri, un tsunami d’émotions. Tellement fort que je comprends enfin que je suis maman. Jusque là, je n’avais pas réalisé. Ma grossesse s’est passé tellement facilement.
Trop d’émotions, je fais une crise de spasmopholie. Pas eu le temps de faire un peau à peau, je n’ai reçu mon fils que 2h plus tard.
Déjà 14 mois et pourtant l’émotion est toujours aussi forte.
Belle continuation à vous 3!
S. dit
Un tsunamis d’émotions comme vous dite ! Et pareil, j’ai les larmes aux yeux à chaque fois que j’y repense !
Merci, à vous aussi 🙂
Marie dit
Simplement Merci pour ce beau témoignage !