Cela fait longtemps que je ne vous avais pas fait une ode aux sage-femmes. Et comme j’ai vu la mienne il y a quelques jours pour mon suivi gynéco annuel et qu’encore une fois j’ai été émerveillée par sa douceur ainsi que sa bienveillance, j’avais envie que l’on reparle de ces petits anges qui veillent sur toutes les femmes. Et pas que pendant la grossesse.
Je dois l’avouer, je ne connaissais pas du tout cette profession avant de tomber enceinte. Mais je fais maintenant partie de ces partisanes qui prônent le suivi gynécologique « normal » (même en dehors de la grossesse) par les sage-femmes. Et j’y convertis toutes les femmes de mon entourage !
Ça a commencé lors de ma grossesse, alors que ma gynécologue brusque, mal-aimable et expéditive me disait qu’une sage-femme ne pouvait pas suivre une femme enceinte, parce qu’elle n’était pas assez compétente pour cela. J’ai cette fâcheuse tendance à toujours vérifier les informations. Grand bien m’en fasse, cette gygy menteuse ne m’a jamais revue. Et j’ai découvert un tout autre univers. Celui de la bienveillance, celui de l’attention, celui de la douceur…
et surtout celui du consentement…
« Je peux vous examiner ? » m’a dit ma première sage-femme. Je n’avais jamais pensé au fait que l’on puisse donner un consentement pour se faire inspecter l’entre-jambe. Mais pourtant, qu’est ce que c’est logique ! Depuis quand un-e docteur-e aurait-iel (ouais j’emploie le « iel » pour remplacer le « il ou elle » sinon c’est trop lourd) le droit de nous fourrer les doigts dans l’intimité sans nous prévenir ? Les sage-femmes ont une autre approche de cet examen qui peut se révéler fort désagréable. Cela lui donne une toute autre dimension. Puisque l’on a donné notre consentement, on est dans l’accompagnement.
Et après ce premier examen du col de l’utérus (c’était vers le troisième mois de grossesse je crois), je me suis mise à pleurer. La sage-femme a eu peur elle m’a dit « je vous ai fait mal« . Ben non, justement. C’était la première fois qu’un examen gynéco n’était pas douloureux. J’étais sous le choc.
Ce sont des sage-femmes qui ont suivi toute ma grossesse
Pendant 9 mois elles ont été là, à mes côtés, moi la future maman souvent perdue. Elles m’ont rassurée, elles m’ont épaulée, elles m’ont préparées à ce qui allait se passer. Elles ont veillé sur ma santé, celle de mon bébé, sans que je n’ai jamais aucun recours à quelqu’un d’autre du corps médical.
Et pour l’accouchement c’est pareil.
Ce sont elles qui m’ont admises à l’hôpital, elles seules qui m’ont accouché (pas besoin de gynéco), ce sont elles qui ont accueilli mon bébé quand elle venue au monde, elles qui lui ont coupé le cordon (enroulé autour de son cou), ce sont elles qui avec bienveillance m’ont recousu les quelques points dont j’avais besoin et m’ont donné tous les soins nécessaires, ce sont elles que j’ai appelé en pleine nuit quand je ne savais plus quoi faire avec mon bébé, ce sont elles qui sont venues voir si la cicatrisation se passait bien, ce sont elles qui sont venues m’annoncer que le don du sang du cordon était très bon, ce sont elles à qui j’ai posé toutes les questions…
Rendez-vous post-natal : encore les sage-femmes
Montées de lait, rééducation du périnée, dépression post-partum, une fois de plus ce sont les sage-femmes qui ont tout géré. Elles ont vérifié que bébé grandissait bien, sont venues le peser, me rassurer… Oui le pédiatre de temps en temps, mais elles en première ligne, tout le temps. Si elles ne savent ou peuvent pas elles réorientent mais elles sont la première approche.
Alors même si ensuite je n’avais plus besoin d’elles pour la partie maternité, il m’a paru évident de continuer à aller les consulter pour le suivi gynécologique classique et puis pour tous les petits tracas du quotidien. Une cystite, une mycose, « bougez pas, je vous envoie une ordonnance« . Un 31 décembre à 18h. Merci pour votre disponibilité.
Et puis un jour un drame personnel et encore une fois, c’est vers elles que je me suis tournée. Je fais quoi ? je vais voir qui ? « Stressez pas, on est là, voici le protocole« . Je ne saurai jamais comment les remercier.
IVG, maternité, suivi gynéco : les sage-femmes sont les anges protecteurs de la féminité
Certaines sage-femmes pratiquent les IVG (et non sans risque car cela a beau être autorisé dans notre pays, elles sont extrêmement nombreuses à recevoir les menaces de groupes anti-IVG très virulents). Sachez-le, il n’y a pas forcément besoin d’aller au planning familial ou d’attendre plusieurs semaines pour avoir une rendez-vous dans un hôpital. L’IVG est un tout autre sujet, mais il est important de le savoir : certaines d’entre elles sont formées pour pouvoir faire les IVG médicamenteuses.
Lors de notre dernier rendez-vous, j’ai abordé beaucoup de sujets différents avec ma sage-femme.
Parce que le blog se tourne maintenant vers la féminité dans sa globalité et qu’elle est très bien placée pour que l’on puisse échanger. On a donc parlé IVG, mais aussi viol conjugal, sous couvert de « devoir conjugal », cet acte auquel s’obligent de nombreuses femmes parce qu’elles pensent que c’est leur rôle, et puis violences conjugales. Toutes les femmes qui rentrent dans son cabinet et s’écroulent quand elle leur demande si elles ont déjà subi des violences physiques ou verbales. Non, il n’y a pas que des jeunes mamans fatiguées ou des futures mamans shootées aux hormones dans les bureaux des Sages-femmes, il y a toute sorte de femmes, et parfois des oubliées de la société, qui n’ont pas d’autres oreilles pour parler.
Puis on a discuté cup et culottes menstruelles, maltraitances médicales, fausse-couches, tabou des règles… oui ces 30 minutes ont été très largement optimisées !
Alors juste merci…
Le travail des sage-femmes est large puisqu’il accompagne les femmes dans la globalité de la vie. Quelle que soit notre classe sociale, notre couleur de peau ou nos orientations politiques, nous avons cette force en nous, celle que l’on nomme féminité. Mais qui est encore un sujet très tabou et mal maîtrisé. Alors les sage-femmes sont notre providence, les petits anges du quotidien qui nous épaulent et nous soutiennent en tant que femmes, que l’on soit dans leur cabinet pour le suivi de la plus belle expérience de notre vie ou parfois de la pire.
Dewaegenaere dit
Bonjour ,
Très belle histoire . Par contre moi c est le contraire . Je suis à 5 mois de grossesse et hier j ai rencontrée la sage femme ( je suis en Belgique ) et ça été une cata . Nous nous sommes pris des réflexions et critiques sans arrêt . J ai parlée de mes douleurs aux dos et c est de la faute à mon âge ( j ai 39 ans ) . Je ne travaille pas pour l instant car ma conseillère m a dit que je devais pensée à mon bien être et celle de mon futur bébé et ben non c es une connerie . Et aussi au passage nous sommes dans une situation financière critique ( se sont ces termes ) car je ne travaille pas donc elle va faire venir une femme à mon domicile pour voir dans les moindres détails si bébé ne manque de rien . Et le bouquet final : j aimerai suivre des cours de gym prénatal a la maternité ou de sophrologie et ben je ne peut pas car je ne travaille pas et que ma situation est soit disant critique . De plus ma mutuelle rembourse les séances mais non je ne peut pas . Mon ami ne veut pas d elle à l accouchement
Liliwed dit
Je laisse un petit message pour nuancer : il n’y a pas forcément d’opposition gyne-con et Sf bienveillante comme on pourrait le penser à cette 1e lecture. Quand on travaille sur les violences obstétricales, force est de constater que tristement, la maltraitance est tout autant présente de la part de cette profession, tout comme il y’a des gyneco très à l’écoute et axés sur le soin des femmes (voire leur reconstruction après des épisiotomies catastrophes, des douleurs, de bonnes prises en charge de fausses couches même si ça reste trop peu fréquent, etc), même si clairement ce ne sont pas forcément eux qui ont la parole pour leur profession…(!). C’est tristement plus complexe que cela. Ça demande un travail de déconstruction énorme commun, tant de la part des usagers et de leurs asso, mais aussi de la part de la profession.
La Mariée en Colère dit
Ho oui il y a aussi des gynéco géniaux ! Mais on rend si peu honneur au travail des sages femmes que cet article est pour elles et rien que pour elles ❤
Aurélia dit
Merci pour cet article ! Je ne dois pas avoir de chance car je suis aussi suivie par une sage femme pour ma première grossesse et ça ne se passe pas vraiment bien. Je ne me sens pas écouté, ni comprise. Obligé d’aller aux urgences pour faire des examens pour lui prouver que je n’étais pas folle et que je sentais bien que mon bébé souffrait. Bref je continue avec elle car je ne sais plus vers qui me tourner mais j’y vais a chaque fois a reculons…
La Mariée en Colère dit
n’hésitez pas à changer de sage-femme si le courant ne passe pas. Il y en a des vraiment extraordinaires et vous n’avez pas eu de chance alors changez !
Julie dit
Je suis également suivie par une sage-femme depuis la fin de ma grossesse et je ne peux que plussoyer : faites vous vous aussi suivre par elles pour vitre suivi gynéco classique. Que de bienveillance dans leur manière de fonctionner !
Merci pour cet article
Loriane dit
C’est bien vrai que le travail est sous estimé! Pour numéro 1 mes cours de préparation m’ont permis de gérer à merveille mon accouchement (une lettre à la poste), c’est encore une sage femme qui était là à mon arrivée à l’hôpital pour me dire que j’avais super bien géré chez moi quand je pensais ne plus y arriver (arrivée dilatée à 5), elles qui m’ont fait mon accouchement express (arrivée à 8h naissance à 10h24), elles qui m’ont expliqué pourquoi j’avais été malade et tremblante comme une feuille après que l’interne ait voulu me filer un primperan pour gastro alors que c’était la montée de lait, elles qui a la maison m’ont dit que je m’occupais bien de mon fils moi qui n’y connaissait rien… Pour numéro 2 je reviens évidemment voir la même sage femme en libéral et il me tarde! Par contre j’ai changé de gynéco entre temps (faut l’avouer il est très pro, très gentil, à l’écoute et plutôt doux mais s’en va malheureusement) et je vais commencer le suivi des 2 derniers mois par les sage-femme de l’hôpital.