Lorsque Lili a accouché de son premier enfant, tout s’est fait très naturellement en ce qui concerne leur relation. Alors, quand elle a mis au monde son second elle pensait que ça serait pareil. Mais entre RGO et dépression post-partum, rien ne s’est déroulé comme prévu. Alors la jeune maman a décidé de se faire aider. Voici son témoignage.
{Témoignage} Je n’arrivais pas à aimer mon bébé
Bonjour tout le monde,
Je m’appelle Lili, j’ai 27 ans.
Avec mon mari nous avons eu une première petite fille « parfaite ». Un accouchement qui aurait pu tourner à la catastrophe avec 20 heures de travail pour finir aux forceps avec un rythme cardiaque perdu et la réanimation néonat qui attend ma fille dans la pièce d’à côté. Finalement tout va bien, elle arrive, elle pleure. On la pose sur moi et tout est magique. C’est mon bébé, la prunelle de mes yeux, je l’aime déjà de tout mon cœur. L’histoire idéale que tout le monde décrit. C’est une petite fille adorable qui fait plein de jolis sourires qui fait ses nuits dès le premier jour.
Nous avions envie d’avoir des enfants rapprochés et au vu de la facilité avec laquelle nous nous occupons de notre fille je ne reprend pas de contraception et nous verrons bien. A peine 6 mois après mon accouchement, le test de grossesse est positif.
Je suis de nouveau enceinte
Nos enfants auront donc 14 mois d’écart. Nous sommes très heureux. Comme pour la première la grossesse se passe très bien. Je travaille jusqu’au congé maternité tout en m’occupant de ma fille et en pratiquant mon activité sportive. Dans un coin de mon esprit est enfoui malgré tout le stress de l’accouchement… Et ce jour finit par arriver. Je suis à 40SA j’ai un peu mal au ventre mais rien d’extraordinaire. A 6h30 chéri part travailler. Je crois qu’il a à peine passer la porte que tout s’enchaîne. Les contractions… Très fortes, trop fortes. Ma fille dort dans son lit et sera réveillée par mes hurlements. Chéri m’appelle je lui hurle d’appeler les pompiers et de revenir. Il arrive à la maison. Je souffre tellement. Les pompiers arrivent mais ne savent pas trop quoi faire car les contractions sont continues je n’ai pas de répit. Ma mère arrive, m’aide à souffler, puis le médecin du SAMU qui va avoir les mots pour me donner le courage d’y arriver.
L’hôpital est à 5 minutes, on part dans le camion, je serre les cuisses. J’arrive en salle de naissance le plus gros est passé. Je souffre moins, je pousse 3 fois et la voilà. 7h45.
C’est la naissance de notre deuxième enfant
On la pose sur moi et là… Rien. Je ne ressens rien. Pas de joie, pas d’amour inconditionnel comme pour ma première fille. Chéri part chercher les affaires une demi-heure après. Je reste seule avec elle mais je suis vide de tout… Nous allons dans la chambre j’ai envie de voir mon premier bébé qui me manque. Le séjour à la maternité se passe et retour à la maison. Et là c’est le drame pas de jour paternité pour chéri car c’est l’été et pas suffisamment de monde pour le remplacer. Je suis toute seule avec les deux.
La petite ne fait que pleurer du matin au soir. Impossible de la poser. Ça me soûle de l’avoir dans les bras ou sur moi. Je veux qu’elle dorme et loin de moi de préférence.
Je n’arrive pas à l’aimer.
Je me sens mal, je pleure du matin au soir. Au rendez vous post-partum je m’effondre chez la gyneco. Elle me renvoie en psychiatrie dans le secteur de périnatalité. Ça y est c’est officiel je suis folle. Je suis en dépression post-partum. On instauré un traitement et surtout un accueil mère-bébé 2 jours par semaine. Je parle, j’arrive enfin à mettre des mots sur mes maux mais surtout au fil des semaines le lien se crée enfin avec ma fille. Je suis heureuse de la porter de la câliner et de la voir sourire. Ça reste toujours compliqué car elle souffre de RGO sévère et ne grossit pas assez. Mais je suis là pour l’accompagner.
Ce lien qui ne s’est pas fait au départ est aujourd’hui d’une puissance infinie. Elle est ma deuxième merveille. Nous sommes une famille heureuse avec des hauts et des bas. Ma grande adore sa petite sœur depuis le premier jour.
Aujourdhui nous continuons l’accueil de jour car c’est un temps où je ne me consacre qu’à ma fille sans les tracas du quotidien à gérer. Je continue le traitement mais je sens que je vais mieux. Il y a encore du chemin mais la tempête est passée.
J’écris ce témoignage pour déculpabiliser les mamans qui n’ont pas eu le coup de foudre attendu et surtout pour qu’elles se fassent aider. Ma fille a 3 mois aujourd’hui et grâce a l’aide de professionnels tout va bien entre elle et moi. Si je n’avais pas poussé cette porte il en serait certainement autrement aujourd’hui.
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LA dit
Bonjour. Je voulais juste vous dire merci.
Lulu dit
Merci pour ce témoignage fort et courageux, qui brise bien des tabous sur ce lien mère / enfant qu’on nous demande d’instaurer dès la première seconde de vie de nos tout-petits. L’amour aussi peut parfois prendre du temps à germer et il ne faut jamais hésiter à demander de l’aide quand les difficultés nous rattrapent. Je vous souhaite beaucoup de tendresse et de douceur pour profiter pleinement de ces jours heureux retrouvés !
Elizaline dit
Merci pour ce témoignage très courageux, qui brise un tabou et déculpabilise les parents qui vivent la même chose. Ce n’est pas facile de mettre des mots sur ces ressentis-là mais c’est tellement important pour pouvoir cesser de subir, de souffrir et commencer à redevenir acteur. Ensuite, savoir demander de l’aide, accepter les protocoles des professionnels, persévérer, quel geste fort, quel geste d’amour infini pour votre fille! Bravo à vous. Puissiez-vous à présent être très heureux et soudés tous les quatre!
Bilou dit
Merci de ce témoignage et je te souhaite le meilleur avec ta petite famille. J’espère qu’il va effectivement déculpabiliser toute maman dans cette situation. Je trouve dommage que dans l’esprit de beaucoup la psychiatrie puisse encore évoquer « la folie ». On parle ici, dans ce cas, de la périnatalité (qui est bien un service de la psychiatrie) qui se concentre sur les premiers liens mère-bébé dont nous savons tou·te·s combien ils peuvent être chachutés puisqu’ils font immédiatement suite au combo grossesse/accouchement = fatigue + manque de sommeil + responsabilité + soins au bébé, donc : warnings… mais on est dans des difficultés « normales » dans le sens où elles sont compréhensibles et pas de folie !
Si ça n’est pas trop indiscret ni encore trop difficile pour toi d’en parler, as-tu pu comprendre quels ont pu être les éléments déclencheurs ou favorisants de cette DPP selon les professionnels et selon ton propre ressenti ? J’imagine de mon côté que vous avez vécu beaucoup de choses en peu de temps avec finalement 2 grossesses, 2 accouchements, 2 bébés en moins d’un an et demi !!
Bonne continuation et je milite pour que des temps d’accueil mère-bébé puissent être offerts à toute maman qui en a le besoin (je ne suis pas sûre qu’il en existe dans toutes les régions, je ne crois pas savoir qu’il y en ait près de chez moi).