Après un long parcours PMA, L. entrevoyait enfin le bout du tunnel : elle était enceinte. Malheureusement cette grossesse s’est soldée en fausse-couche et la jeune maman a eu besoin d’écrire pour soulager sa douleur. Voici son témoignage.
{Témoignage} Au revoir mon bébé
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Je suis L. J’avais déjà écrit un témoignage il y a 1 an et demi intitulé « Tomber enceinte, je pensais que ça serait facile ». J’ai aujourd’hui 29 ans.
Après avoir été diagnostiquée SPOK (alors que je ne rentre en aucun point dans cette « classification »: je suis très mince, aucune pilosité, aucun acné, pas de diabète…), nous commençons les traitements sans succès.
Puis une 1ère FIV à l’issue de laquelle tous les embryons meurent avant le transfert. Nous en faisons une deuxième, nous obtenons 3 embryons congelés. Le premier transfert est un échec, le second est annulé la veille et au troisième miracle, je tombe enfin enceinte après 2 ans et demi de combat…
Jusqu’à ma fausse couche à 1 mois de grossesse, juste avant Noel.
Au revoir mon bébé
Cela ne fait même pas 1 jour, et pourtant je ressens déjà le besoin d’écrire ce que j’ai vécu. Comme souvent, je sens que coucher mes mots et dégueuler mes sentiments sur le papier va m’aider.
Je viens de me réveiller, le visage gonflé et rougi, pleurant et pensant même dans mon sommeil. A la seconde où j’ouvre les yeux, je m’en rappelle. Tout me revient en mémoire. J’osais espérer qu’en fait ça ne se soit pas passé, mais si c’est toujours le cas. Hier, j’ai perdu mon bébé. Rien que de l’écrire, pouvoir lire concrètement cette phrase, c’est comme un supplice. Je ne pensais jamais vivre cette expérience dans ma vie. On sait que ça existe bien sûr, que ça arrive souvent, c’est même « courant » comme disent les médecins. Mais pas à moi, pas à nous, ça arrive aux autres.
Le plus fou c’est que ça arrive d’un coup. J’étais enceinte d’un mois, nous étions aux anges. A 16 heures, tout allait bien. A 16h30, le cauchemar a commencé. Sans transition, je commence à voir très mal au ventre, une douleur bien plus forte que celle que j’ai l’habitude de subir quand j’ai mes règles. Je m’allonge, au bout de 10 minutes, ça commence à se calmer. On regarde sur internet : on voit qu’à 6SA les crampes abdominales sont normales car le fœtus « fait sa place ». Bon très bien, ok, on va attendre que ça passe.
Presque une demi-heure plus tard, je remarque de petites traces de sang dans ma culotte en allant aux toilettes. On fonce sur le site de ma gynécologue, section « Foire aux Questions ». On lit que 30% des femmes ont de petits saignements durant le 1er trimestre et qu’il ne faut pas s’inquiéter s’ils sont peu abondants. Ouf. Je vais me laver les cheveux. A la sortie, les saignements se sont accélérées et le sang a rougi. Je saigne plus que si j’avais mes règles, les douleurs s’intensifient. On commence clairement à paniquer. J’envoie un message à ma gynécologue, on parcourt les sites grossesse et les forums. Mais on sait que tout ce sang n’augure rien de bon. Malgré tout on essaie de rester calme. Les minutes défilent, j’essaie de rester allongée puis de m’occuper pour ne pas trop paniquer.
Il est aux alentours de 19h30, je me lève du canapé. Et là je sens quelque chose descendre et passer entre mes cuisses. Je fais 2 pas pour baisser mon pantalon, mais j’ai déjà compris. Dans ma culotte, je vois une grosse masse noirâtre d’environ 3 centimètres. Je m’effondre sur le sol à moitié nu, les mains et les cuisses ensanglantées. J’ai compris que ces 3 dernières heures, mon corps a expulsé mon bébé. Pendant que je prenais ma douche, que je discutais avec mon compagnon, que je cherchais des infos sur internet, que je faisais des cookies, mon bébé mourrait et se détachait progressivement.
J’ai détaché ma serviette pour regarder cette masse. A l’intérieur, on voyait très distinctivement le fœtus, sa forme de petit haricot en forme de croissant est reconnaissable entre mille. Il n’y avait aucun doute. C’est l’image la plus insoutenable que j’ai vu de ma vie, et elle est gravée sur ma rétine. Avant de partir aux urgences échographiques, je dois changer de serviette hygiénique et me nettoyer un peu. Donc on jette mon ancienne serviette.
On met notre fœtus dans une poubelle
Plus tard dans la voiture, je me dis d’ailleurs qu’il faudra changer la poubelle en rentrant car je ne veux pas dormir cette nuit avec mon bébé mort dans la poubelle de la cuisine. Quelle phrase horrible.
Nous sommes en pleurs, paniqués, dans l’incompréhension. C’est injuste, pourquoi toujours nous ? C’était enfin fini tout ça, les FIV, les transferts, les injections, les hormones. Il va falloir encore tout recommencer.
Dans 2 jours, nous avions rendez-vous pour l’échographie du rythme cardiaque. Je me dis dans ma tête que ça ne sera pas la peine finalement.
Le 11 décembre c’est l’anniversaire de ma tante, 2 semaines pile avant Noel, c’est surement la date de naissance de quelqu’un de très important ou l’invention du grille-pain, je n’en sais rien. Pour moi, le 11 décembre restera à tout jamais le jour où j’ai perdu mon bébé.
Après 2 ans et demi de parcours PMA, la pilule est très difficile à avaler. On va y parvenir, je sais que notre couple encaissera le choc et qu’on recommencera car on est forts et soudés. Mais nous n’en sommes pas encore là pour le moment. Nous devons faire notre deuil doucement.
On ne le connaissait pas beaucoup, mais on l’aimait déjà tellement fort.
Au revoir mon bébé.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Cecile dit
Bonjour.
J’aimerais à mon tour vous apporter mon soutien car je sais combien cela reste une épreuve traumatisante. J’ai vécu cela en septembre 2020, à 1 mois de grossesse également, alors que notre première insémination avait fonctionné. On a le sentiment que le sort s’acharne et depuis, notre combat continue. Il nous faut encore faire preuve de patience et désormais, on se dirige vers la FIV. Se tourner vers l’avenir plutôt que ressasser ce qui aurait pu être. Cela reste une blessure profonde en soi mais pour en guérir (?), être dans l’action, redémarrer les traitements est pour moi la meilleure thérapie car celle qui me donne le plus d’espoir.
Tous ces témoignages, où au bout du tunnel vient enfin la joie de serrer son bébé dans ses bras, sont réconfortants et plein d’optimisme.
Merci pour le partage de votre histoire, on se sent moins seule dans ces épreuves si difficiles.
Alice dit
Bonjour,
Vos mots résonnent tres fortement en moi puisque je viens tout juste moi aussi de vivre une fausse couche…
3,5ans d’essais infructueux, grossesse spontanée complètement inattendue et miraculeuse à 1 mois de commencer les FIV, mais soldée par une fausse couche. L’ascenseur émotionnel. Le choc.
Je vous comprends tellement et ne peux que vous transmettre tout mon courage pour surmonter cette épreuve extrêmement difficile. Vous n’êtes pas seule, malheureusement, mais ça aide de savoir que d’autres couples font face aussi aux mêmes difficultés.
En tout cas pour ma part votre témoignage me fait me sentir moins seule… alors merci.
Écrire aide aussi je trouve dans ce processus de deuil.
Nous sommes dans un trou noir mais la lumière est forcément là, quelque part.. n’est ce pas ?
Courage à vous
Sereno dit
bonjour
je suis en pleur a lire ce que vous avez vécu car bien trop proche de ce que j’ai vécu moi aussi
j’ai appris le 23 décembre 2015 qu’il n’y avais plus ‘aucun battement cardiaque sur mon embryon de 8SA et qu’il avais arrêter son évolution 2 semaine auparavant. une première FIV n’avais pas donner d’embryon, celle deuxième avais permis d’en obtenir 11, aucun n’avais pu être congelé et au final même celui -ci qui s’etait accrocher n’avais pas survécu.
j’ai passer 15 jour a pleurer (1 semaine avant le curetage et une semaine apres) j’au vu un psy (mon mari inquiétais beaucoup), une séance a suffit pour que j’ouvre les vannes car en fait je n’arrivais pas a parler de ma peine
mais
il m’a fallu 3 mois pour arrêter de pleurer a l’évocation d’une grossesse ou d’un bébé
il m’a fallu encore 6 mois pour arrêter de pleurer quand j’entendais le mot fausse couche
mes proches savais que je passais par la PMA, cela m’a éviter des remarques idiotes, mais en realit » suel le temps permet d’avancer et avec le temps l’espoir reviens
aujourd’hui je suis maman de jumeaux après un don d’embryon a l’étranger. (tout les FIV faites en france avec nos genes n’ont rien donner)