Pauline est sage-femme, elle s’y connaît donc en accouchement. Pourtant la venue au monde de sa fille ne s’est pas du tout passée comme prévu et reste un évènement traumatisant pour elle. Au point d’avoir du mal à tisser des liens très forts avec son bébé. Voici son témoignage.
{Témoignage} Mon accouchement, cette suite de déceptions
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Je suis maman, je suis très heureuse de l’être, et pourtant mon accouchement reste un des pires moments de ma vie. J’ai longtemps désiré cet enfant et il n’est arrivé qu’au bout de 4 ans après un parcours PMA assez difficile mais pas insurmontable non plus.
Cette grossesse à été assez stressante pour moi dès le début
Le jour de ma première échographie, je saigne. A partir de là, le stress de perdre mon bébé ne me quittera plus. Il s’avère qu’il ne s’agira finalement que d’un petit décollement de l’œuf sans conséquence pour la suite. Cependant je ne suis pas rassurée pour autant.
Le reste de la grossesse se passe plutôt bien à part quelques contractions qui me font arrêter le travail plus tôt que prévu. Mais toutes les excuses sont bonnes pour écouter son petit cœur en cachette car j’avais trop honte en tant que sage-femme d’être aussi angoissée de perdre mon bébé.
Bref tout se passe bien.
A quelques jours du terme je suis réveillée à 3 heures du matin par des contractions espacées et gérables mais qui m’empêchent de dormir. Je m’installe dans le salon je les accueille. Mon mari va travailler. Quand il rentre pour mange à midi elles sont toujours gérables. Première déception : il pointe mon angoisse au lieu de me soutenir.. je sais qu’il ne l’a pas fait exprès mais ça me sort de ma confiance. La journée continue avec les contractions qui vont et qui viennent. Nous allons même à notre rendez-vous prévu chez le notaire. Elles sont déjà plus intenses mais gérables. Nous mangeons et nous décidons d’aller se reposer un peu avant le pire. Mon mari est fatigué de sa journée, il va se reposer dans le salon car à priori je fais trop de bruit pendant les contractions… deuxième déception : il m’abandonne. Ma confiance me quitte un peu plus.
Plus tard les douleurs sont insupportables dans le dos. Je tente de trouver comment me soulager : positions, douche chaude, bouillotte rien n’y fait cette douleur dans le dos est insupportable. Je pleure seule. Je me dis qu’il me faut un bain car mon col ne bouge pas. Je supplie en larme mon mari de m’amener à la maternité. À partir de la je ne suis plus apte à gérer, je suis une primipare totalement désemparée qui ne trouve pas de soutien…
Arrivée là-bas, le sage femme m’examine et me dilate avec ses doigts pour me faire suffisamment dilater le col pour pouvoir bénéficier de la péridurale. Ça me va. Mais je fais mon bain avant, J’ai besoin de me détendre.
Le bain terminé nous passons en salle de naissance : pose de la péridurale, rupture de la poche des eaux car pas de travail brillant puis stagnation du col à 6 cm pendant 6 heures… décision de césarienne : je pleure, je suis déçue et soulagée car c’est la rencontre avec mon bébé. Le seul hic à ce moment-là c’est le dernier bonus de péridurale qui ma shooté. du coup tout est flou et lointain autour de moi.
La césarienne se déroule bien à part ce flou horrible dans ma tête
On nous présente notre fille. Elle va bien, je la vois mal, ma tête tourne, je l’entends au loin c’est désagréable. Je ne profite pas de ce moment comme je m’attendais. Troisième déception. On me promet de me mettre en surveillance avec les sage-femmes afin de pouvoir être avec elle mais a la dernière minute on me transfère en salle de réveil car à priori « ça ne se fait plus… » Quatrième déception. Je prends sur moi, ce n’est que pour 2 heures et en plus je pourrai me reposer. D’ailleurs peut être que ça laissera cette horrible sensation de vide et de flou partir. En salle de réveil personne ne vient me voir. A un moment je recommence à avoir mal, aussi mal que lors de mes contractions. Impossible d’appeler quelqu’un, je suis faible et personne ne me regarde. Ma sage-femme fini par passer s’excuser pour le passage en salle de réveille et constate une grosse chute de tension. J’arrive à lui chuchotter que j’ai mal et que je pense que je saigne trop. Et là elle constate qu’en effet je saigne trop et que mes paramètres sont mauvais.
Je me sens partir. Tout est flou. Je comprends que j’ai déjà trop saigné, je ne contrôle rien. C’est une sensation horrible. On me prend en charge rapidement. Je me laisse glisser dans le flou. Les seuls moments de lucidité sont quand on me parle. Ça fait du bien d’ailleurs… Je finis par être stabilisée. On m’injecte de la morphine pour la douleur, ça me shoote encore plus. Je finis ma nuit aux soins intensifs après avoir vu brièvement ma fille et mon mari. Elle a même pris le sein mais je ne connecte pas. C’est comme s’il n’y avait aucun lien entre nous. Ça aurait pu être n’importe quel enfant..
Je passe la nuit aux soins intensifs. Au petit matin on me ramène brièvement ma fille, elle tète, mais cela me fait le même « effet que le veille » : aucune sensation. Je ne sais même pas si je la reconnaîtrais si on m’avait amené un autre enfant. Déception encore.
Je finis le séjour à la maternité avec ce flou qui reste dans ma tête et qui va durer 2 bonnes semaines. 2 semaines ou je peine à m’occuper de ma fille.
Aujourd’hui elle a 18 mois et je ne ressens pas de lien maternel. J’ai honte. Mes amies ne comprennent pas quand je dis que je n’ai pas apprécié mon accouchement… car après tout mon enfant et moi même allons bien ? Alors où est le problème ?
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liliwed dit
La perte de contrôle, la douleur extrême… il faut sans doute l’avoir vécu pour le comprendre. On y laisse un petit bout de nous meme, c’est peut être cette partie qui est incompréhensible pour les proches ensuite. N’hésitez pas à vous adresser à des associations (maman blues et césarine notamment). Nous avons aussi fait un site avec une amie sur l’accouchement traumatique car il n’est pas compris ni dépisté (et à ne pas confondre avec une dépression du post partum ou un « deuil » de l’accouchement idéalisé comme on l’entends souvent, il y’a des symptômes, réels, à identifier pour avoir une prise en charge adaptée), en lien sur mon nom je crois. Sachez seulement que vous n’êtes pas seule, cela prends du temps de trouver les bons interlocuteurs, pour aller mieux, mais cela en vaut rudement le coup. Que l’on aille bien (qu’est ce qu’aller bien?) d’un point de vue extérieur ne vaut pas grand chose si l’on est pas en accord avec cette evaluation, qui semble à côté de la plaque. Il faut prendre le temps de trouver les bonnes personnes à qui en parler pour se soulager un peu de tout cela.
Balzano dit
Bonjour,
N’ayez pas honte, ça arrive et plus souvent qu’on ne le pense. Un accouchement n’est pas anodin mais ne doit pas dicter votre relation avec votre enfant.
Vous avez été déçue par votre accouchement et j’ai l’impression que vous n’arrivez pas à digérer ce moment. Peut-être devriez vous aller voir un professionnel afin qu’il vous aide à faire le deuil de ce moment et surtout que vous puissiez créer le lien avec votre bébé.
Après mon accouchement, j’ai fait une déprime et je culpabilisais de ne pas être la mère que je voulais être pour mon fils. Je me suis adressée à une professionnelle qui m’a fortement aidée et ma permis de vivre ma maternité de manière beaucoup plus sereine.
Bon courage, ne restez pas seule, parlez en, pour vous et votre fille.
Elo dit
Je finis de lire votre temoignage avec les larmes aux yeux.
La sensation solitude et le choc d’un accouchement difficile. La perte de confiance.
Il vous faudra certainement beaucoup de temps pour reconstruire cette confiance. Soyez indulgente avec vous même, laissez vous du temps. Vous avez traversé une épreuve, et la cicatrisation prendra un peu de temps.
Bon courage.
Sereno dit
bonjour
nos histoires sont assez semblables. je suis aussi passé par la PMA, (donc on a bien le temps de tout idéaliser), j’ai aussi été très déçue par mon mari (il n’a pas voulu m’accompagner au bloc, il est parti avant que je remonte de la salle de réveil (cesariennee n fin de journée et je suis resté 4h en salle de réveil a cause de ma tension)
j’ai encore les larmes au yeux de cette excitation de les retrouver lui et mes jumeaux dans ma chambre et d’etre amené dans une chambre plongé dans le noir m’a fait un choc…de plus il n’a jamais voulu partagé avec moi ses sentiments quand on lui a mis nos enfants dans ses bras
bref mon cerveau sais pourquoi et prend du recul, mais mon cœur saigne encore…15 mois âpres.
mais différente, j’ai conscience de ne pas fonctionner au coup de cœur et de rationaliser quand j’en ai, je savais que cette bouffé d’amour dont on parle avais peu de chance d’arriver et ce n’est pas arriver. j’etais ocntente de les avoir, mais pas de lien vraiment affectif. a lamater j’ai acheter le magazine parent ou justement il y a avais le témoignage post césarienne d’une femme comme moi, comme nous qui pareil n’avais pas le fameux lien non nous ne somme pas seules dans ce cas
une nuit j’ai senti que c’etais le bon moment et en leur donnant le biberon et j’ai ouvert mon coeur, je leur ai dit beaucoup de choses, j’ai pleuré, et le lien a commencer a se tisser se soir la
il n’est pas trot tard, essayez de trouver un moment propice avec votre fille un moment ou vous êtes au calme et ouvrez lui votre cœur racontez lui doucement toute votre histoire toute vos déceptions puis toute vos joies, même si elle s’endort continuez.
a la mater j’ai acheter le magazine parent ou justement il y a avais le témoignage post césarienne d’une femme comme moi, comme nous qui pareil n’avais pas le fameux lien non nous ne somme pas seules dans ce cas…