Après son accouchement, Nathalie a fait un baby-blues, qui s’est rapidement transformé en dépression post-partum. Elle a souhaité raconter son histoire sur le blog pour que le sujet sorte du tabou et que les jeunes mamans puissent en parler librement, sans honte. Voici son témoignage.
{Témoignage} J’ai mis 2 ans à sortir de ma dépression post-partum
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Aujourd’hui, j’ai décidé de témoigner sur un sujet qui me semble trop peu abordé et qui, pourtant, touche un certain nombre de jeunes mamans : la dépression post-partum.
J’ai eu une super grossesse. J’ai arrêté de travailler en juillet, à 6 mois de grossesse. Le pied, j’ai profité de la plage et de mes hormones qui me faisaient me sentir belle et épanouie. J’étais admirative de ce ventre tout rond. Mon accouchement s’est bien passé. Mais pas comme je le voulais malheureusement (je rêvais d’un accouchement sans péridurale et physiologique, mais après 9h de contractions, sans soutien de personne, j’ai réclamé la péridurale).
Puis vient le fameux baby-blues
Je pleure, je pleure, je pleure. Sans trop savoir pourquoi ces larmes coulent. La puéricultrice de la maternité me voit ainsi et m’explique que c‘est normal. La chute d’hormones, le baby-blues … Mais qu’il ne faut pas que cela dure car tout ça peut dériver vers une dépression post-partum.
Mais ces larmes continuent de couler. Certaines chansons écoutées à la radio me font pleurer. Mes nouvelles responsabilités de maman me font pleurer. Mon ventre vide me fait pleurer.
Je veux, j’aimerai, que ce bébé retourne dans mon ventre. Que je sois à nouveau remplie de ces hormones qui me font voir la vie en rose. Je veux pouvoir accoucher comme je l’aurais rêvé. Puis j’aimais bien aller à tous ces rendez-vous (gynéco, cours de prépa à l’accouchement (haptonomie), piscine) Pourquoi enceinte on a un agenda de ministre et une fois bébé là, paf presque plus rien ? On est chouchoutée, accompagnée, ultra suivie.
Puis passé l’accouchement, c’est le vide.
Ensuite vient la honte et la culpabilité. J‘ai une petite fille en bonne santé. Je ne travaille pas et j’ai donc tout mon temps pour m’occuper d’elle. Mon allaitement se passe merveilleusement bien. Cet accouchement s‘est quand même bien passé.
Mais mince, que me manque t’il ? Pourquoi je pleure ? Pourquoi des idées noires me tournent dans la tête ? De quoi je me plains ? N’ai-je pas tout pour être heureuse ?
Je me mure dans un silence, car je me donne, à moi même, le sentiment d’être chiante avec mes problèmes qui n’en sont pas.
Puis vient un jour, un rendez- vous à la PMI avec une conseillère en lactation. Qui me signifie que mon allaitement se passe bien. Elle ne comprend pas tellement le pourquoi du rendez-vous. C’est là que j’explose. Que je craque et que je lui déballe tout ce que j’ai sur le cœur. Elle en fait part à sa collègue. Je serai reçue le lendemain, par le médecin de la PMI, qui met un mot sur mes maux « dépression post partum ». Elle me prescrit un anti-depresseur. Que je prendrai pendant 8 mois environ. Elle me conseille un suivi psy. Que je ne ferai pas. Les délais pour un rendez vous en Centre Médico Psychologique sont longs. Et ne travaillant pas, je ne m’autorise pas le luxe d’une séance en cabinet privé.
Des vacances à la montagne, 5 mois après le début de mon traitement, me permettront d’avoir le déclic. « Je veux arrêter ces anti-depresseur » Je les arrêterai, seule, progressivement, sans aucun suivi médical. . La tristesse et la nostalgie ne m’ont pas quittées. Mais je ne pleure presque plus.
Petit à petit, ma mélancolie, mes songes de grossesse s’estompent
Je retrouve le goût de petits plaisirs. J’arrive à me dire que je n’ai pas besoin d’être enceinte pour être heureuse. Je profite à 300% de ma fille. Et je prends confiance en ma capacité à être une bonne maman.
Je dirai que j’ai bien mis 2 ans à passer à autre chose. 2 ans pour me sentir sereine. 2 ans c’est long…
Mais, il y a un mais. Aujourd’hui, j’ai peur. Avec chéri, on veut un 2ème enfant. Et j’ai peur, que tout ce que j’ai réussi à enfouir en moi, ressorte un jour.
Si j’ai choisi de témoigner sur ce sujet, c’est que je trouve qu’il est trop peu abordé. On ne parle pas assez du post partum et de tous les bouleversements que ça engendre. Il y a pour moi, comme un non dit sur le baby-blues et encore plus sur la dépression post-partum. Est-on obligée de se sentir bien dans sa tête, une fois qu’on devient mère ?
Mesdames, vous avez le droit de ne pas aller bien. Vous pouvez pleurer. Ça fait du bien. Plus on retient les larmes, plus elles font mal. N’ayez pas peur de dire que vous n’êtes pas bien. Ne gardez pas vos émotions négatives pour vous. Entourez vous de personnes qui sauront vous écouter, vous réconforter et vous conseiller. Vous devez pouvoir dire, sans filtre, ce que vous ressentez. Laissez tombez ceux, qui ne sont pas capables de vous épauler. Gynéco, sage-femme, médecin généraliste, psychologue. Ils sont là pour ça. Si l’accompagnement effectué ne vous convient pas, vous allez voir quelqu’un d’autre. Se faire accompagner, permet de faire un pas de côté et d’avoir un regard différent sur ce qui nous arrive.
Les ami ·e·s et la famille sont aussi de précieuses ressources. Et si jamais, comme moi, vous avez peur d’être gênante avec vos tracas, il y a de belles communautés sur les réseaux sociaux. Vous n’êtes pas les seules à être passées par là. Et parfois, c’est plus facile d’échanger, via des écrans, qu’en face à face.
Ne baissez jamais les bras. Gardez toujours, dans un coin de votre tête, que les choses peuvent s’améliorer. « Le soleil brille toujours derrière les nuages » Un jour, ces nuage s’en vont.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Nathea dit
J’ai fait une dépression post partum qui a duré près de 6 ans parce que je ne me suis pas fait suivre… Je le regrette, quelle souffrance. Merci pour votre témoignage.
Marine dit
Bonjour Nathalie.
Je n’ai jamais répondu aux nombreux articles que je lis sur ce blog qui me passionne, mais avec votre témoignage, c’est différent.
J’ai l’impression de me lire dans le début de votre témoignage. J’ai une petite princesse de bientôt 4 mois. Elle est en excellent forme, évolue parfaitement en étant même un peu en avance sur son âge, elle est très souriante, tellement adorable, mon petit rayon de soleil. Ma grossesse s’est très bien passée, comme vous, elle m’a aidée à avoir confiance en moi, je me trouvais belle, j’ai accepté mon corps rond grâce à ma grossesse. Quand à l’accouchement, j’en suis fière, tout est allé parfaitement.
J’ai un formidable conjoint, un toit sur la tête, un chien adorable, un travail sur j’aime. Donc aucune raison « d’aller mal ».
Et pourtant … je n’arrive plus à être réellement heureuse depuis l’arrivée de ma fille, à en élever ces sentiments de tristesse, d’angoisse, de peur, de manque de la grossesse… J’ai quelques regrets en plus de tout ça … Mais surtout, comme vous le dites, je culpabilise. Je culpabilise de me sentir ainsi et me trouve tellement idiotie parce que je n’ai aucune raison de me sentir ainsi.
A plusieurs reprise, en retournant voir ma sage femme qui est superbe pour la rééducation du périnée j’ai voulue lui en parler, mais je trouve que cela n’est tellement pas légitime, que les mots ne sorte pas.
Et avec la reprise du travail et la phase de séparation que je me suis prise en pleine figure, c’est assez dur… Je ne pleure plus, je me retiens, parce que je me trouve bête quand ça arrive… Mais retenir tout ça est dur …
Merci, merci de votre beau témoignage, j’espère un jour avoir la force de surmonter tout cela et de pouvoir dire les choses comme vous … Merci à vous.