L’après accouchement fait mal. Et c’est également un énorme sujet tabou dont on ne parle pas assez. Combien de futures mamans primipares disent « holala, j’ai hâte qu’il soit sortie pour recommencer à vivre ». Et à chaque fois je me dis que d’un côté je n’ai pas envie de se lui casser son délire, mais que d’un autre si je ne lui explique pas ce qu’il risque de se passer, elle va peut-être tomber de haut. Se dire qu’elle n’est pas normale de ressentir tout cela. J’ai été une de ces mamans qui ne s’attendait pas du tout à l’après-accouchement, à toutes ces douleurs, ainsi qu’à la chute d’hormones. Il faut le savoir : même si la naissance se passe bien, notre corps met du temps à ne plus ressentir toutes les douleurs de l’accouchement. Si on ne s’y attend pas, on peut se prendre une grande claque qui ajoutée à la fatigue, nous plonge dans le baby-blues ou pire la dépression post-partum. Chaque femme est différente, chaque grossesse également et c’est pareil pour l’accouchement, mais je pense vraiment qu’il y a beaucoup trop de non-dit sur le post-partum. Elisa ne s’attendait pas non plus à avoir l’impression qu’un bus lui avait roulé dessus après la naissance de sa fille. Elle a souhaité témoigner sur le sujet.
{Témoignage} Douleurs après l’accouchement : laissez à votre corps le temps de se remettre
Après un temps d’essais bébé plutôt long, un OPK, de l’adénomyose, une IMG et des examens PMA, nous apprenons enfin que bébé s’est installée naturellement en février 2019. Cette grossesse était tellement désirée que j’ai accueilli avec grande joie les symptômes de grossesse : les nausées, les insomnies, les maux de dos, les prises de sang, la privation de fromage…
Tout cela voulait dire que bébé arrivait. Honnêtement, je souriais après chaque vomissement !
Je suis de nature organisée, et aussi un peu flippette, pas très courageuse. L’accouchement me faisait réellement peur. J’avais besoin de tout comprendre, d’avoir des témoignages, de savoir ce qu’il se passerait si bébé reste bloquée ou est en souffrance… La visite de la maternité m’a beaucoup aidée là-dessus. Et puis, comme on me l’a souvent dit, accoucher on le fait depuis la nuit des temps, donc j’en suis très capable !
Tout cela pour dire qu’au-delà de la joie immense d’accueillir bébé, j’avais besoin que tout soit programmé dans ma tête pour l’accouchement, qui représentait pour moi la fin de cette « location de mon corps », le pic de douleur de cette aventure, l’absence d’intimité. Après tout ça, j’allais avoir ma fille dans les bras, un bidon un peu flasque et voilà, plus de douleurs. Ma jauge de patience et d’acceptation de mes maux de grossesse était donc réglée jusqu’au jour de l’accouchement, jusque-là j’aurais tout accepté avec joie.
Que nenni.
Le jour J, l’accouchement se passe très bien. Accouchement spontané, par voie basse, péridurale posée à 8 cm (j’avais tellement intégré le fait qu’avoir mal faisait partie du processus que j’ai demandé la péridurale à la limite !), 3 poussées uniquement, l’utilisation d’une ventouse pour aider bébé et là, sans aucune douleur, me voilà avec un magnifique bébé sur ma poitrine.
Je l’ai fait, j’ai accouché, je suis maman
Je l’ai incroyablement bien vécu, et je n’ai pas eu si mal que ça ! On va chercher mon placenta qui ne vient pas, pas mal. On m’annonce une petite déchirure, on me recoud, pas mal. Il faut dire que j’avais pratiqué des massages du périnée donc il me semblait « normal » d’avoir échappé à une grosse déchirure. Honnêtement, on devrait recommencer demain, aucun souci !! (Vous le voyez l’abus de confiance en soi après 9 mois de flippette ?)
Ça s’était avant que les effets de la péridurale ne se dissipent.
L’expulsion de bébé avait été très rapide pour mon corps, qui en effet avait peu de déchirures mais aussi des hématomes internes. Impossible pour moi de rester assise dessus. On m’a donné des compresses au glucose, des anti-douleurs (qui n’ont pas beaucoup d’effet sur moi, j’ai l’habitude de prendre la double dose pendant mes règles avec l’adénomyose…). Ce n’était pas une douleur violente ou aigue, mais une douleur diffuse, continue, épuisante. Jour comme nuit je ne parvenais pas à détendre les jambes ou les poser sur le lit car ça appuyait sur les points ou tirait la peau. Aller faire pipi était une torture (il fallait quand même se lever, marcher, s’assoir, se nettoyer et donc appuyer légèrement sur la zone, se relever, re-marcher, et se hisser sur ce matelas mou… soit une bonne quinzaine de minutes quand même ! ^^). Une nuit j’ai dû demander un anti-douleur plus puissant car impossible de fermer l’œil (et bébé dormait…). La sage-femme a pensé à des points trop serrés, mais non, tous les médecins qui m’ont auscultée m’ont dit que tout était NORMAL. Je n’avais juste plus de patience, je pensais être « tranquille ».
Je voulais pour une heure avoir un corps non douloureux…
Je n’y arrivais plus, et je n’arrivais pas à m’occuper de ma fille. Et je culpabilisais d’oser me plaindre alors que j’étais enfin maman… Ô baby blues te voici ! Les 10 premiers jours avec ma fille je les ai passés demi-assise sur un coussin, les jambes surélevées, on me donnait ma fille pour l’allaiter et la câliner mais impossible pour moi de lui changer la couche car je ne pouvais pas marcher ou tenir debout longtemps. Je pleurais, ne supportais rien de ces douleurs qui m’empêchaient d’être une bonne maman pour elle.
Avec du recul, mes douleurs post-partum étaient supportables. Mais c’était la goutte d’eau de trop. On nous parle de risques d’épisio, de péridurale posée trop tard, de césarienne d’urgence, de tout ce qui est possible d’endurer pendant la naissance de notre enfant et c’est très bien comme ça, mais il faut aussi avoir en tête qu’après avoir passé ce cap on en a encore un tout petit peu à supporter. Ce n’est rien par rapport à avant, oui on a fait pire, mais j’avais été bien naïve de penser qu’après la naissance je pouvais desserrer les dents immédiatement, un accouchement ce n’est pas rien. Les sages-femmes m’ont écoutée mais se sentaient impuissantes face à ma douleur au vu de ce qu’elles voyaient. « Ça passera d’ici quelques jours c’est normal », mais quelques jours c’était dans trop longtemps pour moi, ça fait 7 mois que j’ai mal au dos sans pouvoir prendre autre chose qu’un doliprane et voilà que je ne peux pas tenir assise, debout ou allongée et que je n’ose pas me laver de peur de toucher les points de suture…
Et un matin, après quelques jours à porter des cataplasmes d’argile verte, j’ai entendu bébé pleurer. Je me suis levée sans réfléchir. Et c’est mon mari qui me l’a dit : je tenais debout sans me vouter, en marchant plus vite qu’une tortue et sans m’appuyer sur tous les meubles sur mon passage.
Donc oui, ça passe. Et le baby blues avec. 😊
Les douleurs ont refait surface lorsque nous avons repris une vie sexuelle, un mois et demi après l’accouchement. C’était peut-être un peu rapide, mais encore une fois j’étais un peu pressée de voir mon corps totalement rétabli. Finalement j’étais crispée et j’ai eu mal. Et je ne comprenais pas pourquoi j’avais encore mal alors que mon médecin m’a dit que tout allait bien ! Quand est-ce que ça allait s’arrêter ? Là encore, une affaire de patience, la mienne et celle de mon mari. Aujourd’hui bébé a 4 mois et ça va beaucoup mieux, même si quelques fois j’ai encore des petites douleurs. Mais j’ai enfin compris l’adage « 9 mois pour les faire, 9 mois pour s’en remettre ». 😉
Mon conseil : gardez patience après l’accouchement
Gardez une petite dose de patience pour l’après et ne soyez pas trop dure avec votre corps.
La fatigue ne sera pas votre alliée pour réussir à accepter d’attendre encore quelques jours de plus après l’accouchement où vous aurez l’impression qu’un bus vous est passé dessus. Faites-vous aider au maximum. Câlinez, parlez, jouez, nourrissez votre bébé, mais déléguez au maximum le reste. Des couches à changer ou des bains vous en aurez plein à faire / donner, si vous ne faites pas les tous premiers ce n’est pas grave votre bébé ne vous en voudra pas et n’oubliera pas qui est sa maman. Laissez votre corps se remettre, bougez le moins possible et parlez à l’équipe médicale si vous avez mal ou peur. Faites vérifier vos points si vous avez un doute, faites-vous rassurer. Mais si on s’y attend, ça passe mieux, on supporte mieux. Courage à vous, et tout ça vaut carrément le coup car si c’était à refaire, tout mon parcours depuis le départ, je le referais sans hésiter si c’est pour avoir ce bébé, ma fille.
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Claire dit
Oui, on est très entourées durant la grossesse, enfin, surtout d’un point de vue médical,
mais alors pour nous parler du post-partum… Il n’y a personne…
Je viens d’apprendre à ma cousine, après son 4ème accouchement, qu’elle n’était pas obligée d’avoir des fuites urinaires jusqu’à la fin de ses jours et qu’il y avait des choses à faire pour régler le problème…
Les femmes sont lâchées dans la nature…
Agnès dit
Je suis complétement d’accord avec vous Elisa. On parle plutôt bien de ce qui peut se passer pendant l’accouchement mais jamais des conséquences. Je n’avais pas idée qu’après une péri, on pouvait avoir autant de mal à recommencer à uriner normalement par exemple. Les joies de se faire sonder pendant la nuit après l’accouchement alors qu’on arrive enfin à fermer l’oeil plus de 10 min. Ca m’a empêché de dormir pendant 1h au total alors que mon bébé dormait enfin. Et puis la peur d’aller à la selle alors qu’on a quelques points (j’ai demandé à avoir un laxatif tellement j’avais peur que ça se déchire à nouveau).
Moi il m’a fallu 1 mois pour réussir à me lever et a marché presque sans douleur. Et ces saignements sans fin, pendant 1 mois pour moi (je savais mais je n’avais pas imaginé la quantité). Le flippe de prendre une douche (un peu plié en 2) et de nettoyer ses parties intimes la première fois (et l’appréhension pour la suite). Quand j’ai senti les points je n’arrivais même pas à imaginer à quoi ça pouvait ressembler avec cette « défiguration ». Je ne parle même pas des relations sexuelles, ça j’étais prévenu par ce site^^