Le placenta prævia est un mauvais placement du placenta pendant la grossesse et qui peut engendrer de très graves problèmes pour la future maman ainsi que son bébé. Mais ce n’est pas toujours le cas. Laura a eu cette pathologie et son bébé est né -par césarienne – en très bonne santé. Un témoignage plein d’espoir pour les futures mamans qui pourraient être confrontées à cette terrible nouvelle. Voici son histoire.
{Témoignage} Placenta prævia : tout s’est bien terminé !
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Mon histoire est un peu banale. On était ensemble depuis un peu plus de deux ans. Tous les deux posés professionnellement, amoureux, heureux. A peine trente ans pour moi, trois de plus pour lui.
Aussi spontané et naturel que notre histoire, on lance les essais bébé un sans trop se poser de questions en mars 2018. Je tombe enceinte plus vite que ce que je pensais, deux semaines seulement après avoir arrêté ma pilule. Je ne m’y attendais tellement pas, c’est le bonheur !
Trop heureux, j’imagine déjà comment on va annoncer la grossesse à notre famille, à nos amis. Mais très vite, je me mets à avoir de gros saignements : j’ai un hématome énorme et la menace d’une fausse-couche près sur moi et mon bébé. Je lève le pied. Sur conseils des docs, je passe les 2 premiers mois de grossesse au repos en attendant la première écho officielle. On annonce la nouvelle à la famille qui commence à s’étonner de ne plus trop me voir.
Début juin, enfin c’est le jour J ! On voit sa frimousse à l’écran, on entend son cœur et même si le décollement est toujours là, il a beaucoup diminué et je ne crains plus rien de ce côté-là. Retour à la vie normale (donc reprise du boulot mais pas trop d’excès non plus) avec un compte rendu de l’échographie on ne peut plus positif : bébé tonique, bon rythme cardiaque, placenta haut, bien placé. PAR-FAIT.
Je recommence le boulot mi juin, bien heureuse et en même temps un peu anxieuse qu’il arrive quelque chose. Ce début de grossesse peu serein me laisse un peu perplexe.
Les jours et semaines passent.
C’est fin juillet, lors d’un contrôle aux urgences (j’avais peur d’avoir percé la poche des eaux), que le diagnostique tombe. L’interne me demande comment était positionné le placenta lors de l’écho du premier trimestre, parce qu’elle le trouve bas. Elle me dit qu’il n’y a rien de vraiment inquiétant, qu’à mon stade (19SA), il va certainement remonter d’ici la fin de grossesse, mais que je dois à partir de maintenant limiter tout port de charges lourdes ou longs déplacements. (pas plus de 2 heures de route)
Le verdict tombe : mon placenta couvre mon col de l’utérus
Elle m’explique en quelques mots que mon placenta couvre en fait mon col de l’utérus et que s’il ne bouge pas bébé naitra par césarienne. La nouvelle me fait un choc, moi qui commençais à avoir envie d’un accouchement naturel, je me retrouve à écouter ses mots, un peu surprise et me demandant encore ce que me réserve le destin… L’interne continue ses explications, me dit qu’en soit, tout va bien pour moi et tout va bien pour le bébé, mais me demande de revenir au moindre saignement actif (donc des saignements rouges) parce que si le placenta reste positionné comme tel, il y a de gros risques hémorragiques avec l’évolution de la grossesse.
Je me sens partagée. Bébé gigote à fond dans mon ventre. Je l’ai d’ailleurs senti très tôt pour un premier bébé, autour des 15SA. Je suis à la fois heureuse et reconnaissante de cette grossesse arrivée si vite, et à la fois morte de trouille de ce qui m’attend. J’essaye tant bien que mal de vivre ma vie, de profiter de ses petits coups, de me projeter dans notre future vie de famille. Chéri me rassure, me dit que tout ira bien. J’ai vraiment envie de le croire.
Début aout, échographie du 2ème trimestre ! C’est un garçon ! il se porte à merveille, au moins un point rassurant. Le placenta lui, prend toujours position sur mon col, et même si la sage-femme se veut rassurante, j’ai en moi l’intuition qu’il ne bougera pas. Elle me dit que certaines grossesses avec un placenta prævia se passent très bien, j’espère que ce sera mon cas, mais j’ai du mal à la croire.
Elle nous autorise quelques jours de vacances à la montagne, à tout juste deux heures de route de la maison.
Ça nous fait un bien fou ! je vois enfin du monde, moi qui ai l’impression d’en être coupée depuis quelques semaines. On se repose beaucoup, on profite de l’air frais loin de la canicule et des 35° de notre appartement.
Le retour, hélas, signe le début des vrais ennuis. Le 13 aout, je suis prise de légers saignements au réveil. Rien d’hémorragiques mais bien assez pour m’inquiéter.
Nous filons aux urgences. Encore une fois, nous tombons sur une jeune interne pleine d’empathie qui prend le temps de vérifier que bébé et moi allons bien. Ce petit garçon lève même le pousse à l’écho en signe de confirmation ! Elle sort un papier, un stylo, et nous fait le croquis de mon col, du placenta. Nous explique que ce dernier est toujours sur le col. Qu’à mon stade (22SA) il devrait pouvoir remonter mais rien de sûr. Qu’ils vont me garder en observation 48h pour être surs que les saignements s’arrêtent.
Une équipe médicale au top m’a permis de vivre ces 48h assez positivement.
Mais j’étais loin de me douter que le service des grossesses pathologiques allait devenir ma seconde maison
Je suis de retour chez moi depuis 2 jours quand en allant aux toilettes le matin, je me rends compte que je saigne à nouveau. Il est 5 heures du matin. Mon chéri musicien est en tournée pour quelques jours, et je ne veux pas prendre la route seule. J’appelle mes parents, leur explique la situation, et nous revoilà aux urgences. Mes saignements, bien que toujours peu abondants, sont pris très au sérieux par l’équipe médicale parce que c’est le deuxième épisode en quelques jours. On m’explique que je suis à 23SA. Que si les saignements tournent à l’hémorragie, ils vont devoir faire naitre bébé pour me sauver la vie. Et qu’à ce stade, bien sûr, ils ne pourront rien faire pour lui. On me dit que je vais rester sous haute surveillance la semaine, pour arriver à l’objectif numéro 1 : les 24SA. Qu’ensuite, bébé sera considéré comme viable, je serai transférée à HFME (niveau 3) et resterai la bas quelques temps.
Cette semaine-là a été la plus longue de toute ma vie. J’ai eu tellement peur de devoir accoucher si près du « but » (enfin du stade du bébé viable). Chéri est rentré de tournée. On a vu l’anesthésiste pour que mon dossier soit à jour au cas où, le pédiatre qui est venu me faire tout un exposé de ce qui se passerait si j’accouchais à 24SA, et puis bien sûr, à la fin de la semaine et avant mon transfert vers HFME, une première cure de corticoïdes pour faire maturer les poumons de bébé s’il venait à naître.
On s’est hâtés de trouver le prénom aussi, au cas où. Harry.
Coup de cœur pour le papa sans que je n’ose me lancer (grande fan du sorcier à lunettes, je ne me voyais pas appeler mon fils comme ça). Et puis un soir, dans ma chambre, en murmurant à bébé de rester fort, je me suis dit que le prénom du « garçon qui a survécu », si tout se terminait bien, ce serait une belle image.
« Harry », le prénom du « garçon qui a survécu »
J’ai été transférée en niveau 3 le 1er jour de ma 24ème semaine. Les saignements s’étant arrêtés, je suis rentrée chez moi deux semaines plus tard, avec repos stricte et deux monitos par semaine à la maison.
Tout le monde me répétait de tenir bon jusqu’à 37SA, de ne pas faire d’imprudence. Je n’avais que cet objectif en tête.
Lors de l’échographie du 3ème trimestre, et après un troisième passage à l’hôpital pour des saignements plus légers cette fois – mais quand même – ma gynécologue m’a expliqué la suite des évènements : tenir bon encore un mois pile (jusqu’à 36 semaines), puis rentrer en observation en pathologie de la grossesse une grosse semaine, jusqu’à la césarienne programmée le 27 novembre à 37SA +2.
Elle m’a annoncé ce jour-là avoir un doute sur le fait de pouvoir avoir une rachianesthésie…
Je suis donc rentrée à l’hôpital le 19 novembre 2018 et j’ai attendu mon heure, si je peux m’exprimer ainsi, au rythme des monitos et des visites de la famille et des amis, soutien sans faille dans toute cette histoire. L’anesthésiste est venue m’annoncer un matin que la césarienne serait sous anesthésie générale… Trop de risques selon elle d’une hémorragie. Cette nouvelle m’a dévasté. Tout ce chemin pour ça. J’ai eu la sensation d’injustice, après avoir passé 8 mois à craindre pour mon bébé je ne le verrais même pas naitre.
Et puis le 25 novembre (37 SA tout pile !) à 21h30 passées, alors que mon homme venait de repartir, j’ai eu de nouveaux saignements. Plus bizarres, ceux-là. Pas de vrais vrais saignements, mais des pertes un peu rosées. J’ai d’abord appelé mon chéri pour lui dire de se tenir près, que l’équipe ne prendrait certainement pas de risques si je saignais. Et j’ai sonné pour qu’une sage-femme vienne voir.
La suite s’est passées très vite mais finalement sans grande urgence car les saignements n’étaient pas dus au placenta…
Je venais en fait de percer la poche des eaux !
Bébé avait décidé de pointer le bout de son nez avant la date prévue histoire de surprendre tout le monde.
J’ai eu la bonne surprise de pouvoir accoucher par césarienne sous rachi (l’anesthésiste de garde ce soir-là ayant donné son accord) et j’ai pu voir mon bébé venir au monde avec l’aide d’une équipe merveilleuse cette nuit-là.
Harry est né à 23h15, effaçant aussitôt tous ces longs mois de doutes.
Alors si vous aussi vous êtes une future maman avec un placenta prævia : gardez espoir. Reposez-vous. Vivez au jour le jour. Consultez au moindre saignement et surtout, posez des questions, faites-vous expliquer ce que vous ne comprenez pas.
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Lili dit
J ai connu la même chose et je connais l angoisse d attendre les jours qui passent en se disant chaque jour de plus allite a l hopital est un jour de mieux pour le bébé . Un grand courage à toute
Maela dit
Merci pour ce témoignage, je suis actuellement à vivre la même situation que vous.
De vous lire me donne plein d’espoir pour la suite. Merci
Anne-Sophie Drean dit
Merci pour votre partage! J’aime beaucoup le prenom que vous avez choisi. Harry c’est tres symbolique et c’est aussi un prenom royal ☺️
Je suis confrontee a une situation identique, placenta tres bas des le debut de ma deuxieme grossesse et premiers episodes de saignements au 4eme mois! C’est tot!
Je suis au repos depuis, je viens ce weekend de passer l’echo du 2eme trimestre a 22sa.
Le diagnostic du placenta praevia est maintenant clair et j’espere qu’il pourra encore remonte!
En attendant je fais attention et je me repose pour eviter la moindre contraction. J’ai assez peur d’etre hospitalisee, ma fille n’a que 15 mois… Mais je reste optimiste.
J’espere qu’Harry se porte bien et toutes mes felicitations!
Anne-Sophie
Madeleine dit
Voilà exactement mon histoire! J ai passé 2mois et demi allongée pour une cesarienne programmée à 37 sa pile.
Et un bébé au top! Qui va fêter ses 4 ans 😊
Courage à toutes les mamans (et les papas) qui vivent cela.
Ingrid dit
Merci pour cette belle histoire, je suis aujourd’hui exactement dans la même situation que vous (actuellement hospitalisée sois observation à cause de saignements). Ça m’a fait du bien de lire cette histoire qui finit très bien.
Très beau choix de prénom au vu des circonstances en effet 🙂