Ségolène a souhaité donner naissance à son enfant de la façon la plus naturelle possible. Elle a donc opté pour un accouchement à domicile. Elle vous raconte son parcours, le déroulement le jour J, et vous donne plein de conseils si vous aussi vous souhaitez opter pour l’AAD. Voici son témoignage.
{Témoignage} L’accouchement à domicile : tous mes conseils
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Suite à la découverte de l’infertilité de mon mari en mai 2016 et après des tas d’examens et une insémination artificielle, me voilà enceinte en fin d’année 2016 ! Rapidement, mon mari me parle d’Accouchement à Domicile (AAD). J’y pense mais cela me fait peur. Je l’associe à l’expérience de ma maman, qui rêvait d’un AAD pour ma deuxième petite sœur et qui a fini en césarienne d’urgence avec pré-éclampsie un mois et demi avant le terme. Finalement, en discutant avec ma Sage-Femme (SF) libérale, je réalise que je ne veux pas monter dans la voiture pour aller accoucher quelque part. Je chemine donc sur cette idée d’AAD, je trouve un groupe sur Facebook où il y a des tas de témoignages et de conseils, je lis plusieurs livres sur l’accouchement physiologique et rapidement je suis intimement persuadée que c’est ce qu’il y a de mieux. Je finis même par trouver que c’est la norme.
On ne va pas chez le médecin quand on est en bonne santé alors pourquoi accoucher à l’hôpital quand tout va bien ?
En continuant mes lectures et recherches je me dis que la Femme a oublié qu’elle sait enfanter. Elle n’a besoin de personne pour le faire si ce n’est une présence rassurante à ses côtés avec un œil averti qui saura si à un moment donné il y a un problème. Il faut faire confiance en son corps !
Par chance, il y avait deux SF pratiquant les AAD dans mon département, qui travaillaient en binôme. Je le mets au passé car malheureusement, depuis, une des deux a été suspendue pour deux ans. J’en ai rencontré une très tôt dans la grossesse pour faire le dossier et être sûre d’avoir de la place par rapport à mon terme et leur planning. J’étais censée y aller tous les deux mois et voir une fois l’une, une fois l’autre – puisque nous ne savons pas à l’avance laquelle sera disponible le jour de l’accouchement – mais j’ai dû être alitée alors l’heure et demi de route pour me rendre à leur cabinet était impossible. Par chance encore, voyant ma détermination et sachant que j’étais bien suivie par ma SF libérale, qui pratiquait les AAD par le passé, elles ont accepté de me garder malgré l’absence de suivi avec elles. Elles sont ensuite venues à la maison, à tour de rôle, sur la fin de la grossesse et avant les 37 SA. A la fois pour connaître la route, voir le domicile et faire le point avec moi tout en vérifiant si médicalement parlant l’AAD était toujours possible. Il faut savoir que pour accoucher chez soi, c’est possible entre 37 et 42SA. Avant c’est trop tôt et après il faut malheureusement être déclenchée.
Une des SF m’a parlé de «bébé lotus», le fait de ne pas couper le cordon ombilical et d’attendre qu’il tombe seul. Il y a également le rituel de la bougie, ne pas couper mais brûler le cordon. En tout cas le cordon n’est pas coupé avant qu’il ait cessé de battre. Pour le placenta, qui nous appartient, on peut faire plusieurs choses : le jeter, en faire de l’homéopathie, le déshydrater, faire une empreinte, le planter etc. En fait, on fait comme bon nous semble en fonction de nos envies et croyances et ça c’est une sacrée liberté.
Pourquoi j’ai eu envie d’un accouchement à domicile
Ce qui me plaît pour l’AAD, au-delà de ne pas prendre la voiture, c’est de pouvoir manger et boire quand j’en ai envie et de bouger en toute liberté. Pas de monitoring, juste la SF qui écoute le cœur si besoin à un moment donné. J’ai aussi su qu’une des deux SF louait une piscine d’accouchement et c’était l’idéal pour moi qui voulait absolument avoir la possibilité de faire le travail actif dans l’eau voire d’y accoucher ! Ma SF libérale m’avait dit que l’eau chaude remplaçait la péridurale. Je ne voulais pas de cette dernière pour tout un tas de raisons et à domicile nous ne l’avons bien-sûr pas.
Le jour J est arrivé et aucune des deux SF n’a été présente. Le matin vers 8h, mon mari en a contacté une, l’autre étant en congés cette semaine-là. J’avais très mal dans le bas du dos. On avait beau avoir lu et entendu comment soulager, sur le moment on a tout oublié. Elle lui a donné plusieurs conseils et lui a dit que la naissance était peut-être pour aujourd’hui. J’ai eu terriblement mal dans le bas du dos et la nausée m’a empêchée de finir mon repas du midi. Quand mon mari a rappelé à 16h, elle était chez une autre femme qui était sur le point d’accoucher. Il a appelé la seconde qui n’a bien-sûr pas répondu vu qu’elle était en congés ! Il a du coup appelé ma SF libérale, qui a pu arriver chez nous vers 16h30.
Notre fille est née dans la piscine d’accouchement à 16h42 !!!
J’ai finalement été seule pour le travail actif, j’ai mis beaucoup de temps à comprendre et conscientiser cet accouchement ! Si je devais avoir un regret, c’est l’absence de cette conscience, mais alors absolument pas d’avoir accouché chez moi. Quel bonheur ! J’étais tranquille, dans mon cocon. J’ai pu aller me doucher après la délivrance quand j’en ai eu envie et ensuite nous sommes allés dans notre lit, en famille. Notre fille n’a subi aucun soin, elle a été pesée et mesurée le lendemain.
Ensuite, ma SF libérale est venue tous les jours pendant une semaine, pour vérifier que tout allait bien. Peser la petite, vérifier mes saignements, regarder ma vulve si besoin, discuter des tranchées (outch), échanger sur l’allaitement etc.
La suite a été compliquée pour moi mais j’ai eu une grosse difficulté maternelle qui n’a rien à voir avec l’accouchement.
Je suis actuellement enceinte du second et naturellement, ce bébé naîtra chez nous. Le seul frein cette fois est le côté financier. N’ayant pas la même situation financière qu’il y a 3 ans, si la mutuelle ne prend pas en charge une partie du dépassement, je ne sais pas si nous signerons le contrat avec la SF spécialisée dans l’accouchement à domicile. Je vais en discuter avec ma SF libérale pour voir si on trouve un arrangement parce qu’il m’est impossible d’envisager un accouchement en structure si tout va bien à nouveau.
Mes conseils si vous aussi vous rêvez d’un accouchement à domicile
J’en ai plusieurs à vous donner. Le premier étant que si vous souhaitez accoucher chez vous, il faut vous renseigner et chercher une SF spécialisée dans l’AAD dès le tout début de la grossesse, en fait dès que votre test est positif. Elles sont suspendues et radiées à tour de bras alors certains secteurs n’en ont plus du tout. Pour celles qui exercent encore, les places peuvent vite êtres prises et certaines refusent de vous suivre d’emblée pour diverses raisons : durée trop longue pour aller chez vous, durée trop longue entre votre domicile et la maternité par exemple. Les exclusions médicales peuvent également arriver en cours de grossesse.
Aussi, assurez-vous que le courant passe. Même si nous n’avons pas le luxe d’avoir des SF AAD à foison, si le courant ne passe pas cela ne promet rien de bon pour le suivi et l’accouchement.
Ensuite, il y a tout un tas de points à voir avec elle : conditions, temps accepté entre accouchement et délivrance, touchers vaginaux ou pas, ce que vous souhaitez, ce que vous ne voulez surtout pas etc. Sachez que les SF AAD font un accompagnement global, c’est à dire qu’elles vous suivent du début à la fin et viennent en post-partum. Si comme pour moi la SF AAD est loin de votre domicile, il faut voir si elle accepte que vous fassiez votre suivi près de chez vous si vous le souhaitez et il faut vous organiser pour avoir une SF en post-partum au quotidien.
Combien ça coûte d’accoucher à domicile ?
L’Accouchement à domicile n’est pris en charge par l’assurance maladie qu’à hauteur de 300€ et quelques et très peu de mutuelles remboursent le dépassement en partie ou intégralement quand il y en a un. D’une SF à l’autre, le montant varie. Alors assurez-vous d’avoir l’argent nécessaire et renseignez-vous auprès de votre mutuelle quand votre SF vous donnera le devis.
3 livres à lire si vous souhaitez accoucher chez vous
Pour le côté lecture, Michel Odent et Maïtie Trelaün sont des auteurs que j’ai lus et que je conseille fortement. Notamment les ouvrages «le bébé est un mammifère» et «j’accouche bientôt : que faire de la douleur ?». Il y en a d’autres mais je ne peux pas conseiller ce que je n’ai pas lu en intégralité.
L’idéal est que votre conjoint(e) ait la même vision des choses concernant l’accouchement mais je pars du principe que c’est vous qui donnez naissance et c’est votre corps alors la décision vous appartient. Sachez également qu’il est tout à fait possible d’être accompagnée par une doula si vous le voulez, en plus de votre SF.
Enfin, si vous ne le connaissez pas, il existe le Collectif de Défense de l’Accouchement A Domicile (CDAAD). N’hésitez pas à les soutenir si vous le souhaitez.
Ah et j’allais oublier ! Laissez la peur des autres de côté si jamais vous parlez d’AAD et qu’on vous dit que vous allez tuer votre bébé ou faire une hémorragie et y passer. Il n’y a pas plus de risques d’accoucher chez soi qu’en structure, peut-être même moins, au contraire.
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