A cause d’une grossesse extra-utérine décelée très tard, Mana a dû se voir retirer l’une de ses trompes. Elle est retombée enceinte très vite en suivant, mais a fait une fausse-couche. Comment garder espoir quand coup sur coup, le sort s’acharne ? Voici son témoignage.
{Témoignage} GEU, fausse-couche, comment ne pas perdre espoir ?
Bonjour à toutes,
Je tiens à remercier toutes celles qui laissent des témoignages sur ce blog, cela fait du bien de ne pas se sentir seule et de pouvoir partager son expérience.
Pour ma part, j’ai fait une GEU au mois de Juin, cela a été très difficile à vivre aussi bien physiquement qu’émotionnellement. Enceinte de 7 SA, j’étais la plus heureuse, je me projetais énormément sur le sexe du bébé, son signe astrologique, sa petite bouille qui serait dans mes bras pendant des heures. J’étais d’ailleurs persuadée d’attendre un petit garçon. Je n’ai pas envisagé une seule seconde que quelque chose pourrait détruire ce futur bonheur… Et c’est là où la douleur a été la plus dure, ne pas avoir pensé au pire et donc ne pas être préparée au choc qui m’attendait.
Un matin je me réveille avec une douleur en bas du ventre, intense
Je suis obligée de rester allongée mais aucune position ne me soulage. Puis une heure après, la douleur s’en va. Elle reviendra dans la soirée encore plus forte, et là je commence à m’inquiéter. J e vérifie toutes les 10 minutes si je ne saigne pas car je pense à une fausse-couche. Mais rien, aucun saignement, et la douleur repart.
Je m’endors et je décide d’aller chez le médecin le lendemain matin. Je passe une bonne nuit, je me réveille sans douleurs et je vais chez mon médecin presque honteuse de lui dire que j’ai eu mal au ventre la veille mais qu’aujourd’hui tout va bien. Il me palpe le ventre et quand il touche le côté droit, je sursaute de douleur. Il me dit qu’il préfère que je fasse une échographie car ce n’est pas normal que j’ai mal lorsqu’il m’appuie sur le ventre.
Arrivée au centre de radiologie, je suis à la fois inquiète mais en même temps contente car je me dis que je vais voir mon bébé avec une semaine d’avance à l’échographie. Et puis je me dis que si c’était quelque chose de grave, je saignerais et comme ce n’est pas le cas, je crois dur comme fer que ça va bien se terminer…
Une radiologue me reçoit, très froide, elle me fait l’échographie et me dit « vous n’êtes pas enceinte ». Je lui explique que oui, je suis enceinte, que j’ai fait ma prise de sang il y a 3 semaines et que ma première échographie officielle du premier trimestre est la semaine prochaine. Elle me dit de retourner au labo faire une prise de sang mais que non je n’ai rien dans mon utérus. Là c’est le choc, cette femme est inhumaine. J’insiste, je lui demande de bien regarder. Elle souffle, me montre son irritation face à mon insistance puis décide de me faire une écho endovaginale. Elle maintient que je ne suis pas enceinte puis finit par vérifier les trompes. Là elle panique, elle retire brusquement la sonde, me dit que je dois appeler mon gynéco en urgence et partir, que je fais une GEU et que l’œuf est trop gros, la trompe va se rompre.
Elle ne me laisse même pas appeler mon mari et me prie de partir. J’ai du mal à comprendre ce qu’il m’arrive, je me souviens avoir explosé en sanglots, avoir appelé mon mari puis mon gynéco pour savoir quoi faire. Je ne savais même pas ce qu’était une GEU alors encore moins le danger que cela représentait. Mon gynéco me dit de venir immédiatement, je me rends donc à son cabinet avec mon mari et il me refait l’échographie, il me dit qu’il faut descendre tout de suite au bloc, que je suis en pré-rupture. Puis tout va très vite, j’ai peur que quelque chose se passe mal au bloc, j’ai peur de ne plus jamais avoir de bébé et surtout je suis anéantie qu’on m’arrache mon bébé, mon petit cœur que j’ai tant désiré et qui ne naîtra jamais.
J’ai 5 minutes pour lui dire au revoir mentalement, lui dire pardon que mon corps n’ait pas fait ce qu’il fallait pour l’accueillir et qu’on puisse se rencontrer dans 7 mois puis on m’endort…
Quand je me réveille, mon mari est là, la mine inquiète, il a eu tellement peur de me perdre qu’il ne comprend pas ma peine à moi de ne plus être enceinte. Le gynéco vient m’annoncer qu’il a du me retirer ma trompe, qu’elle avait été trop abîmée par le fœtus qui avait continué de se développer (oui il avait envie de vivre mon bébé) et qu’il y avait trop de risques de récidive s’il l’avait laissé. Je pleure (encore) et je lui demande les conséquences sur ma vie.
Il m’indique que ce sera peut être plus long pour tomber enceinte car il faut ovuler du bon côté mais que je vais y arriver et que si jamais ça ne marche pas, on parlera de PMA mais que je ne m’inquiète pas, ce n’est pas à l’ordre du jour.
Le mot PMA me revient comme une gifle
J’ai l’impression d’être doublement punie, non seulement je ne connaîtrai plus l’insouciance d’une grossesse sans peur mais en plus je vais dois envisager qu’elle ne sera peut être pas « naturelle ». Les semaines qui ont suivi ont été très difficiles, je me retrouve dans beaucoup de vos témoignages car moi aussi je me suis sentie trahie par mon corps et incomprise par mon entourage.
Ils ont tous eu tellement peur que je meurs d’une hémorragie qu’ils ont complètement occulté ce que j’avais perdu. Oui il avait que 7 semaines, oui je suis contente d’être en vie mais moi ça faisait des mois que je voulais cet enfant, que je l’imaginais bien avant de tomber enceinte alors peut-on vraiment se réjouir dans ces circonstances?!? Je me suis renfermée sur moi-même car je n’avais pas envie d’expliquer à quel point j’avais mal, je ne comprenais pas et j’étais très en colère. Pourquoi tant de femmes ont des grossesses sans soucis sans même désirer un enfant et pourquoi moi il m’arrive ça ? Je ne pense pas le mériter. Et même si j’ai la chance d’être entourée, je me sens seule.
La phrase « vois le côté positif, tu es en vie » me donne des envies de meurtres.
J’ai aussi souffert physiquement, j’ai fait un abcès à ma cicatrice du nombril donc retour à l’hôpital pour drainer l’hématome. Enfin ma psy vous dirait que je ne voulais pas guérir psychiquement donc je m’empêchais de guérir physiquement. D’ailleurs si je peux me permettre un conseil, c’est justement de vous faire aider. Pour ma part, ma psy m’a beaucoup aidé à remonter la pente.
Fin juillet, j’ai rendez vous chez mon gyneco pour le contrôle post op, il me dit que c’est bon, tout est cicatrisé et que si je le sens, je peux reprendre les essais bébé à partir de Septembre.
Passe le mois d’août, mon mari veut nous organiser un week end pour notre anniversaire de mariage et je me rends compte que les semaines ont défilé mais que je n’ai toujours pas mes règles. Je me dis que j’ai surement un dérèglement hormonal. Je décide quand même d’acheter un test de grossesse pour me sortir cette idée de la tête. Et puis là, je sens cette petite flamme en moi qui se rallume, le test est POSITIF, il y a écrit enceinte 1-2 semaines.
Je suis seule chez moi, j’ai envie d’hurler de joie, je me dis que j’ai souffert mais que j’ai réussi à me relever pour pouvoir donner la vie et qu’on va l’avoir notre petit. Je me mets à pleurer (moi qui suis plutôt de nature à garder mes sentiments pour moi, je n’ai jamais autant utilisé de mouchoirs) et je reprends espoir. Dès que mon mari rentre à la maison, je me jette sur lui avec le test, on est heureux. On a peur aussi mais on y croit.
J’appelle mon gyneco qui me dit d’aller faire une prise de sang demain pour confirmer la grossesse et qu’on se voit dès que mon taux est à 1000. Je ne dors pas de la nuit, je suis excitée, apeurée, heureuse, perdue, il y a tellement d’émotions qui se bousculent en moi mais je me dis que ce serait trop injuste que je sois à nouveau enceinte et que ça se finisse mal. Alors je m’autorise à y croire.
Le lendemain , dès l’ouverture du labo, je suis devant la porte pour faire ma prise de sang.
A midi, je reçois les résultats et ils sont négatifs.
Je dois faire une fausse-couche
Douche froide, j’ai le cœur dans les talons, je ne comprends pas, il y a forcément une erreur, c’est le labo qui s’est trompé. Je retourne à la pharmacie acheter deux tests de grossesse : positif les deux. Je suis perdue et j’ai peur. Ce sentiment revient, la boule au ventre, l’envie de tout casser et la colère. Putain ça recommence ! J’appelle mon gyneco pour lui expliquer, il me dit que oui je suis enceinte mais que je suis probablement en train de faire une fausse couche, que je surveille si je commence à saigner et que je refasse une prise de sang dans 48 heures. Je passe la nuit à faire des aller retours au toilette pour vérifier si je saigne mais rien alors je reprends espoir, je me dis que c’était peut être trop tôt pour faire la prise de sang et que si c’était une fausse-couche, je serais en train de saigner. La nuit passe et à mesure que le jour se lève, mon espoir continue de croire. Je prends une douche pour aller travailler et en finissant de m’habiller, je sens quelque chose couler le long de ma cuisse, je regarde et là ça y est, je dois me rendre à l’évidence, je suis en train de faire une fausse-couche. Jusqu’à la dernière minute, j’ai voulu y croire, me raccrocher au fait que ce n’était pas possible de faire subir ça deux fois en trois mois à un être humain mais oui, malheureusement j’étais encore en train de perdre un bébé…
La fausse-couche est nettement moins douloureuse physiquement que la GEU
En quelques jours, on est remise sur pieds. Je n’aurais jamais cru qu’un jour, je serais là à comparer les avantages entre une grossesse extra-utérine et une Fausse-couche mais comme quoi, on est fait pour chercher du positif là ou il n’y a que du négatif.
Aujourd’hui, je n’ai pas encore la chance d’être enceinte à nouveau, j’espère avoir ce cadeau pour Noel, j’espère que je pourrais vous écrire à nouveau pour vous dire que moi aussi, j’ai eu ma happy end et que j’ai mon bébé dans mes bras. En attendant, je voulais juste apporter mon témoignage pour celles qui sont comme moi quand je suis sortie de l’hôpital et qui se posent 100 questions par seconde. Ce que je souhaite vous dire, c’est qu’avec le temps et de l’aide, on arrive à se remettre de tout. Que vous ne méritez pas ce qui vous arrive mais que vous finirez par aller mieux et que vous aurez votre bébé un jour. Je garde cet espoir car grâce à ce site, on peut lire que oui, ça peut bien se finir alors on y croit, on relève la tête et on avance !
Bonne journée à toutes
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Audrey dit
Ce texte me parle tellement .j’ai actuellement une Geu ,demain je vais aux urgences pour savoir comment elle évolue et comment on va l’arrêter . Voie médicamenteuse ou par opération .6 semaines dont 3 pendant lesquelles je me suis projettée. Mais voilà tout s’arrête. Avant ça j’ai fait 2 fausses couches.j’y croyais cette fois…
Je vous souhaite de tenir un jour votre bébé dans vos bras .