Claire va accoucher dans quelques jours de son troisième enfant. Un bébé surprise arrivé sous pilule dont elle n’a pas voulu se séparer. Mais plus l’échéance approche et plus la future maman stresse : elle a peur de rejeter ce bébé. Voici son témoignage.
{Témoignage} Bébé surprise : j’ai peur de rejeter notre futur enfant
Bonjour à toutes
Je suis ce super blog depuis très longtemps maintenant. Beaucoup de témoignages rassurent et répondent à pas mal de questions auxquelles le corps médical ne prend pas toujours le temps de répondre. Il devrait faire partie de la boîte de début de grossesse ou d’essai bébé.
J’ai voulu écrire pour avoir des conseils et peut-être être rassurée.
J’ai 33 ans et je suis mariée depuis 9 ans avec un homme vraiment attentionné et présent pour moi. Il est mon roc et je suis le sien depuis 13 ans. Nous avons 2 petits garçons tant désirés.
Nous étions d’accord pour avoir 2 enfants pas plus. Nous nous sommes lancés dans la construction de notre nid douillet dans lequel nous vivons enfin après un an et demi d’attente. Mon mari a un boulot stable, moi je suis maître auxiliaire (vous voyez « l’instit » dans la série télé ? Bah c’est moi sans la moto). Bref, une vie stable.
Cela fait quelques mois que je suis malade : nausées, vomissements, vertiges… Je ne suis pas très bien. Je ne garde pas mes repas et je suis très fatiguée. Le médecin me demande de faire une prise de sang avant de même prescrire des médicaments. Il demande un check-up. Pour lui, c’est de la routine afin d’exclure des hypothèses de mon soucis de santé. A part la pilule, je n’ai pas de traitement pouvant me rendre malade donc je fais les examens. Mais avant que je reçois par mail mes résultats, j’ai un appel visio du médecin.
Positive au COVID et enceinte !
« Vous êtes positive au COVID« , dans ma tête, ça donne « super je n’avais pas encore testé ce variant » … mais Le médecin continue « vous êtes enceinte… » euh… ça c’était pas prévu !
SURPRISE ! Positive… à tout bien entendu COVID et grossesse.
Panique à bord ! Le médecin n’en a pas fini avec moi « mais vu vos dates de cycles, le taux d’hormones est très bas. Je suis vraiment désolé mais vous êtes en train de le perdre. D’ici quelques jours, vous aurez des règles un peu plus abondante. Je suis désolé. » … Black out dans ma tête. Je suis heureuse ou non, soulagée ou non. C’est le bordel. Mon mari vient près de moi pour parler au médecin. J’ai dû faire une tête étrange car le médecin ne veut pas raccrocher en me laissant dans cet état. Il essaie de s’assurer que ça va et me demande de refaire une prise de sang dans les 48h.
On se retrouve tous les deux avec mon homme à se regarder. On s’en fout d’être tous positifs asymptotiques. Mais ce bébé surprise là et puis plus là. C’est perturbant. Mon mari rationalise et me dit d’attendre la 2ème prise de sang.
48h après je refais une prise de sang. Dans l’après-midi le médecin téléphone « Je suis vraiment désolé. Votre taux s’envole. Le bébé s’accroche. Vous devez être au tout début de votre grossesse mais avec un cycle long. Je suis vraiment désolé. » Ah ! Il nous prescrit une écho de datation pour être sûr que tout est ok.
On est perdus. On a prévu la maison avec 3 chambres. L’étage est aménageable mais ce n’était pas prévu avant 10 ans. Notre vie est bien à 4 mais là … je ne me sens pas assez forte psychologiquement pour une IVG surtout après une fausse-couche tardive avant mon 2ème garçon.
Mon mari me dit : « tu ne te sens pas de subir un IVG et jamais je ne t’imposerais ça. On va se débrouiller comme on a toujours fait. » Je veux attendre l’écho pour savoir ce qui se passe. Je suis sonnée. On ne parle à personne de ce que nous vivons. La maternité nous donne une date pour l’écho de datation assez rapidement.
L’écho se passe et la sage-femme voit bien que je ne suis pas à l’aise. Elle comprend la situation et nous dit « on regarde simplement là où ça en est« .
Le bébé a un mois et demi.
On entend son cœur et la le mien s’envole.
Je ne me sens pas d’arrêter ce battement. Je ne critique absolument pas celles qui font une IVG mais je pense qu’il faut être sûre de sa décision et solide dans son cœur pour le faire.
On décide de continuer la grossesse et de garder bébé
On garde le bébé mais la grossesse se complique. Je souffre d’hyperèmese gravidique (vomissements continus durant la grossesse), découverte suite à une hospitalisation pour déshydratation sévère à 3 mois de grossesse. On me garde 3 jours pour me requinquer et on découvre au passage que ma vésicule biliaire devient folle et qu’il faut me la retirer : elle forme des caillots non stop et c’est la cause des vomissements qui datent d’avant la grossesse.
3 semaines plus tard, rebelotte hospitalisée pour 4 jours : on trouve d’importantes carences dans presque tous les apports (vitamine D, vitamine B12, calcium, fer, …) dont certaines sont assez importantes pour dater d’avant la grossesse. Je dois prendre une dizaine de gélules tous les matins plus celles dans ma journée et des ampoules. Avec tension basse. Je suis arrêtée jusqu’à la naissance.
Je déprime de ne pas pouvoir travailler. On décide de d’annoncer la grossesse à nos familles. J’essaie de me mettre du baume au cœur et de faire des annonces joyeuses : des grattes-grattes pour ma famille en disant qu’il me reste ça de Noël et que je veux partager avec eux. Surprise générale mais plutôt bien accueillie. Une de mes sœurs dit que c’est grâce à son bébé 3 que j’en ai voulu un 3eme. Je sens que personne ne nous croit que c’est une surprise pour nous. On offre une bouteille de vin à mes beaux-parents avec une étiquette cuvée spéciale grand-parents. L’accueil est très mitigé.
Je perds beaucoup de poids. Je ne m’arrondis pas. Pour le médecin, c’est une forme de déni. Je sais que je suis enceinte mais n’arrive pas à l’admettre. Je me pose 1001 questions sur mes finances, mon travail, la maison, les changements dans notre famille. Je ne dors plus. Je suis à bout de force et je deviens irritable. Je n’arrive à rien préparer.
Mon mari a une idée : faire une gender revealing pour découvrir le sexe de bébé avec nos proches. On réunit nos parents et des amis chers. Une super amie nous fait un gâteau génial. On coupe devant tout le monde et …ouah… une fille. Apres 2 petits mecs, une petite fille ! J’en rêvais. Je retrouve le sourire mais notre entourage nous brise vite. Des personnes nous font la tête parce que c’est une fille (jalousie, envie…).
Je ne suis pas du tout féminine et je panique de plus en plus car je ne suis vraiment pas un exemple de femme pour cette petite. Je n’arrive pas à craquer dans les magasins pour des vêtements. Je n’y arrive pas.
J’ai besoin d’aide et de conseils car j’ai peur de faire un rejet de ce bébé : entre les soucis de santé, le rejet de certains proches, la surprise et la peur de la vie à 5. Je n’arrive même pas à me fixer sur son prénom. Je me souviens que pour mes fils les prénoms se sont vite imposés. Je parle peu à mon ventre. J’ai enfin réussi à m’arrondir mais je me sens mal dans mon corps et mes carences me rendent plus sensible encore aux hormones.
Je vais sûrement vous paraître compliquée et je sais que je ne devrais pas me plaindre quand je vois celles qui ont des difficultés à tomber enceinte et qui rêveraient d’avoir la surprise qu’on a eue. Je suis contente mais je suis beaucoup sur la réserve. Aidez moi à reprendre pieds et à ne pas rejeter cette petite fille dont je rêvais et qui pointera le bout de son nez dans quelques jours.
Merci à celles qui prendront un peu de temps pour m’aider et à La Mariée en Colère pour ce blog génial.
Vous souhaitez publier votre histoire ou vos conseils sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Marie dit
Bonjour,
À peu près la même situation, petit troisième pas vraiment attendu, grossesse compliquée, bébé difficile (beaucoup de pleurs, de sollicitations).
J’ai beaucoup culpabilisé et je l’ai un peu regretté ce bébé.
Il a 5 mois, ça va de mieux en mieux.
Il y a aussi du bonheur dans tout ça.
Agnès dit
Tout ce que je suis en mesure de vous dire pour vous rassurer c’est que j’ai une maman qui n’est pas du tout féminine (pas de shopping, elle ne se maquille pas et n’a pas pu m’apprendre, elle est même un peu bourrue, ne se laisse pas marcher sur les pieds) et j’ai aussi 3 grands frères. Et ça n’est pas gênant. Vous n’êtes pas obligée d’élever votre fille comme le clichée féminin, ça lui permettra de faire le choix de la femme qu’elle veut être plutôt qu’être enfermée dans un carcan dès son plus jeune âge. Moi j’ai eu une période rose jusqu’à mes 6 ans et ensuite j’ai porté par mon propre choix les vêtements de mes frères jusqu’au collège (même une fois j’ai abîmé mon manteau couleur caca d’oie et ma mère m’a sorti un manteau rose avec des ours dorés, je crois que c’était un cadeau, je l’ai déchiré exprès (et je me suis pris une baffe un peu méritée)). Aujourd’hui j’ai 34 ans et j’ai ma propre féminité, je ne me maquille presque pas, je ne passe pas des heures à me préparer les cheveux, je vais chez le coiffeur une fois par an et ça me laisse plein de temps pour faire d’autres choses 😉 Ce qui compte c’est l’amour que vous donnerai à cette enfant !!
J’ai du mal à croire que vous n’allez pas aimer votre fille quand elle sera là. Elle est dans votre ventre et vous pouvez essayer de tromper votre cerveau mais quand vous verrez ses yeux, ses mains, et dans quelques mois ses sourire, vous l’aimerai autant que vos 2 garçons. N’hésitez cependant pas à voir un psy car ça pourrait vous permettre de le réaliser plus tôt et de faciliter le processus de l’accouchement.
Lola dit
Bonjour,
vous avez le droit de ne pas vous sentir à l’aise dans une situation que vous n’aviez pas envisagée comme une option initiale dans votre vie de maman.
C’est nouveau et vous avez le droit de trouver cela difficile. Lors de ma grossesse j’ai du être arrêtée très tôt et lâcher clients et collègues du jour au lendemain sans avoir le choix. Je l’ai plus que mal vécu … j’ai énormément culpabilisé … et je suis allée consulter … parce qu’au final j’avais besoin que quelqu’un de neutre me rassure … me dise que ce que je pouvais ressentir vis à vis de mon bébé et d’avoir l’impression d’une injustice de supprimer en une journée tout ce qui fait ma vie pour aller rester couchée …. j’en avais le droit … et que c’était normal
Vous avez le droit d’avoir du mal à vous projeter … je vous souhaite de trouver de l’aide et un équilibre autour de cela … j’ai pratiqué l’hypnose et entamé un travail avec un psychologue pour essayer de comprendre et de trouver de l’apaisement
Prenez soin de vous … la grossesse est une parenthèse dans la vie d’une femme et elle peut remettre en cause tellement de vérités que celle ci est plus simple en étant accompagnée … après cela peut être divers et varié … une sage femme … un thérapeute … de la sophrologie … un micro kiné… doula …
Je vous souhaite une belle rencontre et une douce vie à 5 … vous serez une maman formidable !
Marion dit
Bonjour,
Essayez de vous détacher de cette culpabilité.
Une grossesse représente un important chamboulement pour ttes les femmes, vous avez le droit de vous sentir perdue. Vous êtes loin d’être la seule.
Perso j’ai suivi un parcours PMA pour avoir ma fille. Malgré les difficultés de la PMA, j’ai beaucoup râlé pendant ma grossesse alors que j’avais râlé/pleuré pendant de longues années avant pour arriver à ce statut « femme enceinte ». Donc ne culpabilisez pas, on ne peut pas toujours contrôler ses émotions/ressentis et encore moins enceinte.
Le fait que vous ayez cette crainte de « rejeter votre fille » prouve bien que vous vous intéressez déjà à elle.
Dès fois pouvoir parler de ses émotions librement peut aider, sans la peur du jugement des autres, des gens qui vous connaissent. Une sage-femme ou une psychologue pourrait peut-être vous aider à décharger vos peurs.
Personnellement la rencontre avec la sage-femme libérale pour mes cours de préparation à l’accouchement m’a clairement rendue ma grossesse et c’est grâce à elle si j’ai pu accueillir ma fille sereinement. Elle a su m’écouter, me conseiller et me donner confiance en moi.
Ayez confiance en vous, soyez patiente et gentille avec vous même!
Bon courage, je sais que ce n’est pas facile mais vous allez y arriver, n’en doutez pas!
audrey dit
Bonjour, merci pour votre courageux témoignage,
moi même n’arrivant pas à tomber enceinte, ne culpabilisez surtout pas pour celles qui n’arrivent pas à tomber enceinte, vous n’y pouvez rien, c’est comme ca !!
J’espère que quand vous tiendrez votre fille dans vos bras, vos craintes s’apaiseront, avec un mari comme le votre qui à l’air attentionné, il saura vous apaiser !
Je vous souhaite bon courage et une belle rencontre avec votre bébé !!
Claire dit
Merci pour votre message!
Ma fille est née et même si la maternité a été un vrai bazar. Nous l’aimons et la cherissons de tout cœur.
Certains personnes sont absents dans sa vie comme dans la notre. Nous nous y attendions et avançons à 5. Ses frères sont dingues d’elle et nous avons commencé les travaux pour faire l’étage et aménager une chambre pour eux.
Agnès dit
Ah, c’est super !!
Lilas dit
Bonjour. Nos histoires se ressemblent, à la différence que je l’ai découvert au bout de 3 mois car j’ai la chance immense de ne pas être malade pendant mes grossesses. C’est numéro 2. Nous on en voulait qu’un. La maison était taillée pour 3 personnes. Pas plus. Et plein de projets à 3, pas à 4…. Il a fallu digérer la nouvelle et un peu se réinventer. On s’est aussi demandé si Ivg ou non, et oui le battement du coeur a changé la donne. il y a eu du stress et desinsomnies… En Avril nous seront 4.
Surtout prend cette grossesse comme elle est: une surprise plutôt heureuse. Cette petite fille était bien décidée à vous rejoindre et face tant de ténacité de sa part (entre la pillule, le covid et ta santé) tu ne pourras être que ravie qu’elle vienne dans ta vie. Tu n’es pas l’archétype de Miss France ? Et alors ? Crois tu qu’une petite fille qui ne passe pas son temps à rêver de fringues est malheureuse ? Bien sûr que non ! Et rassures toi, Tu vas l’aimer parce que tu as déjà appris à aimer tes garçons. Et que ce bébé surprise, ça sera bientôt un magnifique cadeau: une petite fille forte comme sa Maman.