A toi, mon enfant, parfaitement imparfait·e,
Je n’ai qu’une vie pour te dire combien je t’aime et t’accompagner, du mieux que je le peux, à travers les aléas de l’existence. Et je n’ai que quelques années pour faire de toi une personne adulte, autonome et bien dans sa tête. Alors aujourd’hui je veux te parler de tes défauts, accordés par la nature, combinés aux erreurs que nous aurons nous-même commises dans notre parentalité, et qui te conduiront à ajuster ton caractère, pour t’adapter.
A devenir la personne que tu es et qui évoluera au gré des aléas
D’abord, sache que cette capacité d’adaptation est la base d’une vie épanouie. Dire avec dureté « je suis comme ça, on m’accepte ou on trace sa route car ceux qui ne m’aiment pas n’ont rien compris » paraît être une force, mais qui apporte souvent beaucoup de désillusions. Car je pense que les personnes bien dans leur tête se disent « je suis comme ça, j’ai des défauts, je m’accepte et je souhaite juste aux autres de trouver la sérénité« . S’accepter soi-même c’est devenir plus souple envers les autres, être moins heurtée. Accepter ses propres défauts, être compréhensive avec soi-même c’est l’être avec les autres. Sans pour autant accepter la méchanceté. Mais comprendre qu’il y a des gens si mal dans leur peau qu’ils sont capables d’être mauvais c’est ne pas le prendre personnellement. Il n’y a pas tout le temps besoin de se remettre en question, surtout quand la critique n’est pas constructive. Il faut savoir laisser couler sans se braquer. La personne qui pense avoir gagné de par sa méchanceté en cas de conflit n’a rien compris à la vraie leçon censée être apprise : celle de l’expérience et la résilience.
Observer, analyser, et adapter son comportement à la situation, sans violence. Ce n’est pas être influençable, c’est utiliser le courant, t’en servir comme force et arriver là où tu le souhaites, sans souffrir ni t’épuiser en luttant contre, ou alors le moins possible.
Ensuite, il te faudra apprendre à écouter. Les autres, toi-même, mais sans interférence de jugement. Laisser de côté ton propre ressenti pour avoir une vision globale d’une situation est l’un des enjeux les plus délicats à gérer. On te criera de part et d’autre de faire comme-ci, d’agir comme-ça, de penser de telle manière ou l’opposé… mais ce que tu devras suivre, c’est surtout ton instinct. Il te guidera vers ce que tu désires ou dans le chemin d’erreurs qui t’apprendront les leçons nécessaires à ton évolution. Tu devras passer par l’expérience négative pour évoluer positivement. Prendre de la hauteur sur ce qui se passe, c’est ne plus le prendre personnellement. Cela se travaille tous les jours. Une vie trépidante t’attend mon enfant, mais pour ne pas la subir, il faudra apprendre à mettre de la distance avec toi-même, et tes émotions, qui te donneront souvent une vision très biaisée de la réalité.
Tes imperfections sont ta plus grande force. Il faudra juste apprendre à les dompter
Ne les rejette pas, n’en ait pas honte, au contraire, accepte-les. Il est dur d’arriver à se dire que l’on ne peut pas plaire à tout le monde. Que quoi qu’on fasse, on sera critiqué·e. Mais c’est la réalité. Il serait préférable de se plaire vraiment à soi-même plutôt qu’au reste de la terre. Car il y a autant d’avis que de personnes, de sensibilités que d’émotions. Accepter que l’on a ses propres contradictions, c’est accepter aussi celles des autres. De la même manière qu’il n’y a pas de pensée unique, il n’y a pas de meilleure façon universelle de se comporter. Franchise, hypocrisie, timidité, extravagance, dynamisme, calme, hyper sociable, associable… ce n’est qu’une question d’accord entre les personnalités, et même parfois juste de temporalité. Il n’est pas nécessaire de se braquer et d’envoyer tout balader au moindre différend. Ta plus grande force sera d’arriver à prendre de la hauteur, pour ne pas être frappé·e de plein fouet par la bêtise, les mensonges, l’ingratitude, ou tout simplement la méchanceté des gens.
Les autres peuvent être parfois si sévères… alors ne le sois pas avec toi-même.
Je t’apprendrai à te faire critiquer, mon enfant.
Une critique ne t’impacte négativement que si tu l’autorises à aller dans ce sens. Mais on vit dans un monde où il faut se censurer perpétuellement car des personnes sont heurtées par tout et n’importe quoi. Certain·es se mettent tellement de barrières, qu’il leur est devenu insupportable de ne pas voir tout le monde fonctionner ainsi. Les gens n’aiment pas la franchise quand elle ne va pas dans leur sens, mon enfant. Non, une critique ne doit pas être gratuite et méchante, mais tellement de gens ne font plus la différence… Se plaindre que ça ne va pas, mais ne rien vouloir changer. Se lamenter sur ce que l’on est, mais ne pas supporter qu’une personne pointe le doigt sur ce qui ne va pas et ce qui pourrait la faire avancer. Il y a des leçons que l’on doit apprendre soi-même et d’autres qui arriveront à coups de pieds, car tu devras les apprendre de toute façon.
Tu ne seras pas une victime mon enfant.
Tu ne seras pas de ces gens si malheureux qu’ils ne savent distribuer que de la négativité autour d’eux. Tu feras le bien en toi et donc autour de toi.
La critique est toujours constructive, même quand on la prend de plein fouet. Et si le reproche en lui-même n’est pas tangible, il a au moins le mérite de nous en apprendre plus sur la manière dont nous réagissons face aux appréciations de l’extérieur. Y est-on sensible, ultra-sensible, ou avec le temps, et « grâce » à toutes ces réprobations, n’apprend t’on pas à justement s’endurcir et prendre confiance en nous ? La critique, prise sans affect et avec recul, permet de s’affirmer. De dire « Non ! Ce n’est pas vrai. Mais ça m’intéresse que tu m’expliques pourquoi tu penses ça de moi » on peut toujours s’améliorer. La dureté c’est de se braquer. La souplesse c’est de communiquer.
Certaines personnes veulent être meilleures sans s’entraîner, s’élever sans se questionner, paraître parfaites sans se remettre en question. Ces même personnes ne cesseront de se plaindre et persisteront à dire « Je suis comme ça, on m’accepte ou on trace sa route« . Mais ces gens-là ne sont pas heureux, et souvent ce sont des personnes très seules car la première personne qu’elles rejettent c’est elle-même. S’aimer c’est savoir se remettre en question, en souplesse et avec bienveillance.
Apprendre à se protéger et même se défendre n’est pas inné. Et d’ailleurs, dans notre éducation, on nous inculque plus souvent la soumission (surtout face à l’autorité), plutôt que l’argumentation. Je ne serai jamais parfaite, et toi non plus. Alors je t’invite à communiquer, à m’expliquer ce que tu ressens, à pointer du doigt les erreurs que je fais. Ne me ménage pas mon enfant. Pour que je grandisse en même temps que tu grandis.
Pour que j’apprenne de mes erreurs, il faut que tu les pointes du doigt et que tu m’expliques avec bienveillance ce que j’ai fait de mal. Je ne peux pas m’améliorer sans l’Autre, sans toi. Sans ton regard, sans ton ressenti, sans tes émotions. C’est ce qui me construit. Alors je me permettrai d’en faire de même. Avec amour, avec conscience.
Je t’apprendrai que tes défauts sont tes plus belles qualités. Qu’il faut les aimer, les chérir, pour mieux t’accepter. Comme on ne peut pas être honnête avec les autres si on se ment à soi-même, on ne peut pas envoyer de la bienveillance aux autres si l’on n’est pas déjà rempli d’amour.
Aime-toi, pour mieux aimer les autres.
Younique dit
Merci pour ce beau partage 🙂 L’article est magnifiquement bien écrit!
Leati dit
Magnifique texte. Ton enfant a beaucoup de chance d avoir un parent comme toi.