Nous recevons beaucoup de témoignages sur les séquelles psychologiques laissées par la révision utérine. Souvent pratiquée dans l’urgence avec une péridurale qui fonctionne plus ou moins, la maman qui subit déjà la douleur de l’accouchement, a en plus celle de cet acte vraiment pas anodin à encaisser. Heureusement, cela peut aussi très bien se passer. C’est le cas pour Cyrielle, qui a eu la chance d’être entourée d’une équipe très bienveillante et qui l’a très bien vécu. Voici son témoignage.
{Témoignage} Je ne suis pas traumatisée par la révision utérine
Bonjour à toutes et à tous !
Il y a quelques temps j’ai écris mon histoire, en racontant comment pour moi la différence d’accompagnement entre mes 2 accouchements avait réellement changé mon ressenti.
Juste après, une maman a témoigné du traumatisme de la naissance de son enfant, à cause d’une révision utérine horrible ! J’en ai eu des frissons en me disant que ça aurait pu être moi, car j’ai également eu une révision, mais qui par chance s’est très bien passée, et je pense que c’est important de dire que ce n’est pas toujours un acte terrible, afin de rassurer les futures mamans.
19h32, mon garçon est dans mes bras !
Je ne vais pas raconter en détail l’accouchement mais en gros : fissure de la poche des eaux à 16h, arrivée à la maternité à 17h15, une équipe débordée donc un peu d’attente pour être examinée, surprise de voir que je suis déjà à 8, pause de la péridurale vers 17h45 -18h puis on a attendu que la péridurale agisse avant de commencer les poussées… enfin la seule et unique poussée car mon fils était pressé d’arriver !
Mon petit garçon est dans mes bras, on fait la tétée de bienvenue, le peau à peau, mon mari est à mes côtés… tout va pour le mieux !
Mais l’équipe est songeuse, à plusieurs reprises elles m’appuyent sur le ventre et je sens que ça coule. D’après elles je perds pas mal de sang et des caillots assez imposants, elles souhaitent l’avis d’un gynécologue.
Le gynécologue ne veut prendre aucun risque
En effet il pèse les caillots que je perds, c’est trop selon lui. Il pratique une échographie abdominale qui révèle que j’ai encore des masses dans l’utérus. Il m’explique que s’il ne fait rien, il y a 2 options pour la suite, où les caillots tomberont seuls progressivement, ou bien je peux faire une hémorragie dans la nuit, et il ne souhaite pas prendre ce risque.
Sur le moment je ne comprends pas trop ce qu’il compte faire jusqu’à ce qu’il enfile un gant jusqu’au coude et qu’il me demande « Niveau seuil de tolérance à la douleur, vous vous situez où ?« . Je me mets à pleurer, j’ai peur, j’attrape la sage femme qui est encore à côte de moi, je lui dis que mon seuil c’est 0, que je suis hyper douillette, que je ne veux pas ! Elle me rassure en m’expliquant l’importance de l’intervention.
Et c’est là que vraiment je le redis, l’équipe autour de moi a fait toute la différence !
– Le gynéco a proposé d’attendre qu’on me réinjecte de la péridurale, il m’a expliqué qu’il n’y avait pas d’urgence, qu’on avait le temps (et pourtant le service était plein, avec des césariennes d’urgence), et que c’était pour ça qu’il préférait le faire maintenant plutôt que d’attendre et de devoir le faire « à vif » en urgence plus tard si la situation se dégradait !
– L’interne anesthésiste a remit de la péri, puis m’a régulièrement posé un glaçon sur le ventre : tant que je sentais le froid on ne faisait rien !
– La sage femme a pris mon bébé pour le mettre en peau à peau avec papa, puis elle est restée à mes côté tout le long en me donnant la main et en me parlant.
J’ai bien dû les faire attendre 30 minutes ! Mais ils ont été adorables et compréhensifs ! Quand enfin je n’ai plus senti le glaçon, le gynécologue est allé gratter l’utérus pour tout faire sortir, tout en me parlant de manière très bienveillante, et je n’ai absolument rien senti ! Tout le bas de mon corps en dessous de la poitrine était anesthésié. Bon par contre après j’ai gagné 2h de surveillance supplémentaire avant de pouvoir enfin aller dans ma chambre.
La révision utérine peut être traumatisante mais ce n’est pas toujours le cas
Bien sûr que cet acte peut être traumatisant ! Déjà psychologiquement, ce n’est pas rien comme geste. Personnellement j’ai vraiment essayé de faire abstraction en me disant que c’était un acte médical comme un autre. J’ai eu la chance d’avoir une équipe formidable, mais si le gynéco n’avait pas pris le temps d’attendre que la péridurale agisse de nouveau, je n’ose imaginer la douleur et la sensation.
Pour le papa aussi c’est troublant. Ils ont insisté plusieurs fois pour que mon mari n’y assiste pas. Mais avec tout ce qu’on entend sur les violences gynécologique, il a souhaité rester dans la pièce, sans regarder bien sûr mais au moins il était là avec moi !
Loin de moi l’idée de dire que cet acte et anodin et que les femmes qui restent marquées sont des chochottes ! Je pense vraiment que j’ai eu beaucoup de chance de le vivre de cette manière !
Mais je voulais quand même rassurer les futures mamans, en leur disant que parfois, même quand il y a des complications, tout se passe bien !!
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Cha dit
C’est exactement ça, le geste est invasif, mais c’est surtout la façon de le faire qui compte.
Si c’est bien expliqué, accompagné… Même en situation de grosse urgence (parce que ça ne prend que 5secondes de dire « vous saignez beaucoup, je dois faire ce geste désagréable, mais nous sommes là pour vous » et de garder quelq’un à la tête qui explique les choses.
Plutôt que de faire tout sans prévenir, et d’oublier qu’il y a une personne au dessus de cet utérus qui saigne. Et d’arracher le bébé pour l’habiller dans une autre pièce avec papa sans donner de nouvelles pendant de longues minutes et le rendre lavé, emmailloté.
Bref, sage-femmes et médecins (et auxiliaire et infirmières) : pensez toujours que l’hémorragie et la RU sont potentiellement très très très traumatisants et prenez soin des patientes. Même si ça saigne beaucoup et que vous êtes stressés, il y a toujours quelques mots à dire pour être gentil.