Notre fidèle lectrice souhaite à son tour partager son histoire comme de nombreuses femmes le font ici. Elle a vécu son accouchement comme si elle était étrangère à la situation, sans qu’on lui demande ou explique quoi que ce soit… Elle témoigne de son accouchement sans consentement sur le blog…
Accouchement sans consentement : loin de ce que j’avais imaginé
Bonjour à tous les parents et futurs parents lecteurs de ce blog !
En tant que lectrice, j’ai arpenté ce blog pendant toute ma grossesse, et aujourd’hui, j’ai envie à mon tour d’y déposer mon témoignage. J’ai accouché il y a peu et ça a clairement été la plus dure épreuve de notre vie ! Ce n’est donc pas un témoignage très joyeux que je viens vous partager, mais un témoignage qui représente une réalité, celle que nous avons du vivre dans mon accouchement sans consentement.
J’ai choisi de vous faire vivre cette expérience en immersion dans mon récit. En vous contant réellement tous les passages de mon accouchement sans consentement à plusieurs reprises pour que vous puissiez vous rendre compte que tout ça n’est pas normal. Prenez le temps d’en parler avec la personne qui sera à vos côtés et qui pourra veiller à ce que le personnel médical vous tienne au courant et surtout, vous demande votre avis en vous éclairant sur le pourquoi de leurs décisions…
J1 – 15h17 : Je suis enceinte de 40 semaines, je suis aux toilettes et je perds du sang comme si j’avais mes règles. Après un appel à la maternité, on me dit de venir mais sans trop me presser, que ce n’est sans doute pas alarmant. Il faut compter 50 minutes de route, on le prend tranquillement et on arrive à 17h50 mais les contractions ne sont pas assez régulières.
19h : Le gynécologue arrive pour me faire une échographie pour voir mon col car les sage-femmes n’arrivent pas à le mesurer au doigt. Il s’assoit et après quelques minutes, il me dit ouvertement qu’il ne sait pas ce qu’il fait là et m’annonce qu’une contraction arrive tout en continuant à appuyer sur mon ventre avec sa machine. Je suis crispée et m’agrippe aux barreaux du lit mais je ne relève pas.
19h27 : On nous dit de rentrer chez nous et de revenir dans deux jours pour les résultats de la prise de sang.
On rentre sans aucune autre information
J2 – 5h : Je me réveille à cause de contractions douloureuses. 2h plus tard, j’appelle la maternité pour avoir leur avis. On me dit de prendre la route pour venir étant donné le temps de trajet et les festivités du jour dans notre région.
10h : Après plus d’une heure de douche pour apaiser la douleur des contractions, on part enfin et comme prévu, route bloquée ! On explique la situation à la police qui ne veut rien savoir. On leur dit que j’ai des contractions, que je suis peut-être en train d’accoucher mais rien à faire, ils nous font faire demi-tour pour aller à la gendarmerie chercher un pass. 15 minutes de route en plus. 30 aller/retour + 50 minutes pour aller à la maternité. Sur place, les policiers demandent des preuves comme quoi je suis bien en train d’accoucher. Je suis à deux doigts d’écarter les jambes pour leur montrer tant je sens la colère monter en moi. Ajoutez à cela la douleur des contractions, je vous laisse imaginer mon état de nerfs !
Je n’ai plus aucune notion du temps mais nous arrivons enfin à la maternité ! Après vérification, je suis ouverte à 2 large, j’entre en chambre le temps du travail.
20h : Je suis ouverte à 5 et j’accède enfin à la baignoire de la salle nature. En 10 minutes, grâce au bain, je passe de 5 à 10, dilatation complète, sauf que dans tout ça, je n’ai pas eu la péridurale ! Je la demande donc d’urgence car je sens que physiquement, je fatigue.
21h : L’anesthésiste m’a fait la péridurale sauf… qu’elle ne fonctionne pas ! 2ème dose… qui ne fonctionne que d’un côté ! 3ème dose… elle fonctionne enfin et je peux souffler !
23h : C’est mon tour. Ce grand moment ! Il est temps de pousser et de mettre au monde notre fils, mais après 30 min de poussée, bébé ne descend plus. La sage-femme (un amour) doit appeler le gynécologue. C’est le même que la veille qui débarque.
J3 – 00h : Le gynécologue me demande de pousser pour constater par lui-même que bébé est bel et bien coincé et ne descend plus. Je l’entends parler à la sage-femme avec les mots « épisiotomie, forceps, pas le choix »… la sage-femme hausse le ton car elle n’est pas d’accord avec lui, sauf qu’au bloc, l’avis du gynécologue prime sur celui de la sage-femme et elle ne saura pas lui faire entendre raison… Elle part chercher les forceps, il les met autour du crâne de bébé sans qu’on soit au courant de rien, première étape de mon accouchement sans consentement. Mon mari et moi entendons les bruits, les morceaux de conversations (ou d’ordres) entre eux mais jamais personne ne nous dit ce qu’il se passe ou ce qu’ils comptent faire, à moi comme à notre enfant.
Je suis là sans être là, mais tout ça ne me plait pas, je voudrais comprendre et surtout qu’on m’explique, qu’on me demande mon avis sur mon corps…
1h : La péridurale s’estompe, on me remet une dose qui, à nouveau, ne fonctionne pas. Toujours personne ne nous dit ce qu’ils font et ce qu’il se passe, le gynécologue et la sage-femme sont passés au stade au-dessus et sont littéralement en train de s’engueuler devant moi, en position gynécologique. Et puis à mon tour de me faire remonter les bretelles, les contractions sont devenues trop espacées et avec la péridurale qui fait à moitié effet, je ne sais pas comment les reconnaitre et je ne le préviens pas quand elles arrivent… il s’énerve à présent aussi sur moi tout en continuant dans sa lancée d’accouchement sans consentement de ma part.
1h13 : Mon conjoint ne sait pas lui non plus ce qu’il se passe, tout à coup, il voit le gynécologue, pinces à la main, et il voit mon regard paniqué, résultat ? Il fait un malaise. Tout le monde court (sauf le gynéco bien évidemment) pour le rattraper quand d’un coup ce dernier cri : POUSSEZ ! Je pousse tout en le voyant râler sur les pinces pour faire sortir bébé. N’étant pas prévenue, je ne m’attends pas à ce qu’il tire aussi fort !
1h14 : Je sens les jambes de mon bébé remuer en moi tellement ça a été violent et rapide, et d’un coup, bébé Sacha est né ! Un petit garçon de 3,4 kilos, et une énorme douleur ! Un « aïe j’ai mal » m’échappe. Le gynécologue, dans toute sa bienveillance, me répond sèchement « depuis tout à l’heure vous n’avez pas mal et là vous avez mal ?! ». Je me braque et je refuse de prendre mon fils sur moi tant je suis sur les nerfs.
1h20 : J’apprends qu’il m’a aussi fait une épisiotomie sans me prévenir. Il est actuellement en train de me recoudre. Bébé est en peau à peau à côté de moi avec mon mari, la plus belle image que je garde de toute ma vie. Moi par contre, je suis sur mon lit, en train de pleurer en silence par peur que le gynécologue m’engueule comme une enfant si je lui dis qu’il me fait terriblement mal. Je suis traversée par toutes les émotions : la joie immense que notre fils soit né, qu’il soit en bonne santé, et une colère indescriptible envers ce gynéco, envers cette douleur qu’il m’inflige, envers ces décisions prises pour moi sans jamais demander mon consentement pour quoi que ce soit. Et je m’en veux en plus terriblement d’avoir refusé de prendre mon fils sur moi…
3h45 : Retour en chambre avec bébé avant que la sage-femme ne le prenne pour que l’on puisse dormir et se reposer un peu, ce qu’il m’est impossible de faire tant je pleure, dans la douleur, malgré les médicaments.
Bébé a deux mois à l’heure où j’écris ce témoignage
J’ai mis 2 semaines à marcher correctement. 1 mois à totalement m’en remettre. Aujourd’hui on parle encore avec mon conjoint du gynécologue qui nous a énormément marqué tous les deux de par sa façon d’être et de faire. Malgré tout, je suis prête pour un second bébé car je n’ai jamais été aussi heureuse que depuis que je suis devenue Maman ! On n’oublie pas ce qu’on a vécu, c’est faux, et je ne sais pas si j’oublierai un jour cet accouchement sans consentement, mais ce qui est sûr, c’est que je suis capable de dire que ça en valait la peine, mêle si certaines choses auraient sûrement pu mieux se passer…
Vous souhaitez publier votre histoire ou vos conseils sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Laura dit
Courage !
N’hésite pas à partager ce que tu as vécu avec un psy, ca peut t’aider à te remettre de cet accouchement.
Les séances d’EMDR peuvent être très efficace.
Tu peux aussi demander à ta SF ou même à une SF de l’hôpital où tu as accoucher de discuter de ton accouchement pour comprendre la logique des actes médicaux qui ont été pratiqués.
Rayponce dit
Alors oui on oublie.
Car le gynécologue, est quand même un médecin qui a fait plus de 7 ans d’études. Et qui sait ce qui est le plus sain pour notre enfant.
Mon bébé 1 est né la tête vers les étoiles, le cordons 2 fois enroulé autour de son cou. Épisio pour moi sans mon consentement sinon bébé mort. Et je dis merci car je préfère souffrir moi que mon bébé. Pour bébé 2: episio et ventouse car bébé bloqué. Et heureusement que la gynécologue a fait tout cela car sinon je serais mamange, pour les 2. Alors oui, j ai eu du mal à m en remettre physiquement mais je les bénis d avoir su réagir si vite, sans mon consentement peut être, mais j ai maintenant 2 enfants en parfaite santé, qui ont 7 et 11 ans. Et moi je suis en pleine forme aussi!
Alors merci, merci au personnel médical d avoir pris des décisions qui ont sauvé la vie de mes enfants.
Laura dit
Le problème dans ce terrible récit n’est pas tant les actes effectués par ce gynécologue que son incapacité à informer, à expliquer (avant ou même après) les actes effectuer, à exprimer un brin d’empathie ou au minimum à rester poli et sympathique avec la patiente.
Et il n’y a aucune situation qui puisse justifier qu’un médecin gronde, crie, critique ou enguele un patient ! Ca n’aide jamais une situation à aller mieux et ca ne sauve la vie de personne.
Agnès dit
Je comprends votre commentaire. Néanmoins j’ai aussi vécu une épisio et forceps mais j’ai été prévenu au début du travail que ça pourrait arriver si je devais pousser plus 30 minutes (c’est arrivé après 40) ET j’ai été prévenu au moment où ça allait arriver pour l’épisio ET pour les forceps.
L’autrice n’a jamais été prévenu et en plus la SF et le gynécologue n’étaient même pas d’accord donc ce n’était peut-être pas une question d’urgence, contrairement à votre témoignage. Il y a des moments où effectivement chaque minute compte et d’autre non et dans ce cas, on informe et on rassure.
Je finirai par dire qu’il faut un peu d’empathie, l’autrice n’est pas vous, si 2 mois après elle en a encore gros sur la patate, peut-être qu’il faut autre chose avant de pouvoir oublier, comme témoigner, trouver du soutien, comprendre, digérer.
Sarah dit
Bonjour,
Je viens d’accoucher (d’un petit Sacha de 4kg 😉) et quand je lis votre récit je suis tellement triste pour vous et en colère…
Mon premier accouchement a été aussi un peu chaotique avec des actes non consentis (pas à votre point) et ce deuxième accouchement à été totalement naturel et parfait (enfin, ça fait toujours mal, faut pas se mentir 😜) et je remarque que ça n’est dû qu’à l’équipe médicale !
Certains gynécologues ou sage-femmes devraient être interdit en salle de naissance !
Personnellement, j’essaierai de porter plainte, en essayant d’avoir l’appui de la sage femme qui n’était pas d’accord, peut-être aussi d’autres femmes qui sont passées par là avec ce gyneco…
Dans tous les cas, prenez bien soin de vous, pas que physiquement, mais aussi psychologiquement car ce que vous avez vécu a dû vous laisser des traces…
Plein de courage et heureusement plein de bonheur à vous 🥰