Grossesse et travail sont tout à fait compatibles, que l’on soit salariée ou cheffe d’entreprise. Je fais d’ailleurs partie de ces femmes qui ont travaillé jusqu’au bout et qui ne se sont jamais vraiment arrêtées. Mais il est cruciale, en tant que femme enceinte, de savoir où se situent vos droits et devoirs. En France, la législation protège les femmes enceintes sur leur lieu de travail, interdisant toute forme de discrimination liée à la grossesse. Cela signifie que vous avez le droit d’être traitée équitablement et de bénéficier de conditions de travail sécurisées pendant cette période spéciale de votre vie. Dans cet article, je vous explique tout sur la grossesse au travail.
Législation sur le travail et la grossesse
Selon la loi Française, les femmes enceintes ont droit à un congé maternité d’une durée spécifique. En général, ce congé est de 16 semaines au total, comprenant 6 semaines avant la date prévue de l’accouchement et 10 semaines après. Cependant, cette durée peut varier en fonction de certaines situations particulières, comme les naissances multiples (youpi des jumeaux) ou les complications médicales (on en parle plus loin dans l’article).
De plus, si votre travail présente des risques pour votre santé ou celle de votre bébé, votre employeur est tenu de prendre des mesures pour adapter votre poste ou vous proposer un autre emploi temporaire.
Quand dois-je dire à mon employeur que je suis enceinte?
L’annonce de votre grossesse à votre employeur est une étape importante, mais vous pouvez vous demander à quel moment il est approprié de le faire. En France, il n’existe pas de délai légal précis pour informer votre employeur de votre grossesse, mais il est recommandé de le faire dès que possible, surtout si vous avez besoin d’aménagements ou de certaines protections au travail.
Idéalement, vous devriez informer votre employeur lorsque vous aurez fait la première échographie (celle du troisième mois), c’est à dire dès que vous êtes certaine de votre grossesse, afin de lui donner suffisamment de temps pour prendre des mesures appropriées pour votre santé et votre sécurité au travail.
Si vous avez besoin de congés spécifiques ou de temps supplémentaire pour des rendez-vous médicaux, il est également important d’en informer votre employeur dès que possible. Cela lui permettra de planifier adéquatement votre absence et de prendre les dispositions nécessaires pour assurer la continuité du travail pendant votre absence.
N’oubliez pas que votre grossesse est une information personnelle et confidentielle, et que vous n’êtes pas obligée de la divulguer à votre employeur avant que vous ne soyez prête. Cependant, informer votre employeur tôt peut vous permettre de bénéficier de certaines protections et aménagements dès les premiers stades de votre grossesse, ce qui peut être bénéfique pour votre santé et celle de votre bébé.
Le congé maternité
Le congé maternité est un temps précieux que vous pouvez utiliser pour vous reposer, vous préparer à l’arrivée de votre bébé et profiter des premiers instants de la maternité. Pendant ce congé, vous avez droit à des indemnités journalières versées par la sécurité sociale, qui sont calculées en fonction de vos revenus antérieurs. Ces indemnités peuvent être complétées par votre employeur, en fonction de votre convention collective ou de votre contrat de travail.
Aménagement du temps de travail pendant la grossesse
Si votre emploi présente des risques pour votre santé ou celle de votre bébé, vous avez le droit de demander un aménagement de votre temps de travail ou de votre poste. Cela peut inclure des horaires flexibles, des pauses supplémentaires, un aménagement ergonomique de votre poste ou même un changement temporaire d’affectation. Votre employeur est tenu de prendre en compte votre demande et de trouver des solutions adaptées à votre situation.
Si vous avez besoin d’un aménagement de votre temps de travail pendant la grossesse, la première étape consiste à en informer votre employeur. Il est recommandé de soumettre une demande écrite décrivant vos besoins spécifiques et les raisons pour lesquelles ces aménagements sont nécessaires pour votre santé ou celle de votre bébé. Votre employeur est tenu d’examiner votre demande de manière sérieuse et de chercher des solutions appropriées en consultation avec vous.
Dans de nombreux cas, il est judicieux de consulter un médecin du travail ou votre professionnel·le de santé habituel·le (gynécologue ou sage-femme) pour obtenir un certificat médical appuyant votre demande d’aménagement du temps de travail. Ce certificat peut fournir des informations importantes sur votre état de santé et les ajustements nécessaires à votre poste ou à vos horaires de travail.
Une fois que votre demande a été approuvée, votre employeur est responsable de la mise en œuvre des aménagements convenus. Cela peut inclure des ajustements temporaires de vos horaires de travail, des pauses supplémentaires pour vous reposer, ou même un changement temporaire de poste si nécessaire. Il est essentiel que vous et votre employeur communiquiez ouvertement et régulièrement pour assurer que les aménagements sont efficaces et adaptés à vos besoins tout au long de votre grossesse.
Accompagnement des femmes enceintes au travail
N’oubliez pas que vous n’êtes pas seule dans cette aventure. De nombreuses ressources sont disponibles pour vous aider à naviguer à travers le labyrinthe des droits et des devoirs des femmes enceintes au travail. Vous pouvez consulter un avocat spécialisé dans le droit du travail ou contacter des associations de défense des droits des femmes pour obtenir des conseils et un soutien supplémentaires. N’hésitez pas à faire valoir vos droits et à demander de l’aide si nécessaire. Vous avez plus de renseignements sur ce sujet sur le site du gouvernement.
En cas de soucis pendant la grossesse, comment ça se passe ?
Pendant ces 9 mois, il peut arriver que des complications de grossesse surviennent, nécessitant un repos prolongé ou des soins médicaux spécifiques (pré-éclampsie, hypérémèse gravidique etc…) . Dans de tels cas, il est essentiel de communiquer rapidement avec votre employeur et de lui fournir les certificats médicaux nécessaires pour justifier votre absence du travail.
En France, les femmes enceintes bénéficient d’une protection spéciale en cas de maladie pendant la grossesse, y compris en cas d’alitement ou de risques de fausse couche. Dans ces situations, votre médecin peut vous prescrire un arrêt de travail temporaire, qui vous permettra de vous reposer et de recevoir les soins nécessaires sans compromettre votre emploi ou vos droits en tant que salariée.
Droits et devoirs pour le retour au travail après la grossesse
Après la naissance de votre bébé, vous avez le droit de retourner au travail une fois votre congé maternité terminé. En France, les femmes bénéficient également d’un congé parental, qui leur permet de s’absenter du travail pour s’occuper de leur enfant pendant une période prolongée. Pendant cette période, votre poste doit être maintenu par votre employeur, et vous avez le droit de retrouver votre emploi à votre retour.
Cependant, il est important de noter que votre retour au travail peut nécessiter des ajustements, surtout si vous avez des besoins spécifiques pour l’allaitement ou des suites de votre accouchement (par exemple). Dans ce cas, vous pouvez discuter avec votre employeur des aménagements nécessaires pour faciliter votre transition de retour au travail et assurer votre bien-être et celui de votre bébé.
Femme enceinte et chef d’entreprise : droits et devoirs
Lorsqu’une femme enceinte est également cheffe d’entreprise, elle doit jongler avec des responsabilités professionnelles et des besoins personnels. Que ce soit en tant qu’entrepreneuse individuelle, auto-entrepreneuse ou professionnelle libérale, elle doit comprendre ses droits et devoirs spécifiques dans cette situation unique.
En France, les femmes enceintes qui dirigent leur propre entreprise sont également protégées par la législation sur le travail et la grossesse. Elles ont le droit de bénéficier des mêmes aménagements que les salariées enceintes, y compris des ajustements de leur emploi du temps ou de leurs tâches si nécessaire pour des raisons de santé. Dans la pratique on se débrouille seule… Contrairement aux salariées, elles n’ont pas d’employeur à qui adresser leur demande. Dans ce cas, elles doivent prendre l’initiative d’organiser leurs propres ajustements, tout en respectant les exigences légales en matière de santé et de sécurité au travail.
Pour les entrepreneuses individuelles ou les auto-entrepreneuses, cela peut impliquer de revoir leur planning, de déléguer certaines tâches à des collaborateurs ou de réduire leur charge de travail si nécessaire. Pour les professionnelles libérales, elles peuvent envisager de réorganiser leurs rendez-vous ou de réduire leurs heures de travail pour s’adapter à leur grossesse.
Il est également essentiel pour les femmes enceintes cheffes d’entreprise de se renseigner sur les prestations et les aides auxquelles elles ont droit pendant leur congé maternité. En tant que contributrices au régime de sécurité sociale, elles peuvent prétendre à des indemnités journalières pendant leur congé maternité, ainsi qu’à d’autres prestations telles que l’allocation de repos maternel.
Pour l’avoir fait lorsque j’étais enceinte de ma fille, être enceint et cheffe d’entreprise est très compliqué. Personnellement je ne suis pas vraiment arrivée à m’arrêter. J’envoyais des emails sur al table d’accouchement, j’ai repris à J+7 après la naissance sinon mon entreprise ne pouvait pas survivre… Il n’y a pas vraiment d’aide à proprement parlé pour les femmes enceintes qui ont leur entreprise car ce n’est pas vraiment possible : on ne peut pas laisser tomber sa boîte du jour au lendemain sous peine de devoir tout recommencer à 0 ensuite. Un vrai challenge ! En 2011 lorsque j’ai accouché, je n’avais le droit qu’à 45 jours d’arrêt… que je n’ai jamais vraiment pu prendre.
Recherche d’emploi et grossesse
Si vous êtes enceinte et à la recherche d’un emploi, vous avez le droit de postuler comme toute autre personne. Il est illégal pour un employeur de vous discriminer en raison de votre grossesse. Cependant, il est important de noter que vous n’êtes pas obligée de divulguer votre grossesse lors d’un entretien d’embauche, sauf si vous en avez besoin pour demander des adaptations raisonnables ou pour des raisons médicales. Mais quand même c’est plus honnête ! Partir sur un mensonge ne vous fera pas voir du bon oeil par votre employeur et la suite risque d’être compliquée. Surtout à votre retour !
En résumé, il est important pour les femmes enceintes de connaître leurs droits et devoirs au travail, et de communiquer ouvertement avec leur employeur pour assurer leur bien-être et celui de leur bébé pendant cette période spéciale. En cas de soucis, n’hésitez pas à consulter un·e professionnel·le de santé ou un·e avocat·e spécialisé·e dans le droit du travail pour obtenir des conseils et un soutien supplémentaires.