Sylvain est photographe de mariage. Alors autant vous dire que le stress des mariées est un sujet qu’il maîtrise parfaitement. D’ailleurs il a pu se rendre compte au fil des saisons qu’un photographe de mariage n’est pas que cela. Il accompagne la bride-to-be toute la journée et permet d’éviter bon nombre de catastrophes. Un très beau témoignage à partager avec toutes les futures mariées qui ne savent pas encore à quel point il est important de choisir un photographe de mariage avec lequel on a beaucoup de feeling.
Photo et texte : Sylvain Norget But.Portraiture
{Témoignage} Parce que nous ne sommes pas QUE des photographes.
Si la mariée est parfois en colère, c’est aussi à cause du stress. Ce fameux stress du mariage. Je me suis longtemps demandé, en tant que prestataire « neutre » d’où il pouvait provenir. Lors de mes premiers mariages en tant que photographe, j’étais stressé parce que je débutais, j’avais peur de rater certains moments, de rendre de mauvaises photos. Mais ce stress a disparu et heureusement, je n’ai jamais raté de moments et je ne crois pas avoir rendu de mauvaises photos. Restait le stress de la mariée (et du marié qui n’est en absolument pas épargné) J’ai donc cherché à comprendre et j’ai trouvé une réponse : Parce que. Au bout de 57 mariages, c’est la seule réponse que je peux donner.
Le stress est un tout, il est formé de petits rien et de grandes choses qui vont de l’organisation, au choix de l’engagement pour la vie. Le terrain est vaste. Lorsque des mariés choisissent de faire appel à une wedding planner, ils se déchargent d’une partie de ce stress qui se transmet de mères en filles, de pères en fils. Mais qu’ils l’organisent seuls ou accompagnés, il est toujours là, soit il arrive tôt soit il se déclenche tard. A force de photographier des mariages, je me suis rendu compte d’une chose : je suis le seul prestataire qui reste avec les mariés du début à la fin le jour J, parfois de très tôt le matin à très tard dans la nuit. Une fois que j’ai compris ça, mon travail a pris un aspect différent. Je ne suis plus là que pour prendre des photos, même si c’est ce pourquoi on m’a engagé. Le photographe est le lien entre chaque évènement de la journée, il sait que très rares sont les fois où il se passe un incident, il sait par expérience que la mariée (plus que le marié, robe oblige) est la star de la journée avec tout ce que cela comporte de positif et de négatif ; Une mariée est extrêmement sollicitée, elle va se faire coiffer, maquiller, elle va enfiler sa robe, on va l’aider, la mère, la belle-mère iront de leurs compliments, de leurs larmes versées, de leur stress légitime mais trop expressif parfois. La mariée est celle qui sera la plus regardée, où qu’elle aille, où qu’elle entre, mairie, église, salle de bal, elle sera regardée, étudiée, épiée, on la prendra par la main sans qu’elle ne donne son avis pour poser avec de lointains cousins (je vous en conjure, n’invitez QUE des gens que vous aimez, c’est votre mariage et le « il faut inviter intel parce que … » ne doit pas exister) Elle saluera, remerciera, embrassera, sourira, marchera, posera, mangera parfois peu, ne boira pas assez d’eau et tout cela plusieurs fois dans la journée. Le photographe doit être celui va l’accompagner, autrement. Il s’agit de parler calmement, la rassurer sans l’agacer, lui dire que tout va bien se passer parce que c’est vrai, parce que ce n’est pas un examen, ce n’est pas un concours d’entrée à une grande école, c’est un moment intime qui touche une des choses les plus importante de nos vie, l’amour. Le stress c’est aussi ça et c’est nous qui devons le gérer.
Il m’est arrivé d’accompagner une mariée à l’église, parce qu’elle avait tout planifié sauf la voiture qui la déposerait à la cérémonie religieuse.
Il m’est arrivé de jouer le garde du corps, poli, mais ferme, quand les passants s’approchant de trop près d’une robe très blanche.
Il m’est arrivé de calmer une mariée terrifiée dans une voiture, nous y étions seuls et elle attendait le « GO » pour entrer dans l’église mais sentait son corps se dérober. Il fallait quelqu’un pour l’écouter, lui parler, la faire rire.
Il m’est arrivé de convenir d’un signal d’intervention pour sortir la mariée d’une conversation, d’une situation étouffante.
Il m’est arrivé de calmer des parents accablés par une mariée énervée par le mauvais temps et qui ne se rendait plus compte de l’intonation violente de sa voix.
Il m’est arrivé de transporter des chaises, des tables ou de devoir en trouver même si je ne suis pas là pour ça.
Il m’est arrivé de partir bien après l’heure prévue parce qu’il y a des choses qu’on ne peut pas manquer.
Il m’est arrivé de poser des voiles, de faire penser à prendre ce bouquet de la mariée qu’on oublie souvent sur un coin de table, de lui apporter une bouteille d’eau, de lui tendre une cigarette, etc. …
Pourquoi ? Parce qu’à force d’être là tout au long de la journée, on devient un membre provisoire de la famille, du cercle d’ami, on est le plus proche, celui qui doit être le plus discret possible mais qui doit aussi se faire entendre au moment où il faut.
Le travail d’un photographe ne s’arrête plus aux photos et c’est tant mieux. Mon métier est plus humain que ça et il nécessite beaucoup d’implication, beaucoup plus qu’on ne l’imagine lorsqu’on le commence. Il y a beaucoup de boulots qui me stressent dans ma vie de photographe mais suivre un mariage, jamais. Je vois ces visages heureux, ces émotions belles et touchantes, ces lieux souvent magnifiques, mon travail est de les fixer sur des photos et j’adore ça. Si j’ai bien fait mon travail à la fin de la journée, c’est que j’aurai réussi à atténuer un peu de ce stress et de cette « colère » qui n’en est parfois que la manifestation logique.
Vous souhaitez témoigner sur le blog ? C’est par ici que ça se passe.
Ga Elle dit
Article très émouvant et tellement vrai… Nous avons rencontré notre photographe de mariage 1 an avant… tout de suite le feeling est passé ! Une personne dont la bienveillance transparaît sur nos photos… et qui depuis nous suit avec son compagnon dans les moments forts de nos vies (grossesse, maternité, 1 an de notre fils) et ça n’est pas terminé… je me retrouve tellement quand vous dites que vous êtes bien plus qu’un photographe 😉 vous avez raison et c’est ça qui fait la différence 😊 bonne continuation dans votre métier-passion…
Nadir dit
Bien parlé Sylvain. Merci à toi d’avoir témoigné de ton expérience de photographe de mariage.
Tes mots redonnent un peu d’humanité à ce métier.
Ca fait du bien.
Merci
Laurent dit
Merci Sylvain pour ce témoignage tellement vrai !
Je me retrouve dans beaucoup de cas que tu as cité . Il m’est aussi arrivé de faire les noeuds de cravate 😉
Comme toi j’aime beaucoup cette dimension sociale et notre comportement ce jour la est vraiment très important.
Nicolas Terraes dit
C’est exactement mon ressenti sur mon travail de photographe de mariage. Être tout simplement une personne ressource pendant cette journée très stressante pour les mariées.
Une Mistinguett en Goguette dit
Très bel article, très juste…pour l’avoir vécu de l’autre côté, du côté de la mariée <3
Notre photographe a été l'un des piliers de notre mariage (le seul regard complice que l'on croise par exemple lors des préparatifs, lorsqu'on est seule chez le coiffeur), celle qui rassure, celle qui rit avec toi, celle qui te rassure! Quel bonheur d'avoir des prestataires qui soient plus que ça …d'ailleurs une belle amitié est née de cette rencontre, et de beaux projets aussi ! Un conseil : suivez votre instinct et voyez au delà du technicien. Vous allez passer la journée avec une personne, pas avec un appareil photo !
babouchka dit
ahhhhhh toi alors Ma Mistinguett d’amour, jte love!!
babouchka dit
Que ca fait du bien de lire ca! De se reconnaitre, se sentir moins seul aussi! Merci
Christophe Bruno dit
Bel article émouvant et tellement vrai!
Antoine Monié Photographie dit
Bel article qui décrit parfaitement comment je vis mon métier de photographe de mariage. Je dis souvent aux mariés qu’un ces critères les plus importants pour leur choix du photographe est l’entente qu’ils ont avec lui. Le photographe est le SEUL qui « collera aux basques » des mariés toute la journée et qui les suivra dans chaque moment. Je dis souvent que mon rôle est aussi celui d’un anxiolytique: rassurer, anticiper, faire partager son expérience, conseiller sur les petit moments qui n’ont pas été prévus ou pensés à l’avance. Comme toi, je suis souvent celui qui rappelle à la mariée qu’elle a un bouquet, qu’elle a peut être envie de le lancer ou parfois qui fait le noeud de cravate du marié !
Bref, je suis en total accord avec ton article, un grand bravo.
Anais Armand-Pétrier Photographe-Créatrice dit
Très joliment écris, je me reconnais parfaitement dans ces mots…
Lorsque je prépare mon matériel je me surprends à glisser dans ma sacoche dolipranes, mouchoirs, bonbons pour calmer les enfants, numéros de téléphone des prestataires au cas ou, et bien plus encore!
Chaque mariage je m’implique un peu plus, nous, photographes, sommes témoins de chaque détail de la journée, et toujours prêts à tempérer et interpréter un rôle qui n’est pas le nôtre…
Un métier tellement humain, tellement profond. Nous avons une chance incroyable de vivre et partager cela avec nos mariés d’amour!
Etienne dit
Excellent article, très juste !
« Un membre provisoire de la famille »… C’est exactement ça. 🙂
Vanmeenen Stefaan dit
Oui je confirme aussi 3000%
Je suis amoureux du mariage depuis l’âge de 12 ans, j’en ai 42 ans et aujourd’hui je suis photographe professionnel, avec naturellement un penchant pour le mariage et des anecdotes j’en ai un joli stock, mais au final il reste avant tout des souvenirs de famille merveilleux, alors que nous ne sommes effectivement pas de la famille, ou provisoirement uniquement…
Bravo pour ce bel article dans lequel nous, pro, nous retrouvons avec un large sourire et pleins d’images en tête 😉
Louis dit
Impressionnant de justesse et plein de vérité(s) cet article.
C’est du vécu, du archi vécu et c’est magnifiquement amené et partagé.
Bravo pour ce billet.
Nicolas PLOMB dit
Tellement vrai et c’est bien pour cela que certains couples deviennent amis.
Bel article
Gilles dit
+1 Si il n’y avait pas tous ces aspects de notre profession que personne n’imagine, je ne ferai pas de mariage … 😉
Sandrine Photographe dit
Tellement bien dit, je me retrouve dans chacun de tes mots, et peut-être plus encore en étant femme au final ?
Il m’est arrivé à moi aussi grand nombre d’anecdote qui me confirment que non, il ne s’agit pas que d’appuyer sur l’appareil pour prendre les photos, mais aussi et surtout, d’aider la mariée et son entourage, à décompresser la cocotte minute de l’amour et du stress le jour J
Rare sont les mariages qui se déroulent exactement tout comme prévus, et avec un timing parfait, et être photographe, la seule personne extérieure qui passera en effet toute ma journée avec la mariée, c’est aussi être la seule à ne pas forcément faire un drame dont l’energie contagieuse polluera de mauvaises ondes une journée qui à l’origine, est juste basée sur l’amour de 2 êtres
bref, les clés de voitures oubliées, la fameuse mise de voiles et du « zut je me souviens plus comment la coiffeuse a dit », yep, ce sont des petits plus qui sont tout autant de raisons pour moi de vouloir continuer à être photographe de mariage.
🙂
Chouette article ! 🙂
Mia dit
Magnifique article, très touchant
Nanou dit
Bride-to-be 2016, nous avons déjà choisi notre photographe, (c’est le deuxième prestataire que nous avons réservé, juste après le lieu et avant même que tout le monde soit au courant de notre mariage !) et me voilà totalement « rassurée » car je sais qu’il sera là pour tout ça, que je lui fais confiance et qu’il sera bien plus qu’un photographe ce jour-là.
C’était très important pour moi d’avoir un bon feeling avec lui tout de suite, de me sentir en confiance : il va quand même me voir en petite culotte ce jour-là !
Je le considère déjà comme un invité spécial, un peu comme un ami. Alors, je me dis que notre Grand Jour est bien parti.
Valérie dit
Je me suis retrouvée tellement dans cet article! J’ai fait la traductrice aussi, puis rattrapé des oublis qui auraient pu être fâcheux, puis surtout comme toi rassuré la mariée sur sa robe, sa coiffure, son maquillage… on devient un intime alors qu’on se connaissait si peu avant. C’est la beauté de ce métier, ce qui me donne de la force et de l’énergie en plus de faire de belles images : que l’on me fasse confiance pour partager ces moments si intimes et si importants, et que les mariés soient si heureux d’avoir partagé cela avec moi : petite photographe, juste présente pour une journée de leur vie.
Plume à Plume dit
Une évidence pas toujours si évidente parfaitement exprimée, bravo Sylvain 🙂
Eva Lesalon dit
Voici un très bel article qui témoigne parfaitement de notre amour pour notre métier.
Toutes ces petites attentions sont bien réelles, nous les vivons tous ! Merci Sylvain et bonne fin de saison à tous !
Modaliza dit
Joli article!
Une réalité nous ne sommes pas juste observateur mais nous contribuons au joli jour par notre regard bien sur via nos photos mais aussi par de petites attentions.
Notre expérience permet d’aborder les choses plus zen et d’anticiper des détails.
Une surveillance bienveillante aide pour que tout se passe comme dans leur rêve et surtout que les mariés s’en souviennent avec émotion à travers nos images.
PLY dit
C’est ça… tout à fait ça…
Plus, un clin d’oeil à l’église pour la faire sourire, lui donner un mouchoir quand on sent que les larmes ne sont pas loin, un spasfon, retirer les grains de riz de son chignon, retoucher un maquillage qui dégringole, lui donner une épingle à nourrice géante, parce que nous photographes on le sait que la traine ne s’accroche quasi jamais convenablement et qu’on prévoit des épingles pour nos mariées, on aide la maman de la mariée pour le laçage de la robe, en rassurant tout le monde… non la mariée n’a pas pris 20kg, simplement les petites pressions transparentes ne tiennent jamais, etc… et tout cela avec bienveillance parce que nous, ce que nous voulons ce sont des mariés heureux.
Bonne fin de saisons amis photographes 🙂
Madame D dit
Très bel article.
J’n profite pour remercier notre photographe qui a été tout cela la semaine derniere et qui a usé de talent de couturière pour fixer joliment mon attache traine. Et nous sommes d’accord, ce n’est pas son travail. Mais elle a été parfaite !