Agathe est neuropsychologue et elle va vous expliquer pourquoi, quand on veut un enfant, il n’est pas possible d’arrêter d’y penser. Voici son témoignage.
{Témoignage} Envie de bébé : Fini la culpabilité, ne pas y penser est impossible !
Je lis trop souvent que les mamans aspirantes s’entendent dire « essaie de ne pas y penser » et finissent par le croire … Depuis 2 ans, nous tentons, mon mari et moi, d’avoir un enfant en vain et j’avais envie de leur donner une réponse qui en bouchera un coin à leur interlocuteur et qui j’espère diminuera leur sentiment de culpabilité !
Il est physiologiquement, organiquement, psychologiquement impossible de ne pas penser à un projet aussi important que celui de créer la vie et de devenir parents. Je m’explique. Le cerveau est un organe mystérieux qui régit l’intégralité de notre corps et ce sur tous les plans. Je vous donne un exemple très simple. Vous vous coupez avec une feuille de papier sans vous en rendre compte. Tant que vous n’avez pas vu la coupure, pas de douleur et pourtant dans les minutes qui suivent la découverte, il y a 99% de chances que vous commenciez à ressentir des picotements, une sensation de brûlure et de la douleur. Et oui, ça y est le cerveau a reçu l’information des récepteurs … C’est d’ailleurs en partie en contrôlant ce phénomène que les fakirs arrivent à s’asseoir sur des lits de clous. Et là, vous vous dites : Et alors ? Pourquoi elle m’ennuie avec ça ? Quel est le rapport avec la choucroute ?
Et bien, les chercheurs ont identifié différentes structures cérébrales ayant chacune des rôles plus ou moins précis. Loin de moi l’idée de faire un tableau précis et immuable des fonctions cérébrales car vous imaginez bien que, comme dans la vie, rien n’est tout blanc ou tout noir. Non, tout est un dégradé de gris ou moi j’aime bien penser qu’on y retrouve toutes les couleurs. Toujours est-il, que le cerveau a une capacité merveilleuse : LA SELECTION. Une espèce de filtre des informations. Car si notre cerveau a des capacités encore insoupçonnées, il a besoin de trier les informations accessibles aux 10% de ce que nous utilisons réellement. Cette sélection se fait en fonction de vous mais aussi de votre environnement. Par exemple, je ne suis pas amatrice de foot, je ne l’ai jamais été (je n’ai même pas regardé la finale de la coupe du monde 98, c’est dire …). Et pourtant, depuis que je connais mon mari qui vous l’aurez compris en est plus qu’amateur, j’ai des connaissances inattendues sur ce sujet, je retiens des informations sans même savoir comment !! Même lui en est parfois bouche bée … A tel point, qu’il m’arrive de me dire que je retiens des choses complètement inutiles alors que je n’arrive pas à me rappeler de déposer mon courrier dans une boîte aux lettres …. Aaaaah les mystères de la mémoire, mais c’est un autre sujet … Revenons-en à nos moutons. Le cerveau a donc une fonction « filtre ».
Je vous épargnerai un cours magistral de neuroscience. Cependant, sachez que certains attribuent une partie de cette compétence à la formation réticulée. Car celle-ci a pour rôle de déterminer l’importance des messages nerveux qui lui sont envoyés. Oui, alors là, il faut faire preuve d’imagination. Imaginez que tout ce que vous voyez, sentez, touchez, entendez, sont des influx nerveux. Personnellement, je les représente comme des sortes d’éclairs dans mon cerveau (mince, on se croirait dans Matrix maintenant … vous allez me prendre pour une dingue …). Et bien ces éclairs passent par la formation réticulée et c’est elle qui détermine l’intensité de ces éclairs et par conséquent l’attention et l’importance que nous allons lui accorder. Il est évident que d’autres structures cérébrales peuvent venir s’ajouter au processus comme l’hypothalamus ou le système limbique. Je vous laisse aller chercher plus loin si ça vous intéresse.
Tout ça reste bien abstrait, je m’en vais donc vous donner un exemple plus concret. Lorsque vous avez décidé de vous marier. Rien ne vous échappait concernant ce sujet et surement pas le nouveau magasin de robes de mariée. Vous savez, celui qui vient d’ouvrir, rue de la Verrerie, celle que vous prenez à chaque fois que vous allez chez l’esthéticienne. Et bien en réalité, il est là depuis des années, mais comme le mariage n’était pas d’actualité, votre cerveau a mis l’information à la poubelle ou en tout cas, dans la partie inexploitée de votre cerveau. Et ne me dites pas que ça ne vous est pas déjà arrivé. Evidemment, cette anecdote est transposable au magasin de déco, lorsque vous avez commencé à projeter d’acheter votre cocon douillé rien qu’à vous ! Ou à tout autre sujet.
Vous voyez où je veux en venir ? Lorsque l’on a un projet bébé, c’est la même chose. On détecte toutes les femmes enceintes quel que soit leur stade de grossesse, on devient sensible à toutes les pubs pour poussettes, couches ou autres tests Clearblue auxquelles on ne prêtait pas attention, on connait l’adresse de tous les magasins pour bébé … etc … Et bien tout ça, c’est à cause du filtre de votre cerveau. Il laisse passer ce qui vous est important et laisse filer ce qui l’est pas … Donc les filles, fini la culpabilité d’y penser. Vous ne pouvez pas vous en empêcher, c’est votre cerveau qui sélectionne avant même que vous ayez eu le temps d’y mettre du sens. Et puis j’ai envie de vous dire que lorsque l’on commence sa journée en prenant sa température avant même d’avoir mis le pied parterre, il me paraît difficile de ne pas y penser … Foi de neuropsychologue !
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Lea dit
Merci tout simplement
Merci pour ce bel article ! 1 an de mariage et presque autant de temps a essayer de mettre un bébé en route et pourtant.
entre celles qui tombent enceintes « pouf » comme ça dès le premier coup, celles qui n’avaient pas envie spécialement mais tu as vu hein ça a marché c’est un signe …
et TOUTES ces personnes qui me rabâchent les oreilles en me disant de ne pas stresser et de ne pas y penser .. GRRR soyons honnêtes, depuis 10 mois ont vit bébé, on mange bébé, on dort bébé , jusqu’au bout des ongles .
Tellement je culpabilise je finit par me dire que peut-être je n’en ai pas vraiment envie, ou que nous ne sommes pas fait pour être parents mais c’est FAUX ! nous nous aimons, nous avons envie de cette famille, Dame nature prend son temps voila tout
encore une fois MERCI pour cet article
Ebea dit
Bon, je suis entièrement d’accord avec ce témoignage…
Mais après avoir lu les réactions et commentaires, je voudrais simplement prendre un peu la défense de toutes celles qui ont pu un jour vous dire « tu y penses trop »…
Sincèrement, pensez-vous (je m’adresse aux rédactrices des commentaires) que toutes ces personnes vous ont dit ça dans le simple but de vous agacer, de vous déprimer, de vous faire enrager?
Je pense simplement que ces personnes ont juste maladroitement tenté de vous aider, de vous soutenir… Elles ne savent pas forcement quoi dire, elles ne sont pas passé par là, est-ce une raison de leur en vouloir? Et puis, au fond, y’a-t-il réellement une phrase qui pourrait vous faire aller mieux?
Je pense que, au lieu de vouloir leur clouer le bec, leur arracher les yeux ou détester leurs bonheurs, ils serait peut-être bon de leurs expliquer calmement que ces phrases « toutes faites » ne vous soulagent pas.
La plupart des ces femmes n’ont en fait aucun mauvais fond, tout part d’une bonne intention, certes maladroite, mais comment voulez-vous qu’elles comprennent si personnes ne leur expliquent.
Et puis… faites-vous aux « phrases toutes faites », avec un enfant, vous n’avez pas fini d’en entendre ! 😉
Bonne continuation à toutes 🙂
Tri3nu dit
Je comprends ton commentaire, mais je me dis qu’à l’époque ou on vit il y a moyen de soutenir une femme sans lui dire ces phrases préconçues qui entaillent le coeur.
Comme dit précédemment, je ne suis pas en essai bébé et je suis une nullipare… Mais ayant des amies qui essaient (depuis des semaines, des mois ou des années), je les soutiens, leur dit que je peux essayer de comprendre leur douleur, l’attente de cet enfant qui ne vient pas… Je n’utilise pas des clichés et des phrases bateaux. Si je n’ai pas de phrases pour les soutenir, une étreinte, un regard peuvent démontrer notre soutien.
Tri3nu dit
On n’est pas encore en essai bébé, mais avec mon copain on en parle beaucoup et ça me trotte déjà énormément dans la tête! J’y pense à chaque fois que je vois un enfant (et ma soeur en a 3 que je vois régulièrement)!
Comment ne pas penser à ce qu’on désire?! Dans un registre complètement différent, si t’as envie d’une nouvelle paire de chaussures tu vas les chercher jusqu’à les trouver, si on n’arrive pas à se raisonner pour une broutille pareil, il est normal de penser en continu à notre envie de fonder une famille!
Karine dit
Merci pour cet article intéressant sur les mécanismes de notre cerveau 🙂
Je me suis toujours dit que si ce truc d’y penser trop empechait toute grossesse, aucune FIV ne marcherait…
Et je suis assez d’accord sur le fait que les gens qui disent « ah moi j’y pensais pas et ça a marché alors arretes d’y penser » » oui merci cocotte mais toi t’es tombée enceinte en 2 mois »…
Daphné dit
Merci Agathe!!!
Je suis d’accord avec toi à 100% !
(en essai bébé depuis 8 mois…)
Se lancer dans un projet bébé, c’est pas comme projeter de s’acheter une nouvelle voiture, ou un nouveau sac : ça se décale pas comme ça, ça ne se remplace pas, car ce n’est pas un caprice.
Ne pas y penser, c’est impossible. Essayer de vivre avec si. C’est ce que j’essaie de faire. On ne peut pas contrôler ses pensées mais on peut changer le regard que l’on porte sur elles. Ne plus culpabiliser, avoir le droit de rêver, de se projeter.
Merci en tout cas pour ta jolie leçon qui, je l’espère, clouera le bec à toutes celles qui nous répètent sans cesse de »ne pas y penser » !
Et bon courage à toi, je vous souhaite un beau petit bout de chou pour cette année 2016
Miss MLL dit
Ravie de lire que je ne suis pas la seule « folle » ???
Vivement que ça arrive !
Boucles D'Or dit
tellement d’accord!!! +1 avec le coup de la température! mdrrrr (ouais, mieux vaut essayer de contiuer à rire malgré tout!)
Warrior Princess dit
MERCI!
Les personnes qui disent « de ne pas y penser » ne savent pas ce que c’est… Elles ne comprennent pas à quel point c’est difficile et frustrant d’entendre ce genre de phrases toutes faites, comme si c’était de notre faute au final. Oui on y pense parce que c’est un désir profond et quand ça ne fonctionne pas c’est d’autant plus dur à vivre
Camille dit
A ces mécanismes qu’on ne peut contrôler…il faut ajouter ce que certains publicitaires contrôlent pour nous…il suffit de voir à quelles pubs on a droit en se baladant sur internet!
Tout est ciblé selon nos recherches et nos achats…et n’aide pas à penser à autre chose!
Pauline dit
Un grand merci à toi! après 16 mois d’essais et 2 insémination je ne suis toujours pas enceinte, pourtant mon chéri et moi n’avons aucun soucis en particulier… de ce fait je me sens responsable de c’est échecs car j’y pense constamment…
Ton article me fat le plus grand bien 🙂
Agathe dit
Si j’ai pu rassurer ne serai-ce qu’une seule personne, je suis contente !!!
Je te souhaite beaucoup de bonheur à venir.
Ebea dit
Je suis tout à fait d’accord avec l’idée qu’il est impossible de ne pas y penser.Même si je n’ai eu aucun problème pour avoir mes enfants, aucune attente interminable, durant le peu d’attente que j’ai eu a supporter, mes pensées n’allaient que dans le sens d’une grossesse.
Cependant, je reste persuadée que le fait de se trouver tant bien que mal un autre centre d’intérêt, un autre but, lors de ces attentes bébé, permet justement au cerveau de ne pas se focaliser uniquement sur la grossesse et par conséquent de vivre les choses peut-être plus sereinement… mais je ne suis pas neuropsychologue, c’est juste une supposition.
Bon courage à tous les couples en attente…
Agathe dit
Je suis absolument d’accord avec toi, il est judicieux voir préférable d’avoir d’autres centres d’intérêt afin de mieux vivre l’attente … On ne pourra juste pas s’empêcher d’y penser entre 2 activités voir même pendant l’activité en elle-même … Mais ça n’est pas grave et c’est normal …
Eloïse dit
Article très intéressant et bien expliqué!