{Vécu} Le changement de couche catastrophe

Samedi 3h26. A l’heure où tous tes amis titubent et déambulent, ivres, dans les rues bondées de bars, toi tu te lèves pour le combo tétée/changement de couche. Bébé hurle à plein poumons, ce qui a l’inconvénient d’être particulièrement désagréable pour un lever du bon pied mais l’avantage certain de te réveiller franchement pour le coup. Certaines mamans mettront doucement leur progéniture au sein, d’autres prépareront le biberon et s’y reprendront à plusieurs reprises, parce que la tête dans le cul il y a un moment où tu as le doute « j’ai mis 3 ou 4 dosettes de lait déjà ? » (vous venez de deviner comment je nourris ma chère et tendre enfant).

Bref, le lait est avalé et il est temps de passer au changement de couche.

L’odeur ne laisse aucun suspens quant au contenu du paquet : il y a un bon gros popo et tu vas devoir t’y coller (lui même ayant joyeusement adhéré à tout ce qui était à son contact). C’est d’ailleurs le moment où tu regrettes franchement que ce ne soit pas ton conjoint qui se soit levé, tu cherches une bonne excuse pour le réveiller et lui refiler ce changement de couche qui s’annonce déjà catastrophique mais comme il mériterait une palme d’or pour la scène du « j’entends pas je ronque » tu te ravises, demain ce sera son tour de toute façon .

4h08 : tu défais le pyjama, déboutonnes le body et glisse une main dans le dos de bébé pour remonter les vêtements… et là c’est le drame, tes doigts rentrent en contact direct avec une matière chaude et visqueuse, les faisant glisser et répandant un petit peu plus la substance jaunâtre dans son environnement. C’est un « caca propageant », de ceux qui arrivent à se faire la malle d’une couche pourtant bien fixée, qui transpercent un body pour venir souiller le pyjama… Bref, les pires de leur espèce.

4h09 : tu restes là à contempler les dégâts et à te demander par où commencer. C’est con parce qu’après la tétée bébé s’était presque endormi et là il te regarde avec ses grands yeux rieurs « c’est cadeauuuuuuuuuuu maman !!« . Tu sais que tu n’es pas prête à retrouver ton lit.

4h12 : toi tu n’as pas du tout envie de lui sourire et surtout tu n’y crois toujours pas : comment un si petit être peut-il produire une matière fécale aussi abondante et surtout aussi nauséabonde ?

4h13 : tu n’as aucune réponse à la dernière question et commences donc à élaborer un plan d’action pour changer bébé sans en foutre partout. Tu commences par ôter le pyjama, le body. A chaque mouvement tu as l’impression d’en étaler un peu plus, tu hésites à suspendre bébé par les pieds… ou à le coller entier dans la machine à laver. Cette dernière option étant plus que fortement déconseillée par l’OMS, tu te débrouilles tant bien que mal à tout enlever.

4h15 : bébé est nu et se met bien évidemment à chouiner car il a froid. Tant pis, ne pas se laisser distraire et continuer. Tu le nettoies comme tu peux avec du coton, de l’eau et les derniers morceaux de pyjama encore immaculés, puis tu entreprends d’enlever la couche.

4h16 : la couche est enlevée et bébé franchement réveillé, mais au moins il est assez propre pour redormir jusqu’à son bain de demain. Tu en profites pour passer au nettoyage des fesses souillées d’avant en arrière et de gauche à droite : mais comment il fait ça ?

4h18 : bébé a les fesses nickel, tu refermes la couche sale et l’enlève le temps d’en attraper une propre.

C’est d’ailleurs au même instant que ton bébé se dit qu’être à poil c’est super méga sympa et que tiens il referait bien un petit caca…

4h18 et quelques secondes : et un petit pipi aussi.

4h20 : tu regardes les dégâts du chantier empirer, ne pouvant rien faire à part subir : là c’est toute la table à langer qui a pris… et toi aussi ! Tu en as sur les mains, sur le pyjama et tu n’as qu’une envie : pleurer !

4h21 : tu t’essuies les mains, tu renettoies bébé -qui lui aussi pleure toujours-, tu enlèves la housse de la table à langer, tu en mets une propre, tu pars te relaver les mains avec bébé toujours à poil et hurlant, tu reviens, tu lui remets une couche propre, un body, un pyjama, tu ramasses les 158 cotons plein d’excréments éparpillés autour de vous…

4h30 : tu reprends bébé dans les bras afin de lui mettre sa gigoteuse et espère pouvoir ENFIN aller te coucher.

4h32 : tous ces mouvements post biberon lui ont quelque peu malmenés l’estomac dis donc… il te régurgite dessus. bis repetita.

4h38 : bébé est relavé, rechangé. Il est plus de quatre heure et demi du matin, tu sens les excréments et le vomi, tu penses à tes potes qui à cette heure-ci doivent être bien éméchés et tu donnerais beaucoup pour être avec eux et que cet assortiment de matières corporelles sur toi (et même s’ils devaient quand même appartenir à quelqu’un d’autre parce qu’on s’en fout on est bourré) soit dû à une biture monumentale. Ouais tu donnerais énormément de choses pour être complètement bourré à cet instant T, ne plus te souvenir de tout ça demain et tu regardes ton bébé. Ben non quand même lui tu ne le donnerais pas, mais genre tous ses jouets ce serait possible tu vois. Vraiment.

4h39 : bébé plonge son regard dans le tient. Cette catastrophique expérience a eu l’avantage de le fatiguer : il va se rendormir en deux secondes, et toi tu vas ENFIN, POUR DE VRAI pouvoir rejoindre ton lit. Mais avant cela, bébé esquisse un sourire, son plus beau sourire, celui qui t’est adressé à toi, rien qu’à toi, celui qui te dit « je t’aime maman ». Puis il met son petit nez dans ton cou, se prend un shoot de ton odeur et s’endort.

4h45 : bébé dort contre toi depuis déjà plusieurs minutes, tout blottit, mais tu restes là, plantée avec lui dans les bras et savoure ce moment. Parce qu’à cet instant, tu n’as plus envie d’être bourrée, parce qu’à ce moment tu es ivre mais d’amour, parce qu’à ce moment là tu n’échangerais ta place pour rien au monde (et surtout pas la gueule de bois monumentale qu’ils auront tous demain matin), parce que ce moment là est unique, magique et que du coup tu décides d’en profiter encore 5 minutes pour être certaine de la savourer comme il se doit.

C’est ça être maman. Et c’est le rôle le plus précieux du monde.