Faire le deuil d’une personne qui nous est très chère est extrêmement compliqué surtout pendant une grossesse. Un tiraillement entre le bonheur d’être enceinte, la tristesse de devoir se séparer d’une personne qu’on aime et la peur de le faire ressentir au bébé. Cindy a perdu sa grand-mère, qu’elle considérait comme sa maman, quand elle était enceinte. Un témoignage très émouvant qui m’a fait pleurer quand je l’ai lu. Merci Cindy d’avoir pris le temps de l’écrire et même si vous ne voyez pas le côté positif, moi je le vois car vous arrivez à avancer et même à garder votre humour dans cette dure réalité, un bel exemple pour toutes les jeunes femmes qui passeraient par là. Bravo pour votre courage et merci pour votre témoignage.
{Témoignage} J’ai perdu ma grand mère à 6 mois de grossesse
Par où commencer ? Les présentations peut être ! Alors remontons 4 mois en arrière pour mieux comprendre mon histoire, notre histoire . Moi c’est Cindy, j’ai 28 ans (depuis peu ! Ben oui vieillir ok mais pas trop vite hein), toutes mes dents, mais pas de maman … Mais qu’à cela ne tienne, j’ai une super famille, un compagnon merveilleux, je vis une super grossesse et surtout j’ai une super grand-mère. Ma mamie c’est la femme qui m’a élevée alors autant vous dire que niveau pilier maternel elle en tient une couche à mes yeux et que nous avons une relation très particulière toute les deux. Je baigne dans le bonheur mais voilà, mamie à un cancer, le troisième du nom, ce foutu crabe ne veut pas la lâcher… Bref le temps nous est compté.
Revenons encore en arrière, nous sommes en décembre 2015, nous venons d’apprendre que bébé à fait son nid il y a 4 semaines. Nous touchons les étoiles mais décidons de garder le secret de polichinelle étant passés par la case fausse couche (et oui nous aussi malheureusement). Mais je ressens le besoin d’en parler à elle et elle seulement. Les mois passent, la petite graine tient et son cancer gagne du terrain. Et pourtant j’espère, j’y crois, elle se bat, vraiment de toutes ses forces malgré les séjours répétés en oncologie. Nous somme le 31 mars 2016, aujourd’hui c’est la 2éme echo morpho, autrement dit le jour où les parents découvrent s’ils auront un héritier ou si ils devront payer une dote (humour ! ça ne fait pas de mal). Quelques secondes après le début de l’examen nous apprenons la nouvelle : C’est une fille, une princesse, une pisseuse bref il va falloir économiser :D. Chéri et moi avions décidé de garder le secret sur le sexe de notre mini nous, pour mieux savourer, mais mon instinct me disait qu’il fallait le dévoiler à mamie « juste au cas où« .
Et « le cas où » est arrivé un 21 avril 2016 : le crabe a vaincu, enfin pas vraiment car le crabe est vicieux, les traitements l’ont tellement écorchée qu’elle a capitulé, elle s’était assez battue c’était peine perdue… Prendre un bus de plein fouet aurait été moins douloureux pour ma part, à ce moment précis tout se mélange dans ma tête, je suis tiraillée entre l’anéantissement que je ressens et le fait de ne pas trop le faire ressentir à ma fille, elle qui barbote joyeusement dans mon ventre sans se douter de la tempête qui se trame dehors. Il a fallu affronter l’enterrement, la douleur de mes proches, la mienne et surtout : son absence.
Au fil des mois mon ventre s’arrondit de plus en plus et ma douleur grandit avec. Elle devient plus sournoise, surgit quand on l’attend pas comme le diable hors de sa boite. Je suis en colère contre les personnes qui restent et qui pourront profiter de ma fille alors que elle, est partie. Je ressens une telle frustration que le fait d’évoquer mon accouchement et les visites à la maternité me met dans une rage folle. Je me répète que je veux la garder dans mon ventre pour toujours comme pour ne pas avancer, ne pas faire face à la réalité, ne pas me rendre compte qu’elle ne passera pas la porte de ma chambre d’hôpital. Mais le temps n’est pas resté figé… Il a continué sa course et la vie aussi. Ellie a pointé le bout de son nez le 25 juillet 2016. Un accouchement merveilleux. Qui aurait cru que le jour où tu ressens une telle douleur et aussi le jour où tu ressens un tel bonheur. Les jours s’enchaînent, les visites ( et le baby blues …) avec et effectivement elle n’est pas venue… ça a été terrible à gérer . C’est là que j’ai compris que mon deuil était loin d’être fini voir même commencé.
Aujourd’hui : Notre fille a 1 mois et elle porte en 2ème prénom : Camille, en hommage à ma grand mère, comme pour les lier à jamais. Il ne se passe pas un jour sans que je pense à elle. J’aurais tellement aimer qu’elles se rencontrent mais la vie en a décidé autrement.
Si j’ai décidé de coucher sur le papier (virtuel) mon témoignage c’est pour avancer dans mon deuil et me décharger d’un poids lourd à porter. Aux vues des larmes versées lors de l’écriture il y avait des choses à extérioriser ! C’était noté « trouvez une note positive si possible » lors du post du témoignage …haha , va y Cindy, débrouille toi avec ça ! Mais bizarrement je vais en trouver une : Son départ m’a fait grandir tout simplement.
Je sais qu’elle serait fière de la maman que je suis et c’est ça qui me fait avancer aujourd’hui.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Stella dit
Témoignage très émouvant Cindy. Les larmes me sont montées à la lecture de celui-ci. Je suis certaines que votre grand-mère serait fière de vous, de la maman que vous êtes.
Toutes mes condoléances et bon courage à vous.
Christelle dit
Ce témoignage est très émouvant. Bon courage pour faire votre deuil, mon papa est décédé il y a un peu plus de 3ans, il a loupé mon mariage et j’ai déjà du mal à l’accepter, alors je n’ose imaginer comment j’aurais réagit sans votre situation…
Mon neveu a débarqué avec plus d’un mois d’avance, le lendemain de son enterrement. Ma nièce a débarqué avec 13jours d’avance, la veille du décès d’une de ses tatas… Je ne croyais pas à la superstition non plus, mais force est de constater qu’elle se réalise chez nous…
J’ai encore deux de mes grds parents, avec une santé de plus en plus déclinante malheureusement, et je crois que mon manque total d’impatience à être maman un jour est lié à cette peur de les voir disparaître…
A little bird dit
Ton témoignage fait un peu écho à mon expérience. J’ai perdu ma grand-mère quand ma fille avait 2 mois1/2. Et ça fait 1 an tout pile aujourd’hui…
J’étais très proche de ma grand-mère. Elle était mon modèle. Puis la maladie d’Alzheimer l’a emporté. Je lui ai annoncé ma grossesse un jour de lucidité. Elle a tout compris et elle était ravie pour moi et m’annonçait une petite fille. Puis son état s’est très vite aggravé. Je suis plus jamais retournée la voir et elle n’a jamais vu ma fille.
Pour autant je sais que ma petite puce à un incroyable ange gardien, voilà le positif que je retire de ce drame.
Ebea dit
Votre peine est tellement légitime et effectivement , la vie continue. A vous lire, on ne peux que constater votre attachement et les bons souvenirs qu’il en résultent. C’est très émouvant.
J’ai toujours été effrayée par ce que l’on dit des grossesses « une grossesse c’est un proche qui s’en va ». N’étant pas superstitieuse, je n’y croyais pas puis lors de ma 1ère grossesse, le jour où nous l’annonçons à nos familles, mon mari perd brutalement sa soeur…
Pour ma seconde grossesse, c’est ma meilleure amie qui s’est envolée…
Enceinte de 6 mois actuellement, j’en viens à redouter chaque appel téléphonique.
On se relève, il faut bien, mais qu’est-ce que ça fait mal !
Bon courage