Vous êtes nombreuses à m’envoyer des témoignages au sujet de la dépression post-partum. Merci, parce qu’il n’y a qu’en en parlant que nous pouvons aider toutes celles qui la subissent. Voici le témoignage de Sabrina, qui après 8 longs mois ose enfin aborder le sujet et mettre des mots sur cette dure période. Bon courage à toutes celles qui passent par là.
{Témoignage} 8 mois de dépression post-partum
Mademoiselle Crevette est née le 16 janvier 2016, 2kg470 de bonheur ! Une grossesse que j’attendais depuis quelques temps déjà…Un début de grossesse « normal » avec les vertiges, vomitos, et tout les petits bobos qui peuvent existaient ! Mais au 5ème mois de grossesse on m’a diagnostiqué une hypotrophie foetale ! Terme dont je n’avais jamais entendu parler et qui fait un peu peur au début (je vous en reparlerai dans un autre article), puis au fur et à mesure que le temps passe on l’apprivoise ! Alors Mademoiselle Crevette était un petit poids, en dessous de la courbe ce qui a engendré pas mal de stress. Puis hypotrophie foetale signifie suivi de grossesse stricte. Tous les 10 jours je faisais une prise de sang ainsi qu’une échographie ! et ça jusqu’au bout ! Alors mon obstétricien était devenu le « tonton » et les Sages femmes mes copines. Arrivée aux fêtes de fin d’années l’équipe médicale m’a mise en alerte ! « Restez allongée Madame ! pour que bébé puisse profiter et grossir ! repos repos !« . Alors qu’à l’origine pour les fêtes j’avais décidé de faire autrement !! Profiter de ma famille, bien manger… Mais c’est pour bébé et c’est bien le plus important.
Puis le 16 janvier arrive. Je n’y crois pas trop mais les contractions sont là. Comme tout au long de ma grossesse d’ailleurs… des contractions … ! J’ai eu un accouchement de rêve. Une Sage femme en or, et Mademoiselle Crevette pointe le bout de son nez ! le 16 ! Une date qui pour moi est symbolique, celle de l’anniversaire de mon petit cousin décédé il y a 5 ans d’une leucémie à l’âge de 16 ans, nous avions déjà choisi son père comme parrain de notre fille. Quel sentiment !!!! Heureuse mais en même temps frustrée ! Un moment de bonheur de pouvoir voir et toucher les petits doigts de ma fille, de l’entendre et de la mettre à la première tétée. Un séjour à la maternité comme j’en ai rêvé, chouchoutée, aidée, j’étais sur un petit nuage… mais les nuages sont vites devenus gris ! L’envie de pleurer ! et ce sentiment d’être seule, un vide ! pourquoi ? je cherche encore la réponse… Impossible que mon mari ne rentre à la maison avant 20 heures. Me laisser seule avec ce petit être était pour moi insurmontable.
Voilà l’heure de rentrer à la maison, l’envie forte de présenter notre cocon familiale à Mademoiselle Crevette. Mais je me sentais déjà seule sur la route pour la maison. Les soirs ont commencé à être difficiles, les pleurs, impossible de pouvoir donner le bain à ma fille, les tétées étaient de plus en plus compliquées. Pourquoi pleurer alors que tout va pour le mieux ? Me sentir seule, oui, j’avais cette sensation ! Alors qu’elle était tout près de moi, en bonne santé. Et les semaines passent, Mademoiselle Crevette va bien, mais toujours se sentiment de solitude intense. Et puis la peur de ne pas bien faire … ou de trop « bien » faire. Toujours les pleurs, les pleurs ! Je m’occupe de ma fille comme je peux, je n’arrive pas à me séparer d’elle le soir pour la mettre dans son lit, un sentiment de vide s’installe. Et pourtant mon conjoint me soutient dans cette épreuve. Mademoiselle Crevette a dormi 2 mois entre mon mari et moi, elle ne supportait pas d’être dans son couffin à côté de nous ! J’ai passé des nuits à la bercer dans mes bras, à m’endormir avec elle. Fusionnelle nous étions ? certainement ! c’est un bébé ! 9 mois dans mon ventre ce n’est pas rien dans la vie d’un bébé, et moi j’avais besoin de ce contact avec elle. Alors j’ai tout fait pour essayer d’aller mieux, de reprendre la situation en main et que Mademoiselle Crevette ne ressente rien, les rendez-vous en PMI, avec les Sages femmes, le pédiatre … j’avais besoin d’être entourée par le corps médiale ! et oui j’avais passé 9 mois pendant ma grossesse à être suivie par tous ces médecins et cela a peut-être été « néfaste » pour mon moral ? peut-être, mais c’était pour le bien de mon enfant !
Aujourd’hui, je vais mieux, je sors la tête de l’eau, j’ai repris une vie normale, même s’il y a encore des petites récidives, mais je suis entourée par ma famille et des spécialistes. Si vous aussi après votre accouchement vous faîtes une dépression post-partum, voici ce que je vous conseille : n’ayez pas peur d’en parler, il n’y a que comme ça que nous pouvons être aidées, la dépression post-partum n’est pas une honte. Je me sens fragile, à fleur de peau ! Mais je me suis rendue compte que j’avais la chance d’avoir construit une famille aussi belle que la mienne. Mademoiselle Crevette a 8 mois et elle est en grande forme ! et c’est elle et mon mari qui me redonnent le sourire chaque jour un petit peu plus. 9 mois c’est long mais rapide à la fois ! Une grossesse a un impacte sur la vie d’une femme, ne pas négliger ces 10 mois, bien se préparer et important.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
ludivine sablon dit
Coucou sabrina
Je me retrouve un peu dans ton témoignage.
1 an et demi avant d’avoir notre première princesse avec une fausse couche a 2 mois et demi avant d’être de nouveau enceinte de ma première. A la maternité le rêve chouchouté bichonné. Puis retour à la maison qu’on attend avec impatience mais là rien ne va plus. Se sentir seule, ne pas supporter les pleurs, douter de ses qualités de jeune maman. Et je pleur souvent. Même si j’ai bien été entouré par mon chéri. Je n’ai pas eu le courage de demander de l’aide.
Merci pour ton témoignage cela aidera beaucoup de mamans.
Stéphanie dit
Ce témoignage me touche particulièrement car il ressemble en tout point à ce que j’ai vécu. J’ai été surveillée comme du lait sur le feu pendant 6 mois de ma grossesse. On me parlait régulièrement de déclenchement. J’ai en fait eu un accouchement rêvé. Et pourtant, je souffre de dépression post partum, 6 mois encore après mon accouchement…j’en ai parlé à mon médecin qui a fait le nécessaire. Ça va mieux, mais je me sens encore très fragile…Je vis toujours avec un sentiment profond de tristesse en pensant à mes premières semaines gâchées avec ma fille. J’en veux énormément à certaines personnes qui ont contribué à ce gâchis, sans intention particulière de mal faire, certes, mais qui n’ont pensé qu’au bonheur que leur procurait la naissance de ma fille, sans même se soucier de mon état, sans même me respecter alors que je ne profitais visiblement pas de ma maternité (tension gravidique, allaitement douloureux et foireux, fatigue intense, tristesse profonde,…). Je me suis fait happer et on m’a volé mon premier bisou avec ma fille. Je pense que le mal qui me hante encore aujourd’hui vient en majorité de là, en plus de la peur liée au fait d’avoir un trop petit bébé… il faut que j’apprenne à passer l’éponge…