Lorsque j’ai posé la question sur Facebook pour savoir ce que vous pensiez du fait de faire appel à un photographe professionnel pour photographier son accouchement, les réactions de prime abord on été plutôt négatives. Et puis, les langues se sont déliées et des photographes et des jeunes mamans qui avaient tenté l’expérience sont venues témoigner. Parmi elle, Marie (MdPix), photographe pro (mais aussi maman) qui a eu le bonheur d’immortaliser 3 accouchements. Voici son témoignage.
{Témoignage} Photographe d’accouchement, j’immortalise la vie
Bonjour, je m’appelle Marie, j’ai 31 ans et j’ai photographié 3 accouchements… je vois devant moi, vos yeux ébahis, consternés, étonnés et choqués …. Il y a une chose étonnante quand on parle de photographie d’accouchement, c’est qu’on se heurte souvent à l’incompréhension, pourtant cela ne choque personne de regarder baby boom à la télé ! Je suis photographe depuis 5 ans, mamans de 2 enfants, l’accouchement je connais… j’ai eu mon fils de 4,1000 kg sous péridurale et j’ai accouchée de ma fille, seule, en voiture… Je ne suis pas sage-femme mais je l’avoue, l’accouchement m’interpelle, m’émeut… et c’est tout naturellement que je me suis dis qu’un jour, j’immortaliserai cela si j’en ai la possibilité.
Et un jour, un mail, ce mail qui a changé ma vie et la conception de la photographie. Je fais un métier merveilleux, je le sais …. et je le vis intensément chaque jour quelque soit mon sujet mais ce mail là, ce mail là m’a donné foi en l’espèce humaine comme jamais, ce mail là m’a montré comme le partage, la confiance peuvent encore se donner, comme ça gratuitement, sans arrière pensée. Ce jour-là, j’ai fait connaissance avec Stéphanie. Stéphanie avait en projet de faire un troisième enfant, d’accoucher à domicile, et elle voulait que je sois là…. la réponse était de loin évidente, OUI , un grand OUI. Mais photographier un accouchement, ça se prépare… Non, je ne pense pas que l’on puisse partager ce moment avec un inconnu, personnellement je ne l’aurais pas fait et je ne le ferai pas pour des clients. Photographier un accouchement, c’est entrer dans l’intimité d’un couple et d’une famille et cela ne se fait pas à l’improviste… Alors, nous avons fait connaissance … et j’ai procédé de la même manière avec Julie, puis Audrey et leurs maris respectifs… J’avais besoin de les connaître, des les apprécier, de partager un petit bout de leur quotidien, de me mettre à jour sur le déroulement de la grossesse. Je recevais régulièrement des nouvelles, des textos, des mms, des échographies. On devenait amies et croyez moi, c’est indispensables .
Et alors le jour de l’accouchement, précisément, ça se passe comment ? On le sait toutes, chaque accouchement est différent…. Pour Stéphanie (qui finalement n’a pas pu accoucher chez elle) et Audrey (maman 1 et 3) cela a été super rapide, le temps d’entrer en salle et on y était. Je ne le cache pas, accoucher c’est une chose, assister à celui de quelqu’un en est une autre. On est constamment dans l’interrogation, est ce que ça va aller ? est ce que je dois dire quelque chose ? est ce que je dois me mettre en retrait ? Trouver sa place dans cette bulle d’intimité, c’est toute une histoire et comme chaque histoire est différente, je m’adapte à chaque fois. Le but étant que, il faut pouvoir prendre les clichés, sans se marcher dessus…. sans se faire remarquer, et être quand même à un endroit stratégique (eh non… pas en face de la sortie …. c’est évident …). Lylian, est arrivé environ 20 minutes après notre entrée en salle, Stéphanie a été exemplaire, sans péridurale, une promenade de santé, mon baptême de l’accouchement ne pouvait pas être mieux. Pour Julie, cela a été bien plus long, j’avais énormément d’empathie, la souffrance, le désespoir, c’est dur de rester à côté et de ne rien dire. Ce jour-là, même si je me suis effacée pendant un long moment, j’ai quand même fini par prendre la parole pour la guider… cela peut paraître fou, mais je sentais qu’il fallait que je dise quelque chose à ce moment-là, et la sage femme m’en a remercié plus tard… c’est là qu’on voit que le lien crée auparavant est important. Audrey…. je suis arrivée juste à temps (j’habite à 1h de la maternité ….), et je me souviendrai de notre premier échange ce jour-là, Eden était né, on s’est regardé et on a fondu en larmes, on avait réussi… Parce que photographier un accouchement, c’est un vrai projet de naissance… c’est un défi pour elles comme pour moi.
Photographier un accouchement, quand c’est bien fait, ce n’est pas intrusif, c’est juste capturer l’essentiel du miracle de la vie. Bien sûr, on verra la douleur, le désespoir par moment, mais tout cela fait partie du processus. A quoi bon, déformer la réalité ? Ne sommes nous pas fières de ce que l’on a accompli ? Est-ce-que le fait qu’accoucher ne soit pas forcément une partie de plaisir rend cela « tabou »? . En tant que professionnel, on sait ce qu’il faut faire pour retracer ce moment là sous le meilleur angle, pour que les photos soient juste émouvantes et pas choquantes comme on pourrait l’imaginer. Faire photographier son accouchement, c’est aussi bien choisir la personne qui le fera. Dans de bonnes conditions. Je suis maman, je sais ce que c’est …. je sais qu’on pourra me demander de sortir, je sais que cela peut être long, je sais que je devrai peut-être me lever en plein milieu de la nuit (et cela m’est arrivé … à chaque fois). Mais je sais aussi que je suis l’auteur d’un souvenir tellement fort et puissant que le jeu en vaut largement la chandelle .
Photographier un accouchement, c’est l’expérience la plus forte que j’ai vécu en tant que photographe, humainement parlant, cela a été des émotions en pagailles, du partage, des pleurs de joie. C’est être discret quand il faut l’être, mais c’est aussi accompagner un couple dans un moment important. C’est la vie à l’état pure . Aujourd’hui, je prends plaisir à revoir ces familles et « mes » loulous, parce que j’ai assisté à leur premier souffle et c’est quelque chose qui me suivra à vie.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Saïmiri dit
Bonjour,
Beau témoignage mais perso, je passe mon tour. Je trouve ce moment trop intime pour faire open bar dans la salle d’accouchement ^_^. Si je venais à avoir un enfant, seul mon mari serait autorisé à rentrer. On a une bonne mémoire, pas besoin de tout photographier, elle s’en charge très bien toute seule (et non je ne regarde pas non plus baby boom, je ne supporte pas cette émission).
Il faut parfois garder la magie de certains moments comme ils viennent (et pouvoir permettre à son esprit d’en oublier des moins glorieux). Et puis ça n’empêche pas de faire des photos pendant la grossesse et après l’accouchement, une fois bébé arrivé et reposé.
Diana dit
Bonjours,
Merci pour ce super témoigne qui exprime parfaitement ma vision en ce qui concerne les photos d’accouchement.
Mon mari et moi sommes photographe et à la naissance de nôtre fils, c tt naturellement qu’il a pris son appareil (sa la aidée à ne pas faire de malaise😉)
Nous avons des souvenirs merveilleux de cette journée. Et s’il n’avais pas eu le besoins et l’envi de le faire lui mm, nous aurions sans hésiter fait appel à un collègue pour immortalisé nôtre rencontre magique avc notre petite cacahouète😄
Je n’ai pas eu le plaisir de connaître cette expérience en t’en que photographe mais si un jour l’occasion s’offre à moi, je pense que j’adorerais mètre ma passion au service d’un si belle l événement.
Paulina dit
C’est un très beau témoignage … Merci de nous faire découvrir de belles personnes comme cela!
marie dit
merciiiii <3
Paloma06 dit
En fait si les parents souhaitent avoir un souvenir de ce moment si bref (parce que après tout ça n’arrivera peut etre que 2 ou 3 fois dans la vie) pourquoi pas ?
Je ne vois vraiment pas pourquoi ça dérange certaines personnes. Chacun fait ce qu’il veut non ? et les photographes sont suffisamment pro pour ne pas filmer l’épisio ;)et même s’il y a une photo louche il est toujours possible de la supprimer !
Banane dit
Je me demande de quoi ont l’air les photos. Parce qu’il y a beaucoup de moment peu glamour dans un accouchement…
Ca me fait penser à Friends, au mariage de Monica et Chandler, quand ils s’engueulent pendant les photos et que Monica stoppe tout en disant « est-ce que ça a l’air d’un moment dont j’aurais envie de me souvenir?? »
Globalement on a envie de se souvenir de ce jour-là, mais je trouve que la mémoire fait bien son boulot et elle zappe aussi les parties moins glop.
Et c’est encore plus valable pour la remarque sur l’enterrement du message précédent : sur le principe, pourquoi ne pas laisser une trace d’un enterrement pour la famille, mais on imagine les photos associées à du joli, du « qu’on a envie de montrer », du « il faut sourire et poser » et forcément ça choquerait d’avoir un photographe pour les larmes. Parce que ce n’est pas un truc dont on a envie de se souvenir. Mais dans l’exemple c’est plutôt un support pour créer une image mentale pour quelqu’un qui ne se souviendra pas.
Et déjà que ça paraît compliqué d’être à sa place en tant que photographe dans un accouchement, à un enterrement je n’imagine même pas le dilemme!!
marie dit
le mieux est encore d’aller voir les images en effet , vous changerez peut être d’avis 😉
Banane dit
Je n’avais pas vu qu’il y avait un lien vers votre blog.
Les photos sont très belles, certaines plus artistiques que d’autres, et globalement très touchantes.
Par contre, je ne changerai pas d’avis pour mon cas, car chaque accouchement a été vécu comme un acte médical, avec un risque vital 2 fois sur les 3, alors je n’aurais jamais voulu d’une personne en plus dans la salle.
Mais le résultat des reportages, pour les familles qui en ont envie, est très joli.
Sandrine dit
C’est un très beau témoignage.
C’est vrai qu’on prend des photos dans un tas de situation maintenant, et on fait appel à un professionnel pour un mariage, pour les photos de famille… J’aime l’idée des photos de l’accouchement. Je pense que pour la mère c’est passionnant de pouvoir se revoir par la suite, ressentir les émotions qu’elle a pu vivre durant ces instants.
C’est un projet qui me « titille », que j’aimerai bien réalisé lorsque je serai enceinte. Mais comme tu dis, il faut trouver le bon photographe, développer un lien particulier, car un accouchement peut être un moment très heureux, mais s’il y a des complications, la personne présente doit aussi pouvoir trouver sa place et je pense que ça aide énormément de connaître la maman et le papa.
C’est comme il y a quelques temps, je me suis demandée pourquoi on ne photographiait jamais un enterrement… Et sur un blog j’ai trouvé quelqu’un qui l’avait fait (enterrement d’un jeune papa de 5 enfants), je me suis dit que c’était bien, que les enfants pourraient comprendre cette journée par la suite en ayant un support visuel, savoir qu’ils ont dit au revoir à leur papa… Mais ceci est un autre débat.
Jojo dit
Sandrine, en regardant dans les vieux albums de ma famille, j’ai trouvé plein de photos prises lors de différents enterrements. Ce n’était pas la célébration photographiée comme on a en tête les photos faites lors d’un mariage, mais des photos où la famille posait à côté du cercueil. Donc, faire des photos lors d’un enterrement, ça se faisait…
marie dit
merci pour ce commentaire, j’espère que vous aurez la chance de réaliser votre projet