On a beau imaginer plein de choses pour son accouchement, tant que l’on ne sait pas ce que c’est vraiment très compliqué de savoir à quoi s’attendre. Rebecca avait projet de naissance bien fait, mais elle s’est vite rendue compte que la meilleure des solutions était de lâcher prise sur ce qui était en train de se passer.
A quoi sert le projet de naissance en réalité
J’ai accouché il y a quelques semaines maintenant, un accouchement pas idéal à mes yeux mais pas catastrophique non plus, je n’en ressors traumatisée, juste un peu (beaucoup) énervée, contre moi-même (un peu) mais aussi et surtout contre l’anesthésiste (énormément).
Pendant toute ma grossesse je me suis préparée psychologiquement à accoucher sans péridurale, non pas pour me prouver quelque chose (ou à quiconque d’ailleurs), juste parce que psychologiquement les anesthésies locales me paralysent (vilain jeu de mots). J’ai donc eu de nombreuses lectures (d’ailleurs je conseille vivement « j’accouche bientôt, que faire de la douleur ? » de Maïté Trélaün), discussions avec de jeunes (ou pas) mamans, des médecins, des sages femmes, notamment lors des cours de préparation à l’accouchement, tant et si bien que dans ma tête les contractions étaient devenues mes copines, celles qui allaient me délivrer de cet état que je n’aimais pas (la grossesse).
Mon mari m’a énormément soutenue dans ma démarche, écouté tous les passages intéressants des livres que je lisais, m’a accompagnée à tous les rendez-vous médicaux, a assisté à tous les cours de préparation à l’accouchement, s’inquiétait des petits bruits/couinements que je faisais parfois lors d’un grand coup donné par Bibou ou d’une soudaine contraction. On a écrit ensemble mon projet de naissance qui me tenait à cœur, avec ce que je voulais et aussi et surtout ce que je ne voulais pas. Comme beaucoup de femmes j’avais des craintes, notamment d’une éventuelle césarienne en urgence ou d’une épisiotomie (oui je sais, c’est pas le même niveau de dangerosité mais ça signifie quand même acte chirurgical en soi), d’ailleurs une des sages femmes qui me suivait l’a trouvé si bien qu’elle en a fait une copie pour elle. Par ailleurs, quand j’ai choisi la clinique où j’allais accoucher (le choix n’est pas énorme en Martinique : l’hôpital -mais ça c’était même pas possible pour nous- et deux cliniques privées plus ou moins modernes), j’ai choisi celle qui était la plus à l’écoute de la future maman, plus proche d’un accouchement physiologique, avec libre choix de la position d’accouchement… Malheureusement en Martinique pas de possibilité d’accoucher dans l’eau (un comble pour une île) ni même d’être dans une baignoire pendant le travail (mais il parait que c’est en projet).
Je ne vais pas rentrer dans les détails de mon projet de naissance, mais plutôt préciser là où il y a eu quelques soucis. Je tenais à accoucher dans la position qui me conviendrait, de préférence sur le côté ; qu’il y ait le moins de personnes possible pendant l’accouchement ; que l’on m’explique tout ce que l’on me fait et pourquoi ; que je ne sois pas perfusée ; que je puisse faire les monitoring dans une autre position qu’allongée sur le dos ; éviter au maximum l’épisiotomie. Ça a l’air top sur le papier, c’était mon accouchement idéal, mais c’était sans compter sur la réalité…
Depuis la 36ème SA j’étais prête à me rendre à la maternité pour accoucher (mon gynéco m’avait expliqué qu’à ce stade je n’avais plus besoin de le faire à l’hôpital, et ici à 36 SA révolues, les fœtus ne sont plus considérés comme prématurés. Je savais que je ne ferai pas un gros bébé vu les estimations, mais j’ai suivi tous les conseils pour préparer au mieux le col et le périnée (massage, homéopathie, tisanes de feuilles de framboisier). Malgré tous mes efforts pour le faire arriver avant terme (longues marches, baignades en mer, balades en voiture, nourriture épicée,…), je n’ai été hospitalisée à la fin de la 39ème SA. Contractions régulières à 4 minutes, diarrhées et vomissements, col mou à un doigt, mais surtout un bébé un peu trop calme dans mon ventre (non à la fin de la grossesse le bébé ne bouge pas moins, enfin c’était pas mon cas et ça a inquiété les sages femmes).
Je passe une nuit terrible, j’avais renvoyé mon mari se reposer à la maison et les sages femmes lui avaient promis que si c’était le moment il serait appelé immédiatement. J’ai eu des contractions pendant toute la nuit, régulières à 4 minutes, d’intensité variable, me permettant des micro-siestes, entrecoupées de diarrhées. A chaque monitoring de contrôle je vomissais énormément et les brûlures d’estomac n’ont pas aidé. Le matin on me contrôle mon col, je suis toujours à un doigt et il est encore postérieur (quoi ??? Des contractions depuis 21h et rien ???). Ça continue comme ça jusqu’en début d’après midi, n’en pouvant plus j’appelle une sage femme et lui demande de me faire la perf de spasfon qui ramollie le col, elle est surprise car dans mon projet, je refuse les perfusions, elle accepte et on me la pose (on ajoute du vogalène et du magnésium) et je prends un protocole homéopathique de choc pour accélérer les choses de façon naturelle (enfin autant que possible). A 17h, nouveau contrôle du col, je suis à 2 doigts et mon col se centre, mais toujours 2 pauvres doigts, et les contractions sont toujours là elles… Je souffre, je pleure parfois d’épuisement, mon mari me soutient mais ne sait pas trop quoi faire pour m’aider… A 19h45 je craque, je demande un nouveau contrôle du col, je veux une péridurale (oui oui, j’ai réclamé la péridurale), mais ça fait presque 23h que j’ai des contractions, et j’en peux plus, c’est pas humain… Là miracle, je suis à 4, il est donc possible de me poser la péridurale. On prépare les affaires et hop direction la salle d’accouchement, j’ai un regain d’énergie pas possible, bon je mets je sais pas combien de temps pour y aller mais je tiens à y aller à pied. J’arrive, on me refait un contrôle monito, et là à nouveau envie de vomir, j’ai tellement vomi qu’on a été obligée de refaire la table de travail, juste quand l’anesthésiste se pointe en plus… Sentant que je ne pourrai plus aller aux toilettes moi-même et refusant l’idée d’être sondée, j’y vais tant bien que mal, en souffrant pendant les contractions qui deviennent vraiment insupportables.
L’anesthésiste n’est pas le même que celui que j’ai vu en rendez-vous, il a pas l’air d’être content d’être là non plus, je lui rappelle mes allergies, notamment à la bétadine (iode et compagnie), la colophane (le truc qui colle sur les pansements) et la morphine (l’élément principal de la péridurale. Et là, il me regarde et me dit que c’est pas garantit du tout que ça fonctionne, qu’il va me faire ce qu’il peut mais bon pas gagné… Il est pas loin de 21h quand la péri est posée, donc une heure que je suis dans la salle d’accouchement. Nouveau contrôle du col, et hop un nouveau miracle, je suis à 7, ça me donne la banane, sauf que la péridurale ne fait aucun effet, et l’anesthésiste me dit avec plein de compassion dans le regard, que ça ne marche pas (j’avais bien compris connard que j’ai envie de lui répondre, mais ça sort pas). S’en suivent les 100 plus longues et douloureuses minutes de ma vie… J’ai même fait jurer à mon mari de me rappeler ce moment là si un jour j’avais l’idée farfelue d’avoir un second enfant, j’ai maudit mon patrimoine génétique et ces putains d’allergies, j’ai pleuré, hurlé parfois. Je suis sur le côté comme je le souhaitais, on est quatre dans la pièce (mon mari, l’aide soignante, la sage femme et moi), la lumière est tamisée, la musique (dernier album de Coldplay) en fond sonore, et j’oublie tout ce que j’ai appris pendant les cours de prépa, je souffre, je respire mal… 23h57 ma poche des eaux se rompt naturellement, (cool un souhait de plus respecté), c’est comme une bouffée d’oxygène et 3 minutes plus tard je suis à 10 et ça va être le moment de pousser alors que je suis épuisée, j’en peux plus, le passage dans le bassin m’a achevée. J’ai poussé pendant 40 minutes, toujours sur le côté, mais au bout de 30 minutes, la sage femme me dit qu’il faut que je me mette sur le dos, que sur le côté ça ne me convient pas, sauf que quand on a subi certains traumatismes, cette position est juste mortelle psychologiquement, et là je pleure mais plus de douleur, juste des putains de souvenirs que ça fait remonter. Ils savent autour de moi, et m’encouragent. A 22h40 je sens du froid sur mon périnée, je sais ce que ça veut dire, mais je ne sens rien d’autre, l’adrénaline, le lacher prise peut être font que je ne ressent pas l’épisiotomie, puis à 22h41 bébé bonheur est là et tout est oublié, si si les douleurs s’arrêtent, plus besoin de pousser. On propose à mon mari de couper le cordon, je l’encourage à le faire et on me pose mon fils sur la poitrine et je suis bien, nous allons bien. La suite est simple, la délivrance une formalité et la sage femme me recoud tranquillement, ouf l’anesthésiant local ne m’est pas interdit. Les procédures d’usage sont effectuées, puis on nous laisse seuls avec bibou et mon mari pendant plus de deux heures dans la salle, on est bien, je récupère.
Alors, oui j’ai souffert, psychologiquement et physiquement mais finalement tout s’est bien passé. Involontairement j’ai accouché sans péridurale, pour le reste des choses qui n’ont pu être respectées ou auxquelles j’ai renoncé, j’ai bien compris que je devais m’y résoudre pour mon bien et celui de mon bébé. Je ne suis pas ressortie traumatisée de mon accouchement, juste épuisée (surtout que le jour où j’étais hospitalisée j’avais marché plus de 6 km et la veille nagé plus de deux heures en mer). Ce que je tire de tout ça, c’est que l’accouchement est quelque chose d’incontrôlable, que c’est finalement lorsque l’on lâche prise que tout s’accélère et que l’on est soulagées.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Salomé dit
Bonjour,
Tu m’as mis les larmes aux yeux lorsque je suis arrivée au passage où tu as dû te positionner sur le dos. Effectivement, on a tous nos traumatismes. J’espère que tu arriveras à te pardonner. Tu as beaucoup souffert à cause des contractions.
Lorsque je suis tombée enceinte en 2013, j’avais entendu parler du projet de naissance. Mais je n’y connaissais pas grand chose en accouchement et comme j’avais peur d’accoucher (ma grossesse était voulue), je m’étais refusée de lire quoi que ce soit sur le sujet avant le dernier mois de grossesse.
Mais rien ne s’est passé comme prévu. Ni la grossesse, ni l’accouchement. Ou plutôt la date d’accouchement car mon fils est arrivé un mois et demi avant la date prévue. Il faudrait que je raconte notre histoire un jour. J’ai accouché en maternité de niveau 3, à l’hôpital. C’était nécessaire à cause de la santé de mon fils.
Ma poche des eaux s’est rompue (ou plutôt a explosée, lol, drôle de sensation qui me fait toujours rire) tôt au lit ce matin là. N’y connaissant rien, j’ai fait une confiance aveugle aux sages femmes. 7 heures après je rencontrais mon petit garçon. Un accouchement de rêve avec la péridurale. Est-ce parce que je n’étais pas dans le contrôle que tout s’est bien passé ? Je ne le saurais jamais. Comme toi tu ne sauras jamais si c’est ton accouchement tant rêvé qui a fait tant durer l’ouverture du col, etc. C’est un acte naturel, pas un scénario. On ne peut pas prévoir ce qu’il va se passer. Même si pour certaines personnes ça se passe bien. Chaque accouchement est différent.
Célia dit
Bonjour,
Chouette témoignage qui permet aux futures mamans de voir que le projet de naissance, c’est bien beau, mais pas forcément réalisable…
Je n’en ai fait ni au premier et encore moins maintenant pour le deuxième! Je sais trop que rien n’est prévisible ni contrôlable, je prendrai l’accouchement comme il vient, en acceptant les imprévus qui ne manqueront pas, j’en suis sûre!
Pour mon premier, je ne voulais pas d’une épisio, je pensais pouvoir gérer sans péridurale (heureusement j’avais quand même prévu le rdv avec l’anesthésiste…) et bien sûr je m’imaginais avoir mon fils dans les bras de suite après… Pourtant pas grand chose comme « souhait »! Bon ben tout faux, la péridurale on me l’a posé au bout de presque 24 heures de contractions car je n’en pouvait plus, on a dû me faire l’épisio en urgence car mon fils était coincé et il fallait pouvoir l’atteindre pour le sortir à coups de ventouse, ils l’ont embarqué en urgence car grosse souffrance fœtale du coup je ne l’ai pas vu les trois heures qui ont suivi l’accouchement….
Heureusement que je n’avais pas fait un projet de naissance sur tout et n’importe quoi, salle nature, musique, blablabla… Je n’aurais eu droit à rien de ce que je voulais et aurais été cruellement déçue!
Pour ma petite puce qui arrive en avril, mon seul souhait, qu’elle aille bien au final… Le reste, je verrai quand j’y serai, et je prendrai les décisions au moment M, si je peux les prendre… Je lâche complètement prise et fais confiance au corps médical, ils savent ce qu’ils font. Du coup, je suis plus que zen, je sais que tout peut arriver et je l’ai accepté, donc maintenant ben… J’attends…
Lilly dit
Bonjour, j adore votre témoignage, il faudrait que beaucoup de futures mamans le lisent. On ne peut pas tout contrôler, et il faut lâcher prise. C est bien de quand même faire un projet de naissance. J en ai fait un aussi, avec il me semble des souhaits proches des vôtres. Mais au final j ai pris option péridurale qui a bien fonctionné, je me suis laisser guidee par la sage femme qui etait avec moi pour m accoucher et tout c est fait dans l harmonie et le dialogue. Le fait qu on n ous explique tout évite beaucoup de stress. Moi qui était anti péri au depart, je conseille maintenant aux futurs maman de se laisser la porte ouverte et de voir l anesthésiste avant etc car on est toujours à temps de la refuser mais si on la veux, le dossier est prêt et les risques limités. C est bien de se préparer à la naissance avec la marche, l homéopathie qui en général est pas mal. Bien venu à votre petit bonhomme et tout mes vœux de bonheur.