Quelques temps après l’arrivée de leur petit garçon, le mari de Caroline est parti. Voici son témoignage.
{Témoignage} Le deuil d’une famille
Première fois que je raconte mon histoire et encore plus à des inconnus. J’ai rencontré mon homme en cours du soir. Situation improbable. Il est ingénieur son et moi j’étais danseuse. Comme quoi… il y a du bonheur dans l’imprévu. Il m’a demandé, timidement, d’être la femme de sa vie. J’ai dit oui. Qu’il était beau notre mariage. On avait tout organisé nous même. Petit comité, les plus importants. Un week-end mémorable.
Après 2 ans, une envie de bébé pointe le bout de son nez (enfin surtout sur son nez). On se lance malgré son travail qui l’oblige à être souvent absent. Mais entre le moment où on veut un enfant et la réalité de tomber enceinte, il y a un monde. Mais on y arrive, je suis enceinte. On était heureux, mais manque de bol, l’accouchement tombe pendant sa reprise intense de travail et donc de départ. C’était la roulette russe. Malheureusement on a perdu. Il n’a pas pu être présent pendant l’accouchement.
L’accouchement.. mon petit coquin, après 10h de travail, avait décidé de se mettre en siège. Je pense que lui, comme nous, n’était pas prêt à ce qui allait arriver. Césarienne d’urgence. Lors de ma préparation à l’accouchement, j’ai accepté que je ne saurai pas quand ça arriverai et surtout comment. Je me suis laissée porter en me disant que je serai la première au courant dans tous les cas. Mais là encore, dans tous les imprévus envisagés, je n’avais pas anticipé celui-là. J’ai bêtement écouté les gens qui disent « une césarienne d’urgence, ça arrive rarement ne vous inquiétez pas« , « un bébé qui se retourne en siège ça arrive rarement ne vous inquiétez pas« .. Si ça arrive rarement c’est que ça arrive. J’aurais aimé être prête à subir ça. J’ai eu 2 minutes pour choisir ce que je voulais faire mais : Qu’est ce qu’une césarienne en vrai ? Quelles sont les implications ? Le processus de guérison ? Etc.. Bref, me voila le ventre ouvert. Je vous passe les détails après accouchement : malaises, vomissements, incapacité de bouger… Pendant 5 jours à la maternité je n’ai pas pu m’occuper de mon fils. Par chance, mon mari est arrivé dans la nuit, fatigué de 48h de taf sans dormir. Il a géré comme un chef pendant ce séjour. Retour à la maison à 12h, le mari part à 14h. Le monde s’écroule. Je ne sais pas m’occuper de mon fils. Comment on donne le biberon ? le bain ? les couches ? J’aimerais lui dire que je ne suis pas à la hauteur, qu’il devrait changer de maman car moi je ne serai pas bien pour lui, qu’il mérite tellement mieux que moi… Comment j’arriverai à gérer seule quand le mari sera absent ? L’angoisse. On a connu l’enfer du RGO. Me retrouver seule avec un bébé qui pleure toute la journée sans sieste et personne a qui donner le relais. Je pleurais sur lui en demandant pardon de pas réussir à le soulager, à le comprendre, à le calmer… Mon seul souhait de la journée, arriver le soir pour le coucher. Comment l’occuper pendant toute la journée ? comment le rendre heureux ? Est-ce qu’il sent que je ne vais pas bien ? Est-ce qu’il croit que je ne l’aime pas ? Dès que mon mari partait je pleurais derrière la porte. Je n’ai pas de travail. En pleine reconversion professionnelle, mais rien. Je suis donc isolée socialement. Aucun de mes amis n’a d’enfant donc personne ne peut (ou ne veut) comprendre.
Aujourd’hui il a 8 mois. Il est une merveille. Je suis tellement fière du petit garçon qu’il est. Encore aujourd’hui j’ai peur de me retrouver seule avec lui. Quelle maman a peur de son enfant ? Je ne m’en sens pas digne de ce titre de « maman » et pas à la hauteur. J’arrive à me convaincre qu’il ne m’aime pas et qu’il serait tellement mieux sans moi. Mais faut que j’assure car…
Aujourd’hui, mon mari, mon bonheur, mon amour, ma béquille, a baissé les bras. Il ne veut plus faire d’effort, il ne veut plus de moi et il est parti. Cet homme me disait qu’il ne pouvait pas vivre sans nous, qu’il m’aimait, qu’on était sa bouffée d’air, que se séparer ne faisait pas parti de son vocabulaire, et bien plus encore, cet homme là est parti. Je me retrouve encore plus seule. Je suis triste d’avoir été rejetée. Je suis en colère contre cet homme qui m’a épousé et qui m’a fait un enfant pour abandonner. Je suis triste et en colère d’imposer à un bébé de 8 mois des parents séparés. Je me retrouve seule et ce n’est pas mon choix. Un fils verra encore moins son père et ce n’est pas son choix. Je suis en colère et triste. Je culpabilise de ne pas avoir pu offrir à mon fils une famille unie, soudée, ensemble et aimante. Je dois faire le deuil de tous les projets, de cette famille.
Je me sens inutile au monde et si démunie mais je vais avancer pour lui.. C’est le début d’un autre livre. Mon fils mérite le meilleur et je vais tout faire pour lui offrir.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Note à l’attention de Caroline qui m’a laissé ce témoignage sur le blog : Je vous souhaite beaucoup de bonheur. Les débuts avec bébé sont durs mais au fur et à mesure vous allez tisser une incroyable relation avec votre petit garçon. Je vous souhaite beaucoup de courage mais surtout beaucoup BEAUCOUP de bonheur et je suis certaine que votre avenir en sera rempli. (La Mariée en Colère)
Mimi dit
Caroline, votre fils vous aime, il a besoin de vous et il grandira en sachant que vous avez fait tout votre possible pour lui. Toutes les mamans doutent, toutes les mamans ont peur, et il n’est pas étonnant que vous broyiez du noir au vu des circonstances particulières de sa naissance et de ses premiers mois. Mais dites-vous bien que ça va aller de mieux en mieux. Vous allez prendre confiance et vous allez le voir s’épanouir.
Comme vous j’élève mes enfants seule la plupart du temps (le papa les a un WE sur 2 et la moitié des vacances) et c’est dur à plein de points de vue: psychologiquement, physiquement, sur le plan pratique etc. le plus dur c’est comme vous de faire le deuil de la famille que j’avais projetée. j’ai vécu 15 ans avec leur papa, c’est compliqué d’accepter qu’on ne sera plus jamais le couple qu’on a été et que mes enfants grandiront avec des parents séparés. j’ai peur que ça les marque mais je fais de mon mieux pour qu’ils soient heureux. De toute façon je n’ai pas eu le choix, vous non plus apparemment, mais j’essaie de me dire que ça signifie que quelque chose de mieux m’attend ailleurs. Ne perdez pas courage, ne perdez pas espoir, seul le temps vous permettra d’effacer la douleur. n’hésitez pas à vous faire aider psychologiquement, à vous faire assister, à demander de l’aide à la famille, aux amis, aux médecins, aux structures de la petite enfance aussi. Vous n’êtes pas seule.
Je vous embrasse.
Elizaline dit
Caroline, courage. Avec tout ce que tu as vécu, ça doit être vraiment difficile en ce moment. Ne reste pas seule. Fais-toi aider, entourer, n’hésite pas à aller vers les personnes en qui tu as confiance, vers les différents organismes qui existent et qui sont là pour ça, vers les professionnels. Ne t’isole surtout pas; la tristesse et le mal-être sont déjà assez isolants et épuisants à eux seuls. Pense à toi, protège-toi, écoute-toi.
Je voudrais te dire que tous les doutes quant au fait que tu sois une bonne mère, font précisément de toi une bonne mère. Tout l’amour que tu témoignes pour ton petit garçon est magnifique; les mots que tu as choisis pour parler de lui sont émouvants. Je pense que c’est précisément dans cet amour que tu trouveras les ressources pour traverser cette douloureuse épreuve.
Alors, s’il-te-plaît, ne te persuade jamais que ton enfant ne t’aime pas ou, pire encore, qu’il serait mieux sans toi. Ce n’est pas vrai, ce n’est jamais vrai. Ce sont des pensées noires, ce n’est, en aucun cas, la réalité. Ces pensées sont comme des signaux qu’il faut que tu prennes soin, non pas de ton bébé car tu le fais déjà suffisamment bien tous les jours, mais de toi. Prend du temps pour toi, fais quelque chose qui te fait plaisir, qui t’apporte un peu de soulagement. Ne reste pas dans cette douleur destructrice pour toi.
Mon papa a quitté ma maman lorsque mes frères et moi n’étions que des enfants, et tout n’a pas été facile dans notre enfance. Mais depuis toujours, il n’y a personne au monde que j’aime plus que ma maman. Cette situation n’a fait que nous rapprocher d’elle. Nous avons eu tant de chance de l’avoir pour maman durant cette épreuve! Elle est mon phare dans la nuit, elle est mon modèle, elle est tout pour moi. Tout ce que nous réussissons, mes frères et moi, aujourd’hui en tant qu’adultes, nous le lui devons!
Ton petit garçon va grandir, et avec ton aide, il va devenir une très bonne personne, et être très heureux, j’en suis persuadée. Tu noues avec lui une relation unique et particulière, et il a vraiment de la chance de t’avoir pour maman.
Calleis fleurs dit
Joli texte, très touchant …
bon courage !
Maman A dit
Bonjour Caroline, j’ai lu votre témoignage très touchant ! J’ai accouché aussi par césarienne en urgence et je n’étais pas encore bien préparée à accueillir bébé. Dans ma tête, il devait arriver seulement 2 semaines plus tard mais il en a décidé autrement 😉 j’ai donc accouché en plein milieu des fêtes de fin d’année et je me suis sentie très seule et démunie face à ce magnifique petit bébé, et ce malgré ma famille qui m’entourait de son mieux. Les débuts ont été très difficiles, j’étais incapable de rester seule avec ma fille, j’avais des angoisses en spirale, impossible à calmer. Lire beaucoup de témoignages sur ce sujet m’a bcp aidée, j’ai vu que je n’étais pas seule dans le cas. Ensuite, je me suis aussi tournée vers des médecines alternatives comme l’homéopathie et petit à petit j’ai remonté la pente. À présent, je suis fière d’avoir franchi ce cap si difficile et j’ai une relation très privilégiée avec ma merveilleuse petite princesse. Surtout, gardez espoir et pensez à vous. C’est en prenant soin de vous que vous allez retrouver le goût de la vie! Bon courage !
GML dit
Je voudrais te repondre.
Te repondre que oui c’est normal dans ton cas d’avoir peur, de douter, de te dire que ton bébé mérite mieux. C’est normal. C’est humain.
J’ai vécu ça aussi apres ma césa d’urgence. Mon homme travaillait la journée. Ma famille me poussait a faire adopter mon bébé et a me séparer. Mon homme ralait que le ménage n’était pas fait, le linge et la vaisselle non plus. Il ralait parce que je ne savais pas faire les courses, parce que je ne savais pas faire a manger.
Ça a été une période tres dure. Avec le recul j’ai l’impression de n’être maman que depuis quelques années…
J’avais 18 ans. J’étais isolée. La seule de mes amies à être en couple, la seule a être maman. Sans voiture.
Mon fils m’a permise de reprendre le dessus.
Tu peux en vouloir a cet homme qui a semble-t-il fait des choix et t’as pousse a en faire sans que vous soyez prêts.
Mais sache une chose, quoi qu’il en soit vous avez vécu une histoire, une belle histoire et de cette histoire est né ton enfant. C’est tout ce qui compte. Et quand ton fils grandira racontes lui cette tres belle histoire. Dis lui aussi que vous n’étiez pas prêt à tout les chamboulements qu’entraine un enfant, et que c’est pour ça que son Papa est parti. Dis lui aussi que tu avais peur au début mais que tu l’as toujours aimé. Parce qu’au final c’est tout ce qui compte.
Tu t’en sortiras. Tu reconstruiras une famille. Peut être toute seule, peut être avec quelqu’un qui sera vraiment prêt.
Mais n’oublies pas de profiter au maximum de chaque journée avec ton fils. Les années passent vite… Et c’est une chance incroyable.
ROARD dit
Bonjour,
Je ne sais pas où vous êtes mais selon, il existe des associations de TISF (Techniciennes en Intervention Sociale et Familiale).
Ce sont des personnes pouvant intervenir chez vous à hauteur de 4h par interventions (dans le 13 en tout cas).
Elles interviennent quand le quotidien des parents avec enfant est difficile à gérer pour toutes les raisons possibles.
Vous pouvez directement faire appel à l’association vous même (si besoin pour demander conseils pour les démarches à faire) ou par le biais d’une assistante sociale de la PMI (Protection Maternelle Infantile) par exemple.
Des heures, avec une participation financière calculée selon votre quotient familial, vous sont attribuées par rapport à vos besoins pour une durée déterminée.
C’est un métier de conseils et de soutien à la parentalité qui offre un pannel d’accompagnements complet…
N’hésitez pas.
Amandine
Tinkerbell dit
« Aujourd’hui il a 8 mois. Il est une merveille. Je suis tellement fière du petit garçon qu’il est. Encore aujourd’hui j’ai peur de me retrouver seule avec lui. Quelle maman a peur de son enfant ? Je ne m’en sens pas digne de ce titre de « maman » et pas à la hauteur. J’arrive à me convaincre qu’il ne m’aime pas et qu’il serait tellement mieux sans moi. »
Voilà ce que j’essaie de combattre depuis 3 ans maintenant… c’est un calvaire.
Lolie dit
Chère Caroline,
Je ne suis pas maman, mais enfant d’une mère qui m’a élevée seule. J’ai grandi seule avec ma mère, on vivait dans un petit T1, sans voiture, peu de moyens (maman étudiait encore !). Mais la vie était chouette, même si j’étais la première à l’école et la dernière le soir! Je ne garde que de bon souvenirs, et maintenant, j’ai 30 ans, ma mère s’est remariée et a eu d’autres enfants, et avec le recul, je peux vous affirmer que grandir avec des parents séparés , ce n’est pas si difficile , même si je ne voyais que peu mon père . (Et en plus, 2x de cadeaux à Noël et aux anniversaires.. si si ! )
Ceci étant, je vous souhaite beaucoup de courage, j’imagine que cela ne doit pas être facile, mais je suis certaine que vous allez y arriver!
Banane dit
Je suis désolée de vous lire si triste, mais je pense directement « dépression post partum ».
Auriez-vous la possibilité de laisser votre fils quelques heures pour rencontrer un psychologue pour discuter de votre état moral?
En CMPP le suivi est gratuit.
Courage, vous êtes une belle famille tous les 2, vous allez vous en tirer comme des chefs!
Stellar dit
Caroline. Vous n’avez pas à culpabiliser de votre statut de mère célibataire. Vous n’y êtes pour rien que le père de votre fils est un lâche et que malgré ses belles promesses il n’assume pas son rôle de père et d’époux. On ne devient pas maman au premier jour de vie de son bébé, c’est un rôle qu’on apprend au fil des jours et des mois. Je suis certaine que vous êtes une maman qui déchire et qui rendra son fils heureux.
Somadeup dit
Wow ce témoignage est vraiment poignant…
Avez-vous creusé avec votre mari les raisons de son lâcher prise ? Il y a peut-être encore un espoir en en discutant.
De votre côté, je pense qu’il serait très utile de vous faire suivre par quelqu’un (psy ou autre aide). La maternité n’est vraiment pas évidente pour toutes les femmes et beaucoup doivent avoir recours à un professionnel pour l’accepter et bien la vivre.
En tous cas je vous souhaite tout le courage possible et plein de bonheur avec votre petit.
Isa dit
Bonjour, ce n est pas l un des col des plus joyeux et je compatie.
Sachez que vous n êtes vraiment pas la seule qui ai eu du mal avec votre rencontre avec votre bb. Et comme beaucoup disent, vois devez vous faire aider tout pleins de personnes sont là comme psy Puer etc et CD n est pas une honte. Vous aimez votre bb, toit va s arranger pour vous !
Pour le reste, ce sont des éléments agravant. Pensez à vous, c est triste pour votre enfant de ne pas voir ces parents ensemble et peu voir son père, mais c est courant de nos jours. C est a vous de vous reconstruire vous avez le droit de souffrir pour vous!!!! C est vous qui avez subit les absences de votre homme, cet accouchement dur, votre post-partum difficile et cet abandon . vous pouvez vous faire aider, ça aussi ce n est pas honteux, il y a aussi des groupes de paroles. Bon courage, vraiment la vie est longue vous remonterez vous retrouverez un équilibre dans tout les secteurs de votre vie.