Le papa de Camille s’est suicidé quand elle était plus jeune. Aujourd’hui enceinte, elle se demande comment elle pourra aborder le sujet avec son enfant. Voici sa question.
{Question} Comment aborder les circonstances du décès d’un membre de la famille avec son enfant ?
Bonjour à toutes,
Je viens vers vous aujourd’hui avec un questionnement qui me taraude depuis un petit moment. Je m’appelle Camille, j’ai 29 ans et suis sur le point de donner naissance à mon premier enfant. Je suis très heureuse d’être bientôt maman mais cette maternité soulève des questions liées à mon histoire familiale…
En effet, j’ai perdu mon père quand j’avais 19 ans de manière brutale : j’ai appris un matin son suicide et ai découvert par la même occasion qu’il souffrait d’une bipolarité depuis de nombreuses années et que ce n’était pas sa première tentative pour mettre fin à ses jours. Mes parents avaient décidé d’un commun accord de ne pas nous informer de la situation auparavant, dans le but de nous protéger, mes deux sœurs et moi. Encore aujourd’hui et même si je comprends intellectuellement leur décision, je ressens de la colère de ne pas avoir été informée et je ne souhaite pas perpétuer un « secret de famille » en ne disant pas la vérité à mon fils quand il me questionnera sur ce grand-père décédé. Cependant, j’ai plusieurs interrogations :
– comment aborder des sujets aussi délicats que la bipolarité et le suicide suivant l’âge auquel mon fils me questionnera ?
– comment discuter de ce point avec ma mère, mes sœurs et bien sûr mon conjoint pour que nous soyons au diapason concernant le discours à tenir et éviter qu’il n’y ait des « fausses notes » ni de la gêne ?
– que faire si ma famille n’est pas en accord sur le discours à tenir et préfère s’en tenir à « Papy est au ciel » sachant combien il me tient à cœur de ne pas mentir à mon enfant ?
Il faut savoir que j’ai la chance d’avoir une famille très soudée malgré cette épreuve et que nous avons une grande liberté de parole (surtout avec ma mère et ma plus jeune sœur). Ma grande sœur a elle plus de difficultés à communiquer de manière générale (c’est son caractère) et nous n’avons jamais vraiment parlé du décès de notre père ensemble… Or, elle et son mari seront les premiers concernés par le sujet car ils ont eux-mêmes deux enfants, dont un petit garçon de 3 ans à qui on commence à montrer des photos de ce papy qu’il ne connait pas et qui va sûrement poser des questions à son sujet dans les prochaines années. Je préfère donc aborder le sujet sans trop tarder, sachant que pour moi il est impensable de donner des versions différentes à des cousins qui vont forcément en discuter à un moment et se rendre compte qu’il y a anguille sous roche…
Avez-vous eu à aborder ce type de discussion avec votre enfant et votre famille ? Tout témoignage, toute piste de réflexion est bienvenue et je vous en remercie par avance.
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Camille dit
Hello !
Je suis l’auteure de la question et je remercie sincèrement toutes celles qui m’ont répondu. Ça m’aide beaucoup et ça me conforte dans mon idée de ne pas trop en dire sans questionnement de la part de mon petit bout (qui a bientôt 4 mois auj et se porte très bien) sans pour autant mentir. Merci encore et bises à toutes !
Camille
Nat dit
J’ai perdu ma mère quand j’avais 15 ans d’un cancer généralisé. Mon fils m’avait demandé pourquoi je n’avais pas de maman. Je lui ai expliqué il y a env 2 ans (il avait 5 ans) que ca mamy était malade et que les docteur n’avaient pas de médicaments pour la soigner.
Je pense qu’il vaut mieux que tu attende que ton enfant te pose la quetion. J’étais comme toi pendant la grossesse et finalement c’est venu tout seul. Courage a toi.
Claire dit
Bonjour,
Je pense comme Eloise, que la question du suicide est compliquée à aborder pour un très jeune enfant. Par contre il est possible de ne pas mentir non plus, vous pourrez expliquer en temps voulu que son papy était très malade et que c’est sa maladie qui l’a tué.
Cela permettra d’introduire petit à petit en fonction de l’âge quel genre de maladie c’était et de bien insister sur le fait que c’est elle qui a entrainé le suicide (et non pas que c’était une volonté de son grand père).
Je te souhaite une très belle rencontre avec ton bébé !
Aurelie dit
Bonjour,
J’ai exactement la même histoire que toi … j’ai perdu mon Papa à l’âge de 19 ans , le soir il était là, le lendemain matin nous étions réveillé par la mere qui appelait les pompiers … son mari, notre Papa c’était suicidé !
Aujourd’hui je suis Maman de deux enfants , je parle beaucoup de mon Papa, de leur papi , les photos , les souvenirs , les chansons, ce que faisions à Noël …
Mes enfants ont 8 ans et 5 ans , et je leur dis que leur papi veille sur eux , que c’est l’étoile qui brille dans le ciel . Nous n’avons pas encore abordé le sujet du comment … comment papi est parti au ciel , Quand la question se posera je leur dirai que leur papi etait malade et qu’il avait de gros bobos dans le coeur … de gros bobo qui le faisait beaucoup souffrir et qu’il a préféré partir tout seul !
J’espère que mon témoignage t’aidera un peu , je sais ce que de devoir vivre avec CA … courage et pleins de bonheur dans ta future nouvelle vie
Eloïse dit
Bonjour Camille,
je suis dans la même situation que toi, à la différence que ce n’est pas moi qui ait perdu mon père, mais mon mari, lui aussi d’un suicide. Je suis convaincue par ailleurs qu’il n’a pas réussi à faire son deuil, car son père était un modèle et représentait énormément pour lui (normal pour un jeune garçon). Je pense aussi qu’il ressent de la culpabilité vis à vis de ce suicide. De ce fait, le sujet est assez tabou dans leur famille. Une fois j’ai voulu en parler à mon mari, lui qui est si fort, qui ne pleure jamais (même pour la mort de son grand-père), il s’est mis à pleurer. C’était horrible! Mais j’ai voulu lui en reparler du fait que nous nous apprêtons à être parents (je suis enceinte de 8 mois et demi) et que j’ai peur que la perte de son papa ne lui évoque de mauvais souvenirs, ou du moins difficiles, quand il sera à son tour papa. Il m’a répondu qu’il n’y pensait pas, qu’il était tout simplement hyper heureux qu’on soit bientôt parents, qu’il a hâte et que tout va bien se passer.
Enfin pour répondre à ta question, il a également des frères et soeurs avec des enfants, je n’ai jamais osé leur poser la question. Mais pour ma part je suis comme toi, je ne veux pas mentir à notre fils. J’ai prévu d’y mettre la photo de son papy dans son album de bébé, et il portera son prénom en 2e prénom. Et quand il posera des questions, je pense qu’il faut y répondre avec des mots simples, l’image qu’il soit parti au ciel me plait assez et je pense que c’est ce que je lui dirai. Quand ils sont en bas âge, ce n’est pas nécessaire de noyer l’enfant dans un flot d’informations et d’explications, le dire avec des mots simples suffit. En revanche, la question réelle du suicide, je pense qu’il y a un âge pour l’aborder, peut-être à partir de 10 ans, mais avant, je pense que c’est violent pour un enfant. Je suis d’avis qu’il faut attendre qu’il soit assez mature pour recevoir ce genre d’information et que son cerveau soit suffisamment construit pour comprendre que quelqu’un veuille mettre fin à ses jours, et pourquoi.
Désolée pour ce pavé, mais je me sens tellement concernée et je n’ai personne à qui en parler aussi!
Marion dit
Je suis d’accord avec Eloise, papi est au ciel fera l’affaire pendant de nombreuses années, puis le jour où ton enfant te demandera de quoi il est mort, dire qu’il était malade n’est pas un mensonge… Pour ce qui est des réponses apportées par les autres membres de ta famille, effectivement vous en parlerai sûrement entre vous quand le moment sera venu, quand les plus grands connaîtront toute l’histoire il faudra leur dire de ne pas en parler aux plus petits, mais de toute façon c’est sûrement vers toi que ton enfant se tournera pour poser ce genre de question… Ma grand mère a fait une tentative de suicide quand elle était plus jeune, bien qu’elle en garde des traces très visibles, je n’ai su qu’à l’adolescence ce qui était arrivé. Je n’en ai pas voulu à mes parents de ne pas me l’avoir expliqué plus tôt, j’avais bien compris qu’avant ca j’étais trop petite pour comprendre… Tout simplement 🙂
Emilie dit
J’ai vécu la même situation, mon papa s’est suicidé quand j’étais très jeune.
Les mêmes questions sont venues me tarauder.
Aujourd’hui mon aîné à 5ans, elle m’a un jour demandé si j’avais un papa et où il était. Je lui ai dis que oui, que j’avais un super papa mais qu’un jour il avait décidé de partir et d’aller au ciel.
Plus tard nous sommes allés en famille sur sa tombe, simplement je lui ai dis il
est la mon papa, comme il n’est plus vivant on l’a mis ici avec plein de fleurs, c’est un cimetière. Et on lui apporte toujours des fleurs pour qu’il voit qu’on l’aime fort.
Elle a tout compris, elle n’a senti aucune tristesse dans la voix, elle a juste dit : « ah d’accord ».
Je pense qu’il ne faut pas entrer dans les détails mais lui parler avec douceur, il comprennent bien.
Mon frère n’arrive pas à évoquer le décès de notre père, jamais ma fille n’a eu le besoin de parler de ça à son tonton. Elle reste discrète. À nous les adultes de les entourer d’en parler sans en faire le sujet très présent.
La vie est faite pour les vivants sans oublier les absents mais ils ne doivent pas être omniprésent.
Surtout ne stressez pas, parlez en naturellement en évitant le drame ou l’immense tristesse, toujours en parler avec espoir.
Courage,
Bises.
Emilie
Tina dit
Le sujet est délicat.
Je pense que dans un premier temps avec un petit enfant (moins de 6 ans), il n’y a pas vraiment besoin de rentrer dans les détails.
Ca ne les intéresse pas plus que ca. Il suffit de leur dire qu’il est mort (quelque soit la formulation employée) et si il le demande je dirais juste qu’il était malade. (Après tout la bipolarité est une maladie.)
En grandissant, je ferai en fonction de ses questions, sans jamais mentir mais sans donner de détails non demandés.
Il me semble avoir vu des livres pour enfants sur le suicide. Ça peut aider à comprendre votre père.
Chloé dit
Bonjour Camille,
J’ai 26 ans et j’ai vécu ça dans ma famille. Mon grand-père était également bipolaire et s’est suicidé quand ma mère avait 24 ans.
Ma soeur ainée a été au courant assez tard, on ne lui avait jamais vraiment expliqué et je sais qu’elle n’a pas compris pourquoi ma mère voulait garder le secret. Moi j’ai l’impression de toujours l’avoir su mais d’avoir compris l’impact que ça avait pu avoir sur ma mère que beaucoup plus tard.
Mes cousins quant à eux n’ont jamais été mis au courant, ils l’ont appris à une discussion entre cousin à un Noël et ça a vraiment été un choc pour eux qui avait cru toute leur enfance que mon grand père avait eu un cancer. Il est souffre encore à l’heure d’aujourd’hui.
Je pense que dès les premières questions il est préférable d’expliquer avec des mots simples ce qu’il s’est passé car les secrets de famille sont trop lourds à porter à vie.
Je te souhaite plein de courage,
Chloé
Emy dit
Bonjour Camille. Sujet très complexe ! Le père de mon mari est décédé d’une maladie du foie liée à son alcoolisme. Bien sûr ca a ete un secret de famille mais quand notre grande a commencé à poser des questions, nous lui avons expliqué que le papa de son papa était au ciel et qu’il était décédé d’une maladie (sans rentrer dans les details) Ça lui a suffit a comprendre que son papy etait au ciel et ne nous a pas poser d’autre question depuis. Ça lui permis de placer tout le monde dans son contexte… je pense qu’il ne faut en effet pas mentir aux enfants mais en fonction de l’âge leur dire les choses sans forcément connaître tous les détails. Bien plus tard tu pourras lui expliquer les tenants et les aboutissants 🙂 tu verras en fonction de la réaction de ton enfant surtout. C’est dur pour toi car c’est un sujet qui te touche directement mais ton enfant ne l’ayant pas connu ne réagira pas forcément pareil.
Courage en tout cas car les secrets de famille… c’est pas évident à gérer…