Le témoignage de Lisa est très dur. Suite à une fausse-couche elle n’est soutenue ni par sa famille, ni par ses amis et encore moins au niveau professionnel. Soyez forte Lisa, la plus belle revanche contre toutes ces ondes négatives arrivera je l’espère très vite et balayera toutes ces mauvaises langues. Voici son témoignage.
{Témoignage} Fausse-couche : quand le bébé d’après ne vient pas et que tout le monde y va de son commentaire
Bonjour tout le monde,
Je m’appelle Lisa, j’ai 29 ans. Je suis en couple depuis bientôt dix ans et mariée depuis 2 ans. Mon mari et moi nous essayons d’avoir un enfant depuis février 2016. Je suis tombée enceinte assez rapidement, en juillet 2016, même si je trouvais déjà le temps long. Seulement voilà, une fois enceinte, je soupçonne déjà que quelque chose ne va pas. Une première gynéco me rassure… le temps passe. Je retourne la voir à presque trois mois de grossesse, elle recule la date de conception de trois semaines – ce que je sais impossible puisque cela signifierait que l’enfant a été conçu après mon test de grossesse positif. Bref, je vis dans l’angoisse et finalement, je consulte une seconde gynéco pour ma première échographie officielle, celle des trois mois. Là, le verdict tombe : bébé est mort, il faut l’évacuer. Avec mon mari, nous faisons front même si je perds du sang pendant deux mois et que je perds un membre de ma famille proche dans la foulée.
Nos parents, à qui nous avions annoncé notre grossesse, nous rassurent : les fausses-couches, c’est hyper courant et puis, ça veut dire que ça fonctionne. D’ailleurs, on dit qu’on est plus fertile juste après une fausse-couche, donc il y a fort à parier que je vais tomber enceinte du moment que j’y pense pas.
Une des choses les plus difficiles au début, c’est que je ne peux plus compter sur mes meilleurs amis, qui sont également ceux de mon mari. Comme nous devions voyager à l’étranger ensemble au cours de mes premiers mois de grossesse, nous avions dû annoncer « notre » grossesse à ce couple d’amis. Ils se sont révélés odieux. Mon mari étant à l’époque au chômage sans indemnités, ils nous ont reproché d’être trop pauvres pour avoir un enfant. (oui, à trois sur un salaire c’est juste mais faut pas non plus exagérer : j’ai un boulot assez privilégié qui me prend beaucoup de temps et j’estime gagner suffisamment ma vie). Inutile de dire qu’ils gagnent tous les deux très bien leur vie, de même que nos autres connaissances et que nous avons toujours été un peu à part car nous n’avons mon mari et moi pas grandi dans un milieu aussi favorisé. Ce que je vais dire va paraître étrange mais dans leurs têtes, nous dire ça, c’est justement être nos amis en nous mettant « face à la réalité » telle qu’ils la perçoivent. Ils partent du principe que les amis sont là pour se dire quand on prend de mauvaises décisions. Et c’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle j’essaie de passer l’éponge, parce que je sais que ce n’était pas juste pour être odieux. Mon mari lui est moins clément. Il accepte de leur adresser la parole mais ne les considérera plus jamais comme des amis proches et ne leur parle de plus rien de vraiment personnel.
Bref, tout ça pour dire que je ne peux pas parler à mes amis de ce que je ressens au moment où je perds le bébé et que je n’ai le droit à aucune bienveillance au sein de ce cercle que je pensais « amical ».
En parallèle, une de mes collègues enceinte en même temps que moi, accouche presque le jour de la naissance prévue pour mon bébé, deux autres de mes collègues tombent enceintes et ma supérieure me fait comprendre que « c’est pas le moment, j’espère que tu ne comptes pas nous lâcher toi aussi. »
Qu’à cela ne tienne, on s’accroche mon mari et moi en se disant que je retomberai vite enceinte et qu’ils verront bien qu’on sait s’en sortir (nos amis) et que ce n’est pas eux de se mêler de notre vie (tout le monde).
Une promotion pour moi, un nouveau job pour mon mari, l’achat d’une maison dans un autre département, et en même temps plein de paperasses à régler dans le cadre du décès dans ma famille, un (second) voyages de noces, de nouveaux engagements associatifs, les mois passent et je me surprends à ne penser à la grossesse qu’à l’approche de mes règles. Mon suivi annuel à la gynéco me confirme (sans examen supplémentaire ceci dit) que tout semble rouler.
Alors tout va bien me direz-vous ?
Cela fait plus d’un an maintenant. Presque un an et demi. Même si j’essaie de trouver de quoi me changer les idées (un projet d’écriture, du dessin, plus d’heures au travail), c’est de plus en plus dur de faire abstraction de toutes les pics, de tous les petits commentaires et ce à plusieurs niveaux.
Au niveau du travail : La collègue qui était enceinte en même temps que moi attend à nouveau un enfant et ma supérieure recommence à me demander de ne pas tomber enceinte.
Au niveau amical : Les rares fois où je revois mes amis et qu’ils dénigrent les enfants, le fait d’en avoir. A part une amie que je vois encore moins et qui réagit comme ma famille (voire ci-dessous).
Au niveau familial : Mes parents, les parents de mon chéri et ses grands-parents me sortent tous des choses du style « Il aurait déjà six mois maintenant ! Il ferait ci, il ferait ça !« , me reluquent discrètement ou pas le ventre, guettent ce que je mange, continuent à me dire que ça va venir vite (oui… mais ça fait un petit moment maintenant) ou alors à l’opposé me disent « ah mais peut-être que vous êtes stériles. »
Je trouve toutes ces choses totalement déplacées. Surtout que du coup, même si j’essaie de rester positive, je commence à me mettre la pression. Je me dis que je ne fais peut-être pas bien les choses. Avec nos récents horaires de travail décalés, on se voit 10 minutes par jour en semaine avec mon mari et autant dire qu’on n’a l’occasion de faire des choses que le week-end. Mais peut-être justement qu’on ne fait pas assez d’efforts, que je devrais me relever la nuit à 4h du mat’ quand il rentre du travail quand on est dans la fenêtre pour l’ovulation… Et puis, que va-t-il vraiment se passer au travail si je finis par tomber enceinte ? Est-ce que j’ai raison de croire qu’on va s’en sortir financièrement ?
Ils me font tous douter de moi et je n’ai pas de solution à ce problème à part rester forte. Je voulais juste témoigner du fait que non, ce n’est pas parce qu’on est tombée enceinte une fois qu’on va retomber enceinte (vite), que non, ce n’est pas parce qu’on y pense trop. Certes j’y pense mais je suis trop prise pour y penser pendant des heures (d’ailleurs, à partir de quand c’est trop ou trop peu ?).
Je voulais aussi et surtout témoigner une nouvelle fois du fait que l’environnement amical n’est pas toujours clément envers l’annonce d’une grossesse. Par contre, la fausse-couche a été vécue comme un soulagement pour eux, même s’ils ont tout de même eu le bon ton d’être gênés. Depuis on n’en parle pas. Ils ont dû croire qu’on a abandonné nos essais. Ils seront les derniers avertis quand je tomberai enceinte. Si possible après l’accouchement.
De même, je ne savais pas trop comment m’y prendre mais je voulais aussi retranscrire la violence de l’univers professionnel. Que des collègues tombent enceinte, c’est déjà dur à vivre quand on attend un heureux événement depuis longtemps mais on peut vivre avec et se réjouir pour elles (en tout cas, moi j’y parviens) mais qu’une supérieure, qui ne connaît rien à mon intention réelle d’avoir un bébé, ne sait rien de ma fausse-couche, se permette de me dire assez fréquemment que je n’ai pas intérêt à avoir un bébé… c’est le plus dur à vivre. Parce que chaque fois qu’elle me le dit, j’ai l’impression de prendre un coup de poignard. Les collègues qui ont eu des bébés ont « renoncé à leur carrière et sont des déceptions pour le service » mais « toi (moi), tu es douée, tu peux aller loin. Enfin, tu vas pas nous faire un enfant, hein ?. Chaque fois, j’ai envie de me tourner vers elle avec un grand sourire et de lui dire qu’elle va connaître une nouvelle déception professionnelle. Surtout qu’elle-même a eu quatre enfants. (Oui oui, quatre…. sans blague quoi !)
Ca me fait du bien de pouvoir écrire et retranscrire tout cela dans un témoignage. Et peut-être certaines d’entre vous reconnaîtrons certaines des pics qu’on m’a lancées.
De mon côté, j’ai la chance de pouvoir compter sur un mari en or qui rêve autant que moi d’un petit nous. Nous nous aimons tous deux tellement fort que je ne saurais pas vous le décrire. Même si nous nous voyons peu en semaine depuis deux mois, nous ne passons pas une seule de nos pauses sans nous téléphoner. En janvier, nous prendrons rendez-vous ensemble chez la gynéco pour entamer des examens plus poussés et ni ma supérieure, ni mes amis anti-enfants, ni nos familles ne seront au courant. On fera ce qu’on a envie de faire tous les deux.
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MelleGaga29 dit
Nous avons également connus la fausse couche avec mon mari, à deux reprises même. Après ma première j’ai également fait les frais de remarques pas très intelligentes du genre : « de toute façon il aurait été handicapé », « c’etait rien il n’y a pas de quoi être triste » (j’etais a 10SA donc c’etait déjà un petit être avec une tête des bras et des jambes !!!), « ne vous inquiétez pas ça va vite revenir » … et j’en passe
Heureusement pour nous je suis vite retombée enceinte et je commence mon 6eme mois de grossesse mais je pense régulièrement à cette vie qui s’est arrêtée en moi. C’est dur et les semaines après ma première fausse couche ont été très difficile psychologiquement mais je crois qu’il faut le vivre pour comprendre.
Aujourd’hui j’essaie de me détendre mais je reste très angoissée pour la santé de mon bébé. C’est comme ça ćest la vie, j’espere de tout cœur que vous accueillerez bientôt votre petit vous, en attendant tiens le coup et ne perds pas confiance en toi !
miocene dit
Je ne reviendrai même pas sur les remarques déplacées auxquelles tu dois faire face. Je te dis un grand bravo de ne pas devenir violente face à de telles choses. Garde courage et ne les écoutes pas.
Mais je me permets de te contacter surtout par rapport à ta fausse couche. Connais tu la cause de ta fausse couche ?
Car j’ai eu la même chose que toi il y a quelques années. Je suis tombée enceinte et lorsque je suis arrivée chez la gynécologue celle ci m’a annoncé que mon bébé était plus jeune que ce que je lui avait dit. Impossible puisque mon mari était a l’étranger. elle n’a pas voulu écouter et 2 jours plus tard je me retrouvais aux urgences. Le coeur du bébé s’était arrêté. Il n’y a jamais eu d’investigation. On m’a juste expliqué que c’est normal.Surement une anomalie… que la nature est bien faite etc…
J’ai mis longtemps à retomber enceinte (j’ai appris mais bien plus tard que j’ai un problème hormonal qui rend difficile pour moi de tomber enceinte mais pas impossible) Je suis tombée enceinte et tout s’est très bien passé jusqu’à la 34eme semaines de grossesse. Mon enfant est décédé. Des investigations ont été faites et en fait j’ai fait un problème de coagulation du sang. Cela arrive et la conséquence d’un tel problème c’est soit des fausses couches au premier trimestre soit au troisième trimestre. C’est soit brutal soit on peut aussi s’en rendre compte à cause d’un retard de croissance du bébé. à la lumière de cet évènement, j’ai compris que c’était aussi ce qui s’est passé lors de ma première grossesse. On ne pourra jamais en être certain à 100 %, mais ma nouvelle gynécologue pense aussi que ça peut être la même chose.
Ce n’a peut être rien à voir, mais peut être pourrais tu poser la question à ta gynécologue ? car si tu as la même chose que moi, tu risques de perdre À nouveau ton enfant alors que le traitement est très simple : aspirine cardio
Fanny B dit
Je suis atterrée par ton histoire ! J’ai tellement envie de te prendre dans mes
bras et de te dire que toutes ces personnes sont malades ! C’est incroyable que de telles réactions puissent exister. Peut être que de prendre de la distance avec toutes ces personnes te ferait du bien ? Ralentir les visites à la famille, à ce couple d’amis qui a l’air un peu toxique tout de même d’après ce que tu racontes.
Quand à ta bosse : pour moi c’est une évidence il y a au minimum une maltraitance psychologique, voir du harcèlement ! Si l’obtention de promotion est adossée au fait de tomber enceinte ou pas…. on est juste au 19eme siècle quoi ! Peut être pourrais tu te rapprocher de la médecine du travail pour évoquer cela ? Tu n’as pas un autre supérieur ? Et tes collègues qui elles ont des enfants’ ? Ont -elles le sentiment que leur carrière à ete volontairement freinée à cause de cela ? Pour rappel : une nouvelle l’oie est passée et cest maintenant officiellement illégal de tels agissements !
J’espère que mon intervention n’est pas trop violente. J’aimerai réussir à te dire que avant toute chose tu dois t’aimer toi, ton couple et la famille que vous allez construire. Et peut être que pour cela faire’un peu de trie dans tes relations et prendre temporairement de la distance te ferait du bien ? Bon courage à toi.
Lola dit
Bonjour Lisa,
J’imagine que ce que tu vis ne doit vraiment pas être facile.
Pense à toi, le travail, les amis, ça va ça vient.
Et surtout, c’est dans les moments difficiles qu’on voit sur qui on peut compter
Mon mari et moi sommes en pleine FIV nous avons décidé de n’en parler à quasi personne, et je me rends compte que depuis, nos soit disant amis ou même famille qui voient forcément notre peine et notre détresse ne viennent pas nous proposer de l’aide !!! J’ai 2 amies qui ont compris enfin qui ont voulu comprendre et m’apportent leur aide
Les autres NADA !!!!
Par contre pour se critiquer par derrière là il y a un monde fou !!!!
On ne connaît les personnes qui nous entourent que dans les épreuves de la vie
La Fouine dit
J’imagine que ce soit être très dur, ce manque de soutien et les paroles blessantes. Je n’ai pas vécu de fausses couches mais je suis infertile. Je te trouve déjà très positif que tu réagisses bien aux annonces de grossesse autour de toi, pour moi cela n’a pas toujours été le cas, et encore maintenant c’est parfois dur à encaisser. Au niveau du boulot, les remarques de ta chef sont illégales ! Renseigne toi bien sur tes droits en prévision du jour où tu seras enceinte (c’est tout ce que je te souhaite), quitte à prendre des conseils légaux. Mieux vaut anticiper, et un rappel à l’ordre clair et ferme à ta chef pourra lui montrer qu’elle n’a pas intérêt à te causer de problèmes si elle ne veut pas avoir de sérieux ennuis.
Balina dit
Bonjour,
Personnellement j’ai déjà quitté un travail car mon chef m’avait dit qu’il ne fallait pas que je tombe enceinte dans les prochaines années. Pourtant je n’y pensais pas à ce moment là, mais sur le principe ce comportement m’a révoltée alors je suis partie.
Ça n’est peut être pas le cas mais si votre supérieure vous écrit ces choses (ou les dit devant témoins ?) je pense que vous pouvez vous retourner contre elle car ça me semble illégal.
Ce n’est pas forcément pour entrer en conflit, mais au moins vous dire que cette attitude est absolument choquante et qu’elle ne doit pas vous déstabiliser car c’est elle qui est en faute.
J’espère sincèrement que les choses s’arrangeront pour vous, au travail mais aussi sur tout le reste 🙂
Tenten dit
Après ma fausse couche, en janvier 2016, c’était assez dur aussi. J’ai pas eu les même soucis amicaux ou professionnels, quand à la famille c’est arrivé une fois à ma mère de dire, pendant un repas de famille à quel point elle aimerait d’autres petits enfants etc. Mais c’est vrai qu’elle n’a jamais parlé du petit bout qui devait naître et je pense que c’est ce qui fait le plus mal.
C’est mon nouveau gynéco (qui traite des problèmes de fertilité) qui a tout changé, elle a été un amour, vraiment ! Elle m’a plains, elle m’a dit de ne pas baisser les bras, elle a surveillé mes cycles d’ovulation et ça a suffit ! Bien sûr je n’ai pas fini les trois mois donc je m’en garde d’en parler.
Donc le seul chose que j’ai envie de dire c’est « change de gyneco », c’est génial d’être soutenu par son mari c’est certain, mais moi ça m’a fait un bien fou que qqun du corps médical me soutienne aussi.
Bon courage !
Lyly dit
Bonjour Lisa. Je t adresse ce petit mot pour te souhaiter du courage. Ce n est pas facile les remarques de tout le monde et aussi dans l environnement professionnel. Pour ma part, ma binôme de travail et moi sommes tombées enceintes à 3 jours d intervalle mais j’ai fait une fausse couche 1 semaine avant ma première écho. Heureusement elle a été un soutien sans faille, elle savait que c’était dur pour moi de la voir s arrondir et elle a fait au mieux pour ne pas me protéger de sa propre grossesse. Tout mon service est au courant, même mo chef, ce qui a permis de ne pas subir(trop) de remarques déplacées.
Mais ça va bientôt faire 9 mois et toujours rien à l horizon… J’ai récupéré les dossiers de ma collègue en congés parental et mon chef prévoit bcp de projets pour les deux prochaines années.. comme si de rien était. Je suis donc obligée de lui glisser de temps à autre que pour le moment on peut me compter pour les projets mais que je suis tjs en essai et que j espère être vouée à m abscenter un jour..
C’est pas toujours facile, les gens sont prévenant au début mais après la plupart oublie et fait comme si de rien était.
Courage a toi et j’espère lire ton prochain témoignage pour une jolie nouvelle.
Lyly dit
Il faut lire pour ME PROTÉGER durant sa grossesse..😉
Polette dit
Je t’envoie plein d’ondes positives pour la suite, c’est vrai que l’entourage n’a pas été à la hauteur mais concentre toi sur votre couple et votre amour, courage ça va aller, vraiment plein de bonnes choses pour la suite!