A. et son chéri essaient depuis très longtemps d’avoir un enfant. Après un parcours PMA et plusieurs inséminations, elle tombe enfin enceinte. Mais le destin s’acharne et un retard de croissance est avéré, les conduisant vers une Interruption Médicale de Grossesse. Voici son témoignage.
{Témoignage} IMG : la trisomie 22 de ma douce Camille
Bonjour,
Je vais essayer de me lancer et de vous raconter notre histoire…
Nous sommes ensemble avec mon mari, depuis 22 ans et quelques mois, mariés depuis 12 ans. Nous avons 38 et 42 ans.
Nous avons mis du temps à vouloir un enfant, nous avions envie de profiter de la vie à 2, et je n’étais pas sûre de ma capacité à être mère. En 2013/2014, nous nous décidons enfin à devenir 3. Cela est plus compliqué que prévu. On parle d’infertilité inexpliquée. Les examens n’étant pas catastrophiques, mon gynéco nous parle de PMA, et d’inséminations artificielles.
Nous nous lançons en 2015. La 1ère est un échéc, mais c’est la 1ère on y allait en tâtonnant dans ce monde tout nouveau pour nous. On attend un peu on fait la 2ème, deuxième échec… Puis la 3ème, échec également. C’est de plus en plus difficile à encaisser. On tente la 4ème sans trop d’espoir. D’autant que celle ci ne se passe pas trop bien, les taux sont bas, les ovocytes mettent du temps à grossir, on n’y croit pas trop. J’en suis à dire à mon gynéco que je ne peux plus le voir !!
4ème IAC donc, l’attente est longue, je m’impatiente et fait un test urinaire pour me préparer à l’échec. Miracle, celui est positif.. enfin.. Des larmes dans la voix je l’annonce à mon chéri. Larmes au téléphone. Rendez-vous pris avec mon gynéco pour tout controler et voir qu’il y ait bien un petit embryon, et surtout qu’il est bien situé..
1er rendez vous. Nous entendons les battements de son petit cœur. La sensation est indescriptible. Tellement heureux.
Deuxième rendez-vous programmé, on prendra les mesures, l’écho sera plus nette. Ce deuxième rendez-vous est une nouvelle émotion, nous enregistrons toutes les informations.
3ème rendez pour l’écho morpho… Clareté nucale ok, tout va bien… le gynéco voit le sexe mais il ne nous dit rien, attend le prochain rendez vous pour être certain… Nous voyons toutes ses petites formes. On lance les paris avec la famille, je veux un garçon, mon chéri désire une fille..
4ème rendez vous. Le gynéco nous annonce que c’est une fille, je lis le bonheur immense de mon mari, et tout compte fait je suis super heureuse de la nouvelle.. On a enfin notre bébé qui pousse.. Le médecin me prescrit toute une batterie d’examens. Mais tout va bien..
10 jours après, je reçois un appel de la secrétaire de mon gynéco. Ils ont les résultats de la prise de sang trisomie, et je suis dans un facteur de risque. Je dois contacter le CHU de notre région pour prendre rendez vous pour amniocentèse si on le souhaite. Le rendez-vous est pris 6 jours après
Arrivés au CHU, on nous explique que je ne suis pas assez avancée dans la grossesse pour l’amniocentèse. On nous propose une nouvelle prise de sang, plus poussée, appelée DPNI, elle permet de détecter une trisomie 13, 18 et 21. Elle est coûte 390 euros mais le CHU la prend totalement en charge. Nous l’acceptons. Nous sommes confiants. Les résultats prennent 15 jours.
10 jours après nous recevons un appel de la généticienne. Ils ont les résultats. La prise de sang a éliminé les trisomies 13.18 et 21. Nous poussons un ouf de soulagement.. de courte durée.. La prise de sang a détecté une anomalie au niveau du chromosome 22, mais ils ne savent pas quoi exactement et c’est peut-être une erreur… La généticienne nous propose une écho très poussée suivie, cette fois, de l’amniocentèse… On accepte, on veut savoir et surtout poursuivre cette grossesse. Cela ne peut être qu’une erreur…
4 jours après nous voyons un gynécologue et une généticienne. Le gynécologue qui nous reçoit se présente et dans un demi-sourire, nous annonce « des cas comme vous on en a 1 par an, les statistiques disent 1 pour 1000« . Il fait l’écho, prend les mesures s’agacent car notre fille bouge beaucoup… Mon mari est à deux doigts de lui sauter à la gorge, je le calme du regard… Le verdict tombe..
Notre fille présente un retard de croissance sévère
Elle ne pèse pas suffisamment. Mes larmes coulent. On nous fait attendre dans un couloir pour l’amniocentèse. Je ne peux m’arrêter de pleurer, mon mari me tient dans ses bras, triste et en colère. Je m’avance dans la salle pour l’amniocentèse. Le gynéco a du se détendre, il est beaucoup plus empathique, m’explique la procédure, me rassure. Il a du entendre mon mari qui était très en colère.
L’amniocentèse est bien moins douloureuse que mon appréhension. On nous annonce des 1er résultats sous 48h.
Démarre une longue attente, un rendez-vous est fixé 15 jours après pour un nouveau contrôle échographique.
2 jours après le gynécologue nous annonce que je développe une trisomie 22 placentaire. Notre fille n’est pas atteinte mais cela explique le retard de croissance. Il nous annonce qu’il faut qu’on réfléchisse à une décision à prendre, stopper, continuer.. et on en parle dans 15 jours, voir comment évolue la grossesse.
Nous passons 15 jours de cauchemars, entre espoir et désespoir. Des amis viennent nous voir en catastrophe… Je suis là physiquement, mais pas mentalement. Je pleure. On est complètement perdus…
Notre rendez-vous arrive enfin.. Nous sommes accueillis par un autre gynéco, une jeune femme, beaucoup plus agréable… On s’installe pour l’écho. Quand l’écran s’allume, je vois tout de suite que quelque chose a changé. La gynéco coupe l’écran au bout de quelques minutes. Elle pose sa main sur mon bras et nous annonce que le cœur de notre fille s’est arrêté.
Notre monde s’écroule. Je pleure.. Je ne peux plus arrêter. Mon chéri essaie de rebondir tout de suite pour connaitre la suite. Elle lui dit qu’elle va tout nous expliquer mais qu’il faut qu’on digère d’abord la nouvelle. Nos larmes coulent.
Puis vient les explications. Pilule abortive dès ce soir, et retour à la maternité pour voir si elle a été efficace, sinon, ça sera un accouchement par voie basse.
Je débute mon 5ème de grossesse
On nous explique la procédure, on voit l’anesthésiste… Tout ça est dans un brouillard de larmes.. Il faut l’annoncer à tout le monde. Heureusement famille, amis, employeurs sont tous très très compréhensifs. On ne le sait pas encore mais cela va nous aider énormément.
Lorsqu’on revient, la pilule n’a pas fait effet, donc ça sera un accouchement par voie basse. Tout est fait pour nous préserver au maximum. Heureusement cette maternité a un étage consacré aux parents qui comme nous vivent un drame, loin des parents heureux. Les sage femme, infirmières, aide soignantes sont au petit soin par leurs mots, leur attention.
Nous rentrons le Mercredi 02 Aout 2017 à 08h en salle d’accouchement. Ma fille est « née » à 23h25. Un accouchement dans les larmes mais avec le soutien infaillible de l’homme de ma vie.
Nous repartons le lendemain, nous avons inscrit notre petite Camille sur notre livret de famille, nous avons choisi l’incinération. Notre fille pesait 89g, nous n’avons pas pu la voir. Trop douloureux, et selon la sage femme, trop traumatisant. Nous avons préféré garder les belles images des 1ères échos. et une photo de ses petites mains.
Nous avons repris le long parcours de la PMA.
Nous avons enchaîné peu de temps après, trop vite, pour combler le manque, les IAC, 3 de plus qui ont été un échec.. Normal très certainement.
Nous avons attaqué les FIV ICSI… Bientot le 3ème essai.. Nous espérons toujours avoir le bonheur de tenir enfin notre enfant dans nos bras.
Mon mari est un soutien énorme. Pendant 1 an et plus, je me suis écroulée, il n’a jamais failli. Il a géré sa douleur et m’a porté à bout de bras. Et puis un jour, j’ai pris la décision de voir une psy.. Une des meilleures décisions de ma vie. Cela m’a permis d’avancer et m’a appris à gérer ma peine. La douleur est toujours là mais moins vive, plus supportable.
Rien est insurmontable, il faut juste apprendre à vivre avec… et surtout on essaie de garder le peu de positif de cette histoire.
Le ciel a gagné une petite étoile..
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Natacha Coux dit
Je compatie a votre douleurs. Nous avons un parcours quasi similaire. Apres 8 ans de pma je tombe enceinte de faux jumeaux. A l echo des 12 sa une de mes filles a un hygroma kystique, une clarté nucale élevée et j ai pas beaucoup de liquide amniotique. J ai cru mourir. Apres amniocentèse notre justine a la trisomie 22 en mosaïque. La faute a pas de chance m a t on dit. Le décès à la naissance ou sans vie etait inévitable. Elle est décédée a 20 sa de grossesse… j espère que vous allez mieux aujourd’hui …
Annz-Flore dit
« Le ciel a gagné une étoile ».. vos mots sont magnifiques et m’ont ému aux larmes.. de tout cœur avec vous.
Coco dit
Témoignage vraiment poignant, je suis bouleversée. Vous avez un telle force et surtout vous vous aimez toi et ton mari et ça c’est innestimable.
Sandra dit
Ton témoignage m’a enormement émue, j’ai les larmes aux yeux en le lisant. Je lis ce blog depuis 2 ans et c’est la première fois que je suis autant touchée et que je trouve la vie aussi injuste.
Après tout ce que vous avez traversé je vous souhaite de tout cœur de serrer votre bébé dans vos bras. Tu es très courageuse .
Elodie dit
♡♡♡♡
Courage pour la suite !
Cala dit
Je ne peux rien vous dire de plus que courage et je vous souhaite le meilleur… Votre témoignage m’a ému, vraiment !
Fichet dit
Bonsoir,
Je n’ai encore jamais laissé de commentaire mais ce soir je lis ce témoignage et je remercie ce blog d’exister et à vous d’avoir le courage d’écrire et de partager votre histoire.
Je n’ai pas votre courage mais cela me fait du bien de vous lire et cela me permet malheureusement de me sentir moins seule dans ma douleur.
Maman d’un petit ange depuis peu, j’ai l’impression que ma vie s’est arrêtée ce 28/01/19.
Heureusement comme vous j’ai mon mari pour me soutenir et partager cette douleur immense.
Alors voilà merci infiniment.
Courage à vous et votre mari
miocene dit
courage à vous
vos mots sont très justes » il faut juste apprendre à vivre avec… et surtout on essaie de garder le peu de positif de cette histoire. » c’est dur mais c’est aussi pour votre Camille. Lui faire honneur en continuant à vivre. Aucun enfant ne souhaite être responsable du chagrin de ses parents.