Blog Mariage, Blog Maternité… Blog féministe ?

Lorsque les gens que je rencontre me demandent quel est mon métier et que je réponds que je suis blogueuse mariage et maternité, j’ai souvent le droit à un étonnement en mode « ben c’est un métier ça ? », suivi d’un « et tu gagnes ta vie ? » et puis plus rien parce que la personne ne voit pas trop quoi raconter à une nana qui, à son avis, passe 90% de son temps à faire des selfies et des photos de ce qu’elle mange au restaurant pour les poster sur Instagram.

C’est la triste vision qu’a le commun des mortels de mon métier, et pourtant, c’est tellement loin de ma réalité et surtout de mes ambitions. Oui « blogueuse » est un métier, oui je gagne ma vie grâce à cela et si vous saviez à quel point ma passion est devenue un combat de tous les jours, pour le bien-être des femmes.

Un blog avec une ligne éditoriale pas si légère que ça

La partie blog mariage est celle qui m’a faite connaître depuis 2011. J’avoue que les sujets traités y sont plutôt légers dans l’ensemble, même si parfois certains témoignages nous ramènent à la réalité. Je trouve cela très bien que l’on ne parle pas que de choses pesantes sur ce blog, cette rubrique est jolie, sympa et permet d’avoir un premier contact « vrai » avec une ligne éditoriale sans langue de bois. On dit la vérité et des fois en plus -souvent-on en rigole. Même pour parler des préparatifs mariage je n’ai jamais pris de gants, c’est d’ailleurs ce qui a fait connaître le blog « La Mariée en Colère ».

Et puis après, en 2015, la partie grossesse et maternité est née, et je pense que c’est là que le blog a pris tout son sens profond. C’est à dire que la rubrique mariage est prépondérante mais que ce qui me paraît important c’est de faire du bien aux femmes, de les aider et de les accompagner dans les étapes les plus importantes de leur vie. De leur offrir un espace d’échanges sur des sujets souvent classés comme tabous.

En quoi ce blog est-il féministe ?

Définition du féminisme selon le Larousse : « Mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société« .

Je veux aider à améliorer la condition des femmes dans notre société, surtout pour ce qui concerne la maternité, c’est mon combat avec ce blog. Tous les jours je pleure en recevant vos témoignages. Parfois de joie, parfois de douleur, parfois de rage. Et tous les jours je me rends compte combien les femmes sont fortes, de tout ce qu’elles sont capables d’endurer pour devenir mère et de tout ce qu’elles sont susceptibles d’encaisser une fois que c’est le cas. Sans parler de leur condition en général.

Maltraitances médicales lors de l’accouchement, incivilités envers les femmes enceintes, mise au placard lors de l’annonce de la grossesse au travail, pression de la part du conjoint (et de la société) pour avoir des relations sexuelles régulières… mais aussi mal-être pendant les parcours PMA, dépression post-partum niée, descentes d’organes, fausses-couches… et puis toutes les autres pathologies qui peuvent survenir pendant et après la grossesse.

Autant de sujets que je tiens à aborder sur ce blog, car en parler est pour moi une façon de faire bouger les choses.

« A notre époque on n’en faisait pas tout un plat » a-t-on entendu nos grands-mères nous répéter, comme pour culpabiliser les nouvelles générations qui oseraient parler tout haut de tous ces sujets tabous. Personnellement, je pense que c’est grâce à des femmes ou des hommes (car bon nombre d’entre eux -mon mari le premier- sont tout autant féministes que nous) qui en font tout un plat que la société change et que la condition des femmes peut-être améliorée. C’est grâce à des femmes et des hommes qui ont fait tout un plat du « devoir conjugal », du droit de vote, de l’accès à l’IVG ou à l’éducation qu’aujourd’hui la condition féminine s’est améliorée. Alors je vais faire partie de ces gens qui vont continuer à en faire tout un plat, pour tenter de faire évoluer les mentalités.

Mais le mariage c’est pas super féministe quand même !

Quelques temps avant mon mariage une amie m’avait dit « les féministes se sont battues pendant des années pour libérer les femmes et toi, tu te maries« . Ce n’est pas parce que les femmes ont lutté pour que l’on puisse porter des pantalons que je vais m’interdire de porter des robes. Même système. Je suis d’accord sur le fait qu’à la base le mariage dans ses traditions est loin d’être quelque chose de glamour (on l’a vu dans cet article), mais aujourd’hui je crois en une union d’amour.

Tous les hommes ne sont pas asservissants, tous les hommes ne sont pas violents, tous les hommes ne sont pas des connards et heureusement, on peut aujourd’hui se marier parce qu’on se choisit et qu’on s’aime ! Ils sont un grand nombre à lutter à nos côtés et il y en a aussi une grande partie qui n’est malheureusement pas au courant de tous les maux de la maternité, parce que justement ils sont complètement tabous !

Je me souviens d’un email de remerciement d’une lectrice qui avait fait une fausse-couche, qui avait témoigné de cette épreuve sur le blog et avait eu de nombreux commentaires très réconfortants. Grâce à tout ce soutien, elle avait trouvé le courage de faire lire son récit à son mari et tout son entourage qui ne comprenaient pas ce qu’elle vivait. Mission accomplie, le blog l’avait aidée à faire comprendre aux autres le sujet de son mal-être et de nombreux autres témoignages ont cette vocation. Comment quelqu’un qui n’a jamais accouché pourrait comprendre les douleurs post-partum si on ne lui explique pas tout simplement qu’il peut y avoir des hémorroïdes, des points de suture, des hématomes, une descente d’hormones etc… il ne faut pas en vouloir aux gens qui ne savent pas, leur en parler est un premier pas vers cette forme « d’éducation » que je prône.

Bien sûr, certains sujets, comme ceux sur les incivilités, le viol conjugal, ou les maltraitances médicales, me mettent hors de moi. Connaissez-vous le nombre de femmes qui s’obligent à faire l’amour tous les 2 ou 3 jours sous la pression de leur conjoint ? parlez-en autour de vous, vous serez sûrement très étonnés des réponses. Et de celles qui vous diront « ben ouais mais si tu ne te forces pas un peu faut pas t’étonner qu’il aille voir ailleurs« . Le sexe est un acte d’amour qui se partage quand les 2 en ont envie, pas sous la pression d’un des partenaires. Les femmes ne sont pas des vide-couilles qui doivent accepter de se plier aux désirs masculins si elles n’en ont pas envie. Si un homme n’est pas capable de comprendre cela et qu’il préfère que sa femme puisse ressentir comme un viol (une pénétration sous la pression, qu’elle soit psychologique ou physique en est un) une relation sexuelle plutôt que d’utiliser sa main droite sous la douche, alors c’est qu’il ne la mérite pas. C’est la base de l’amour : faire du bien à l’autre, pas du mal, et surtout pas par pur égoïsme ! Quand on est en couple, la question du sexe est un équilibre à trouver et parfois à retrouver, surtout après un accouchement !

Là encore je pense que briser les tabous et libérer la parole des femmes (et même des couples car certains récits peuvent aider à amener le sujet dans une conversation) est une étape décisive pour la suite, alors je corrige ces témoignages et je les publie. Dire que tout cela existe au plus grand nombre, c’est reconnaître la souffrance de celles qui subissent toutes ces atrocités. Ces femmes sont des victimes et doivent être reconnues comme telles. Et cela sert de prévention à tous ceux qui lisent ces récits douloureux. Certains conjoints ne se rendent sûrement pas compte de ce qu’ils font subir à leur chérie, donc commençons par leur expliquer.

Alors non, vous ne me verrez pas courir seins nus dans la rue ou m’exposer personnellement sur les réseaux sociaux pour devenir la nouvelle égérie du féminisme. Ce n’est pas ma manière de mener cette lutte. Mais à travers ce blog, je souhaite apporter ma pierre à l’édifice, pour améliorer la condition des femmes.

Et si un jour vous me croisez, n’ayez pas d’a priori sur mon métier, il paraît peut-être simple au premier abord, mais il est loin d’être frivole et sans intérêt pour la société.