Elaia m’avait déjà envoyé son histoire sur le viol conjugal il y a quelques temps. Un récit révoltant que je vous remets en fin d’article car c’est grâce à son IVG qu’elle a pu se rendre compte que le comportement de son « mari » n’était pas normal. Voici son témoignage. Merci à toutes celles qui ont le courage de s’exprimer sur des sujets aussi sensibles. Grâce à vous, d’autres femmes auront peut-être le courage de prendre les choses en main pour changer leur vie.
Après un viol conjugal, j’ai décidé d’avorter
Bonjour à toutes les lectrices du blog
J’ai avorté le 4 mai 2018 à 8 sa et 2 jours.
Ne supportant plus la pilule j’avais demandé à mon mari si on pouvait retourner aux préservatifs, mais sa réponse a été « non » : pour lui c’était inconcevable, un homme et sa femme ne doivent pas se protéger.
Je lui expliqué quels étaient les risques, je lui ai dit que je ne voulais pas de second enfant, mais il s’en fichait, rien ne pouvait le faire changer d’avis sur la question. Je décide donc de « faire attention » et de compter les jours.
Un soir, l’ovulation est là je la sens. Ce pincement dans le ventre que je connais bien et qui m’indique que ce soir il ne faut surtout pas… mais mon mari s’en fout, lui a envie et il ne me demande pas mon avis. Il me fait du chantage et me force.
Par 7 fois je lui dis que je ne veux pas que je n’aime pas ce qu’il est en train de faire, mais lui me répète simplement « je ne te fais que du bien » avec un sourire .
Une fois son affaire finie, je me lave et je prends conscience de ce qu’est un viol car là c’est ce que je ressens clairement.
2 semaines plus tard je me sens nauséeuse mais bon ma fille a la gastro alors j’essaie de me rassurer… erreur c’était une sangsue dans mon ventre…
Oui une sangsue , un vampire , qui me dévorait toute mon énergie, me rendait malade. Je n’étais plus patiente ni en forme pour m’occuper de ma fille (de 15 mois).
Je rejette complètement ce bébé, ce geste qu’on a toutes faite enceinte, de mettre la main sur le ventre je me l’interdis. Je hurle intérieurement mais ma raison me dit de ne pas le faire.
Je bois, je fume, je me donne des coups dans le ventre, prends la pilule du lendemain. Rien n’y fait c’est trop tard il est bien là.
Mon mari souhaite absolument qu’on le garde « C’est une signe, c’est un bout de nous , je l’aime déjà , c’est mon enfant, tu ne peux pas le tuer, tu es catholique tu ne peux pas, accouches sous X et je le garderai… » toutes les raisons y passent.
Mon (bientôt ex) mari est un être odieux, mais j’ai à contrario l’immense chance d’être très bien entourée par ma famille (que je ne remercierai jamais assez). Qui ne me juge pas sur mon choix et m’accompagne pour avorter.
Je commence donc les démarches pour faire une IVG
Mon mari me suit mais à chaque rendez-vous mais pour me répéter à chaque fois que je tue son enfant.
Le 4 mai 2018 est un vendredi. Saviez vous que le planning familiale vous fait passer devant les salles de monitoring des femmes enceintes ? J’en ai fait la remarque au centre ils m’ont indiqué avoir remonté plusieurs fois cette information mais que l’hôpital ne change pas…
Les personnes que j’ai rencontrées ont été claires nettes et précisent dans leur explications sur ce qui allait se passer.
La veille, je prends le cachet pour dilater le col, le soulagement arrive petit à petit.
Le jour de l’avortement mon mari m’accompagne, il a prévu le lendemain de partir tout le week-end à l’autre bout de l’Europe en me laissant seule avec notre fille qui ne marche pas encore. il s’en fout que je puisse être fatiguée. Je le supplie de rester, il refuse . Mes sœurs proposent de me « garder » pour le week-end mais je ne veux pas les embêter.
Mes parents ne me laissent pas le choix, ils interrompent leurs vacances, et viennent pour être présents pour moi.
Quand arrive le moment, je suis excitée. J’ai hâte que tout se finisse (8 semaines que je suis en colère non stop) .
J’ai pu avoir une équipe vraiment efficace et à l’écoute. Un médecin me parle continuellement pendant l’avortement, on m’explique toutes les étapes.
Une larme coule quand tout est fini, le médecin l’essuie de son doigt et fini même par me faire rire…
Je n’ai pas eu de douleurs ensuite. Les lochies ont durées 2 semaines. Et j’ai eu comme sentiment la plus grosses bouffée de soulagement qu’un humain puisse ressentir je pense.
Témoignage précédent d’ Elaia sur le viol conjugal :
La dernière fois que j’ai » couché » avec mon mari c’était l’an dernier. Je venais d’avorter. Les lochies s’étaient finies la veille. Le lendemain il tapotait le coussin du canapé en disant « va falloir que tu y passes, sinon je vais faire venir des filles, me les faire devant toi« .
J’ai pris 3 cocktails à base de rhum et j’ai fait ce qu’il me demandait.
Quand il a eu fini j’ai fondu en larme, il m’a demandé pourquoi je pleurais, je lui ai dit que je n’étais pas prête. Sa réponse à été « ah ça va je ne t’ai pas fait mal ça me rassure« .
Je l’ai empêché de me toucher depuis ce jour là et j’ai débuté les démarches pour divorcer .
MASSART dit
Le témoignage sur le viol conjugal est terrible, on n’a du mal à croire que cela est possible aujourd’hui.
Raph dit
Non.
Cette histoire est atroce, injuste et dégueulasse, cet homme a fait preuve d’inhumanité. Les choix de l’auteur ont sûrement été très durs, cette décision libératrice, mais non. Je ne peux pas lire ce genre d’histoire sans défendre cet être innocent, magique, qu’est un bébé, qualifié ici de sangsue ou de vampire.
Je ne dis pas qu’à mon sens l’auteur a pris la mauvaise décision, je ne dis pas que j’aurai fait différemment. C’était une preuve de courage, de volonté et de force, c’est inspirant et encourageant.
J’exprime seulement ma tristesse face à la façon de s’exprimer de l’auteur en parlant de ce bébé en formation, face à une attaque verbale violente contre la vie de cet enfant qui n’avait rien demandé, qui aurait pu devenir un homme ou une femme pleine de vie. J’exprime juste un besoin de considération pour ce qui aurait pu être.
Évidemment, je ne critique pas ce choix d’avortement, cela aurait été, à mon sens, sacrifier sa vie au prix d’une autre, de façon bien trop douloureuse.
Félicitations pour votre courage, j’espère que vous serez le plus heureuse possible dans votre vie.
La Mariée en Colère dit
Raphaël, je comprends que vous puissiez être choqué de lire de telles paroles, qui sont effectivement très dures. Mais être enceinte alors que l’on ne le souhaite pas, sentir un corps étranger en nous, qui nous pompe toute notre énergie, nous rend malade et qui peut, dans le cas de cette femme, rappeler un acte douloureux comme le viol conjugal, engendre forcément un rejet très puissant. Si l’auteure l’a ressenti ainsi, je pense qu’il est bien qu’elle puisse le formuler de la sorte librement et ne pas de culpabiliser d’avoir ressenti cela. Encore une fois, je comprends que cela puisse vous avoir choqué mais si c’est ce qu’elle a ressenti, elle n’y malheureusement rien 🙁
Raph dit
Merci d’avoir publié et répondu. Je suis d’accord avec vous sur le positionnement vis-à-vis de soi-même, sur l’importance de s’exprimer librement et de ne pas culpabiliser, surtout dans une situation comme celle-ci. Je ne peux pas juger, je n’ai pas la vérité et je comprends pleinement ce besoin de rejet. J’ai sûrement commenté un peu vite, c’était surtout une façon d’exprimer une pensée pour la deuxième victime de cet odieux personnage, laissée de côté dans ce témoignage.
La Mariée en Colère dit
je vous comprends tout à fait Raph. Merci d’avoir exprimé votre point de vu, il est très important également, tout le monde a la parole 🙂
je vous remercie également pour votre bienveillance concernant un sujet aussi délicat <3
à bientôt
Agnès dit
Vous avez pris une bonne décision même si elle est compliquée. Ce mec est une ordure, le respect de l’autre ça existe et c’est primordial. Bon courage pour vos démarches !
Solenne dit
Comment un homme peut il se comporter ainsi ? C’est gerbant ! Ses parents ne l’ont-ils pas éduqué à respecter sa femme ? Vous avez bien fait de demander ne divorce vous méritez vie mieux.
Solenne
Juju dit
Quel courage, quelle force ! Vous êtes une guerrière et vous avez pris la bonne décision. Bravo pour votre témoignage qui a dû être très dur à écrire.
Je vous envoie plein de bonnes ondes pour la suite