Chris fait partie de ces femmes hyperfertiles qui tombent enceintes, même sous contraception. Mais n’ayant pas de situation fixe, elle a dû se faire avorter. 3 fois. Voici son témoignage.
{Témoignage} 3 avortements, mais jamais de « confort »
Bonjour à toutes,
Moi c’est Chris et j’ai bientôt 33 ans.
Je vais vous raconter mon histoire, celui d’une fille qui n’a pas de problème pour tomber enceinte bien au contraire.
Ma première IVG
Tout commence en 2007, je suis en couple depuis 3 ans avec mon premier amour A. On fait l’amour avec capote, mais bon passe un temps où on passe à la pilule. Ma mère et ma sœur souffrent d’une carence en protéine C, en gros de ce que j’ai compris c’est l’inverse de l’hémophilie, et la pilule à base d’œstrogène est déconseillée…. J’en parle à ma gyneco, qui me dit que vu que je n’avais rien étant petite, j’ai peu de chance de l’avoir développé, mais que je devrai faire des examens…. (seul un hôpital le fait ce test et 15 ans après je n’ai toujours pas de rdv…) bref pas grave je passe sous pilule micro dosée….
Je tombe enceinte en juillet, je ne m’en rends compte qu’en septembre. Je pense être enceinte de peu, j’ai eu mes règles en juillet… Bref le monde s’écroule, j’ai 20 ans, pas de taf, je vis chez mes parents… Et mon mec fait le mort depuis un mois…. Je l’appelle, je lui dit qu’il faut absolument que je le vois, que je lui parle… Il a compris le sujet, il me répondra : « c’est ton problème pas le mien« .
Mon premier avortement
Je ne sais plus quoi faire, ce gosse je n’en veux pas, je ne veux pas avoir un gosse à 20 ans, chez mes parents, toute seule…. Ma décision est prise je ne le garderai pas.
Je vais donc voir une maison d’aide aux femmes près de chez moi, la PMI c’était trop risquée ma mère est suivie là-bas pour ses prises de sang hebdomadaires…. Je n’ai pas confiance.
À la maison des femmes on me dirige vers l’hôpital juste à côté, je vais être prise en charge par une conseillère matrimoniale (dieu bénisse cette femme qui a été formidable vraiment), Mme Cadillac, son nom est resté gravé.
Je suis arrivée en pleurs sans savoir ce qu’il faut faire, perdue vraiment…
Elle me demande de quand datent mes dernières règles, si je suis sûre de ce que je veux faire, si personne ne m’oblige…. On discute… Longtemps… Je lui explique je suis toujours chez mes parents, je ne travaille pas, j’ai encore le numéro de sécu de mon père. Bref ce n’est pas le moment d’être maman… Aucun jugement, elle m’explique que dans mon département les mineures et jeunes majeures sont prises en charge et que je n’ai pas à m’inquiéter. Par contre je suis enceinte de 10 semaines il va falloir que je passe en urgence, par aspiration, pas le choix. Est-ce que je souhaite resté éveillée ? Jamais de la vie, je veux que ce soit un vieux souvenir. Je ne veux rien voir, rien entendre.
J’ai rdv un jeudi matin à 7h…. J’ai faim…. J’attends j’attends et là on me dit que je dois rentrer chez moi car les anesthésistes font grève…. La blague ! Je vais donc pour rentrer, et Mme Cadillac me choppe au vol et engueule le personnel comme jamais, car je suis à 1 semaine de la limite légale ça doit être aujourd’hui ou demain. Ce sera le vendredi…
Bien entendu je n’ai rien dit à personne, je suis seule…. Je pense que je suis assez forte pour ça. Je me réveille vers 14h.. L’infirmière me demande si j’ai besoin d’aller aux toilettes, je dis non. Elle insiste pour que je ne me lève pas seule… J’écoute à moitié, j’essaie de me remettre de mes émotions, je me dis c’est du passé maintenant.
Puis je me lève, sans rien demander à personne… Et là, tout le sang qui était resté en moi coule le long de mes jambes. Je panique je mets plein de PQ entre mes jambes et je commence à nettoyer, j’ai honte de moi. J’en mets partout sur moi, sur les draps, le sol… Un massacre. Et l’infirmière me voit et m’assoie sur les toilettes me disant que je ne dois pas bouger seule, c’est pas grave tout le sang elle s’en charge… J’ai faim et la tête qui tourne…. Mais à 17h je serai chez moi, accompagnée par l’ami de mon frère, j’ai eu trop honte d’appeler mes proches.
La vie reprends son cours, je quitte ce connard de A, je lui pardonne 6 mois plus tard, pour qu’il finisse par me tromper avec une de mes copines. Cette fois la relation est terminée. Je deviens de glace avec tout le monde, je ne me remets pas de l’IVG ni de sa trahison, de son abandon. Je bois, fume et me drogue de manière déraisonnée, je m’en veux, je lui en veux… J’en veux à tout le monde….
Ma seconde IVG
Puis en janvier 2009…. Je me rends très vite compte que mon corps est bizarre…. Je dois poser un implant dans mon bras pour que je n’ai plus à penser à rien niveau contraception.
Mais le verdict tombe : je suis déjà enceinte de 5 semaines.
Je m’effondre chez la gyneco, je lui dis que ce n’est pas possible, que je fais gaffe, surtout que je n’ai pas de relation stable donc je mets des préservatifs. Elle me réponds que je fais partie des chanceuses, celles chez qui tout marche bien, voir même trop bien…. (sans déc…) allez rebelote je retourne à l’hôpital près de chez moi, au service de Mme Cadillac…. Qui me reconnaît… J’ai honte.
Je lui explique que je fais très attention, que je ne comprends pas. Bref cette fois vu que ça a moins de 8 semaines, ce sera un avortement médicamenteux par cachet. Le garçon qui m’a mise dans cette situation est très gêné, il m’accompagne à chaque rdv, il sera là le jour J. Bref un ange…. Il sait le traumatisme qu’a été le premier avortement.
Je passe donc la journée à l’hosto, premier cachet dès l’arrivée pour stopper la grossesse, le deuxième 1h après pour évacuer…. Ce fut les 6h les plus horribles de ma vie, il y avait une fille avec moi dans la chambre, elle a 13h c’était fini elle est rentrée…. Je suis partie de la bas à 18h… Et l’expulsion a été horrible.
Avant de partir on me pose l’implant que j’aurais du avoir, je vais enfin avoir la paix…. Jusqu’en 2017…
Troisième avortement
Pendant 6 ans je suis donc sous implant, je le change au bout de 3 ans pas de soucis, enfin avec le premier implant… Au second j’ai des » règles » toutes les 3 semaines et des pertes de sang régulières…. Mais la peur de retomber enceinte n’importe comment est plus forte, je continue à garder cet implant, quitte même à en remettre un à la fin de celui ci.
Mais là je ne gère plus mes colère, mes humeurs, le petit ami que j’ai, je le maltraite, il essaie de m’aider, il voit que je suis au plus mal…. Et commence à me conseiller de retirer l’implant, il pense que c’est la cause de mes maux.
Fin 2015 je retire donc cet implant et décide de purger mon corps, d’arrêter toutes ces hormones tout ça…. Je décide de quitter mon copain, je veux m’occuper de moi, de ma santé. Je suis mal en moi, et comme je n’ai plus d’implant je ne veux pas risquer de tomber à nouveau enceinte, j’aimais bien mon ex mais j’étais pas amoureuse. Donc on s’arrête là.
Un an plus tard je rencontre celui qui sera, sans que je le sache encore, mon mari.
Avec lui je suis bien, mes humeurs vont bien, je me sens bien dans mon corps, à l’aise au lit, mais voilà même avec capote et en faisant attention la 3ème grossesse arrive. Je suis en larmes c’est la fin de ma vie, à ce moment-là je ne le connais que depuis 4/5 mois, je ne me vois pas garder ce bébé, avec un inconnu, je ne vis pas encore avec lui rien, je ne connais même pas sa famille ni lui la mienne…..
Lui connaît mon passif, mes précédentes IVG, il ne dit rien, à part, « je m’adapterai à ton choix, je sais que tu ne veux pas d’une autre IVG, que tu as peur d’être stérile, alors je te laisse décider pour ton corps, quoi qu’il se passe je ne te laisserai pas tomber« .
Ce mec est une perle je le lâcherais jamais, je décide donc de parler avec ma gynéco de manière franche, je veux savoir quels sont les risques si j’avorte, est ce que ce sera par cachet ou par aspiration. J’ai peur de l’aspiration j’avoue, elle m’envoie donc vers un confrère.
Il me fait une échographie, me donne un cachet pour stopper la grossesse et m’en donne deux autres à prendre en fin d’après midi. Je passe une nuit de merde chez moi, j’ai l’impression de me vider toute la nuit. La semaine suivante rendez-vous de contrôle, la grossesse s’est bien arrêtée mais je n’ai pas expulsé l’œuf. Je dois reprendre les cachets et en mettre un au vagin afin de l’aider à tomber. Semaine suivante, contrôle. Rebelote l’œuf est toujours la. Je vais devoir passer sur le billard. La fin du monde encore. Chéri m’emmène à l’hôpital ou exerce ce gynéco, là ou je dois me faire aspirer. Je suis un robot, je m’en veux encore plus. Je me dis que Dieu va me punir et me rendre stérile. J’en parle à l’anesthésiste et au gynéco, les deux me rassurent comme ils peuvent, je suis inconsolable, ils me disent que mes cicatrices internes sont belles et qu’il n’y a pas de raison que je n’ai pas un beau bébé le jour où je me sentirai prête…. Mais que là je dois retirer l’œuf car il est mort quoi que je fasse…. J’ai peur que chéri m’abandonne à l’hôpital comme j’ai vécu 10 ans avant….. Mais jamais il ne m’abandonnera.
Alors oui je me suis fait avorter 3 fois, certaines diraient par confort. Je n’ai pas vécu ça comme un confort, mais comme un choix pour ma vie et celle de ces bébés qui n’auraient jamais été heureux. Je ne regrette pas d’avoir fait ces choix là, car c’est ce qui fait ce que je suis. Mais au fond de moi je pense souvent à mes 3 petites étoiles. Et j’espère qu’un jour j’aurai leur petit frère ou petite sœur dans les bras. ❤️
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G dit
Mon parcours est assez similaire au tiens sauf que je le regrette amèrement. La peur de ne pas être capable et d’elever seule un enfant m’a dominée. Je pensais avoir toutes les raisons pour stopper ces grossesses. Ces avortements ont laissé en mon âme des cicatrices profondes. Aujourd’hui je suis seule et mon envie d’être maman est bien présente. Je me rappelle de ce dernier gynécologue qui m’a dit réfléchissez bien, vous risquez de le regretter,l’amour c’est le plus important pour un enfant. Il me souttenait et j’ai rennoncé. Alors j’essaie d’avancer, sans avoir pu me pardonner. La vie me semble fade. Je sais bien que ce qui est fait est fait, ce message je le poste aussi pour les femmes qui ont un doute. Si vous doutez, par peur de ne pas assurer, ou manque de moyens mais que cette décision vous fend le coeur… Suivez votre cœur et la vie suivra son cours. Il existe plein de solutions. Pour celles qui n’en souffrent pas et ne regrettent pas, la vie vous offrira d’autres possibilités également.
Lilie dit
J’ai connu une personne qui elle faisait vraiment des avortements de confort parce que « la pilule ça fait grossir et sans la capote c’est plus drole »
Tu nas rien à voir avec ce genre de personne. Tu as eu une vie qui ta imposé les choix que tu as du faire. Tu es extrêmement courageuse d’avoir surmonter ça et d’avoir ainsi mesurer le côté exceptionnel de ton homme . Plein de courage et un jour tu seras maman parce que vous en aurez envie tous les 2 Et que vous serez prêts
Fleur dit
Rien de tout celà n’est de ta faute. Tu es là victime dans l’histoire car là c’est toi qui as souffert.
Ne culpabilise pas, aucun avortement n’est de confort parce quoi qu’on en dise ça laisse des traces au moral, même si on a parfois la chance de rencontrer des perles comme Mme Cadillac.